vendredi 22 décembre 2017

Ferrara martèle Peters

À marteler la loi



par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Le Centre de Fatima
Le 21 décembre 2017

Les avocats ont un dicton que lorsque les faits sont contre vous, martelez la loi ; et quand la loi est contre vous, martelez les faits ; et quand les faits et la loi sont contre vous, martelez la table.

J'ai beaucoup de respect pour le célèbre canoniste Edward Peters, qui n'est pas seulement un avocat mais un docteur en droit canonique. Mais dans son débat public avec le Dr Roberto de Mattei et d'autres sur l'impact d'Amoris Laetitia (AL) et la publication du Pape dans l'AAS [ Acta ApostolicaeSedis ou Registre officiel du Vatican ] de sa lettre approuvant sa mise en œuvre par les Évêques de Buenos Aires comme seule interprétation correcte d'Amoris Laetitia, Peters continue de marteler la loi tout en minimisant les faits. ( Voir ma colonne précédente sur ce sujet, ici. )

L'auteur de cet éditorial est Monsieur Christopher A. Ferrara. Monsieur Ferrara est avocat de profession. Il agissait aussi comme collaborateur principal de Feu Père Nicholas Gruner, fondateur du Centre de Fatima, Fort Érié, Canada et ayant aussi des installations à Rome. Il est chroniqueur dans plusieurs autres sites catholiques dont Le Remnant Newspaper.

Dans son dernier article sur la controverse, Peters admet largement les faits accablants alors qu'il tente d'ériger la loi de l'Église comme une barrière contre eux, en particulier le Canon 915, enraciné dans la Loi Divine, qui interdit l'admission à la Sainte Communion de ceux qui persévèrent obstinément dans le péché grave et manifeste, « y compris les divorcés/« remariés » qui, comme le Catéchisme de Jean Paul II l'enseigne ( dans ce cas, son Catéchisme est conforme aux enseignements éternels de la Foi ), vivent dans un état « permanent et public d'adultère ».

Écrit Peters :

« Je ne sais pas ou ne me soucie pas de savoir si les ambiguïtés dans Amoris Laetitia concernant l'attente de ceux qui recherchent la Sainte Communion ont été mises là par le Pape ou y sont apparues à cause de l'incompétence de ses rédacteurs. Je sais seulement que ces ambiguïtés sont là et que (a) elles ne sont pas hérétiques en soi, mais (b) qu’elles ont permis à d'autres de réclamer l’endossement papal pour des politiques locales qui rejettent la force du Canon 915 et qui trahissent vraiment les valeurs sacramentelles, morales et ecclésiologiques derrière la loi ».

En mettant de côté l’hypothèse qu’ Amoris Laetitia contient une hérésie explicite plutôt que des ambiguïtés qui se prêtent à l'hérésie, je remarque les affirmations de Peters selon lesquelles Amoris Laetitia « a permis à d'autres de réclamer l’endossement papal pour des politiques locales qui rejettent la force du Canon 915 et qui trahissent vraiment les valeurs sacramentelles, morales et ecclésiologiques derrière la loi ».

Avec tout le respect que je lui dois, Peters dénature grossièrement la question. Le Pape François a fait bien plus que simplement fournir un « endossement papal » pour des « politiques locales » qui rejettent les « valeurs sacramentelles, morales et ecclésiologiques derrière la loi » ( Canon 915 ). Il a explicitement déclaré, par publication dans l'AAS, que la « politique locale » qui rejette le Canon 915 à Buenos Aires est la seule interprétation correcte d’Amoris Laetitia ( « il n'y a pas d'autres interprétations » ) et que cette déclaration doit être considérée comme un « Magistère authentique ».

Face à ces faits, cependant, Peters continue à nier que François a personnellement et directement miné le Canon 915. Il critique ceux qui « prononcent l'éviscération du Canon 915 aux mains du Pape ( par opposition à ce que cette loi a souffert des autres ). Mais ce n'est pas une question de ce que la loi a souffert des autres, mais plutôt de ce qu'elle a souffert précisément aux mains du Pape François, ces autres ne faisant que suivre son feu vert. Peters essaie de faire les choses dans les deux sens : la politique locale conformément à Amoris Laetitia a miné le Canon 915, mais le Pape n'a pas sapé le Canon 915 en autorisant comme la seule interprétation correcte d'Amoris Laetitia la politique locale qui la mine.

Je suis désolé, mais cet argument se rapproche de la sophistique et n'est pas digne d'un canoniste et érudit de la stature de Peters.

Peters continue — il faut le dire — à balayer les faits gênants sous le tapis quand il écrit : « Contre le Canon 915, il y a de niché, selon certains, une affirmation pratiquement incomplète et théologiquement ambiguë faite par un Pape dans une note d’un document non législatif de 50 000 mots ».

Peters, bien sûr, le sait mieux. Il ne s'agit pas d'une seule note ambiguë, mais plutôt de nombreuses affirmations éthiques problématiques dans le Chapitre 8 d'Amoris Laetitia, l'approbation expresse du Pape d'une lecture hétérodoxe du Chapitre 8, et maintenant sa déclaration explicite dans l'AAS que cette lecture hétérodoxe est la seule bonne lecture d'Amoris Laetitia.

Martelant de plus en plus avec insistance sur la loi tout en minimisant les faits, Peters demande : « Est-ce que les enseignements et les pratiques antiques et unanimes de l'Église sont si inconséquents qu'ils peuvent être renversés si facilement ? Seule une loi ou l'équivalent canonique d'une loi peut renverser une loi. Et Amoris Laetitia, sans parler d'une note de bas de page dans Amoris Laetitia, n'est pas une loi ou l'équivalent canonique d'une loi [ son emphase ] ».

Ainsi, selon Peters, tout ce qui est nécessaire pour renverser « les enseignements et les pratiques ancestraux et unanimes de l'Église » est une « loi ou l'équivalent canonique d'une loi ». Si cette exigence purement juridique était respectée, alors les enseignements et les pratiques « anciens et unanimes de l'Église » pourraient être soumis à des revirements légalistes. Mais aussi longtemps que le Canon 915 reste dans les livres, les enseignements et les pratiques « anciens et unanimes de l'Église » demeurent en vigueur, bien que Peters note que « le fait que nous soyons récemment obligés de recourir à la loi presque exclusivement pour défendre les enseignements cruciaux de l'Église [ son emphase ] est un signe de problèmes plus sérieux et profonds ».

Non. Mille fois non. La vérité des « enseignements cruciaux de l'Église » sur la Foi et la morale précède les dispositions canoniques qui reflètent ces enseignements, les codes numérotés du Droit Canonique étant un développement relativement récent ( il a commencé par le Code de 1917 ). Le Droit Canonique ne peut toucher à ces enseignements car ils sont révélés par Dieu ou découlent immédiatement de la Révélation, tout comme l'impossibilité intrinsèque d'administrer la Sainte Communion aux adultères publics non repentis.

Soutenir la défense des « enseignements cruciaux de l'Église » sur le simple fait que le Pape François n'a pas ( au moins pas encore ) officiellement abrogé ou aboli le Canon 915 revient à accepter ce que François déplore constamment : le légalisme des Pharisiens qui a placé la loi changeante au-dessus de la Vérité immuable qui nous rend libres.

Qu'un homme de bien et un fils loyal de l'Église comme Peters se sente obligé de recourir à de tels arguments, pour éviter la conclusion stupéfiante que ce pontificat représente une atteinte directe à l'édifice moral de l'Église, est un autre signe que la crise actuelle l'Église n'est pas comme les autres avant elle.

Notre-Dame de Fatima, priez pour nous !

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