samedi 7 octobre 2017

Sur le licenciement du Dr Seifert

Un triomphe de la Volonté sur la foi et la raison
Les trois maladies de l'Église dont une a affligé le Dr Seifert




Écrit par le Père Brian Harrison, O.S, théologien
SOURCE :OnePeterFive
Le 23 septembre 2017








Le licenciement récent du Professeur Josef Seifert, éminent érudit Catholique, peut être considéré comme un symptôme particulièrement aigu d'au moins trois maladies distinctes mais interdépendantes qui affligent l'Église depuis de nombreuses décennies, mais qui deviennent critiques dans le cadre de ce pontificat sans précédent du Pape François.

D'abord, au niveau de la sphère d'expertise professionnelle du Dr Seifert, la philosophie, nous voyons une crise de la vérité naturelle et rationnellement connaissable. Lorsqu'un philosophe est démis de ses fonctions pour avoir signalé que les prémisses produisent inexorablement des conclusions logiques, les fondements mêmes de toute philosophie sont minés — et dans ce cas par les propres dirigeants de l'Église. À la différence de Luther, qui, depuis la Chute, s'est opposé à la raison humaine comme étant la « pute du Diable », l'Église Catholique a toujours compris que la crédibilité de la Doctrine Catholique repose sur son harmonie avec la saine philosophie. Par conséquent, lorsque les prélats dirigeants écartent l'importance de la logique, la vérité révélée est également minée.

C'est en effet la seconde maladie qui nous afflige maintenant. Si l'Église devait contredire formellement ce qu'elle avait toujours enseigné avec emphase sur les principes moraux et les normes spécifiques concernant le mariage et la vie sacramentelle, ce ne serait pas une Église infaillible. Elle serait réduite à une communauté Protestante où le jugement privé de l'individu finit par régner en maître : une communauté dans laquelle le « depositum fidei » est de plus en plus relativisé par ce que le pontife actuel appelle le « depositum vitae ». Mais un soi-disant « dépôt de vie » est par nature indéfinissable et indéterminé. En faire appel, c’est de laisser tout le monde libre appliquer subjectivement, adapter ou réinterpréter la loi morale selon la manière dont chaque personne évalue ses « circonstances de la vie réelle ».

Dans l'essai qui a provoqué la colère de ses supérieurs, le Professeur Seifert a souligné que si Dieu pouvait parfois « demander » à une personne dans une « situation de vie » de continuer à violer une norme d'éthique sexuelle que l'Église a toujours enseignée et qui ne permet aucune exception, ce nouveau principe se répandrait de façon catastrophique pour influencer d'autres domaines de conduite.

Le passage d'Amoris Laetitia est peut-être encore plus inquiétant : dans certaines circonstances, une personne peut encourir « un péché supplémentaire » ( prétendument envers les enfants nés d'une union adultère ) en respectant la norme contre l'intimité sexuelle en dehors d'un mariage valide. Mais dire que, dans certaines circonstances, on pourrait être coupable de péché, et ainsi offenser Dieu, précisément en OBÉISSANT un commandement du Décalogue divinement révélé, serait non seulement ruineux pour toute la morale chrétienne ; ce serait également verser sur le bord du blasphème en semblant attaquer la véracité de Dieu lui-même.

Les maladies philosophiques et théologiques mentionnées ci-dessus ont trait à la fonction doctrinale et magistérielle de l'Église — son rôle comme d'Ecclesia docens. La troisième maladie dont le renvoi du Dr Seifert est symptomatique se situe dans la fonction pastorale, administrative et disciplinaire de l'Église : l'Ecclesia gubernans. Mais cela résulte inévitablement des deux afflictions précédentes. Si la cohérence logique, la loi de l'auto-contradiction et la consistance doctrinale ne sont plus des normes absolues de la pensée et de la pratique Catholiques, mais qu’elles doivent être continuellement adaptées à un supposé « dépôt de vie » par lequel on « réinterprète » le Dépôt de la Foi selon les circonstances toujours changeantes, alors l'ordre et l'unité dans l'Église devront être maintenus par le simple exercice du pouvoir, de l'autorité, de la juridiction.

Ainsi le spectre d'une nouvelle ère de volontarisme ecclésial se profile devant nous, où la primauté de l'Intellect — toujours reconnu par la « philosophia perennis » de Saint Thomas d'Aquin — peut laisser place à la primauté de la Volonté. Le fait que le supérieur ecclésiastique du professeur Seifert en Espagne n'ait pas eu besoin d'offrir une réfutation raisonnée de sa critique d'Amoris Laetitia est inquiétant. Le simple fait qu'il ait ouvertement accusé le Souverain Pontife d’une erreur a été considéré comme une cause suffisante pour sa destitution. C'était traditionnellement une procédure raisonnable lorsque l'enseignement du Souverain Pontife était toujours soutenu par un mur d'entente massif et solide de la part de tous ses prédécesseurs. Mais le Docteur Seifert faisait remarquer que le Pape François SE SÉPARAIT de l'enseignement de ses prédécesseurs ! « Peu importe » fut la réponse implicite : « Le Pape actuel dit ce qu'il dit et cela règle tout ! » Ceci, c’est convertir l'autorité papale légitime en positivisme papal : la pure Volonté du pontife actuel défait tous ses prédécesseurs et défait tous les arguments contraires. En effet, ça rend tout argument contraire tout simplement non pertinent.

Que le ciel nous préserve de ce Triomphe menaçant de la Volonté sur la foi et la raison !

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