vendredi 15 septembre 2017

Une étrange notion de miséricorde




Par : Steve Skojec
Éditorialiste en chef de One Peter Five

Le 14 septembre 2017
SOURCE : One Peter Five





Hier, j'ai eu le malheur de lire encore une autre article de propagande cherchant à polir la réputation d'une papauté sous feu constant. Son auteur, le professeur d'une école Britannique, Stephen Walford — récemment récompensé d’une audience papale pour ses efforts précédents visant à détourner les critiques d'Amoris Laetitia — se répand en admiration pour un Pape qu'il appelle à maintes reprises un « prophète » — en particulier un prophète de la miséricorde.

Parce que contrairement à Walford, je crois en la miséricorde authentique, je vais vous épargner de nombreux extraits de sa prose prononcée à voix étranglée dans son hagiographie [ histoire des saints ] prématurée du Pape. Et pourtant, alors que Walford n'a pas vraiment d'importance, il est emblématique d'une certaine souche de pensée flatteuse qui a bouillonné de Rome, cherchant à contrer le récit de l'orthodoxie et à placer les caprices d'un seul Pape au-dessus de l'enseignement de tous ses prédécesseurs — ou plus important encore, de Dieu lui-même. Il est donc utile d'examiner brièvement sa bizarre analyse :

« Amoris laetitia est le cas évident. Les adversaires du Saint-Père, semble-t-il, n'ont pas considéré l'idée que peut-être que Jésus désire une union avec les remariés civilement qui l'aiment beaucoup et qui se sentent prisonniers des circonstances. Pour eux, l'adultère est l'adultère, et ce n'est pas grave si le coupable est un homme qui ne se souciait que de sa luxure auto-satisfaisante ou que la femme trahie et solitaire ait trouvé un amour profond avec un homme qui traite ses enfants comme les siens. Le Pélagien voit Jésus agir comme un algorithme qui a un jugement fixe basé sur le péché ; seulement que « Jésus » ne serait pas complètement humain »

[...]

« Pour François le prophète de la miséricorde divine, Jésus ne regarde pas le passé ou seulement le moment présent. Non, son intérêt réel est dans les possibilités futures et sa grâce et sa patience opèrent sur cette base. Mais, disent-ils, comment peut-il y avoir un véritable repentir si les relations sexuelles continuent ? Bien sûr, ce que ces gens devraient vraiment considérer est de savoir comment Jésus pèse sur les balances de justice ces péchés avec la quantité considérable de vertus et d'amour éventuellement démontrés dans d'autres domaines de leurs vies ? « La charité couvre une multitude de péchés » — comme Saint Pierre, le premier Pape, a infailliblement enseigné — et à moins qu'une âme ne se trouve en état de péché mortel, il est tout à fait possible qu'un chemin de sanctification soit en cours malgré la situation irrégulière ».

Après avoir lu ce qui précède, vous pourriez être surpris comme je le fus de savoir que Walford pense qu'il a le statut de déclarer « tout à fait erroné » la logique du célèbre philosophe Autrichien Joseph Seifert qui a souligné certaines conséquences évidentes qui découlent d'une lecture à la lettre d'Amoris Laetitia. Comme dans ses autres essais sur le sujet, Walford ne se soucie jamais de répondre aux préoccupations présentées, mais se contente à la place d'affirmer ses propres interprétations subjectives en tant qu’argument. « Le Pape enseigne tout simplement » claironne Walford « que l'âme ne doit pas être dans le désespoir et que Dieu comprend la complexité de la situation ». Quelle situation ? L'adultère, bien sûr. Comme si une certaine complexité nous absout d’une vie de vertu et de l'obligation de nous éloigner du péché grave. Après tout : « Jésus n'est pas un sorcier qui, magiquement, fait disparaître la situation familiale complexe ». (S'Il ne peut pas le faire, comment on peut s'y en attendre de le faire par nous-mêmes, ai-je raison ? !)

