lundi 24 avril 2017

Un bref résumé de la Conférence des Laïcs
du 22 avril sur Amoris Laetitia




Rédigé par : Dr Maike Hickson

SOURCE : One Peter Five
Le 23 avril 2017


Hier, le 22 avril, a eu lieu l'importante conférence des laïcs à Rome organisée par les publications italiennes La Nuova Bussola Quotidiana et Il Timone et qui s'est consacrée à une critique publique de l'Exhortation post-synodale Amoris Laetitia. Déjà aujourd'hui, il y a eu plusieurs articles sur cet événement, dont Dr. Sandro Magister, America Magazine et La Stampa. M. Andrew Guernsey a déjà publié le discours du professeur Claudio Pierantoni en traduction anglaise ainsi qu'un film sur youtube de la présentation du professeur Douglas Farrow.

One Peter Five a contacté l'historien Italien Professeur Roberto de Mattei, qui a assisté à la Conférence de Rome, et de Mattei a écrit ce qui suit (traduction fournie par M. Andrew Guernsey) :

« L'événement aurait eu une importance beaucoup plus grande s'il y avait eu plus de prêtres présents (il y en avait environ dix), mais surtout, si, comme on l'avait prévu, trois Cardinaux (Burke, Brandmueller, Caffarra) avaient assisté à la conférence sans donner d’allocutions. Au dernier moment, les Cardinaux ont décidé de ne pas participer afin de ne pas transformer l'événement en une manifestation de dissidence contre le Pape François. Même les organisateurs ont essayé d'éviter des tons trop forts et polémiques, mais une série d'initiatives critiques contre le pontificat du Pape François (la supplique filiale, la déclaration de fidélité de Monseigneur Schneider, le document de 45 Théologiens, etc.) ont cependant été insérées dans la conférence. Les présentations étaient toutes intéressantes.

Deux d'entre elles, ceux de Claudio Pierantoni et d’Anna Silvas (signataires du document des 45 théologiens) ont ouvertement critiqué le Pape François et ont demandé aux Cardinaux la correction fraternelle. Il semble que les Cardinaux soient déterminés à s’orienter en ce sens. La démonstration de résistance que Don Minutella (un prêtre Italien critique du Pape François) avait convoqué à Vérone le même 22 avril a été annulée suite aux pressions que le prêtre avait reçues. Même le site Web de Don Minutella a été fermé il y a quinze jours. Nous sommes dans une situation où des étoiles sont nées (Minutella, Anonimi della Croce [c'est à dire, Fra Cristoforo], etc.) qui répandent une fausse lumière et disparaissent comme un météore ... Nous continuons à faire confiance à la prudence et au courage des Cardinaux et de quelques Évêques courageux comme Mgr. Schneider » ...

Le professeur Claudio Pierantoni, qui était l'un des six conférenciers de cette conférence de Rome, a accepté notre invitation d’envoyer à One Peter Five un rapport plus complet et détaillé sur l'événement dans quelques jours et que nous publierons dès qu'il sera disponible. Afin que nos lecteurs puissent avoir déjà une petite impression de l'événement, nous présentons ici une traduction d'un article publié aujourd'hui par La Nuova Bussola Quotidiana. La traduction nous a été fournie avec bienveillance par M. Andrew Guernsey.



Les gens laïcs, libres et amoureux de l'Église : comme des « Hobbits », ils en appellent à la vérité sur les Sacrements et non à la révolte.
Lorenzo Bertocchi

23/04/2017 «Nous ne sommes pas là pour une bataille idéologique » a déclaré le directeur RicCardo Cascioli, « mais parce que nous estimons que nous sommes appelés à une responsabilité ». C’est avec cette déclaration que la conférence a été clôturée : « Cherchant la clarté : Un an après Amoris laetitia » organisée et promue par La Nuova BQ et Il Timone dans une chambre de l’Hôtel Columbus à l'angle de la Place Saint-Pierre.

Une conférence organisée par des laïcs avec des conférenciers laïcs du monde entier. De nombreux journalistes étaient présents, nous ne nous souvenons que de grands noms des vaticanistes italiens comme Sandro Magister, Luigi Accattoli, Giuseppe Rusconi et Aldo Maria Valli. Parmi les étrangers, il y avait Edward Pentin du National Catholic Register. Il y avait environ 200 personnes qui ont suivi les débats de la journée bien remplie.

L'accent le plus important de l'événement à l'hôtel Columbus est précisément le rôle des laïcs, comme Valli l’a mentionné à juste titre dans son article avant la conférence et publié sur son blog.

« Trop rarement, écrit-il, les laïcs Catholiques se sont vus se rassembler sans la direction d'un Cardinal, d'un Évêque, d'un Monseigneur ou d'un simple prêtre, pour discuter de questions qui concernent tout d'abord les contenus fondamentaux de la Foi. Il est encore plus rare de voir des laïcs qui décident de faire appel aux pasteurs avec une injonction qui ressemble à : « Excusez-nous, mais regardez ce que, selon nous, vous avez tous produit, c'est-à-dire, quelque chose qui ne fonctionne pas et qui peut devenir dangereux non seulement et non pas tant dans le sens abstrait, mais précisément concernant le salut des âmes ».

