par : Dr. Edward N. Peters ( Droit Canon)
Le 13 décembre 2017
SOURCE : Catholic World Report
« Il est déconcertant de voir le Concile Vatican II, un concile œcuménique de l'Église Catholique, inscrit à côté du Modernisme, une hérésie pernicieuse, comme si tous deux avaient pu contribuer à nos malheurs actuels ».
L'historien Italien, le Professeur Roberto de Mattei, a été interviewé par One Peter Five [ en français ]. Le Professeur rassemble quelques preuves pour son interprétation des événements ecclésiastiques récents, mais certaines alternatives à ses interprétations semblent raisonnables, aussi. Je vais en mentionner quelques-uns ici.
De Mattei : « La crise actuelle dans l'Église ne vient pas du Pape François, et elle n'est pas centrée sur une seule personne ; elle remonte plutôt au Concile Vatican II et remonte encore plus loin, à la crise Moderniste [ du début du vingtième siècle ] ».
Peut-être que ça a mal sorti, mais c’est déconcertant de voir le Concile œcuménique de l'Église Catholique, inscrit au côté du Modernisme, une hérésie pernicieuse, comme si les deux pouvaient avoir contribué à nos malheurs actuels. L'ignorance, voire la trahison, des enseignements conciliaires de beaucoup de responsables de sa mise en œuvre n'est pas la faute d'un Concile, et un Concile œcuménique ne devrait pas être listé à côté d'une hérésie comme source possible de désastre.
De Mattei : « Le fait que les directives des Évêques Argentins et l'approbation du Pape ont été publiés dans AAS a officialisé qu’« aucune autre interprétation n'est possible » d'Amoris Laetitia autre que celle des Évêques Argentins, qui autorise la Communion à être donnée aux personnes divorcées et remariées qui sont dans un état objectif de péché mortel. La lettre était privée, mais la publication dans AAS transforme la position du Pape François en un acte du Magistère ».
C'est tout simplement faux, et à plusieurs niveaux.
Premièrement, le contenu et la paternité des affirmations ecclésiastiques sont cruciaux — cruciaux — pour évaluer ce qui compte, et ce qui ne compte pas, comme « magistériel ».
Au risque de simplifier à l'excès, la grande majorité des assertions « magistérielles » véhiculent la Doctrine et non la discipline ( bien que les dispositions disciplinaires puissent servir des valeurs Doctrinales, elles sont rarement Doctrinales, donc « magistérielles » dans leur nature ). Maintenant, les Directives de Buenos Aires offrent certaines affirmations Doctrinales ( principalement ambitieuses, vagues et excessivement verbeuses ) qui, à mon avis, sont soit saines, soit du moins ne peuvent pas être prouvées comme hétérodoxes, et offrent des points disciplinaires qui, encore une fois, sont sains ou ne contredisent pas directement le Canon 915 (voir ci-dessous).
Deuxièmement, la publication dans les Acta Apostolicae Sedis d’un mémo d'un dicastère officiel sur ce qu'un Pape lui a apparemment dit à propos d'une des lettres de ce Pape à un groupe d'Évêques concernant un document écrit par les Évêques ne transforme pas la déclaration du dit mémo ou de la lettre du Pape en « actes magistériels », peu importe les étiquettes qui pourraient leur être attachées plus tard. Dans l'intérêt du temps, concentrons-nous sur le poids à accorder au document Argentin lui-même.
Les Conférences Épiscopales ne peuvent pas publier des déclarations Doctrinales que si elles sont « approuvées à l'unanimité des membres Évêques ou bien que, approuvées en réunion plénière au moins par les deux tiers des Prélats appartenant à la Conférence avec voix délibérative, elles obtiennent la reconnaissance (recognitio) du Siège apostolique ». Jean-Paul II, ap. con. Apostolos Suos (1998) Normes complémentaires, Art. 1, emphase ajoutée. Les « Évêques de la région pastorale de Buenos Aires », auteurs des Directives de Buenos Aires, ne sont pas la Conférence Épiscopale Argentine.
