Luther sur son lit de mort
Par : Évêque William Adrian
Le 30 octobre 2017
SOURCE : Rorate Caeli
NOTE DE L'ÉDITEUR : Il y a cinquante ans, à l'occasion du 450e anniversaire de la Révolte Protestante, le journal The Wanderer publiait le récit détaillé de l’Évêque William Adrian sur la vie de l'hérésiarque Allemand Martin Luther. En quelques mots : Luther était un pervers obsédé par ses propres péchés et tentations, qui pensait qu'il était impossible d'essayer d'être une meilleure personne : de là surgissent tous ses problèmes.
Nous avons reçu une permission spéciale de The Wanderer pour réimprimer cet article, qui devrait être lu par tous ceux qui s'intéressent à l'histoire des cinq derniers siècles.
Mgr William Adrian (Nashville, Tennessee)
The Wanderer
Le 21 septembre 1967
En présentant l'image de Martin Luther, je veux être complètement objectif et compter sur l'autorité de certains des érudits les plus réputés disponibles, dont beaucoup sont non-Catholiques.
Au siècle dernier, surtout depuis 1883, le quatre centième anniversaire de la naissance de Luther, il y a eu deux Luthers — l'un fait d’un panégyrique de romance et de fiction, et l'autre, le Luther de fait. Depuis que le 450ème anniversaire du début de la Réforme Protestante est commémoré cette année, ces deux Luthers sont toujours présentés. Tout récemment un ardent oecuméniste Catholique du clergé a écrit que l'Église Catholique admet maintenant qu'elle a eu tort tout le long à propos de Martin Luther, et qu'il mérite vraiment d'être canonisé comme un saint. D'autre part, la plupart des historiens présentant des faits à l’appui donnent un récit tout à fait différent. Ces faits sur Luther, je vais les présenter brièvement et je vous laisserai être juges.
Dr Guilday, ancien professeur d'histoire à l'Université Catholique, a résumé les travaux de la vie de Luther ainsi : « Le clivage par Luther de l'Église Catholique n'a pas été causé par l’opposition à la Papauté, mais par l'idée fausse, qui semble l’avoir hanter jusqu'à l'obsession — son impuissance totale devant la tentation. Ce fut cette négation de la valeur morale de l’action humaine — ce déni de la capacité de l’homme à vaincre le péché — qui l'a conduit à sa célèbre doctrine sur l’inutilité des bonnes œuvres. Le seul espoir qu'il avait était une confiance aveugle en Dieu, dont le Fils, Jésus-Christ, avait jeté autour de lui la cape de Ses propres Mérites. De ce point de départ, ce fut Facilis descensus Arvernes. L’opposition à toutes les bonnes œuvres, et en particulier aux règles Monastiques et aux indulgences, l’a conduite à son opposition à l’autorité — épiscopale et papale ».
Les faits de la vie de Luther confirment la véracité de cette déclaration.
Martin Luther est né en 1483 ; il était le deuxième plus vieux de huit enfants. La discipline dans la maison semble avoir été stricte par rapport aux normes modernes, mais cela pourrait difficilement avoir affecté sa vie plus tard, comme certains l’affirment. C'était un bon élève et son père décida que son fils devait étudier le droit, et ainsi donner une certaine importance à la famille qui était très pauvre. Les quatre premières années d'études de Luther furent consacrées aux arts libéraux, principalement à l'étude du latin, du grec, de la philosophie et de l'éthique.
À l'âge de vingt-deux ans, il commença ses études de droit, mais abandonna après quelques semaines et décida, contre la volonté de son père, d'entrer dans la vie monastique. Luther a donné comme raison du changement la crainte pour son salut — causée par un éclair qui a tué un compagnon qui était à ses côtés. Il a dit que c'était un signe du ciel et il a fait le vœu d'entrer dans un monastère si sa vie était épargnée. La plupart des chercheurs expriment du doute sur cette raison et sont d'avis que Luther avait longtemps réfléchi ce geste et l'épisode sur le vœu lui a fourni l'occasion de l’exécuter. Il n'aimait pas l'étude de la loi de toute façon.
Après une année au noviciat, Luther fit sa profession solennelle à Erfurt, le Monastère des Augustins. Certains historiens insistent sur le fait que « c'était l'acte le plus téméraire de toute sa vie et certainement le plus sérieux », que Luther n'avait donné aucune indication sur sa vocation au sacerdoce ou à la vie religieuse ( Mgr Philip Hughes, Histoire du Church, volume III, page 505 ). Neuf mois plus tard, il a été ordonné prêtre, puis a commencé ses études en théologie. Après deux ans, il fut envoyé à Wittenberg pour donner des conférences sur la philosophie et la théologie.
