mercredi 27 juin 2018

COR ORANS

Un autre esprit maléfique de Vatican II

Le Pape purge ce qui reste des Sœurs Catholiques



Écrit par Hilary White
ex-correspondante à Rome
Le 26 juin 2018
SOURCE : The Remnant



Note du traducteur : Cet article fait suite au premier article sur le même sujet de madame Hilary White intitulé « Une sœur parle : « Cor Orans sonne le glas du Carmel » »

Madame a rédigé ensuite un deuxième article sur le même sujet intitulé « Un bilan désastreux... Pourquoi sont-ils en train de détruire les Sœurs ? ».

Vous en êtes ici à son troisième article sur l'extinction progressive des Monastères classiques de religieuses comme semble le désirer Rome.





Encore plus de preuves ne cessent d’arriver dans ma boîte de courriels que l'administration actuelle de la Congrégation pour les Religieux [1] envisage d'utiliser les dispositions de Cor Orans pour réécrire totalement la nature de la vie religieuse des femmes contemplatives, en particulier les communautés « conservatrices » et traditionnelles, au nom du « nouveau paradigme » du Vatican.

[ Note de l'Éditorialiste The Remnant : « Cor Orans » (« Cœur Priant ») est le titre d'un document du 1er avril 2018 qui implémente des instructions sur la façon d'appliquer la Constitution Apostolique de 2016 du Pape François — « Vultum Dei Quaerere » » ) adressée aux femmes religieuses Catholiques dans les communautés contemplatives. Michael J. Matt ]

Comme je l'ai écrit plusieurs fois ailleurs, l'unique caractéristique du Pontificat actuel est la purge. Il est clair maintenant que Jorge Bergoglio a été élu par un groupe de Progressistes des années 1960 pour mener à son terme l'élimination définitive des derniers éléments du Catholicisme qui ont résisté à la Révolution de Vatican II. Après 50 ans d'ambiguïté concernant les deux « paradigmes » implacablement opposés vivant dans une trêve difficile au sein de la même institution, ces quelques récalcitrants qui ont refusé d'accepter les nouvelles formes liturgiques, les nouvelles « formulations » théologiques, les nouvelles disciplines sont forcées soit de se conformer ou de partir.

Dans toutes les institutions Catholiques, le terrain d'entente soi-disant « conservateur », la position de compromis sûre et raisonnable qui a été autorisée à exister sous les deux derniers Pontificats s'est évaporée. Comme Amoris Laetitia aura pour effet d'expulser les prêtres et les séminaristes qui refusent de profaner la Sainte Eucharistie en la donnant aux adultères impénitents, Cor Orans servira à expulser les sœurs contemplatives « conservatrices » qui ont refusé d'adopter le programme complet de Vatican II au sujet du « renouveau » de la vie religieuse.

Nous ne devons jamais oublier l'apaisement de la LCWR [ Leadership Conference of Women Religious --- Conférence des femmes religieuses ] par la Congrégation pour les Religieux après l'élection du Pape François. Le nouveau Préfet [ 2], le Cardinal Joao Braz de Aviz, s'est excusé auprès de l'organisation hérétique de religieuses modernistes la plus notoirement connue au monde en flattant leurs plumes qui avaient été hérissées par la tentative avortée de son prédécesseur de les ramener à la Catholicité. Contrastez cela avec la suppression impitoyable par cette même Congrégation des Frères et des Sœurs Franciscains de l'Immaculée au même moment et le programme devient évident.

Cette semaine, j'ai reçu un autre document qui contenait de nombreuses citations d'un discours prononcé en 2015 par le Secrétaire de la Congrégation, José Rodrigues Carballo, dans lequel il suggérait que les formes traditionnelles de la vie religieuse Catholique avaient « servi leur but » et devaient être abandonnées afin que quelque chose d'encore indéfini, mais d’assurément nouveau et merveilleux, puisse les remplacer.

Lors d'une réunion des formateurs religieux en avril 2015 à Rome, Carballo a dit très clairement que c'est Vatican II qui doit prendre le pas sur les charismes classiques de la vie religieuse.