Peut-être plus particulièrement, Walford ne se préoccupe jamais trop d’expliquer pourquoi dans la nouvelle église de la « miséricorde » de François, il est moralement justifiable pour un penseur Catholique de la stature de Seifert d'être congédié pour avoir posé une question sincère et respectueuse sur un enseignement pontifical. Après tout, si les gens sont trop stupides pour savoir qu'un péché, comme l'adultère, est grave ou trop embourbé dans la complexité pour n’y donner jamais son consentement, comment un homme peut-il être coupable d'une offense susceptible de renvoi simplement en posant des questions sur des propositions pour traiter de cette complexité ? Et pour cette raison, pourquoi ce « prophète de la miséricorde divine » à Rome n'intervient-t-il pas au nom de Seifert en demandant à son subordonné — l'Archevêque de Grenade — de rétablir Seifert dans son poste à la Chaire de Dietrich von Hildebrand à l'Académie Internationale de Philosophie ? Si les divorcés/remariés peuvent recourir aux Sacrements, le Professeur Seifert ne peut-il pas avoir recours à son travail ?

Comment est-ce que cette « miséricorde » est censée fonctionner de toute façon ? Est-elle sélective ou est-elle pour tous ?

Si la miséricorde est, en effet, pour tout le monde, alors pourquoi le « prophète » de cette miséricorde n'a-t-il pas daigné accorder une audience à ces Quatre Cardinaux qui ont porté sur eux le poids des espoirs et des peurs des fidèles alors qu'ils cherchent la clarté théologique et la vérité doctrinale du Vicaire du Christ à travers les dubia ? Tant et aussi longtemps, en effet, que le « prophète miséricorde divine » a tardé à donner suite à cette demande, deux des Quatre Cardinaux qui ont posé les questions sont morts en attendant qu'il reconnaisse leur demande de s’entretenir avec lui. On pourrait penser, puisque François est (comme Walford nous l'assure) LE « prophète de la miséricorde divine », qu’il aurait compris immédiatement l'injustice qu'il avait commise en ne montrant pas de miséricorde paternelle envers ces successeurs concernés des apôtres quand il a appris le décès du Cardinal Joachim Meisner en juillet, et qu’il aurait cherché à rencontrer les trois autres Cardinaux des dubia en toute hâte afin de les assurer que leurs préoccupations soient entendues — au moins avant le décès du Cardinal Caffarra en septembre.

Étrangement, Son Honneur Miséricordieux — qui a trouvé le temps de bénir le Président Argentin Mauricio Macri et sa « femme » remariée lors de son récent voyage en Colombie — ne pouvait pas leur écrire au cours des 12 derniers mois puisqu'ils lui ont envoyé leurs questions en privé.

Au lieu de cela, nous lisons quelque chose qui sonne... différent de la miséricorde. Un récit personnel du journaliste Italien, enseignant et dirigeant pro-vie, Francesco Agnoli, sur la façon dont le défunt Cardinal Caffarra a été ignoré pendant des mois par « un pontife qui ne manque jamais ses appels téléphoniques ou les fêtes » * :

« Un jour, [Caffarra] s’est confié à moi et à notre ami commun, Lorenzo Bertocchi, qu’il a vraiment très mal dormi durant le Synode récemment conclu sur la Famille ; et qu’il a aussi beaucoup souffert de voir quelqu'un essayer de jeter par-dessus bord Familiaris Consortio, Veritatis Splendor et Humanae Vitae dans la déchiqueteuse : « J'aurais aimé prendre le train », a-t-il dit, « et m’échapper à Bologne pour quitter le Synode ». « Je l'ai pressé en lui demandant comment il était possible pour l'Église de débattre de ce qui n'était pas discutable (l'indissolubilité du mariage) et comment ça en était venu au point d'avoir des Cardinaux et Évêques favorables au mariage homosexuel. Il était également étonné, mais confiant. Mais, je lui ai demandé, êtes-vous en paix ? « Humainement parlant, non : je ne vois pas de solution à la crise. Du point de vue spirituel, je suis en paix, car l'Église appartient au Christ et Il ne l'abandonne pas ».