La conférencière, Anna Silvas, un professeur d'université Australienne, dans son intervention a rappelé la grande saga de Tolkien en disant que les laïcs sont comme les hobbits de la Terre du Milieu : « Pas puissants, mais avec un rôle fondamental dans la bataille pour le triomphe du bien ». Le même directeur Cascioli a rappelé dans son introduction quelles sont les préoccupations qui ont suscité l'organisation de la conférence : « Dans la dispute sur Amoris Laetitia, le sens de trois Sacrements est impliqué : le Mariage, la Pénitence et surtout l'Eucharistie. Nous avons des Conférences Épiscopales, des Évêques pris individuellement, des prêtres, qui, sur les questions les plus sensibles, donnent même des interprétations et des directives opposées. Nous avons une telle absurdité que, juste à titre d'exemple, les directives aux fidèles sur l'accès aux Sacrements changent non seulement d'un pays à l'autre, mais aussi d’un diocèse à un autre et d’une paroisse à une autre ». D'où la demande de clarification qui s'appuie sur les cinq dubia que Quatre Cardinaux ont remis au Pape afin qu'il puisse délier les nœuds sur des questions fondamentales qui concernent la Doctrine morale Catholique et la pratique pastorale qui s’ensuit.

Ces éminents orateurs selon Cascioli : « Proviennent de cultures différentes, de différentes expériences ecclésiales, ils expriment également différentes sensibilités et des façons d'aborder la situation actuelle qui n'est pas identique. Mais en commun, nous avons tous la perception de la gravité de la crise de l'Église et le désir d'exercer pleinement notre responsabilité personnelle afin de contribuer au bien de l'Église elle-même, afin d'appeler les pasteurs à leur devoir ».

Les débats ont été ouverts avec l'intervention de Jürgen Liminski, directeur de l'Institut de démographie, de bien-être et de famille (Allemagne), qui a souligné la valeur sociale de l'indissolubilité du mariage. « Un mariage durable » a-t-il dit « garantit un climat de confiance dans les liens d'affection et la confiance est le ciment de la société. Pour cette raison, les relations stables et non fluides sont un capital culturel utile à la société et aussi à l'économie ».

Le discours très articulé de Douglas Farrow, professeur de philosophie Chrétienne à Montréal. Il a rappelé un certain « risque gnostique qu'il y a à diviser un Dieu Juge d'un Dieu miséricordieux. Et le défi pour l'Église d'aujourd'hui est d'élever les yeux vers un Dieu qui n'a pas besoin d'atténuer Sa Justice pour prodiguer Sa Miséricorde. « Si la tradition » ne peut se contredire, le paragraphe 303 d'Amoris laetitia soulève la question de savoir comment la conscience est comprise par rapport à ce que le paragraphe n ° 56 de l'Encyclique de Saint Jean-Paul II, Veritatis Splendor, enseigne.

Le discours du philosophe Parisien Thibaud Collin a noté que la question de la relation entre la loi naturelle et la conscience, entre l'ordre objectif et la responsabilité subjective, est au cœur des cinq dubia que les Cardinaux ont adressés au pontife. « La Loi de Dieu » a déclaré Collin « ne peut pas devenir un élément parmi d'autres, être pondéré sur la base des situations ». Le discours de Collin, très profond, sera publié en Italien dans les jours à venir, avec ceux de tous les autres orateurs. Le Français a également confronté la question du développement possible qu’Amoris laetitia entraînerait dans la continuité de Familiaris Consortio et de Veritatis Splendor, notant un certain nombre d'incohérences loin d'être résolues.

Dr Silvas a également fait allusion à un certain esprit de modernité qui semble être poursuivi par de nombreux pasteurs, comme un moyen « d’obtenir des approbations faciles » semble-t-il ; elle a dit : « Qu’un esprit hégélien tournoie tout autour, l'esprit profond de la modernité ». Elle a terminé son discours en disant que, tant que les dubia des quatre Cardinaux ne trouveraient pas de réponse : « Il sera difficile d'éviter la confusion des interprétations car le texte d'Amoris laetitia, objectivement, laisse des ouvertures évidentes ». Entre autres choses, elle a rappelé le cas étrange de la note de bas de page 329 au texte d'Amoris laetitia qui « rappelle Gaudium et Spes dans un passage qui concerne les conjoints mais qui est appliqué à des couples qui ne sont pas des conjoints dans Amoris laetitia. Pourquoi ? »

Le professeur Claudio Pierantoni, du Chili, a précisé que, dans un sens, les dubia sont nouveaux car « ils demandent quelque chose sur lequel le magistère s'est déjà clairement exprimé à plusieurs reprises ». Dans Amoris laetitia, selon Pierantoni, « l'indissolubilité du Mariage est affirmée puis il y a ensuite des innovations dans les pratiques qui le contredisent ».

La contribution de Jean Paul Messina, un professeur Camerounais, s'est concentrée principalement sur la question de la polygamie qui, en Afrique, est un risque véritable et spécifique pour l'Évangile de la Famille et du Mariage Chrétien.

« Cette conférence » a réitéré Cascioli « n'est pas un acte de rébellion contre le Pape, ni n’a-t-elle l'intention de mettre un ultimatum ou d'avoir des intentions schismatiques. La critique de certains passages — surtout contenus dans le chapitre huit d'Amoris Laetitia ainsi que de certaines interprétations par des Conférences Épiscopales comme celles l'Allemagne et de Malte ainsi que des Cardinaux, Évêques, religieux pris individuellement, ne sont simplement qu'un témoignage de clarté ».

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