Quelques locutions de |
Par: Phil Lawler
Phil Lawler a été journaliste Catholique depuis plus de 30 ans. Il a édité plusieurs revues Catholiques et écrit huit livres. Fondateur de World Catholic News, il est le directeur des nouvelles et analyste en chef à CatholicCulture.org.
SOURCE : Catholic Culture
Le 18 mai 2017
« Alors que le Venezuela brûle, de nombreux Latino-Américains se demandent : « Où est le Pape François ? » » Ce titre d’un essai rédigé par Samuel Gregg sur le site Catholic World Report parle plus ou moins de lui-même. Et Sando Magister de L’Espresso a soulevé essentiellement la même question il y a une semaine.
Les Évêques Catholiques du Venezuela ont été implacables dans leur critique du gouvernement dirigé par le Président Nicolas Maduro. Ce gouvernement a conduit le pays à un effondrement économique désastreux, caractérisé par une hyperinflation furieuse et une grave pénurie de nourriture et de médicaments. Ensuite, plutôt que d'adhérer aux demandes populaires pour de nouvelles élections, le régime de Maduro (par l'intermédiaire des alliés du Président siégeant à la plus haute cour du pays) a suspendu le parlement de la nation, faisant ainsi taire effectivement les opposants politiques. Lorsque ce mouvement a provoqué des manifestations publiques massives, le gouvernement Maduro a envoyé des troupes pour rompre les protestations — pas avec ménagements. Le nombre de morts augmente, des milliers de familles ont faim et le régime refuse de bouger. Les Évêques Vénézuéliens ont prévenu que leur pays deviendrait « un système totalitaire, militariste, violent, oppressif et policier ».
Mais de Rome — où le Pape François l'année dernière a accepté une demande pour la médiation du Vatican dans la crise politique du pays — les quelques déclarations publiques sur la situation Vénézuélienne ont été remarquablement impassibles, ne montrant aucun sentiment d'urgence sur les développements là-bas. En avril, le Pape François a déclaré aux journalistes qu'il espérait toujours que le dialogue résoudrait les problèmes au Venezuela, mais « une partie de l'opposition ne veut pas cela ». Il n'a pas mentionné la responsabilité du gouvernement pour la rupture des pourparlers. Dans une lettre adressée aux Évêques Vénézuéliens, le Pape a exprimé le même espoir : « Je suis convaincu que les graves problèmes du Venezuela peuvent être résolus s'il y a la volonté de construire des ponts, si vous voulez parler sérieusement et adhérer aux accords conclus ».
Pendant ce temps, Maduro fait le démagogue, faisant de son mieux pour rassembler le sentiment public contre les Évêques, les blâmer pour les troubles du pays. Des bandes de ses partisans ont menacé les Évêques, ont vandalisé des Cathédrales, ont intimidé des prêtres. Paradoxalement, Maduro a utilisé les déclarations publiques du Pape contre les Évêques de son pays, affirmant que les prélats sont déconnectés de Rome.
En ce qui concerne les troubles au Venezuela, Gregg note, dans son analyse sur le site Catholic World Report, que la réticence du Pontife à prendre une position forte peut avoir été influencée par ses propres préférences politiques. « Il est très difficile pour le Pape de blâmer les problèmes du Venezuela sur la tyrannie de Mammon, la spéculation financière, les accords de libre-échange, les trafiquants d'armes, les néolibéraux néfastes ou l'une de ses listes habituelles de suspects ». Maduro et son prédécesseur, Hugo Chavez , se sont qualifiés en tant que leaders des « mouvements populaires » de la même sorte que François avait défendus. Dans leur rhétorique ardente, les dirigeants Vénézuéliens ont insisté pour affirmer qu'ils travaillaient pour le bien-être du peuple contre le pouvoir établi des élites — ce qui correspond encore aux appels du Pape pour un changement social radical. Gregg remarqua :
« D'autre part : si le Pape François devait critiquer les racines populistes du régime de Maduro, l'idéologie et la rhétorique, cela mettrait en doute la sagesse de considérer le populisme Latino-Américain comme une force essentiellement positive. C'est peut-être une étape que François ne veut pas franchir ».
« Le fait est qu’entre le Pape François et les Évêques Vénézuéliens, concernant la crise qui ravage le pays, il y a un abîme » écrit le journaliste du Vatican Sandro Magister. Il cite un autre essai dans le quotidien italien Il Foglio, du politologue Loris Zannatta :
« La réalité, répète Bergoglio, est plus grande que les idées. Et pourtant, voyant son silence sur le drame social au Venezuela, ou dans le pays où Chávez s'était établi comme un modèle d'anti-libéralisme en invoquant les stéréotypes chers au Pape, la pensée nous vient que, lui aussi, comme beaucoup, préfère ses idées à la réalité ».
En passant, si le Pape François peut être légitimement critiqué pour avoir omis de dénoncer le régime répressif de Maduro, on pourrait en dire autant du Président Trump. « Le Venezuela est un gâchis » a déclaré le Président Trump aux journalistes le mois dernier. Assez vrai. Mais un regard rapide sur une carte suggère que le « chaos » Vénézuélien pourrait avoir un impact énorme sur les États-Unis. Le chaos dans ce pays se répandra inévitablement sur les terres avoisinantes. Et ce n'est qu'une question de temps avant que les réfugiés Vénézuéliens, fuyant d'un pays où ils sont affamés et opprimés, commencent la randonnée en direction du nord vers le Rio Grande et au-delà.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire