vendredi 13 avril 2018

Il est temps pour les Catholiques
de faire face à la vérité sur la confusion papale



Par : Steve Skojec
Éditorialiste en chef de One Peter Five

Le 13 avril 2018
SOURCE : One Peter Five




Bien que le nombre de Catholiques qui se sont exprimés au sujet du Pontificat du Pape François ait augmenté au cours des derniers mois, un phénomène étrange continue cependant de s'affirmer : une sorte de dissonance cognitive dans laquelle les fidèles cherchent à trouver une explication, aussi éloignée soit-elle, pour se rassurer que ce qui se passe ne peut pas vraiment être aussi troublant que cela puisse paraître.

À titre d'exemple, voyez le blog de John Clark, publié le 10 avril sur le site National Catholic Register, où il aborde la question des pensées du Pape François sur l'existence de l'Enfer, tirée de la conversation maintenant infâme avec Eugenio Scalfari, le fondateur athée du journal La Repubblica en Italie.

Si vous voulez connaître la position de Clark sur la question, ne cherchez pas plus loin que le titre : « Le Pape François dit : « Convertissez-vous, donc vous ne finirez pas en enfer » ».

Pour les lecteurs réguliers ici, il peut sembler difficile de croire que ce genre de chose se passe encore. Mais pour beaucoup de fidèles, les Catholiques qui vont à la Messe avec un instinct ( typiquement sain ) pour défendre la papauté, en venir à se rendre compte que la source de confusion autour de cette papauté est le Pape lui-même peut être une pilule difficile à avaler.

Clark donne un bref récapitulatif des événements survenus à la fin du mois dernier, que je ne répéterai pas ici pour des raisons d'espace. Il poursuit en professant, comme tout bon Catholique le ferait, l'enseignement de la foi sur la réalité de l'Enfer. Mais Clark parvient à une conclusion bien intentionnée mais, je crains de le dire, plus qu'un peu naïve. Et par là je veux dire que, comme une méthode de contradiction, il se concentre sur les choses que François a dites qui apparemment démontrent sa croyance orthodoxe. Clark soutient que « ce sont des citations réelles, qui sont plus lourdes que, disons, des trucs inventés ».

« Malgré toute cette confusion » écrit Clark, « il faut noter pour les archives que le Pape François n'a guère hésité à parler de l'Enfer ». Il poursuit :

« Dans une méditation matinale du 22 novembre 2017, par exemple, confronté à l'idée que la discussion sur l'Enfer pourrait effrayer les gens, le Pape François a dit : « C'est la vérité. Parce que si vous ... vivez toujours loin du Seigneur, peut-être y a-t-il le danger, le danger de continuer ainsi, loin du Seigneur pour l'éternité ». Au-delà de cela, il a spécifiquement averti les membres de la Mafia : « Convertissez-vous, il est encore temps pour que vous ne finissiez pas en enfer. C'est ce qui vous attend si vous continuez dans cette voie ». Bien sûr, ce sont des citations réelles, qui sont plus lourdes que, disons, des trucs inventés.

Clark poursuit en adoptant l'approche plutôt prévisible consistant à attaquer les standards journalistiques de M. Scalfari, allant jusqu'à dire, « Scalfari est un journaliste au même titre que je suis un astronaute » parce que Clark a regardé le film Apollo, il y a 13 décennies .

Mais ce n'est vraiment pas juste. Pas à Scalfari, pas au Pape, et pas au reste d'entre nous, qui sont apparemment joués par le Vatican comme un tas d’amateurs.

Comme je l'ai détaillé dans ma propre chronique du 29 mars sur le sujet, il est clair que les jeux sont joués avec la vérité — et que Scalfari, le Pape François et l'équipe des relations publiques du Vatican jouent chacun leur rôle respectif. Quand ces « interviews » controversées sortent, ils le font à chaque fois sous couvert de « pratiques journalistiques peu fiables » — Scalfari n'enregistre pas ses conversations ou ne prend pas des notes, mais les reconstruit de mémoire. Et pourtant, elles ne sont jamais récupérées pour une réfutation directe ou une correction du Bureau de Presse du Saint-Siège ou du Pape lui-même. Ce avec quoi nous nous sommes donc laissés, c'est à la fois l'impression que le Pape a dit quelque chose de profondément controversé et erroné, mais aussi l'impression que le Vatican a dit qu'il ne l'a pas fait. Le fait qu'il s'agisse à la fois d'impressions et de faits fait partie du jeu — un jeu qui laisse les médias mondiaux libres de rapporter ce que le Pape dit être évangélique — et cela laisse les fidèles très incertains sur ce qu'il faut croire.

