Écrit par Docteur Edward N. Peters
Edward Peters est un avocat Américain spécialisé en Droit Canon et conseiller auprès de la Signature Apostolique, la Cour Suprême du Vatican.
SOURCE : Catholic World Report
Le 6 octobre 2017
Pour mieux comprendre le texte... Voici les définitions des Canons mentionnés dans l'article Can. 915 - Les excommuniés et les interdits, après l'infliction ou la déclaration de la peine et ceux qui persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste, ne seront pas admis à la sainte communion. |
Buttiglione a mal compris et / ou a déformé certains points canoniques importants, si cette fois ils étaient plus subtils, dans sa récente critique de la Correctio Filialis.
Il ne m'est pas possible de réexpliquer à chaque fois que j'aborde les derniers énoncés erronés canoniques d'un écrivain ou d'un autre, tout le droit canonique sur la réception de la Sainte Communion et l'administration de ce Sacrement par les ministres. De plus amples informations sur ces sujets cruciaux sont disponibles ailleurs. Ici, je ne fais que rappeler aux autres que certains commentaires récents du Professeur Rocco Buttiglione sur l'administration et la réception de la Sainte Communion ne sont pas canoniquement valables.
Les lecteurs se rappelleront peut-être qu'il y a un peu plus d'un an, Buttiglione rédigea un essai alléguant que les Catholiques divorcés et remariés avaient été excommuniés jusqu'à ce que Jean-Paul II ait courageusement éliminé cette sanction supposée du Code de 1983. J'ai montré qu'une telle excommunication n'existait pas dans la loi universelle ( en reculant plus de 100 ans en arrière ) et j’ai suggéré alors que Buttiglione n'était pas un historien fiable du Droit Canon. À ma connaissance, il n'a pas modifié ses affirmations. Eh bien...
Maintenant Buttiglione est l'auteur d'un autre essai, cette fois contre la Correctio Filialis. Comme je l'ai déjà dit, je n'ai pas de position sur la Correctio elle-même, mais je fais une pause pour suggérer que Buttiglione a mal compris et / ou déformé certains points canoniques importants, si cette fois ils étaient plus subtils. Notre discussion est entravée par l'incapacité de Buttiglione à spécifier exactement quelles normes disciplinaires il a en tête à différentes étapes de son essai. Désolé, nous allons procéder du mieux que nous le pouvons.
Par exemple, Buttiglione écrit :
« Il y a une impossibilité absolue de donner l'Eucharistie à ceux qui sont dans le péché mortel ( et cette règle est de la loi Divine et donc impérative ), mais si le manque de pleine connaissance et le plein consentement n'existent pas, la Communion peut être donnée, du point de vue de la théologie morale, aussi à un divorcé/remarié. Il y a aussi une autre interdiction, non morale mais légale. La coexistence extraconjugale contredit clairement la Loi de Dieu et génère un scandale. Afin de protéger la Foi du peuple et de renforcer la conscience de l'indissolubilité du mariage, l'autorité légitime peut décider de ne pas donner la Communion aux personnes divorcées/remariées et même si elles ne sont pas en état de péché mortel. Cependant, cette règle est une loi humaine et l'autorité légitime peut autoriser des exceptions pour de bonnes raisons ».
Il y a beaucoup d'erreurs canoniques dans le passage ci-dessus, mais je n'en traiterai que trois à l'heure actuelle. Je reformulerai aussi certaines paroles de Buttiglione parce que je pense que de mauvaises traductions pourraient avoir interféré avec son message.
(1) « Il y a une impossibilité absolue de donner l'Eucharistie à ceux qui sont en état de péché mortel ».
Cette affirmation est erronée. Mis à part l'impossibilité d'un être humain de savoir avec certitude si un autre être humain est « en état de péché mortel » — pourquoi tant de gens pensent-ils que la lecture des âmes fait partie d’un talent caractéristique d'un avocat en Droit Canon ? — c'est tout à fait possible, en effet, et canoniquement requis d'administrer la Sainte Communion publiquement aux fidèles Chrétiens qu'un ministre soupçonne ( peut-être d'après d'excellentes preuves ) d'être « en état de péché mortel » à moins que les cinq éléments du Canon 915 ( la persévérance obstinée dans un péché grave manifeste ) soit satisfait. C’est la loi sacramentelle standard ; pourtant Buttiglione semble inconscient de cette norme et ignore que le Canon 18 exige son interprétation stricte telle que, sans nul doute et tristement, des Communions sacrilèges peuvent être faites en accord avec la loi de l’Église — ce qui est difficilement possible si la Loi Divine l'interdit absolument. Ce bâclage d'un point crucial de son argumentation n'incite pas à croire que Buttiglione traitera d'autres points de manière fiable.