Quel genre d'homme avait été Luther jusqu'à ce moment ? Tous s'accordent à dire qu'il était un travailleur infatigable, mais morose, effrayé, impulsif. Il s'efforça d'être un bon religieux, mais il ne trouva pas cette paix pour laquelle il était venu au monastère ; l'angoisse des années précédentes, la peur de perdre son âme, demeuraient encore.Luther a souvent parlé de ses tentations — le pire à ce qu'il dit, c’est qu’elles n'étaient pas charnelles ; « mauvaises pensées, haine de Dieu, blasphème, désespoir, incrédulité — C'étaient là les principales tentations. J'ai fait pénitence, mais le désespoir ne m'a pas quitté ».
Il est clair qu'une grande partie de cet état mental et spirituel de Luther était le résultat des erreurs de philosophie et de religion enseignées au monastère à cette époque. Une « nouvelle religion » avait été proclamée, qui était surtout une reprise des faux enseignements d'hommes comme Ockham et Wyclif des deux siècles auparavant. Ces hérétiques avaient enseigné que la Bible est la seule source de la Foi — que le Christ était le seul Chef de l'Église à l'exclusion de la Papauté. Certains ont enseigné une sorte de prédestination ; que le prêtre et les laïcs sont tous égaux — toutes des théories que Luther a adoptées par la suite. Mais en arrière de toute la recherche de Luther, il y avait toujours cet effort de trouver un moyen de surmonter sa peur de la damnation.
En 1512, le Supérieur Augustin de Luther lui confia la charge complète de l'école de théologie de Wittenberg. À partir de ce moment a commencé un changement complet dans la vie de Luther. Il a commencé à être laxiste dans sa vie spirituelle. « J'ai rarement le temps, écrivait-il à un ami, de réciter l'Office Divin et de célébrer la Messe, et puis j'ai aussi ma tentation particulière de la chair, du monde et du diable ». Il a donné l'excuse d'être trop occupé à prêcher, à étudier, à répondre à des lettres, à des affaires administratives, etc. — cause première de la ruine spirituelle de beaucoup de prêtres — « trop occupé » à beaucoup de choses pour s'occuper des besoins de son âme.
Bien que Luther ait par la suite inventé des expressions telles que « concupiscence invincible », « péchez hardiment mais croyez plus hardiment », il a épousé ( ? ) une religieuse malgré ses vœux monastiques et sacerdotaux ; même s'il devait parler avec la grossièreté la plus révoltante de la vie sexuelle en général, et de ses propres relations avec sa femme ( ? ) en particulier — ce n'était pas son corps qui était le siège de son vrai problème et le rendait presque fou . Au contraire, c'était son imagination intensément active, qui a décrit la colère de Dieu et Sa punition du péché si vivement qu'il pouvait à peine regarder le Crucifix. Ainsi, la seule obsession de sa vie était de trouver un moyen de croire que son âme était prédestinée à être sauvée au-delà de tout doute.
Vers 1514, il pensait avoir trouvé la solution à son problème dans les écrits d'Ockham. Peter Ockham était un Franciscain Anglais, dont les écrits furent condamnés par l'Église en 1347. Ses erreurs concernaient principalement ses idées sur la nature de Dieu et sur la Constitution de l'Église. Il a enseigné que ce que Dieu voulait était très important — la volonté de l'homme ne comptait pas. Dieu pouvait aussi bien commander à un homme de le haïr que de l'aimer ; Il pouvait choisir de damner les innocents et de sauver les coupables. Le péché pouvait coexister dans l'âme avec la grâce. En bref, le salut dépend entièrement de la Volonté de Dieu, peu importe ce que l'homme est ou fait. Luther méditant sur ces idées, a conclu que si ce que Ockham a dit était POSSIBLE avec Dieu, et était la façon réelle dont Dieu opérait, alors son problème était résolu ; et il a procédé à formuler ses doctrines en conséquence.
Luther, après avoir longuement étudié l'enseignement d'Ockham et son propre problème, formula ces propositions : 1) L'homme, à cause du péché originel, est entièrement et pour toujours corrompu ; par conséquent, il est incapable de faire une bonne oeuvre méritoire. (2) Le propre péché de l'homme ne peut avoir aucun effet sur son destin éternel ; une fois vêtu de la robe des Mérites du Christ, il est accepté par Dieu comme justifié, et aucun péché commis par un tel homme ne peut jamais devenir prise pour le diable.