L'approche de Clark à ce sujet cherche à rassurer ces Catholiques confus et c'est un désir louable. Le problème avec le récit du Pape en tant que victime d'un journalisme médiocre est que ses conversations avec Scalfari sont prolifiques et elles continuent malgré les retombées. Selon moi, le Pape a eu ces conversations — ou au moins certaines d'entre elles — publiées au moins à huit reprises et, dans presque tous les cas, quelque chose de controversé en est sorti. Voici ma liste de ces occasions. N'hésitez pas à revérifier mon travail :

1. Octobre 2013
2. Juillet 2014
3. Octobre 2014
4. Mars 2015
5. Octobre 2015
6. Novembre 2016
7. Juillet 2017
8. Mars 2018

Si le Pape a un problème avec la façon dont Scalfari le représente, ce modèle aurait dû cesser de se répéter il y a longtemps. Et il serait bon de se rappeler qu'on nous a dit qu'il était au courant de ce qui se passait. Comme le Père Frederico Lombardi, le précédent porte-parole du Saint-Siège, nous a dit quand la première interview controversée de Scalfari est tombée en 2013 :

« Pressé par des journalistes sur la fiabilité des citations directes, Lombardi a déclaré lors d'un briefing du 2 octobre que le texte captait avec précision le « sens » de ce que le Pape avait dit et que si François pensait que sa pensée avait été « gravement déformée », il l'aurait dit ».

Sur la question de l'Enfer, le Pape François et Scalfari en ont discuté à au moins trois reprises depuis 2015, et chaque fois les pensées du Pape à ce sujet ont été représentées dans le même sens : les âmes des justes iront à contempler Dieu, mais les âmes de ceux que nous considérons comme damnés seront simplement annihilées.

Il convient également de noter que feu le Cardinal Carlo Maria Martini, qui a joué un rôle central dans sa direction de la soi-disant « Mafia de Saint Gall » en élevant Bergoglio au pouvoir papal, a écrit quelque chose de similaire peu de temps avant sa mort :

« Je nourris l'espoir que tôt ou tard tout le monde sera racheté. Je suis un grand optimiste ... Mon espoir est que Dieu accueille tout le monde, qu'Il est miséricordieux et qu’Il devienne toujours plus fort. D'un autre côté, naturellement, je ne peux pas imaginer comment des gens comme Hitler ou un assassin qui a abusé d'enfants puissent être proches de Dieu. Il me semble plus facile de penser que ce genre de personnes sont simplement anéanties ... »

Cette idée est un vrai courant dans les cercles théologiques dans lesquels déambule le Pape François. Et il est temps que les Catholiques matures cessent d'ignorer du revers de la main la possibilité qu'il la croie et considèrent plutôt la prépondérance de la preuve que cela peut très bien être vrai.

L'argument le plus fort de Clark est que le Pape François a fait des déclarations très claires sur l'enfer dans d'autres circonstances. C'est, pour la plupart des gens, le vrai casse-tête. Mais c'est parce que, pour la plupart des gens, l'auto-contradiction évidente est une absurdité. C'est ici que je voudrais attirer l'attention du lecteur sur la section du nouveau livre de l'historien Catholique Henry Sire, « Le Pape Dictateur », qui traite du Péronisme comme étant l'influence formatrice du jeune Jorge Bergoglio. Juan Perón, raconte Sire, était un maître à dire une chose à un auditoire et quelque chose de complètement contraire à l'autre — toujours dire à tous ce qu'ils voulaient entendre sans se soucier de l'intégrité de sa propre position, seulement viser à consolider son influence :

« L'histoire est racontée que Perón, dans ses jours de gloire, a une fois proposé d'introniser un neveu dans les mystères de la politique. Il a d'abord emmené le jeune homme avec lui quand il a reçu une députation de Communistes ; après avoir entendu leurs points de vue, il leur dit : « Vous avez raison. » Le lendemain, il reçut une députation de Fascistes et répondit encore à leurs arguments : « Vous avez raison. » Puis il demanda à son neveu ce qu'il pensait et le jeune homme a dit : « Vous avez parlé à deux groupes avec des opinions diamétralement opposées et vous leur avez dit à la fois que vous étiez d'accord avec eux. Perón a répondu : « Vous avez raison vous aussi. » Une anecdote comme celle-ci est une illustration de la raison pour laquelle personne ne peut évaluer le Pape François à moins de comprendre la tradition de la politique Argentine, un phénomène extérieur à l'expérience du reste du monde ; l'Église a été prise par surprise par François parce qu'elle n'a pas de clé de compréhension sur lui : c'est Juan Perón en traduction ecclésiastique. Ceux qui cherchent à l'interpréter autrement manquent le seul critère pertinent.

Le désir de défendre le Pape est une caractéristique compréhensible et même louable chez n'importe quel Catholique. Mais Jésus est, comme il nous l'a dit : « La Voie, la Vérité et la Vie ». Nous ne devons pas mettre nos instincts papistes, aussi nobles soient-ils, au-dessus du service de cette Vérité. L'impulsion d'expliquer les événements troublants dans l'espoir de s’assurer une tranquillité d'esprit est un luxe que la crise actuelle ne nous permet pas.

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