par : Dr. Jeff Mirus ( Droit Canon)
Le 29 septembre 2017
SOURCE : Catholic Culture
Maintenant, le Pape François a affirmé que la moralité sous-jacente à Amoris Laetitia est thomiste. Notez que je résiste à la tentation d'écrire un autre de mes commentaires de 10 000 mots. Comme le reste d'entre vous, je veux vraiment vivre. Au lieu de cela, pour rendre les choses plus rapides et plus simples, j'offre des les points saillants suivants :
Pour saisir Amoris Laetitia, il faut tout lire : le Pape François a déclaré que nous devons lire le texte en entier plus le travail des deux Synodes sur la Famille. Malheureusement, le Pape sous-entend que ses critiques ne l'ont pas fait. Mais tout le monde qui a soulevé de sérieuses questions a fait cela et est devenu encore plus perturbé.
La théologie doit se faire à genoux : c’est un conseil indispensable du Pape François — si ce n'est que pour insinuer que tous ceux qui l'interrogent sont notoires dans leur incapacité de l'observer. À en juger de manière anecdotique, les défenseurs les plus en vue du penchant du Pape François pour la nouveauté semblent beaucoup moins engagés dans une vie de prière que leurs critiques.
Nous devons éviter la casuistique des anciens manuels : encore une préoccupation valable — si ce n’était pas de l’insinuation que ceux qui interrogent ce Pape sont par définition bloqués dans l'ancienne ornière des manuels. Mais la casuistique a toujours été utilisée à deux sens : (1) La résolution des problèmes moraux par l'application de principes moraux à des cas spécifiques ; (2) L'utilisation d'un raisonnement hautement élaboré mais fondamentalement inadéquat pour justifier des conclusions morales défectueuses. Abandonner le premier, c’est embrasser les conclusions produites par le second, c'est-à-dire confirmer seulement ce que nous préférerions être vrai.
Point connexe 1 : Les Manuels : le problème avec les « manuels » utilisés pour enseigner la théologie au début du vingtième siècle était d’une Scolastique dans laquelle les idées étaient considérées comme sûres si elles s'inscrivaient dans un système essentiellement humain, éliminant le mystère. Cela a conduit de nombreux théologiens brillants à être traités avec suspicion par le Saint-Office, précisément pour leur insistance à revenir à l'Ecriture et aux Pères afin de mieux faire de la théologie à genoux. Henri de Lubac est un excellent exemple. Le plus grand représentant vivant du renouvellement subséquent est Joseph Ratzinger. Ceux qui ne sont pas restés à genoux sont devenus Modernistes.
Point connexe 2 : La Culture : Il y avait une tendance culturelle correspondante à vivre la foi de façon prescriptive à cette époque, une préoccupation de connaître les règles nécessaires pour sauter de justesse le purgatoire. Mais la réaction culturelle générale aux vieilles règles dans la seconde moitié du vingtième siècle ne fut guère un effort pour approfondir le mystère de la relation entre Dieu et l'âme. Si ce fut le cas, pourquoi tant de Catholiques se sont-ils constamment rabattus sur des influences culturelles plutôt que divines depuis ce temps — juste comme tout le monde ?
Le discernement : la seule réponse que le Pape François donne à ceux qui ont des questions est de souligner la priorité du « discernement » dans la lutte contre la fragilité spirituelle et morale de la personne humaine. Mais le rôle du discernement ici n'est pas de déterminer publiquement le degré de culpabilité subjective. Face à deux personnes prises dans la même situation morale objective, il n’appartient pas au pasteur de dire : « Vous qui êtes sur ma gauche êtes un bouc ; n'obscurcissez pas la porte de l'Église. Mais vous qui êtes à ma droite êtes une brebis. Prenez la Communion avec nous ! » Non, le but du discernement ici est de détecter les obstacles les plus sérieux à la conversion et de cibler ces problèmes aussi efficacement que possible.
L'ignorance invincible : le discernement que le Pape François a préconisé semble être basé sur ce que l'on pourrait appeler le niveau d'« ignorance partiellement invincible » de chaque personne. Ainsi, il souhaite discerner si Dieu appelle quelqu'un à faire son meilleur à un moment donné, même si cela implique encore un péché grave afin que l'Église puisse traiter cette personne en conséquence. Non seulement est-ce un jugement inadmissible, mais tout le problème de l'ignorance véritablement invincible dépasse complètement le domaine Divin de l'Église, qui est toujours et seulement appelée à présenter l'Évangile complet du Christ. Bien que l'ignorance invincible puisse en effet empêcher toute personne d'être damnée, ceux qui ne reconnaissent ou ne peuvent pas reconnaître le caractère spirituellement autorisé de l'Église ne peuvent entrer en communion avec elle. (Et quel motif valable pourraient-ils avoir pour vouloir le faire ?)