De plus, les sous-groupes des Conférences Épiscopales ne peuvent, en aucun cas, accomplir des actes de « magistère authentique », comme l'a précisé Jean-Paul II dans Apostolos, Comp. Norme 2 : « Aucun organe de la Conférence épiscopale, en dehors de l'assemblée plénière, n'a le pouvoir de poser des actes de magistère authentique. Et la Conférence épiscopale ne peut pas concéder un tel pouvoir aux commissions ou à d'autres organes constitués à l'intérieur d'elle-même ».
Je vois, en d'autres termes, aucun « acte magistériel » d'une Conférence Épiscopale qui pourrait être « re-magistérialisé » en premier lieu ou « magistérialisé » par le processus de publication en plusieurs étapes de retrait décrit ci-dessus.
( En passant, toute cette notion que la publication dans les Acta Apostolicae Sedis signifie que quelque chose est « magistériel » et / ou que rien n'est ecclésiastiquement important à moins qu'il n'apparaisse dans l'AAS ne survivra pas à une réflexion de deux minutes. AAS n'a absolument rien à voir avec le Magistère, et le Magistère de Jean-Paul II n'est jamais apparu dans l'AAS ( par exemple, la plupart de ses discours du mercredi sur la Théologie du corps ), et d'autres documents importants de l'Église sont entrés en vigueur en vertu de leur publication dans, disons, L'Osservatore Romano ( par exemple, le décret pénal de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de 2008 contre la tentative d'ordination des femmes ) ou même dans les revues universitaires Romaines ( l’instruction du tribunal Dignitas Connubii de 2005 ) Ainsi, oui, l'AAS est important ( Canon 8 ), mais ce n'est pas la seule tribune à Rome ).
Troisièmement, peu importe quelle théorie pourrait trouver une sorte de « magistère » dans le document de l'Argentine ou dans l'approbation du Pape, le fait demeure que ni les Argentins ni le Pape n'ont jamais dit directement que les Catholiques divorcés et les remariés civilement peuvent ( en dehors de l'application étroite de l'option du for interne connue sous le nom de « frère-soeur » ) être admis à la Sainte Communion au mépris de la prohibition divinement ancrée et pontificalement légiférée contre une telle administration énoncée, entre autres, dans le CIC 915 de 1983 et dans le CCEO 712. Autant que je puisse voir, les Directives de Buenos Aires ne confirment jamais tout à fait ce qu'Amoris Laetitia ne dit jamais. Bien sûr, cette situation est mûre pour être exploitée par ceux qui cherchent à éviter, entre autres, les implications de l'enseignement de Notre-Seigneur sur la permanence du mariage, ce qui m'amène au point suivant.
De Mattei : « La ligne de pensée de ces Cardinaux, Évêques et théologiens qui soutiennent qu'il est possible d'interpréter Amoris Laetitia en continuité avec Familiaris Consortio 84 et d'autres documents du Magistère a été réduite en poussière ».
Je ne suis pas du tout d'accord avec l'évaluation peu réjouissante de De Mattei sur l'état de ce débat et je le dis comme celui qui s'est opposé fermement aux mises en œuvre d'Amoris Laetitia forgées par, disons, les Évêques de Malte et le Comité de la Conférence Épiscopale Allemande. Le point, à mon sens, n'est pas de savoir si ces Évêques mettent en œuvre les « désirs » de François ( je n'ai aucune fenêtre de lecture sur les intentions du Pape, comment le saurais-je ? ), la question est de savoir s'ils appliquent ses paroles, et j’affirme qu’ils n'appliquent pas ses vraies paroles.
De Mattei : « Amoris Laetitia est un document qui sert de test décisif : il doit être accepté ou rejeté in toto ».
Comment peut-on faire une affirmation aussi catégorique, tout-ou-rien, concernant un document de plus de 50 000 mots remplis d'idées pastorales, de platitudes ennuyeuses, d'applications érudites et de détournements embarrassants, et d'idées intelligentes, comme est Amoris Laetitia ?
Les esprits raisonnables devraient « tout examiner et retenir ce qui est bon ».
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