Le Pape et Muller ensemble, main dans la main
par Christopher A. Ferrara
SOURCE : The Remnant
Le 25 avril 2017
En tant que Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le Cardinal Gerhard Müller est chargé du devoir de « répandre la saine Doctrine et de défendre les points de la tradition Chrétienne qui semblent en danger à cause des nouvelles doctrines inacceptables ». Face aux « doctrines nouvelles et inacceptables » énoncées dans le désastreux chapitre 8 d'Amoris Laetitia, Müller s'engage cependant dans une dissimulation sans vergogne, laissant aux membres concernés de la laïcité la défense de l'enseignement moral infaillible de l'Église de l'attaque flagrante d'Amoris Laetitia. |
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Une déclaration inexacte et délibérée de la question conçue pour dissimuler le véritable problème. La vraie question n'est pas de savoir si le Pape cherche à « changer la Révélation », comme si cela était possible, mais plutôt si le chapitre 8 d'Amoris Laetitia ne fait pas obstacle à la vérité révélée concernant l'indissolubilité du mariage et le caractère universellement contraignant et exceptionnel des préceptes négatifs de la Loi naturelle, y compris le Sixième Commandement.
Un jour après la publication de l'interview Müller, Sandro Magister a publié sur son blog incontournable un lien vers le texte Italien (traduction) d'une adresse extraordinaire du docteur Claudio Pierantoni, professeur de philosophie médiévale à l'Université du Chili, l'un des six conférenciers qui se sont adressés à Rome lors d'une conférence d'universitaires laïques le 22 avril, qui se sont réunis pour faire face à la menace d'Amoris Laetitia.
Après avoir discuté des cas du Pape Honorius et du Pape Liberius, Pierantoni dit du « cas de François » qu'il représente, avec la promulgation d'Amoris Laetitia, une crise qui doit « maintenant être considérée comme la plus sérieuse de celles que l'Église n’a jamais rencontrées ». L'ouverture du Pape Bergoglio à la Sainte Communion pour les adultères publics dans« certains cas » écrit-il « n'est rien de moins qu’« un Cheval de Troie mortel » capable de déclencher, à partir de l'édifice de l'Église elle-même, un dynamitage stratégique de toutes ses défenses et de ses véritables fondations ».
Le principal mal du Chapitre 8 d'Amoris Laetitia, comme peut le voir tout lecteur perspicace, est sa réduction du précepte négatif de la loi naturelle qui interdit l'adultère à une simple « règle » dans l'ordre des lois positives humaines qui reconnaissent des exceptions alors qu’en vérité, comme le note Pierantoni, la loi naturelle est inscrite dans la nature humaine et ne peut jamais être violée sans faire violence à la personne humaine. Par analogie, il soutient que la directive d’un constructeur automobile selon laquelle on ne doit pas mettre de carburant diesel dans un moteur à essence n'est pas une « règle », mais une exigence pour le bon fonctionnement du moteur auquel il ne peut y avoir aucune exception, selon la nature même de la chose.
Le mélange grossièrement démagogique du Pape Bergoglio de la loi naturelle avec les « règles » humaines est confirmée, dit Pierantoni, par son « attaque répétée, présentée au Chapitre 8 d'Amoris Laetitia, contre les juristes, les « Pharisiens » présumés et les durs de cœur et hypocrites. Cette attaque, en fait, trahit une incompréhension complète de la position de Jésus envers la Loi puisque sa critique du comportement Pharisaïque repose précisément sur la distinction entre le droit positif (« les préceptes des hommes ») ... et les Commandements fondamentaux, qui sont plutôt la condition primordiale, non susceptibles de renonciation, qu'Il exige Lui-Même de ses aspirants disciples ».
Encore plus dévastatrice est l'intervention à la même conférence du 22 avril par la Dr Anna M. Silvas, chercheuse et historienne renommée de l'Antiquité Chrétienne, qui a découvert l'emplacement de la retraite de Saint-Basile le Grand lors d'une expédition en Turquie. Elle ne fait qu’une bouchée de l’affirmation faite « de façon orthodoxe intentionnellement... des prélats et des théologiens supérieurs [Müller, évidemment parmi eux] qui traitent les troubles issus d’« Amoris Laetitia » en tant que « mauvaises interprétations ».
Au contraire, elle écrit qu’on peut récupérer parfaitement « l'intention » du Pape François dans ce texte à partir du texte lui-même, en le lisant normalement et naturellement et sans filtres ». Il n'est pas nécessaire de répéter ici les analyses détaillées qui situent cette conclusion hors de tout contentieux comme on le voit ici, par exemple.
Ensuite, remarque Silvas, il existe la preuve contextuelle écrasante de l'intention séditieuse de Bergoglio. Son résumé (que j'ai reformaté pour sa lisibilité) est très utile :
La pratique connue de l'Archevêque Bergoglio dans son Archidiocèse d'admettre tacitement à la Sainte Communion les personnes de toute provenance : les personnes vivant en cohabitation ainsi que les divorcés et les remariés civilement à nouveau ;
Son choix personnel du Cardinal Kasper pour faire l'allocution d'ouverture du Synode de 2014 comme si nous devions fermer les yeux sur l'histoire des activités de Kasper sur ces questions ;
Les différentes manières dont ces deux Synodes ont été manipulés, comme l'ordre papal selon lequel une proposition sur la Communion aux divorcés/remariés, rejetée par les Évêques au Synode de 2014, a été incluse dans la relatio finale ; .