L'Église en tant que forme de gouvernement : le point précédent se rapporte étroitement à ce que l'on pourrait appeler la « forme de gouvernement » de l'Église. L'Église est le Corps Mystique du Christ, mais aussi une institution dotée de sa propre structure et de sa propre forme de gouvernement, qui sont toutes deux conçues pour représenter le Christ comme la Voie, la Vérité et la Vie pour tous, dans la mesure où cela est possible pour une institution de pécheurs. Pour cette raison, le désir de la Foi et la profession de Foi ont toujours été non seulement le déterminant spirituel clé, mais le déterminant institutionnel clé de l'adhésion / communion. La forme de gouvernement de l'Église n'exige pas l'hypothèse que tous ceux qui ne sont pas en communion avec elle sont damnés, mais la reconnaissance que tous ceux qui refusent de professer la foi de l'Église ne sont pas en communion avec elle.
Le point névralgique : c'est justement ce qui est le point névralgique pour les critiques d'Amoris Laetitia et les aspects connexes du pontificat du Pape François. Ils craignent que le Pape François soit, en quelque sorte, en train de baptiser la poursuite d'une trajectoire culturelle extrêmement dommageable. Je veux dire le modèle continu des convictions diluées qui, dans notre culture, ont amené le nombre de ceux qui ne revendiquent aucune religion à grandir, ainsi que le nombre de Catholiques auto-identifiés qui se sentent libres de nier ce que l'Église enseigne au nom du Christ. Il n'est pas nécessaire de vivre sans péché pour être en pleine communion avec l'Église ; mais il faut professer la foi de l'Église et accepter son autorité spirituelle.
La discipline ecclésiastique : ce que les critiques cherchent à conserver, c'est la distinction entre le péché et le refus d'accepter ce qu'est l'Église. Le premier n'élimine pas la communion ; ce dernier le fait. C'est pourquoi le refus constant de l'Église d'admettre que certains reçoivent la Communion, indépendamment des états d'esprit et du cœur en leur intérieur, a toujours été basé sur le problème du scandale. Ceux qui manifestent publiquement leur rejet de la Foi ou leur refus d'accepter l'autorité spirituelle et sacramentelle de l'Église ne doivent pas être admis à la Communion. Cela peut être déterminé par leur engagement public envers un état de vie particulier (comme dans les cas de mariage) ou par leurs actes publics et leur discours (comme dans ceux qui soutiennent ouvertement divers maux intrinsèques que l'Église condamne).
Conclusion
Certains soutiendront qu'il n'y a plus de scandale lié à des mariages invalides ou à plaider une politique pour l'avortement, voire des liaisons homosexuelles sous divers noms publics. Mais ces personnes ne comprennent tout simplement pas le scandale. Le scandale en question n'est pas une réaction populaire d'horreur à de tels péchés ouverts. C'est exactement le contraire. Le scandale est l'incapacité à percevoir l'horreur de ces péchés publics. C'est précisément ce scandale qui augmente chaque fois que les ministres de l'Église, à n'importe quel niveau, trouvent des moyens de prétendre que ceux qui sont attachés à de tels péchés restent en bonne et entière communion avec l'Église.
En d'autres termes, c'est le scandale de l'Église qui nie son être même. Je renvoie tout le monde aux Paroles de Notre-Seigneur, que j'ai citées en juin, dans « Le problème de l'obscurité doctrinale » : « Pourquoi M'appelez-vous « Seigneur, Seigneur », et ne faites-vous pas ce que Je vous dis ? » (Lc 6, 46) . Enfin, pour pénétrer le cœur de la controverse précipitée par Amoris Laetitia, relisez Marc 10 : 9 et Matthieu 19 : 6 sur le mariage : « Ainsi, ils ne sont plus deux mais un seul être. Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni ».
La tâche de chacun d'entre nous est de protéger l'Église contre les politiques et les pratiques qui laissent paraître normal et acceptable de déchirer l’Oeuvre et la Volonté de Dieu.
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