par : Wesley J. Smith
Wesley J. Smith est membre principal du Center in Human Exceptionalism du Discovery Institute et conseiller du Conseil des Droits des Patients.
Le 1er septembre 2017
SOURCE : First Things
J'ai commencé mon travail contre le suicide assisté en 1993. Le zeitgeist émotionnel à l'époque s'était concentré intensément et exclusivement sur la prévention de tous les suicides. Depuis lors, j'ai assisté à une transition très inquiétante. La société d'aujourd'hui nous demande de soutenir le suicide dans des circonstances impliquant une maladie grave, un handicap et même un âge avancé. Pendant ce temps, malgré une augmentation du taux des suicides, l'intensité des campagnes de prévention sur le suicide a diminué. Comme je l'ai écrit il y a quelques années, ces campagnes sont presque invisibles.
Pourtant, il y a des efforts pour renverser cette marée noire. Le psychiatre de l’Université de Californie Irvine, Aaron Kheriaty, dans le numéro d'août / septembre du journal et site First Things, a diagnostiqué notre problème de suicide (avec d'autres dysfonctionnements sociaux) comme une perte d'attachement mutuel. De son article « Mourir de désespoir » :
« La hausse du taux des suicides, d'abus de drogue et de dépression peut être attribuée à une fragmentation sociale accrue. Depuis les années 1980, la solitude déclarée par les adultes aux États-Unis est passée de 20% à 40%. Le Chirurgien Général récemment retraité a annoncé l'année dernière que l'isolement social est une crise majeure de santé publique, à égalité avec les maladies cardiaques ou le cancer ».
La promotion du suicide assisté peut également avoir une place dans ce domaine. Lorsque certains suicides sont promus dans les médias, les lois et la culture populaire comme étant un bien social — comme les suicides assistés —, cela peut avoir un effet involontaire sur les personnes suicidaires qui ne sont pas admissibles à une « assistance » en vertu de la loi. Kheriaty répond à cette préoccupation :
« La loi est un enseignant, et la loi Américaine enseigne de plus en plus l'indifférence à la vie lorsqu'elle se heurte au respect de l'autonomie radicale. La Californie et le Colorado ont récemment rejoint quatre autres États afin de permettre aux médecins d'aider les patients en phase terminale à s’enlever leur propre vie. Au cours de la même semaine, le Gouverneur Brown a signé une telle loi pour la Californie, deux chercheurs Britanniques ont publié une étude montrant que les lois permettant le suicide assisté en Oregon et à Washington ont entraîné une augmentation du taux des suicides dans ces États ».
« Ces résultats ne devraient pas nous surprendre. Nous savons que les cas publicisés de suicide ont tendance à reproduire des cas identiques, souvent de façon disproportionnée chez les jeunes ».
C'est précisément la raison pour laquelle l’idéalisation du suicide assisté dans les médias est si nocive. Prenez l'exemple de Brittany Maynard. La plupart des lecteurs se souviendront que Maynard, une belle jeune femme, a atteint le sommet du statut de célébrité internationale quand elle a décidé de se suicider après avoir contracté un cancer en phase terminale du cerveau. Les gens l'ont déclaré une héroïne dans un article en page couverture :
« Au cours des 29 dernières années, Brittany Maynard a vécu une vie sans peur — courant des demi marathons, voyageant en Asie du Sud-Est pendant un an et même escaldant le Mont Kilimandjaro. Donc, il n'est pas surprenant qu'elle ait confrontée sa mort de la même manière. Lundi, Maynard lancera une campagne vidéo en ligne avec l’organisation sans but lucratif « Compassion and Choices » [ Compassion et choix ], une organisation qui fait la promotion du choix de sa fin de vie, pour lutter pour l'élargissement des lois de la « Mort avec Dignité » à l'échelle nationale ».