Ses condamnations cinglantes des Pharisiens et d'autres personnes rigides dans son discours final à la conclusion du Synode de 2015 ;
Plus récemment, ses chaleureux éloges de Bernard Häring, le doyen des théologiens moraux dissidents dans les années 70 et 80 dont le livre de 1989 sur l'admission des divorcés/remariés à l'Eucharistie à l'imitation de l'oikonomia Orthodoxe d’Orient était une munition dans le carquois de Kasper ;
[Son] approbation de l ‘« interprétation » des Évêques Argentins d’Amoris Laetitia, précisément de la façon dont il en avait l'intention : « No hay otras interpretaciones » ; [ Il n’y a pas d’autres interprétations ]
Silva déclenche alors une série de commentaires admirablement francs sur l'astucieuse méthode Bergoglienne pour changer l'enseignement de l'Église en favorisant un changement dans sa pratique, permettant aux apologistes comme Müller de dire que rien n'a vraiment changé :
Le Pape François, je suis sûr, est très conscient de la Doctrine de l'infaillibilité pontificale, il sait à quel point ses conditions sont élevées — et il est assez astucieux pour ne jamais déclencher son mécanisme ...
Pour François, et nous devons saisir ceci de lui : l'infaillibilité n'a pas d'importance, ça n’importe pas du tout, s'il peut continuer à être le type d'agent de changement dans l'Église qu'il veut être ....
Mais je pense que « l'esprit » auquel François fait allusion de façon rassurante, a plus à voir avec le Geist de Hegel qu'avec le Saint-Esprit dont parle notre bienheureux Seigneur, l'Esprit de Vérité que le monde ne peut pas recevoir parce qu'il ne le voit pas ni le connaît (Jn 14 : 17)
Le Geist Hégélien, d'autre part, se manifeste au milieu des contradictions et des oppositions, les surmontant dans une nouvelle synthèse, sans éliminer les polarités ni les réduire l'une à l'autre. C'est l'esprit gnostique du culte de la modernité
Alors François poursuivra son ordre du jour sans infaillibilité papale et sans se soucier de déclarations magistérielles ....
Nous sommes dans un monde de fluidité dynamique ici, un monde de démarrage de processus ouverts, de semer des semences de changements souhaités qui vont triompher avec le temps ....
De telles tactiques fourbes jouent clairement à l'air de la dialectique hégélienne. Ceci constitue le mode opératoire du Pape François ; considérez un certain « incident derrière les rideaux » lors du Synode de 2015 : « Si nous parlons explicitement de la Communion pour les divorcés/ remariés » a déclaré l'Archevêque Forte, en rapportant une blague du Pape François « vous ne savez pas quel terrible fouillis nous allons faire. Donc, nous ne parlerons pas clairement, (mais) faites-le de manière à ce que les prémisses soient là, puis je vais tirer les conclusions ». « Typique d'un Jésuite » a plaisanté l'Archevêque Forte.
Dans ce jeu de subterfuges et d'intentions incrémentales, le discours élaboré sur les minutieux « discernement » et « accompagnement » des situations morales difficiles a une fonction définie — comme un aveuglement temporaire pour atteindre le but ultime.
N'avons-nous pas vu comment les arts sombres du « cas difficile » œuvrer dans la politique laïque, n'avons-nous pas vu comment ils ont l’habitude de pivoter vers la prochaine tranche de la réingénierie sociale ? C’est ainsi maintenant dans la politique de l'Église Le résultat final sera précisément conforme à la pratique tacite de l’Archevêque Bergoglio pendant des années à Buenos Aires. Ne vous méprenez pas, le jeu final est une permission plus ou moins indifférente pour tous ceux qui se présentent à la Sainte Communion.
Et ce que le Cardinal Müller doit dire en face de la réalité indéniable que l'homme de l'Argentine a passé quatre ans à se livrer à une subversion ecclésiale qui a abouti à la publication d’Amoris Laetitia? Il déclare :
« La véritable intention de l'Exhortation Apostolique, Amoris Laetitia, était de placer au centre le message Biblique entier et complet concernant le Mariage comme Sacrement et comme mode de vie. En outre, il s'agissait de prendre en considération ceux qui, en raison de diverses circonstances, ont échoué ou ont eu des problèmes de sorte que nous ne dirions pas : « Voici ici ceux qui font tout ce qui est juste tandis que les autres ne font pas partie de nous ».
C'est simplement de la dissimulation calculée. Pire encore, en singeant la caricature Bergoglienne des défenseurs de l'orthodoxie comme des Pharisiens au cœur dur qui disent « Voici ici ceux qui font tout ce qui est juste tandis que les autres ne font pas partie de nous », il dépasse la simple dissimulation afin d’aider et d'encourager la conspiration de Bergoglienne — il n'y a pas d'autre mot pour cela — il sape l'édifice moral entier de l'Église en institutionnalisant un accommodement ecclésial à l'adultère public.
Au moins, les Quatre Cardinaux ont eu le courage de questionner publiquement l'intention de Bergoglio sous la forme de leur cinq dubia qui se réduisent à une question : est-ce que Bergoglio a l'intention de saper le concept même de la loi morale — et avec cela, la crédibilité même du ministère d'enseignement de l'Église ?
En l'état actuel des choses, le Cardinal Müller n'est pas un défenseur de l'orthodoxie. Il a plutôt décidé d'être un défenseur du Pape Bergoglio. C'est-à-dire qu'il est le défenseur du Pape le plus égaré de l'histoire de l'Église : un Pape qui, pour citer Pierantoni, est « victime d'une aliénation généralisée et d’époque de la Tradition dans de larges segments de l'enseignement théologique ».
Sous son leadership actuel, ce que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi offre à l'Église est pire que rien du tout.
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