Le 9 septembre, on apprenait l’existence du Motu proprio « Magnum Principium » qui peut se traduire comme voulant dire « Un grand principe » ou « Un grand début ». Les deux sens peuvent probablement s’appliquer d’ailleurs ici comme vous le constaterez.
Bref rappel de contexte
Ce Motu proprio de François est un grand principe, en effet, qui va complètement à l’encontre du Motu proprio de Benoît XVI intitulé « Summorum Pontificum » édicté en 2007 et qui déclarait que la Messe Traditionnelle en Latin n’avait jamais été abrogée depuis Vatican II malgré les nombreuses lettres reçues par les Évêques du Monde qui laissaient entendre qu’il ne fallait plus la dire.
Ces lettres reçues par les Évêques du monde n’étaient jamais claires sur le statut officiel de la Messe Traditionnelle en Latin depuis Vatican II. On insinuait, on laissait entendre qu’il était vraiment préférable de dire la Nouvelle Messe appelée « Novus Ordo ». Ces imprécisions avaient l’odeur des agents humains qui les écrivaient ; on pourrait même flirté avec l’idée que c’était de l’appareil de la Franc-Maçonnerie qui était à l’origine de ces lettres fortes en pression auxquelles les Évêques ont donné suite sans trop les analyser.
Pour ceux qui douteraient que l’élément humain franc-maçonnique était à l’œuvre dans la conception et le déploiement de la Nouvelle Messe dans le monde, il vous faut savoir que Monseigneur Bugnini a trempé dans la liturgie au Vatican depuis 1957 jusqu’à être nommé par Paul VI Secrétaire de la Congrégation Épiscopale en 1972. Il avait un penchant favorable pour les Protestants en en invitant 6 d’entre eux pour élaborer la Nouvelle Messe.
Et, soudainement, on le retrouve Pro-nonce apostolique en Iran… Pourquoi ? En vertu du principe que le Vatican lave son linge sale en famille, on n’a jamais su pourquoi il avait été expédié si rapidement en Iran. Certains chercheurs nous apprendront que Bugnigni a laissé entendre dans ses mémoires qu’il appartenait à la Franc-Maçonnerie… Ce que l’on sait de lui, c’est qu’il refusait tout changement à la Messe qui lui était proposé qui aurait pu « éloigner » les Protestants…
C’est à son instigation, par exemple, qu’on doit la disparition de toutes les statues de Saint Michel Archange dans nos églises… Comme vous le savez sans doute si vous avez déjà visité la nudité d’une église Protestante, ils sont iconoclastes et Bugnigni voulait leur plaire.
Benoît XVI a voulu restaurer le Culte pérenne de 2 000 ans : la Messe Traditionnelle en Latin. Mais ce fut une lame à deux tranchants…
Le Motu proprio de Benoît XVI intitulé « Summorum Pontificum » édicté en 2007 permettait donc à tout prêtre de dire l’Ancienne Messe. Le prêtre était libre d’en décider ainsi indépendamment de l’opinion ou des diktats de son Évêque.
Et pour distinguer l’Ancienne Messe de la Nouvelle, ce Motu proprio définissait l’Ancienne Messe comme étant la « FORME EXTRAORDINAIRE » de la dire… Ce qui pouvait signifier qu’elle pouvait être dite dans des temps « extraordinaires », non ? Une fois par année peut-être ? En somme, il ne fallait pas abuser…
Et que pensez-vous qu’il est arrivé à ces bons vieux prêtres qui avaient déjà dit la Messe en Latin et dont on leur avait refusé ce droit depuis 50 ans ? De fait, ils étaient très peu nombreux… Ils se réjouissaient et ils recommencèrent à la dire au grand dédain de leur Évêque… Ils furent rapidement expatriés des grandes paroisses de leurs diocèses vers des très petites églises reculées par le tonnerre dans leurs propres diocèses. « Voilà pour ta Messe en Latin, mon cher… Tu dis la Nouvelle Messe pour tes fidèles qui la réclament ici ou tu t’en vas dans ce bled… Choisis… »
Par ailleurs, combien de prêtres en 2007 n’avaient pas perdu ou même appris le Latin pour pouvoir comprendre ce qu’ils diraient ? La journaliste Hilary White a un article savoureux et profond sur ce sujet ici en français…
Résultat : aucun Diocèse Ordinaire pratiquement n’a offert la Messe Traditionnelle en Latin. Seule la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X a sauté sur cette occasion comme la misère saute sur le pauvre monde. Mais il faut dire que la FSSPX n’avait jamais cessé de la dire ; disons plutôt que Benoît XVI confirmait la valeur de ce que la FSSPX avait toujours fait.