De ces propositions, Luther a déduit que la nécessité des bonnes œuvres pour le salut est une imposture ; les pénitences, les indulgences ne sont pas seulement inutiles, mais blasphématoires ; les prières de demandes et tout le système sacramentel doivent être mis au rebut. Et ainsi le besoin d'une Église et d'un sacerdoce disparaît.
C'est pour défendre ces doctrines que Luther, en 1517, a cloué à la porte de l'église de Wittenberg les 95 thèses — la question des indulgences incluses. Ainsi, Luther a fait de l'affaire des indulgences, ce qui était à l'époque une question très discutée, l'occasion de publier ses nouvelles doctrines. Cet épisode n'était pas le début de la révolution contre l'Église ; depuis 200 ans, elle couvait. Luther n'apporta au monde Chrétien que sa nouvelle version de la dérogation Chrétienne. Bien avant la condamnation solennelle par Rome des doctrines de Luther en 1521, ses doctrines avaient été discutées et combattues dans toutes les universités de la Chrétienté. Luther n'avait pas non plus l'intention de rompre avec l'Église. Quand, en 1520, Luther fut cité par le Pape Léon X pour répondre aux accusations d'enseignement de l'hérésie, il répondit : « Devant Dieu et les hommes, je n'ai jamais voulu attaquer ni l'Église Romaine ni le Pape, et j'ai encore moins d'intention de faire cela ».
Mais en 1517, la doctrine de Luther n'était pas encore complète. Il a dû trouver des BASES pour cela — une certaine AUTORITÉ. Puisque la philosophie d'Aristote et l'enseignement théologique de Saint Augustin et de Saint Thomas d'Aquin ne cadraient pas avec ses idées sur le Christianisme, il les rejetait comme « dépassés » et adoptait l'enseignement des mystiques. Cela a été très dangereux pour Luther avec son imagination débordante, comme cela a été le cas pour tous ceux qui n'ont pas fondé leur religion sur les solides doctrines de l'Église. Luther lui-même exprime ainsi ses idées : « Le Christianisme n'est qu'un exercice perpétuel de SENTIMENT que vous n'avez pas de péché bien que vous ayez péché, mais que vos péchés sont attachés au Christ » signifiant « couvert par les Mérites du CHRIST », pas par les vôtres car vous n’en avez pas. Puis il a inventé cette fameuse phrase de l'Épître de Saint Paul aux Romains (3 :28) : « Le salut est obtenu par la FOI SEULE ».
En cela, il y avait deux erreurs fondamentales. (1) le mot « SEULE » ne figure pas dans le texte original de l'Écriture. (2) IL a pris cette phrase hors de son contexte, comme l'ont fait tant de nombreuses sectes et a ignoré des dizaines de textes affirmant clairement que : NON PAS SEULEMENT LA FOI, mais aussi les BONNES ŒUVRES sont nécessaires pour le salut. Par exemple, Christ a déclaré dans Matthieu 19 :17 : « Si tu veux entrer dans la vie, obéis aux commandements.». Quand quelqu'un a demandé à Luther concernant l'Épître de Saint Jacques qui déclare que « la Foi sans les œuvres est morte », Luther a répondu : « C'est de la paille, ce n’est pas authentique ».
De même, la légende que Luther fut le premier à traduire la Bible en langue Allemande et à la donner au peuple est contraire à toutes les preuves. Luther a fait une copie de la Bible pendant les dix mois qu'il a vécus incognito dans le château de Wartberg par crainte d'être tué par ses ennemis, mais il l'a probablement copié d'une vieille Bible Allemande. Ce n'était pas une traduction du texte original du grec ou de l'hébreu puisque Luther n'était pas assez familier avec ces langues — il ne pouvait pas non plus recevoir d'aide. En outre, il existait littéralement des milliers de Bibles en latin et en Allemand à cette époque. Il semblerait que Luther voulait une Bible en fonction de sa nouvelle doctrine, en changeant et en omettant certaines parties pour s’y conformer — d’où il en écrit une.
Au fil du temps, Luther devint plus audacieux, plus fier, plus vulgaire. Il se croyait inspiré — et seulement LUI disait la vérité. Quand il a été excommunié par Léon X en 1521, il est devenu très amer envers la Papauté, et l'a appelé l'agent du diable — l'anti-Christ — et il a brûlé le document sur la place publique.
