par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Le Centre de Fatima
Le 11 septembre 2017
Un des discours clés du Père Gruner concernant l'évaluation de la crise dans l'Église à partir de la perspective de Fatima était son exposé et sa condamnation de la désastreuse politique post-Vatican II de l’Ostpolitik (la politique de l'Est), selon laquelle le Vatican par l’entremise de sa Secrétairerie d'État, conciliait et faisait des compromis avec les dictatures Communistes, renversant ainsi la condamnation de l'Église du Communisme et son opposition acharnée à la tyrannie des régimes Communistes qui opprimaient l'Église. |
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Même au cours du Concile Vatican II, cette politique émergente a abouti à l'infâme échec du Concile à condamner ou même à mentionner les maux du Communisme Soviétique dans le document même qui, assez ridiculement, appelait à « examiner les signes des temps ». En retour de cet acte de trahison, que Jean Madiran a qualifié à juste titre de « trahison ecclésiastique », le Kremlin a accepté de permettre à deux Évêques Orthodoxes Russes, des marionnettes de l'État soviétique, d'assister au Concile comme Jean XXIII l'avait si ardemment souhaité.
Le Père Gruner n'a jamais cessé de condamner l'erreur de l’Ostpolitik parce qu'il pouvait voir que cette politique persistait et qu'elle est encore en vigueur aujourd'hui. Ainsi, le Secrétairerie d'État du Vatican poursuit ses négociations absurdes avec Pékin sur la façon de partager le contrôle de l'Église avec un gouvernement Communiste.
Dans sa chronique, relativement à cette farce sans fin, Sandro Magister note que la propre maison d'édition du Vatican s'est engagée dans ce qui semble être un effort pour donner une apparence de régularité aux Évêques consacrés sans mandat papal et installés comme des marionnettes de Pékin dans sa pseudo-église, l'Association Patriotique Catholique. Le Vatican a publié les biographies de ces prélats schismatiques dans le même livre que les biographies de « 75 Évêques en Chine décédés entre 2004 et aujourd'hui, tous écrasés par des années ou des décennies d'emprisonnement, de travaux forcés, de camps de rééducation, d'assignation à domicile, les policiers les plaçant constamment sous surveillance stricte ».
L'idée derrière ce livre, semble-t-il, est de donner l'impression que les Évêques marionnettes et les Évêques persécutés de la vraie Eglise Catholique en Chine, encore obligés d'opérer clandestinement, sont sur un pied d'égalité. Ils ne sont tous que des Évêques Catholiques, vous voyez, bien que certains d'entre eux aient été maltraités par le gouvernement. Pourtant, le coup publicitaire du Vatican a rendu clair, pour citer Magister, que « si tel est le traitement que le régime communiste réserve aux évêques chinois sur le terrain, il est clair que tout cela doit cesser avant que le Vatican n’accepte de signer avec les autorités de Pékin un accord sur la nomination des futurs Évêques ».
Magister détaille certains des exemples les plus récents de la brutalité de Pékin vis-à-vis des vrais Évêques Catholiques de Chine :
« En 2005 encore, on apprenait la mort de Jean Gao Kexian, évêque du diocèse de Yantai, dont on avait perdu la trace depuis qu’il avait été séquestré par la police en 1999 ».
« John Han Dingxiang du Diocèse de Yongnian, emprisonné pendant vingt ans avant d’être relâché et qu’on a ensuite fait disparaître en 2006 avant d’informer ses proches de sa mort alors qu’il avait déjà été incinéré et enterré dans un lieu inconnu ».
« En 2010, c’était au tour d’un autre Évêque, Jean Yang Shudao du diocèse de Fuzhou, de mourir après avoir passé vingt-six ans en prison et toutes les années qui suivirent « contraint de rester quasi en permanence en détention à domicile et sous contrôle strict » ».
«Sans parler des tribulations des derniers évêques de Shanghai, le jésuite Joseph Fan Zhingliang, mort en 2014 après « avoir exercé le ministère dans la clandestinité » et son successeur Thaddée Ma Daqin, aux arrêts depuis 2012 pour s’être dissocié de l’Association Patriotique des Catholiques Chinois – en parfaite obéissance à Rome qui juge qu’appartenir à cette association est « incompatible » avec la foi catholique – et depuis lors plus jamais libéré malgré qu’il se soit rétracté de sa dissociation il y a un an.
« Cette année aura connu la séquestration et la détention dans un lieu inconnu de l’évêque Pierre Shao Zhumin du diocèse de Wenzhou, dont en premier lieu l’ambassade d’Allemagne en Chine et ensuite le Saint-Siège lui-même ont demandé publiquement la remise en liberté le 26 juin dernier, une demande ignorée par les autorités ».
Pourtant, en dépit de la futilité évidente de négocier pour la liberté de l'Église avec des tyrans impies, des « pourparlers sont en cours entre les deux parties, avec des rencontres une fois par trimestre à Rome et une autre à Pékin » écrit Magister. Et ceci, en dépit du fait que, comme il le souligne, « la Conférence Épiscopale Chinoise, qui est censée présenter les candidats, n’est composée à l’heure actuelle que d’évêques officiellement reconnus par Pékin et ne comporte aucun de la trentaine d’évêque « clandestins » qui ne sont reconnus que par Rome et qu’il n’y a pas moyen de convaincre les autorités chinoises de les intégrer eux aussi ». De plus, « sept évêques « officiels » que le régime prétend faire reconnaître également par le Saint-Siège alors que trois d’entre eux ont été publiquement excommuniés et que deux d’entre eux ont maîtresse et enfants.».
« Face à tout cela », conclut Magister, « l’optimisme dont le Pape François fait preuve chaque fois qu’il est question de la Chine ne peut s’expliquer que comme étant un exercice de Realpolitik [c.-à-d. Ostpolitik] poussée à l'extrême ». Ceci montre encore une fois que le diagnostic par le Père Gruner sur mal de l’Ostpolitik n'était pas alarmiste, mais plutôt une sobre évaluation de la réalité de notre situation qui n'a fait que s'aggraver sous ce pontificat.
Seule la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie peut mettre un terme à la folie de négocier les droits de Dieu avec les ennemis de Dieu.
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