Le Motu Proprio de François maintenant…
Autant Benoît XVI a voulu favoriser — sans trop de succès — une langue commune pour dire la Messe à travers le monde, une langue qui ne peut pas changer de sens quelque que soit le pays où elle est dite, une langue révérencielle, autant François pousse du côté contraire : la langue vernaculaire actuelle dans laquelle est dite la Nouvelle Messe pourra être adaptée par la Conférence des Évêques de chaque pays.
Il semblerait qu’une des raisons motivant ces nouvelles adaptations vernaculaires seraient à l’effet que plusieurs Conférences Épiscopales se plaignaient des traductions liturgiques actuelles émanant du Dicastère du Culte et des Sacrements à Rome. Par exemple, les Évêques Américains pouvaient se plaindre que l’anglais actuel utilisé dans les Messes était du vieil anglais ( d’Angleterre peut-être ? ) et que ça ne colle pas avec leurs fidèles… Ce n’est qu’un exemple…
Le Pape François confie donc la responsabilité d’adapter la langue vernaculaire à la « culture » ( terme si chéri par le Pape pour tout décentraliser même la règle de la Communion aux divorcés/remariés à chaque Conférence Épiscopale — c’est exactement cela qu’il a dit aux Évêques Polonais ) de chaque pays.
Bien entendu, le Motu proprio de François prévoit que les changements proposés par les Conférences Épiscopales devront être approuvés par Rome avant leur mise en œuvre… Ça a l’air à avoir du bon sens… Vous ne trouvez pas ?
Adage Américain : « Un chameau est un cheval mis sur pied par un comité »
Mais que veut dire cet adage pour l’amour ? Un exemple : un cultivateur vient de perdre son cheval de vieillesse, il s’en achètera un autre. Voilà tout. Mais si ce cultivateur fait partie d’une petite coopérative de 15 agriculteurs et que le cheval appartenait à tous un chacun, les membres feront une réunion pour décider quoi faire…
Si un ou deux de ces membres doivent toujours franchir deux kilomètres de terrain désertique avant d’arriver à leurs champs, ils plaideront probablement pour faire l’acquisition d’un chameau plutôt. Et ces deux membres expliqueront que si le cheval est mort, ce n’est pas de vieillesse mais de fatigue de franchir ces terrains désertiques.
Et, en vertu de la notion de « consensus » qu’on entremêle facilement avec la notion d’« unanimité » de nos jours parce qu’on ne veut surtout pas déplaire à personne parce que ça leur serait manquer de « respect », le comité achètera probablement un chameau à deux fois le prix d’un cheval.
Et si un ou deux cultivateurs résistent ou s'opposent à cette folle idée du chameau, ils seront ostracisés par le reste des membres de la Coopérative en vertu du fait qu'ils manquent de « compassion » envers ceux qui ont à franchir ces fameux terrains désertiques, qu'ils n'arrivent pas à se mettre à leur place, qu'ils ne « font pas aux autres ce qu'ils voudraient qu'il leur soit fait dans la même situation ». Il pourrait même arriver qu'on oublie de les inviter aux prochaines rencontres de la Coopérative. Des Athanase modernes en référence à la crise Arienne, quoi...
Revenons maintenant au Motu Proprio et aux Conférences Épiscopales.
Dans notre exemple du chameau, il y a fort à parier que plusieurs cultivateurs retourneront chez eux le soir en se disant : « S’il n’en était tenu qu’à moi, j’aurais tout simplement acheté un cheval ».
De même pour les Évêques qui retourneront chez eux le soir seuls : « S’il n’en était tenu qu’à moi, je n’aurais pas changé l’expression dans la Messe « Seigneur, prends pitié de nous » par ce qui sera probablement maintenant suggéré : « Seigneur, fais-nous miséricorde ». De même, je n’aurais pas changé : « Voici l’Agneau de Dieu, Celui qui enlève le péché du monde » par «« Voici l’Agneau de Dieu, Celui qui enlève le mal du monde ». Mais c’est le consensus qui en a décidé ainsi ».
