Le Cardinal Burke a toujours refusé de commenter la lettre réponse du Pape aux Évêques Argentins concernant leur directives d'interprétations d'Amoris Laetitia. Il a toujours allégué que cette lettre était de nature privée et donc ne pouvait constituer d'aucune manière un élément du Magistère de l'Église. |
Par : Steve Skojec
Éditorialiste en chef de One Peter Five
Le 2 décembre 2017
SOURCE : One Peter Five
Une lettre du Pape François louant les directives épiscopales qui permettraient aux Catholiques divorcés et remariés de recevoir la Sainte Communion dans certains cas alors qu'ils vivent dans un état de péché grave objectif a été ajoutée aux actes officiels du Siège Apostolique, conférant un statut officiel à ce qui était anciennement considéré par beaucoup comme une simple communication privée — et augmentant de manière significative les enjeux du débat sur Amoris Laetitia.
Des directives émises par les Évêques de la région de Buenos Aires qui ouvriraient « la possibilité d'accès aux sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie » dans des « circonstances complexes » où des « limitations qui diminuent la responsabilité et la culpabilité » des couples qui ne feront pas d'engagement à « vivre dans la continence » malgré une situation objectivement adultère, le Pape a déclaré dans sa lettre que « le document est très bon et explique complètement la signification du chapitre VIII d'Amoris Laetitia. Il n'y a pas d'autres interprétations ».
En août de cette année, cette lettre a été ajoutée au site Web du Vatican en tant que document papal disponible pour référence publique. Des inquiétudes ont été soulevées à l’effet que ce qui avait précédemment été considéré comme une correspondance privée — et donc, complètement en dehors du domaine du magistère papal — on lui a donné l'apparence d'un acte officiel du Pape.
D'autres ont rapidement souligné que la présence d'une telle lettre sur le site Internet du Vatican, bien que troublante en soi, n'accordait au document aucun statut, mais seulement une publicité. Le souci, comme je l'ai spéculé à l'époque, était que la lettre semblait donc susceptible de trouver son chemin dans les Acta Apostolicae Sedis (AAS) — le journal des actes officiels du Siège Apostolique. Une telle démarche conférerait au document un statut officiel, et au moins quasi-autorisé, dans la mesure où l'AAS « contient tous les principaux décrets, lettres encycliques, décisions des Congrégations Romaines et avis de nomination ecclésiastique. Le contenu doit être considéré comme promulgué lorsqu'il est publié et en vigueur trois mois après la date de publication ».
Comme l'a rapporté hier le journaliste du Vatican Marco Tosatti, l'ajout de la lettre à l'AAS a maintenant été confirmé * :
« La lettre « privée » du Pape François aux Évêques Argentins a été publiée dans l'édition d'octobre 2016 d'Acta Apostolicae Sedis, après qu'ils aient publié des directives pour l'application du chapitre 8 d'Amoris Laetitia ( le chapitre avec les fameuses notes de bas de page favorable à donner la Communion aux divorcés et remariés ). Des directives qui, comme cela a été noté et souligné ici, sont tout sauf claires ».
« La publication de cette lettre dans les Acta est accompagnée d'une brève note du Secrétaire d'État, le Cardinal Pietro Parolin, accompagnée d'un rescrit officiel d'une audience papale de juin 2017, annonçant que le Pape lui-même voulait les deux documents — les lignes directrices et la lettre — soient publiées sur le site web de Acta Apostolicae Sedis ».
« L'annonce ne peut que nourrir la confusion et l'incertitude entourant l'Exhortation Apostolique controversée ainsi que la façon de faire du Pape, ce qui semble encore loin de la clarté et de la franchise que beaucoup de fidèles attendent [ du Saint-Père ]. Il n'a donné aucune réponse aux Cardinaux des dubia, aucune réponse aux lettres, pétitions et autres initiatives écrites par les académiciens, les théologiens, et les fidèles ordinaires qui ont été confondus par l'ambiguïté délibérée du document. Pourtant, en même temps, il a donné un vernis de reconnaissance officielle à une lettre envoyée à un membre d'une Conférence Épiscopale.
À quelle fin ? Obliger tous à donner leur « religiosum obsequium » [ assentiment religieux ] à un magistère exprimé sous des formes obliques et ambiguës, ou à répondre sans se livrer à une réponse directe qui exprimerait sans équivoque l'esprit du Pape aux personnes dubitatives et perplexes ? On a le sentiment que la seule chose que cela fait est de provoquer le simple agacement du croyant avec le comportement du Pape, qui peut être défini comme un « prétexte » dans le pire sens du terme.