« Avec cette référence explicite au Concile Vatican II, nous soulignons notre conviction profonde que le Concile est le point de référence, non négociable, dans la formation à la vie consacrée ».

Dans son discours à Avila [ 3], en Espagne un mois plus tard, Carballo parlait encore plus clairement, dénonçant les « nombreux groupes fondamentalistes » de la vie religieuse, disant : « Ceci ne vient pas de l'Esprit ». « Vatican II est notre boussole » a-t-il dit et le Pape « prend ses devants de Vatican II ».

Carballo a dit qu'avec l'effondrement des vocations au cours des 50 dernières années, il est clair que les formes de vie religieuse qui ont été connues au cours des 20 derniers siècles ont « accompli leur tâche dans l'Église ». Ceci est un temps de « purification » pour la vie religieuse. Il a appelé « certaines formes » de la vie religieuse « vétustes » et a affirmé qu'elles ne « disent presque rien aux gens d' aujourd'hui ». Ces formes, a-t-il dit « ne restera pas même si elles ont [eu] un certain succès ». [ Je souligne.]

« Comme pour l'Évangile », a dit Carballo, les charismes de la vie religieuse « sont en cours », ils « se développent » et « continuent de grandir avec le temps ». Il a dit : « Certaines formes sont en train de disparaître. Mais de nouvelles formes se lèvent ».

En ce qui concerne la vie de leur charisme, « l'Église nous demande non seulement de la fidélité mais de la fidélité créative » a-t-il dit.

Il a demandé aux Carmélites, aux frères et aux nonnes assemblés : « Que veut Thérèse maintenant ? » Et « nous ne voulons pas avancer comme nous l'avons fait il y a 500 ans ». Le charisme « avance ». Il a dénoncé ceux qui répondent « Nous l’avons toujours fait de cette façon », disant que « même les bonnes personnes ont besoin de changements » et qu’être « fidèle ne signifie pas rester le même ».

Comme il est habituel avec les Catholiques Progressistes, il a fait un bilan positif de l'effondrement total de la vie religieuse depuis Vatican II, comparant le « chaos » actuel de la vie religieuse aux conditions de la création, exhortant les personnes présentes à « penser à la Genèse » et à imaginer « une nouvelle création » qui arrive bientôt.

Les discours et les documents de la Congrégation pour les Religieux emploient souvent l'expression « fidélité créatrice » ou « fidélité dynamique » en parlant des Ordres ou des charismes antiques. Lors de cette réunion, Carballo a clarifié cela, disant que cela signifie qu'être « fidèle ne signifie pas rester le même ».

Cette « mise à jour » a-t-il dit, sera réalisée grâce à la formation. « Seule la formation transforme le cœur et l'esprit ».

Compte tenu de ces indications, ce que Cor Orans nous dit est qu'en ce qui concerne la vie contemplative féminine, les Progressistes, qui attendaient le « chaos » du bouleversement post-conciliaire qu'ils ont conçu pour faire naître une « nouvelle église », sont fatigués d'attendre.

Avec ce Pape, on leur a donné le mandat d'écraser les derniers résistants et, au lieu de « chanter », il faut forcer carrément « la nouvelle église à s’instituer ». Le langage Cor Oransien, combiné aux messages clairs de Carballo dans ses différents discours, l'a rendu indubitable ; c'est une purge.

Et le document est tout aussi clair sur son statut en tant que pièce de législation. Ce n'est pas juste une idée ; les Supérieurs rapportent déjà recevoir des messages de Rome, des fédérations et des associations existantes, qu'ils doivent mettre en œuvre « immédiatement ». Rome exige l'appartenance à une fédération, avec son président et le conseil de cet organisme ayant des pouvoirs sans précédent sur les finances, les nouvelles fondations, la formation et, surtout, les décisions concernant la suppression des monastères.


Ils ne savent pas ce qu'ils font...

Et les Ordres religieux eux-mêmes sont déjà à bord. Un document de la même réunion, le Chapitre Général de 2015 des Carmes Déchaussées, a blâmé l'effondrement imminent de l'Ordre sur l'échec des religieuses à s'accorder avec le programme Vatican II.