La folie ne s'est pas terminée là. CNN l'a nommée « Personne extraordinaire » de 2014 : « Son exemple a suscité un vaste débat sur les droits des personnes atteintes de maladies incurables à déterminer comment et quand elles mourront. Maynard a donné suite à ses plans en novembre, en mourant selon ses propres conditions ». Le message est clair : mourir naturellement n’est que pour les idiots. Vivre avec des limites importantes est indigne. Le suicide assisté est courageux.
L'exemple le plus récent de ce phénomène nous vient des Pays-Bas où un couple âgé a reçu une euthanasie jumelée. Il y a déjà eu un temps, il n'y a pas si longtemps, où les suicides des couples âgés étaient considérés comme une tragédie. Plus maintenant. Notez le ton admiratif de cette histoire dans le Washington Post décrivant les décès :
« Nic et Trees Elderhorst savaient exactement comment ils voulaient mourir. Ils avaient tous les deux 91 ans avec une santé déclinante. Nic Elderhorst a subi un accident vasculaire cérébral en 2012 et, plus récemment, son épouse, Trees Elderhorst, a été diagnostiquée avec une démence ... Ni l’un ou l’autre n’ont voulu vivre sans l'autre, ni quitter ce monde seul ».
« Donc, les deux, qui ... avaient été ensemble 65 ans, ont partagé une dernière parole et un bisou, et sont morts le mois dernier main dans la main, dans une double euthanasie autorisée par la loi Néerlandaise, selon [le journal néerlandais] De Gelderlander. « Mourir ensemble était leur souhait le plus profond » ont déclaré leurs filles au journal, selon une traduction anglaise ».
De tels applaudissements médiatiques ont le potentiel de blesser les autres. Kheriaty fournit un exemple :
« L'affaire de Valentina Maureira, âgée de quatorze ans, une jeune fille Chilienne qui souffrait de fibrose kystique, illustre les deux effets tout en soulignant le pouvoir des influences sociales. Maureira a fait une vidéo YouTube en suppliant son gouvernement de légaliser le suicide assisté. Elle a admis que l'idée de mettre fin à sa vie a commencé après avoir entendu parler du cas de Brittany Maynard, la femme de vingt-neuf ans qui a fait campagne pour la légalisation du suicide assisté avant de mettre fin à sa vie ».
Maureira n'a pas eu accès au suicide assisté parce qu'il était illégal au Chili et qu'elle était mineure. Bonne chose. Elle a changé d'avis après qu'un autre patient souffrant de fibrose kystique est intervenu et l'a convaincue que sa vie valait la peine d'être poursuivie. Si Maureira avait pu trouver de l'aide pour se suicider avant, elle n'aurait jamais su qu'elle aurait plus tard voulu vivre.
Mais cet incident n’a pas d’écho. En montrant le manque de vraie empathie des médias, Kheriaty écrit : « Son père s'est plaint que les médias ne s'intéressaient qu'à son histoire quand elle voulait mourir ».
Si vous doutez de ma thèse, comparez le reportage sur la mort de Lauren Hill, une jeune femme décédée naturellement du même cancer qui a amené Maynard à poursuivre et à promouvoir le suicide. Hill a lutté pour continuer à jouer au basket-ball universitaire — ce qui a permis une certaine couverture dans la presse sportive — et a recueilli des fonds pour la recherche sur le cancer. Pourtant, en dépit de la promotion d'un message de vie et de dignité beaucoup plus positif que Maynard, Hill a reçu une nécrologie dans le magazine People de seulement 196 mots. People a consacré 1196 mots élogieux — énormes pour cette publication — à Maynard à la suite de son suicide, violant clairement les lignes directrices sur les médias de l'Organisation Mondiale de la Santé selon lesquelles les médias ne doivent pas idéaliser les suicides.
En partie grâce à la campagne de promotion des médias, le suicide est devenu un chant des sirènes qui attire les personnes malades, âgées et désespérées, tout en mettant potentiellement en danger la vie de personnes suicidaires dont les circonstances sont, pour l'instant, en dehors des paradigmes officiels de la « mort avec dignité ».
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