Certains médias rapportent déjà que la présence de la lettre de Buenos Aires dans l'AAS l'élève au niveau du « magistère authentique », ce qui nécessiterait donc l'assentiment religieux de l'esprit et de la volonté (voir Lumen Gentium 25). D’autres ne sont pas si sûrs. Nous avons demandé une évaluation à John Joy, cofondateur et président du Centre d'études scholastiques Saint Albert le Grand et spécialiste en autorité du Magistère. « Cela signifie que c'est un acte officiel du Pape » a déclaré Joy, « plutôt qu'un acte du Pape en tant que personne privée. Donc, ça ne peut pas être rejeté comme une approbation purement privée de leur mise en œuvre de Amoris Laetitia. C'est une approbation officielle. Mais cela ne signifie pas nécessairement que la lettre aux Évêques Argentins est elle-même magistérielle » et qu’elle exige donc la soumission religieuse de la volonté et de l'intellect. Une telle exigence, a déclaré Joy, ne s'appliquerait que si le document avait l'intention d'enseigner sur des questions de foi et de morale.
Dans la mesure où la lettre faisait l'éloge des directives pastorales qui étaient tout sauf concrètes, cela semble improbable.
Dr Joy a souligné que l'ajout de la lettre à l'AAS pourrait, en fait, porter atteinte à la crédibilité d'Amoris Laetitia en supprimant potentiellement la possibilité qu'il puisse être interprété de manière orthodoxe en établissant, via sa publication dans les actes officiels du Siège Apostolique, que l'interprétation non orthodoxe est l'interprétation officielle.
Marco Tosatti dit que même ceux qui ont été des partisans idéologiques du Pape perdent prétendument patience avec sa dureté :
« Et plus loin, si ce que nous avons appris de deux sources différentes est vrai, cet ennui s'étend au Vatican. Un Cardinal de grande renommée, un ancien diplomate, qui a fait une carrière impressionnante à la tête des Congrégations et à de hautes fonctions à la Secrétairerie d'État, aurait reproché au Pape ses actions [ en tant que Pape ], en lui disant essentiellement « Nous vous avons choisi pour faire des réformes, pas pour tout détruire ». La nouvelle de cette conversation — si on peut parler cela une conversation — s'est répandue au Vatican, car elle s'est déroulée à un niveau élevé de décibels, qui a franchi la barrière fragile des portes et des murs. Le Cardinal en question était l'un de ceux qui ont soutenu la candidature de Jorge Mario Bergoglio au Conclave de 2013.
Ce ne serait pas la première fois qu'une telle dissidence serait signalée au sein du propre camp du Pape. En mars, le London Times rapporte que certains des Cardinaux qui ont aidé à l'élection de François voulaient que François se retire de peur que son ordre du jour ne provoque un schisme « plus désastreux » que celui de Martin Luther et que l'Église puisse par conséquent être « morcelée en tant qu'institution ». Cette histoire indiquait qu'au moins une partie du groupe avait intérêt à remplacer le Pape par le Cardinal Pietro Parolin, qui dirige le Secrétariat d'État susmentionné.
Plus tôt cette semaine, nous vous avons également parlé d'un nouveau livre, The Dictator Pope [ Le Pape dictateur ], qui allègue que de nombreux Cardinaux qui ont aidé à élire François éprouvent des « remords », en partie parce que François « n'est pas le dirigeant libéral et démocratique que les Cardinaux ont élu en 2013, mais un tyran papal que l’on n'a pas vu depuis des siècles ».
Il semble difficile de croire qu'il y a un peu plus d'un an, nous essayions de vérifier la véracité de la lettre papale aux Évêques Argentins — qui avait été remise en question presque immédiatement après sa publication — et nous apprenons maintenant que ce n'était que le mois suivant que c’est devenu un acte officiel du Siège Apostolique.
Comme indiqué dans The Dictator Pope, le Cardinal Anglais Cormac Murphy O'Connor a déclaré au journaliste Paul Valley en 2013 : « Quatre années de Bergoglio pourraient suffire pour changer les choses ». Chaque jour, nous recevons une nouvelle preuve que cela pourrait avoir été un euphémisme important.
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