(2) « La cohabitation extraconjugale contredit clairement la Loi de Dieu et génère un scandale ».
Parfois faux. Je ne connais pas de Loi Divine interdisant la « cohabitation extraconjugale » en soi ( à moins que l'on « l'interdise » clairement ) et puisse imaginer des situations où cette « cohabitation » ( à l'exclusion du sexe extra-conjugal, mais pas de la cohabitation ) pourrait être prudemment encouragée, au moins pendant un certain temps ( discussion complexe omise ). Je soupçonne plutôt que Buttiglione confond délibérément ou non la « cohabitation » avec le « divorce et le remariage » et substitue ainsi ce que le Catéchisme de l'Église Catholique 2384 décrit comme « une situation d'adultère public et permanent » pour quelque chose qui pourrait être moralement acceptable. Encore une fois, une telle affirmation ne montre guère le niveau de précision que requiert la discussion de ces points.
(3) « Pour protéger la Foi du peuple et renforcer le respect de l'indissolubilité du mariage, l'autorité légitime peut décider de ne pas donner la Communion aux personnes divorcées/remariées et même si elles ne sont pas en état de péché mortel. Cependant, cette règle est une loi humaine et l'autorité légitime peut autoriser des exceptions pour de bonnes raisons ».
Encore une fois, Buttiglione suppose que les ministres et les canonistes savent qui est « en état de péché mortel » et qui ne l'est pas. Pour la dernière fois, ce sont des sornettes. Mais plus précisément, l'affirmation antérieure erronée de Buttiglione selon laquelle la Loi Divine interdit toujours aux ministres de donner la Sainte Communion aux personnes « en péché mortel » ( en supposant que nous savons qui elles sont ), revient maintenant à créer une nouvelle confusion entre les canons reposant sur la Loi Divine ( comme le font certaines personnes ) et des canons reposant soi-disant sur la simple loi humaine ( comme on le suppose, Buttiglione croit que le Canon 915 le fait quand il interdit l'administration de la Sainte Communion aux Catholiques divorcés et remariés ), loi parce que c'est « juste une loi » , et non la « morale », elle peut être soi-disant modifiée.
Mais, comme on l'a expliqué à de nombreuses reprises, le Canon 915, opérant face à la persévérance obstinée dans le péché grave manifeste ( ici le péché de contredire la permanence du mariage en prétendant se marier à nouveau alors qu'un conjoint antérieur est encore vivant ), interdit aux ministres de donner la Sainte Communion à certaines personnes lorsqu'une telle administration provoque un scandale à d'autres, le scandale étant défini par le Catéchisme comme une « faute grave » qui est aggravée « lorsqu’il est porté par ceux qui, par nature ou par fonction, sont tenus d’enseigner et d’éduquer les autres ». CCC 2284-2287. En d'autres termes, le Canon 915 repose au moins en partie sur la Loi Divine, la Loi Divine qui interdit entre autres à quiconque ( en particulier les ministres de l'Église ! ) de scandaliser les autres. Buttiglione semble ignorer cet aspect du Canon 915.
Le Canon 915 ne consiste pas à refuser la Sainte Communion à un couple que l'on pense illicite parce qu’il « le fait » ; il s'agit de refuser la Sainte Communion lorsque son administration conduirait la Communauté à douter ici de la gravité de la contradiction que le divorce et le remariage civils donnent au mariage proclamé par le Christ et son Église. Même l’expression de « frère et sœur », souvent invoquée et souvent mal comprise, ne doit être envisagée que si le statut de divorcé-remarié en dehors de l'Église n'est pas connu dans la Communauté ( et si le couple promet une continence que les ministres ne peuvent pas surveiller ). Mais à ce point, je dois répéter que ces questions plus vastes sont expliquées ailleurs, et je me concentre maintenant sur le dernier essai de Buttiglione, lequel essai, je pense que j'ai démontré, n'est pas un guide canonique fiable en question ici.
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