par : Ettore Gotti Tedeschi
SOURCE : One Peter Five
Le 4 septembre 2017
Note de l'éditeur : le Pape François, dans une récente allocution, a affirmé que la « réforme liturgique [c’est-à-dire la Messe Novus Ordo] était irréversible ». Le spécialiste du Vatican Sandro Magister a déclaré que beaucoup ont interprété ces paroles « comme une halte commandée par le Pape François au présumé cours inverse signalé par Benoît XVI avec le motu proprio Summorum Pontificum de 2007 ». Magister a ensuite publié des parties d'un article écrit par le Cardinal Robert Sarah concernant les deux formes du Rite Latin de la Messe. C'est dans ce contexte que Ettore Gotti Tedeschi, ancien Président de la Banque du Vatican, a écrit sa propre réflexion sur la question de la Messe. Nous considérons cela comme une contribution importante à la discussion et nous présentons en conséquence ici une traduction, éditée pour notre public, de son article Italien original publié le mois dernier à Formiche.net. Gotti Tedeschi sera également conférencier lors de la prochaine conférence sur le Summorum Pontificum le 14 septembre prochain à Rome à l'Angelicum, avec le Cardinal Gerhard Müller et le Cardinal Robert Sarah. |
Le Pontife actuel (François) a récemment affirmé qu'il considère la réforme liturgique, initiée par Vatican II, comme « irréversible ». Cette irréversibilité semble être un défi, sinon une censure, à l'ancien Pontife (Benoît XVI) qui avait autorisé la célébration de la Messe pré-conciliaire avec son motu proprio Summorum Pontificum. En ce jour, le Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin lui-même, le Cardinal Sarah, a proposé ( dans un entretien avec le journal mensuel La Nef ) une réconciliation liturgique visant à intégrer le rite liturgique préconciliaire avec le postconciliaire.
Eh bien, le lecteur dira, pourquoi ces « conflits cléricaux » nous importent-ils ? Avec tous les problèmes qui existent, pourquoi devrions-nous nous préoccuper de la liturgie ? Ne sommes-nous pas des témoins impuissants de l'effondrement d'une civilisation, d'une culture et de valeurs morales, et ils nous font perdre du temps avec des discussions sur la liturgie ? Mais que faire si la liturgie de la Messe était un élément clé pour tout expliquer ? Le NOM ( Nuovo Ordine Mondial [ Nouvel Ordre Mondial ] ) et NOM (Novus Ordo Missae) coïncident à la fois avec leurs acronymes et leur temps de mise en œuvre. Il est bon de réfléchir à ce débat, qui ne concerne pas la forme, mais la substance (de la liturgie), qui n'est pas du tout la même chose dans les deux cas cités ci-dessus, et celle en question concerne les effets conséquents, sur la conduite ( aussi économique ) des fidèles, qui affecte toute la société, pas seulement les Catholiques.
Référons-nous ici à un exemple pour expliquer la relation entre la liturgie et l'économie. Étant donné que l'économie est en elle-même un instrument neutre qui produit du bien ou du mal en fonction de son utilisation, il est important non seulement de savoir comment l'utiliser, mais comment lui donner son sens, une fin. Ce sens est une fonction du sens qui est donné à la vie elle-même, une fonction de ce qui est cru, de la Foi qui est maintenue et qu'on veut vivre. La Foi dont nous parlons conquiert et ravive grâce au Magistère de l'Église, à la prière et aux Sacrements. Parmi ceux-ci, la première est la Messe, dont la valeur est fonction de la liturgie utilisée, ce qui la fait devenir, ou non, la source de toutes les grâces nécessaires aux œuvres des fidèles. Pour cette raison, la liturgie de la Messe renforce la Foi et devient un « incubateur » pour les aspirations à cette sainteté personnelle dont bénéficie l'ensemble de la société.
L'économie devrait pouvoir satisfaire certains besoins humains grâce à la consommation et aux instruments de travail avec lesquels l'homme les atteint. Mais l'économie ne fonctionne que si l'homme a identifié et sait comment satisfaire ses véritables besoins globaux, qui sont, en plus de ceux matériels, intellectuels et spirituels. Si cela ne se produit pas et que seule la satisfaction matérielle est favorisée, le médium économique prend en charge une « autonomie morale » et dégénère, provoquant des crises économiques, et ces crises, oui, sont « irréversibles » et nuisibles. Comme nous l'avons vu au cours des dernières décennies.
J'ai essayé d'expliquer que le besoin spirituel ( pour les Catholiques ) est surtout satisfait par les Sacrements, la Messe est la plus importante de ceux-ci et la liturgie fait que la Messe s’adapte ou non à ce qu'elle est censée accomplir, afin de favoriser des actions de grâces, étant donné que la liturgie est une substance, pas une forme. En « corrompant » la liturgie de la Messe, en l'adaptant au besoin supposé d'être simplifié ( comme c'est souvent le cas avec le rite liturgique post-conciliaire, trop laissé à la « créativité » des célébrants individuels ) et en réduisant, relativisant, et souvent portant à la confusion la valeur du Sacrement, il y a un risque de priver ceux qui participent de la nourriture spirituelle susmentionnée parce que le but de la Messe n’est pas qu’elle soit célébrée mais qu’elle change l'homme en influençant son comportement.
La liturgie peut être corrompue par les actes accomplis lors de la célébration de la Messe, dans les paroles prononcées, dans les positions du prêtre, dans les prières récitées, dans les chants, dans l'action de grâces, dans les intentions de renouveler le Sacrifice, etc. Tout cela favorise la participation intérieure de ceux qui y assistent, ce qui donne la validité au but de la Messe. En désacralisant la Messe, il est évident que la crise morale qui est donc créée provoque une crise de comportement, en particulier dans l'économie, qui est plus sensible à l'orientation morale. Par conséquent, la misère matérielle causée par la crise morale n'est pas « l'économie qui tue », mais plutôt l'homme qui l'utilise mal parce qu'il lui donne un sens égaré.
La liturgie de la Messe que Benoît XVI avait accordée avec son motu proprio n'était pas de plaire aux « quatre traditionalistes », c'était pour sauver et rendre disponible un moyen précieux qui créerait certainement la plénitude de la richesse pour l'homme. L’interdire pourrait créer le risque de perdre le sens de la vie et donc en venir à la pauvreté totale. Sans le sens de la vie, l'économie devient une fin en soi, seulement orientée vers la satisfaction matérielle. Une économie dont l'éthique manque d'une foi forte et vivante peut difficilement résister. Après tout, pourquoi devrait-on faire le bien si le mal offre plus d'avantages ? Surtout si l'on se permet de croire qu'ils sont « justifiés » de le faire ?
La liturgie et l'économie sont indirectement corrélées, l'élément commun étant le cœur de l'homme, qui est nourri par le premier et donne un sens à cette dernière.
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