« Malgré le renouvellement requis par Vatican II, notre place dans la société est restée essentiellement inchangée par rapport à il y a cinquante ans : nous servons les mêmes personnes, nous utilisons à peu près les mêmes méthodes de communication et notre statut clérical-religieux est le même. Cependant, au cours de ces cinquante années, la société a radicalement changé à tous les niveaux : économique, social, culturel, moral et religieux. La conséquence est que notre « niche écologique » a été progressivement réduite », a déclaré le document final du Chapitre.

« La liberté de changer ... est vraiment la première chose dont nous avons besoin et c'est la condition nécessaire pour entreprendre une nouvelle route : être libres, détachées des structures et des habitudes du passé mais en cherchant de nouvelles outres qui peut contenir du vin nouveau ».

Je pense que la plupart des fidèles laïcs n'ont pas une idée très ferme de ce qu'est la vie religieuse monastique cloîtrée à notre époque. Nous avons tendance à développer une image romantique et rose, principalement dérivée de l'hagiographie, des films et des photos, et nous supposons qu'une religieuse cloîtrée est quelqu'un qui ne sort pas du monastère pour d'autres raisons que des rendez-vous médicaux ou peut-être voter. Nous croyons que c'est, au moins, l'idéal que visent les religieuses cloîtrées.

La plupart d'entre nous supposent que le cloître monastique est pris au sérieux, que la formation des religieuses se déroule sereinement en interne, organisée par le conseil du monastère, approuvée par l'abbesse et guidée par une maîtresse des novices selon les constitutions de la communauté qui prend en charge aimante les postulantes après leur entrée. Nous imaginons des classes qui comprennent la lecture de l'écriture de la fondatrice, les études bibliques et la théologie de la prière, l'étude de la patristique et les sources anciennes. Nous imaginons le silence, le travail stable et calme sur la maison et le jardin et les heures heureuses de loisirs ensemble. Surtout, nous pensons que cela est séparé du monde extérieur, un lieu où la concentration sur la prière — la communion avec l'Époux Bien-Aimé — n'est pas soumise à une ingérence extérieure.

Et j'espère que la plupart des gens qui aiment la vie religieuse contemplative et cloîtrée, qui la considère comme la plus haute expression de la vie Catholique dans ce monde et une nécessité absolue pour la survie de l'Église, considèrent aussi le retour à cet idéal comme la voie de l'avenir, peut-être, en effet, son seul espoir [ 4]. Mais si nous pensons que les personnes actuellement en charge de la vie religieuse à Rome partagent cette opinion et ont le moindre intérêt à préserver la vie religieuse telle que nous la connaissons, nous ne parvenons pas à saisir les réalités actuelles.

L'information que j'ai reçue de partout aux États-Unis et en Europe est que l'image que nous avons de la vie cloîtrée est déjà presque éteinte. Avec beaucoup de périls, peu de monastères de quelque charisme tentent même de le conserver. Presque toutes les moniales, dont la plupart sont gouvernées par des supérieures formées dans les années 1970 et 1990, ont déjà complètement intériorisé les idées fondamentales du Nouveau Paradigme de Cor Orans.

La plupart des monastères sont déjà régis par des fédérations et des associations, qui s'attendent toutes à ce que leurs membres assistent à des réunions et à des sessions de formation en dehors de l'enceinte monastique. Le mandat de Cor Orans pour des programmes de « formation continue » partagés — que Carballo a clairement indiqués comme étant le moyen par lequel le Nouveau Paradigme serait imposé — a déjà été adopté par la majorité des monastères et des couvents cloîtrés. Et la pression sur les quelques survivants qui préfèrent former leurs propres novices et profès juniors est intense et constante, selon nos sources.

L'accent des fédérations et des associations est de plus en plus interconnecté — en réalité, de plus en plus de centralisation et de dépendance à l'égard de l'association. Les programmes de formation partagés, comme les mandats de Cor Orans, sont préparés non pas par les maîtresses de novices des monastères, mais par des « professionnels » choisis par la direction de l'association. Ces « experts » sont des personnes titulaires d'un diplôme universitaire en « psychologie pastorale » et autres. Et cela dure depuis des décennies [ 5].