Et ne craignez pas. Tous les « mauvais » mots comme pitié, péché, etc... seront remplacés par « miséricorde », « compassion ». C'est un grand début, non ? Changeons le vocabulaire pour le « mettre de notre temps », non ? Typiquement Orwellien comme stratégie : faites disparaître les mots, les concepts suivront...
Il ne faut pas oublier que de plus en plus la notion du « mal » ne représente pas les péchés traditionnels sous l’influence du Pape François. En effet, il considère dans son livre-entretien avec Wolton que les péchés de la chair sont mineurs — contrairement à Notre Dame de Fatima qui nous affirme que ce sont les plus nombreux en enfer — mais que ce sont les trafics d’armes, la Mafia, l’esclavagisme… Comment les fidèles comprendront la notion de « mal » à la Messe au lieu de « péché » sous une telle influence ?
De fait, comme l'Église humaine à cherché à « s"ouvrir sur le monde » depuis l'ouverture du Concile Vatican II selon l'expression même de Jean XXIII, eh bien elle a bien réussi depuis les années 60. À tel point que l'on doive se demander si l'Église humaine n'est pas la Grande Prostituée nommée dans l'Apocalypse quand elle est rendue à accepter de donner la Sainte Communion à des homosexuels actifs comme c'est préconisé dans les Diocèses de Chicago et de San Diego aux États-Unis par exemple. Toujours après un discernement anbigu et un grand désir d'intégration et de compassion, ne l'oublions jamais.
Et ce racolage du monde de la part de l'Église humaine, comment se répercutera-t-il dans les textes liturgiques ? Réponse : comme le monde désire qu'il soit ! C'est-à-dire les textes liturgiques seront pleins de « rectitude politique » et complètement dépouillés de sens divin, comme le monde les aime. Des textes centrés sur l'homme et non sur Dieu. Voilà ce qui s'en vient...
Le phénomène de la dilution du sens de la responsabilité
Une chose est claire dans les Évangiles : c’est Pilate et nul autre que lui qui a livré Jésus aux Juifs. Mais avez-vous pensé si ça avait été par exemple le Conseil des Gouverneurs de Judée composés de 8 Gouverneurs qui aurait livré Jésus aux Juifs ? On n’aurait jamais su la part de responsabilité de Pilate dans la décision et lui-même se serait probablement moins senti coupable…
Voilà la dynamique qui va se passer avec la Conférence des Évêques de chaque pays. Chaque Évêque acceptera bon gré mal gré les changements. Ces changements prendront parfois des proportions de chameau. Et chacun retournera chez lui le soir ne se sentant pas si responsable que ça. « Bien non, il y avait consensus ! »
Voilà pourquoi Jésus a institué le statut d’Évêque d’autorité Divine tandis que les Conférences des Évêques n’ont pas été instituées d’autorité Divine mais d’autorité humaine suite à Vatican II. Et le Pape actuel confie à une institution humaine le soin de faire des changements qui affecteront le culte Divin !
Jésus, en somme, est partisan d’isoler la responsabilité sur chaque Évêque et non pas de la diluer dans des comités ou des Conférences d'Évêques sans fin…
Lex orandi, lex credendi
Ça veut tout simplement dire que ce que tu dis en priant, c’est ce que tu crois…
Avec le Motu proprio de François, pensez-vous qu’on s’en va vers une élévation de la langue à la Messe ? Pensez-vous qu’on s’en va — comme le Latin — vers une langue qui ne change pas de sens parce qu’elle est morte comme le Latin et qu’on ne peut pas changer le sens d’un mot en Latin ?
Permettez-moi une comparaison — peut-être boiteuse — mais qui, je l’espère, pourra nous aider à comprendre. Si, dans un pays donné, on comprend peu l’expression « Alléluia ! » et que la fameuse « culture » domestique emprunte davantage l’expression « Yé ! Yé ! » pour exprimer sa joie, est-ce que la Conférence des Évêques fera cette adaptation ?
