lundi 17 avril 2017

Une préface de Benoît XVI

La crise qui a submergé l'Église
est une crise de la liturgie par-dessus tout




Le 12 avril 2017
SOURCE : Rorate Caeli

L'édition Russe du volume XI de l'Opéra Omnia de Benoît XVI Ratzinger a été publiée en cette Pâques (une date commune cette année pour l'Est et l'Ouest) et le Pape Benoît XVI a été invité au début du projet, en 2015, à rédiger une préface — ce qu'il a fait.

Corriere della Sera a fourni la version Italienne de la publication Russe que nous présentons maintenant en français...


Benoît XVI
[Corriere della Sera, 15 avril 2017]


Nihil Operi Dei praeponatur - « Rien, dans tous les cas, ne doit passer avant l'Œuvre de Dieu ». Avec ces mots, Saint Benoît, dans sa Règle (43,3), a établi la priorité absolue au culte Divin en relation avec toute autre tâche de la vie monastique. Cela, même dans la vie monastique, n'était pas nécessairement évident, car pour les moines, le travail dans l'agriculture et dans la connaissance étaient également des tâches essentielles.

Dans l'agriculture, comme dans l'artisanat et dans le travail de formation, il pouvait y avoir des urgences temporelles qui pouvaient apparaître plus importantes que la liturgie. Face à tout cela, Benoît, avec la priorité accordée à la liturgie, met en relief sans équivoque la priorité de Dieu lui-même dans notre vie. « Quand vient l'heure du service divin, on s'empresse d'y accourir au premier signal, abandonnant sur-le-champ toute occupation quelle qu'elle soit ». (43, 1)

Dans la conscience des hommes d'aujourd'hui, les affaires de Dieu, et avec cela la liturgie, ne paraissent pas urgentes en fait. Il y a urgence pour chaque chose possible. Les choses de Dieu ne semblent jamais urgentes. Eh bien, on peut affirmer que la vie monastique est, en tout cas, quelque chose de différent de la vie des hommes du monde, et c'est sans aucun doute juste. Néanmoins, la priorité de Dieu que nous avons oubliée est valable pour tous. Si Dieu n'est plus important, les critères pour établir ce qui est important sont modifiés. L'homme, en mettant Dieu de côté, se soumet à des contraintes qui le rendent esclave des forces matérielles et qui s'opposent donc à sa dignité.

Dans les années qui suivirent Vatican II, je me suis rendu compte de la priorité de Dieu et de la liturgie divine. Le malentendu de la réforme liturgique qui s'est répandu largement dans l'Église Catholique a conduit à mettre de plus en plus en premier plan l'aspect de l'enseignement et celui de son activité et de sa créativité personnelles. L'action des hommes a presque fait oublier la présence de Dieu. Dans une telle situation, il devient de plus en plus clair que l'existence de l'Église repose sur la juste célébration de la liturgie et que l'Église est en danger lorsque la primauté de Dieu n'apparaît plus dans la liturgie et donc dans la vie. La cause la plus profonde de la crise qui a submergé l'Église est située dans l'effacement de la priorité de Dieu dans la liturgie. Tout cela m'a conduit à me consacrer plus largement au thème de la liturgie que dans le passé parce que je savais que le véritable renouvellement de la liturgie est une condition fondamentale pour le renouvellement de l'Église. Les études recueillies dans ce volume 11 de l'Opera Omnia sont basées sur cette conviction. Mais en fin de compte, en dépit de toutes les différences, l'essence même de la liturgie dans l’Est et à l’Ouest est une et pareille. Et j'espère donc que ce livre peut aussi aider les Chrétiens de Russie à comprendre de manière nouvelle et meilleure le grand don qui nous est donné dans la Liturgie Sacrée.

Cité du Vatican, lors de la Fête de Saint Benoît
11 juillet 2015


Note : Le site Rorate Caeli nous suggère de décoder ce texte en y associant la notion de Messe en Latin.

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