Pour Luther, l'Église était une entité invisible — purement spirituelle, composée seulement des âmes DESTINÉES à être sauvées et soumises à Dieu seul ; la Papauté et la hiérarchie avaient été fondées par Satan ; elles n'ont ni l'autorité de faire des lois ni de les appliquer. Mais puisque le pouvoir de diriger et de gouverner les fidèles dans la Foi et la morale doit provenir de QUELQUES sources, Luther a placé cette prérogative dans le prince régnant — l'État. Par quelle autorité ? L'AUTORITÉ DE LUTHER. L'État est le seul agent de Dieu, a-t-il dit ; il est suprême ; il peut faire des lois gouvernant l'Église et les rescinder ; il peut punir toute infraction, même avec la mort. Le Roi Henri VIII a agi sur cet enseignement de Luther.
Puisque l'homme est tout mal, il ne peut gagner aucun mérite pour le salut par de bonnes œuvres ; par conséquent, il n'y a aucun besoin des sacrements ni des prêtres. « La Messe est simplement une méchanceté diabolique » a déclaré Luther. De même, puisque l'homme n'a pas de libre arbitre pour décider de son destin éternel, les Commandements n'ont aucune signification ; Dieu décide si un homme est destiné à être sauvé. La Foi seule sauve ; mais comment acquérir cette Foi salvatrice, ce que Luther n'a jamais précisé au-delà de dire qu'il faut continuer à croire jusqu'à ce que la personne soit intérieurement convaincue qu'elle est sauvée — le tout dépendant du sentiment — rien de défini.
Mais c'était dans sa conduite morale et dans son enseignement que Luther était grossier, vulgaire, voire obscène. La plupart des historiens ont refusé d'imprimer son discours ignoble. Son slogan « Péchez courageusement, mais croyez encore plus courageusement », donne l'indice de sa pensée. Il a conseillé à des prêtres et à des religieuses de se marier comme il l’avait fait ; il a exhorté l'État à abolir tous les monastères et couvents, et de nombreux États l'ont fait. Il a prêché que la chasteté en dehors du mariage est une abomination — que le vœu de chasteté est pire que l'adultère. Il a conseillé le concubinage et l'immoralité pour les maris — aussi le divorce et le remariage à la volonté du mari.
Dans ses « Tables Talks » [ « propos de table » ], il parle en plaisantant de ses relations sexuelles avec la mère de ses six enfants. « J'avoue, écrit-il, que je ne peux pas interdire à une personne d'épouser plusieurs femmes car cela n'est pas contredit dans l'Écriture. — Moi-même, je ne pouvais pas ni ne voulais pas m'abstenir d'impureté ».
Presque tous les historiens s'accordent à dire que Luther fut l'instigateur de l'horrible insurrection des paysans et Luther l'admet. Plus de 100 000 paysans ont été tués, mais Luther n'en a pas été dérangé. Un historien remarque qu'il a célébré l'événement en épousant la religieuse, Catherine Bora.
Certains insistent sur le fait que Luther a réformé l'Église ; il ne l'a pas réformé — il a essayé de la détruire autant qu'il a pu et a laissé un ordre spirituel et moral pire. Incontestablement, l'Église avait besoin d'être réformée, et Luther lui a donné un bon coup dans la mesure où sa prédication et ses écrits ont stimulé le Pape et les Évêques à sortir de leur complaisance, et le Concile de Trente en a résulté. Pas plus que le fait que l'Église ait été divisée en quelque 400 sectes, tout le monde prétend que la leur est la seule véritable Église que le Christ ait fondée — tout crédit donné à Luther.
Luther vers la fin de sa vie a beaucoup souffert de maladie ; il était rempli de remords et cédait souvent à des crises de colère, n'épargnant ni sa femme ( ? ) ni ses amis. Un de ses regrets était qu'il avait dit la Messe pendant 15 ans. Dans son dernier sermon, il a vivement critiqué les moines pour refuser de se défaire de leurs habits. Sur son lit de mort, il répondait à la question que lui posait un disciple, à savoir s'il persévérait dans ses doctrines. Sur le mur, près de son lit, le docteur trouva cette inscription en latin : « J'étais ton fléau pendant que je vivais ; quand je mourrai, je serai ta mort, Ô Pape ».
« Le moins saint des hommes » a dit un Évêque Protestant Anglais de Luther — pas vraiment un digne candidat à la canonisation ! Êtes-vous d'accord ?
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