Ah ! Mais bien sûr que vous me servirez que toutes les adaptations doivent être approuvées par Rome et que cette expression serait probablement bloquée au Vatican. En êtes-vous si certains ? Trois raisons me rendent pessimistes à cet égard :
1) La Conférence des Évêques de ce pays va rappliquer en disant que le Vatican « ne connaît pas notre culture. Ce refus du Vatican est triste parce qu’il empêche notre peuple de se réjouir ».
2) À voir comment le Vatican, et le Pape y compris, acceptent des abominations comme un Crucifix avec un marteau et une faucille, accueille les bras ouverts la « Grande Dame » oubliée de l'Italie, Emma Bonino, avorteuse de plus de 10 000 avortements… que sera « Yé ! Yé ! » à comparer avec « Alléluia ! ». Dites-moi…
3) Pensez-vous que les Conférences des Évêques vont faire mieux qu'elles n'ont fait avec leurs lignes directrices concernant Amoris Laetitia ? Si tant de Conférences banalisent — « désacralisent » serait mieux dit — la Sainte Communion, combien ne se gêneront-elles pas pour banaliser le langage du culte ?
Non, on s’en va tout droit vers une désacralisation du langage du culte actuel qui était déjà assez désacralisé…
Conclusion
Déjà dans ma paroisse, il y a des prêtres qui ont pris de l’avance sur le Motu proprio du Pape François. Certains d’entre eux utilisent le mot « mal » à la place de « péché » quand ils présentent l’Agneau de Dieu aux fidèles : « Celui qui enlève le mal du monde ».
On avait déjà des homélies à l’eau de vaisselle, très humanistes du style des cours de vente de Dale Carnegie ou de Xerox, on aura un culte à l’eau de vaisselle.
Oui, c’est un grand début. La Nouvelle Messe à l’eau de vaisselle. Et ne vous inquiétez pas : la mise en ouvre se fera au goutte à goutte, histoire que le grenouille qu'est le fidèle ne sorte pas du chaudron dont l'eau bouille progressivement de plus en plus. La technique de la gradation est une autre des spécialités de la Franc-Maçonnerie.
Alléluia ! Oups, excusez-moi, Yé !
Post-scriptum : parfois juste un mot dans la liturgie peut en changer tout le sens. Par exemple, dans le monde anglophone, on avait l'habitude de dire lors de la Consécration que le Sang du Christ avait été versé pour TOUS LES HOMMES [ Pro nobis ] Ça a pris plusieurs comités et des mois avant que l'on ne change cette expression pour notre équivalent français « LA MULTITUDE » [ Pro multis ].
Je ne sais pas si vous voyez la différence dans les deux expressions : si le Sang du Christ a été versé pour TOUS LES HOMMES, c'est donc dire qu'il n'y a pas d'exception et que tout le monde est sauvé même le plus grand pécheur non repentant, non ?
Voyez-vous à quel point UN SEUL MOT dans la liturgie peut fourvoyer les fidèles ?
Mais ne pensez pas que le français n'en est épargné. Si le coeur vous en dit, consultez les deux dernières strophes du Notre Père et comment elles ont été galvaudées.
Ce dont il faut toujours être conscient, c'est que la Franc-Maçonnerie a développé une habileté extraordinaire à jouer sur les mots et même sur un seul mot au cours de ses 300 ans d'existence. Et qui nous dit que la Franc-Maçonnerie « détient le pouvoir » présentement dans l'Église ? Jésus Lui-Même ! Pensez-vous qu'elle n'interviendra pas dans la révision des textes liturgiques ? Mais elle a déjà bel et bien commencé depuis belle lurette dans le petit missel papier dominical appelé ici au Québec « Prions en Église ». Voyez comment elle est astucieuse à nous distiller goutte à goutte ses valeurs sans qu'on s'en aperçoive dans les Prières Universelles de la Messe. Avec le Motu proprio du Pape, ce ne sera plus seulement dans les Prières Universelles, ce sera dans le coeur même des textes de la Messe Novus Ordo.
Et dire que le Pape vient de permettre à chaque Conférence Épiscopale de repenser TOUS LES TEXTES LITURGIQUES... C'est d'un effet nucléaire, les amis...
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