Les religieuses, même celles qui pourraient être considérées comme « conservatrices », en pleine possession de leurs moyens, etc., quittent régulièrement leurs monastères, parcourant souvent de longues distances pour assister aux réunions de leurs associations. Les novices et les juniors sont censées assister à ces « cours de formation », et la pression est exercée sur un monastère qui refuse de participer. Ces cours semblent être structurés comme une conférence académique au cours de laquelle les novices de nombreux monastères se rassemblent dans une salle de conférence d'un hôtel pour entendre des conférenciers et se « divisent ensuite en petits groupes » pour parler de ce qu'elles ont entendu. Il semble que les techniques de gestion d'entreprise moderne sont devenues le modèle de travail de la vie monastique, avec très peu de résistance.

Et ce n'est pas seulement les novices. On s’attend à ce que toutes les religieuses en « formation initiale » y participent, y compris celles qui ont des vœux temporaires. Et ils ne vous laissent pas seuls pour continuer votre vie monastique en paix même après les vœux perpétuels. L '« invitation » à assister à ces sessions de formation continue est étendue aux maîtresses et aux prieures novices, ainsi qu'à toute religieuse qui a fait ses vœux au cours des dix dernières années. Une religieuse m'a écrit : « C'est comme s'ils pensaient que vivre la vie n'était pas une formation suffisante ».

Je lui ai demandé pourquoi elle pensait que les religieuses étaient particulièrement ciblées. Elle a dit : « Comme vous le savez, nous avons affaire à beaucoup d'hommes [ Espagnols ] Européens, Sud-Américains et Mexicains ». En raison de sa situation géographique, a-t-elle dit, elle a transigé avec de tels hommes la plupart du temps de sa vie religieuse et a vécu leur manque de respect ( c'est un euphémisme ) envers les femmes ».

« Les hommes à Rome ont toujours eu l'attitude que les Ordres religieux masculins peuvent prendre soin d'eux-mêmes parce qu'ils sont des hommes. Nous avons besoin de beaucoup d'aide et de règles parce que nous sommes des femmes. C'est la mentalité de dictateur Sud-Américain ».

Ce ton est en effet apparu dans le discours de Carballo à Avila quand il a réprimandé les religieuses pour leurs craintes que la Congrégation allait imposer des changements non désirés, en particulier à leur enceinte. « L'Église aime votre vie. Si nous encourageons le changement, c'est pour votre bien ». Il a ajouté qu'il n'envisagerait pas de publier un autre questionnaire, disant seulement : « Je vous demande d'avoir confiance et de transmettre cette confiance dans l'Église. La Congrégation ne va pas se détruire, mais promouvoir la vie religieuse dans un renouvellement adéquat, adapté aux circonstances actuelles ».

Ma correspondante a ajouté : « Cela ne nous dérange pas d'avoir des règles. Nous avons besoin de règles. Nous n'avons pas besoin de 289 règles. La Règle du Carmel est l'une des plus simples de l'Église, mais elle contient tout ce qui est nécessaire. Cette vie est très simple. Cor Orans va étrangler le Carmel à mort. Nous voulons juste nous concentrer sur notre Époux ».



[1] Formellement, la « Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique » dont l'acronyme, CICLSAL est surnommée « cellule drépanocytaire », après la maladie du sang, par certains religieux.

[2] Nommé par Benoît XVI, pas François.

[3] Il est peut-être intéressant de noter que le discours de Carballo aurait duré trois heures.

[4] En effet, c’est ça.

[5] Je me rappelle avoir visité un monastère des Clarisses près de Vancouver au début des années 90 et avoir découvert qu'ils ne recevaient aucun postulante provenant directement du monde. Une jeune femme qui manifestait un intérêt à participer était envoyée à travers le pays pour passer une année ou deux à Madonna House, une étrange communauté laïque dans les bois près de Combermere Ontario. Même à l'époque — j'avais 23 ans — je pensais que cette expédition de candidates potentielles était bizarre et je ne pouvais pas comprendre comment cela aiderait à préparer quelqu'un à la vie spécifique d'une Clarisse.



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