« Toujours à cette occasion, il nous a dit qu'au cours du Synode, il avait demandé une rencontre urgente avec Benoît XVI : « Son secrétaire m'a dit qu'il était impossible de le voir immédiatement, mais j'ai insisté. Ensuite, il m'a dit oui pour le lendemain, et j’ai pu rencontrer Benoît XVI ».

« Imaginez notre curiosité, cher lecteur : nous lui avons demandé quel était l'avis du Pontife Allemand sur la direction prise jusqu'à présent par les Pères Synodaux, Kasper, en premier lieu. Mais Caffarra s'arrêta. Il a eu une grande modestie, cette réserve qui est naturelle aux grands esprits. Il aimait parler lors de conférences, dans des catéchèses, mais il savait garder une maîtrise de lui-même incroyable en d'autres occasions. Et pourtant, son visage se révélait assez pour comprendre que sa rencontre avec Benoît lui avait donné le courage de continuer dans sa lutte contre les innovateurs ».

« Ainsi, après les dubia et tout ce qui s'est passé après, il m’a suffi de lui faire sortir, à une autre occasion, presque par la force, une admission : Caffarra a continué à voir Benoît XVI même après les dubia. Et certainement il n'a pas été « réprimandé », bien au contraire ! »

« Quand j'ai appris le refus de François d’accorder une audience aux Quatre Cardinaux, j'ai demandé à Caffarra comment se faisait-il qu’un pontife qui ne manque jamais ses appels téléphoniques ou les fêtes, après des mois n'avaient pas encore rencontré les Quatre Cardinaux qui ont également demandé une audience, et ce aussi au nom de milliers de prêtres et de fidèles. Il me semblait être un très étrange manque de respect. Caffarra m'a seulement rappelé que la Tradition et la Loi de l'Église prévoient que les Cardinaux « ne sont pas seulement des personnalités qui portent des mules rouges » mais qu’ils sont appelés par Dieu à être « au côté du Pape » : « C'est pourquoi nous avons agi selon les lois de l'Église, selon des procédures non inventées par nous, mais prévues, et nous attendons... ».. Rien de plus. »

Il semble donc qu'au moins un des deux hommes vivants que nous avons appelés « Pape » ait eu du respect et de la bonté pour cet homme de Dieu. Dommage qu'il ne soit pas le véritable « prophète de la miséricorde divine » — ou, en fait, le Pape régnant ! Quant à celui qui gouverne actuellement l'Église, l'observateur vétéran du Vatican, Sandro Magister, nous a raconté comment il a de nouveau snobé le Cardinal Caffarra (que Magister a qualifié de « figure principale » derrière les dubia ) dans un repas partagé par hasard près de Bologne en avril :

« Pendant le déjeuner, il s’est assis à côté de lui, mais le Pape préférait converser avec un prêtre âgé et avec les séminaristes assis à la même table. « Malheureusement, aucun indice d’encouragement » a confié le Cardinal après la rencontre. Et à quelqu'un qui lui a souligné que, dans la photo de leur étreinte publiée par le Bureau de Presse du Vatican (voir ci-dessus), il apparaissait « avec une expression sereine et ferme » alors que le Pape avait un visage « hargneux », il a répondu : « Vous avez correctement a interprété l'échange des regards ».

En effet, la photo en question ne montre pas une contenance de miséricorde sur le visage du « prophète », mais de l'inconfort et de la consternation tandis que le regard de Caffarra est d'une intensité et d'une détermination perçantes :

Le télégramme de ce soi-disant « prophète de la miséricorde divine » qui transmettait des condoléances au peuple de Bologne au décès de son Cardinal bien aimé était poli et professionnel. Cependant, il ne mentionnait pas la question qui gênait profondément Caffarra, qui affligeait son cœur alors qu'il attendait une réponse de son Pape en vain jusqu'à ce qu'il ne rende son dernier souffle. En ajoutant une insulte à l’injure, cette semaine, nous lisons les rumeurs, qui ne sont pas encore des sources officielles, que lorsque « le prophète » a appris le décès du Cardinal Caffarra lors de son voyage en Colombie, il a informé les journalistes qui l'accompagnaient qu'il ne répondrait pas à aucune question sur le Cardinal décédé lors de sa conférence de presse habituelle en vol, un tel lieu de presse où auparavant aucun sujet n'avait jamais semblé être hors limites. Comme nous attendons la confirmation de la vérité de ce rapport, nous ne pouvons pas oublier que, en ce qui concerne les Cardinaux des dubia, ce « prophète » ne semble jamais avoir de réponse.

Et pourtant, nous sommes censés croire que c'est de la miséricorde ?

Permettez-moi de reformuler les mots de Walford afin qu'ils reflètent mieux la réalité :

Le Saint-Père, semble-t-il, n'a pas considéré l'idée que peut-être que Jésus désire vraiment que ceux qui interrogent sur ce que Son serviteur a fait de Son enseignement reçoivent une réponse de cet homme dans la mesure où il a été solennellement chargé de garder son Église. Pour eux, la Vérité Divine est la Vérité Divine, et cela importe beaucoup si le contrevenant de cette vérité est un homme qui ne prend soin que d'obtenir un pouvoir auto-satisfaisant sur l'Église, même s'il s'assied sur le Trône même de Saint Pierre . Le Moderniste considère Jésus comme un moyen pour atteindre une fin ; un dispositif rhétorique divin qui peut être utilisé pour réprimander les personnes insuffisamment enthousiastes à s'inscrire dans l'ordre du jour officiel ; seulement que « Jésus » ne serait pas totalement divin.

En fait, il ne serait pas Jésus du tout.

Pourtant, si ce « prophète de la miséricorde divine » voit tellement que « Jésus ne regarde pas le passé ou seulement le moment présent » et que « son véritable intérêt [sic] est dans les possibilités futures et que sa grâce et patience [sic] opèrent sur cette base », pourquoi ne peut-il pas non plus voir que ces hommes qui se sont élevés et posé des questions simples et directes à propos de son enseignement soient au moins aussi innocents dans leur préoccupation sincère que les adultères qu'il dorlote et excuse avec tant d'enthousiasme ? Pourquoi ne peut-il pas voir que ces hommes présentent en fait une « quantité considérable de vertu et d'amour dans d'autres domaines de leurs vies » qui « couvre une multitude de péchés » — y compris le péché apparent de poser des questions afin d'obtenir un enseignement clair et authentique de l'Église ?

Pourquoi ne peut-il pas voir alors que c’est de son obligation de les « accompagner », de ne pas les ignorer ?

Serait-ce peut-être parce que la « miséricorde » présentée par ce « prophète » et ses flagorneurs est toute autre chose qu’authentique ? Se peut-il qu’elle soit d’une nature tout à fait différente ?



Correction : le texte original déclarait à tort que le Pape avait béni « le Président Argentin Mauricio Macri et sa « femme » remariée. Bien que François ait reçu Macri et sa « femme » au Vatican en violation du protocole de l'année dernière, en fait, les bénédictions accordées lors de ce voyage ont été au Président Colombien Juan Manuel Santos et sa « femme », tous deux mariés.

Également, Stephen Walford nous a contacté pour dire qu'il n'est pas un «professeur d'école», comme nous l'avons dit à l'origine, mais a refusé de nous dire ce qu'il enseigne. Donc, nous avons mis « enseignant » sous les citations ci-dessus, en attendant toute autre information.

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