mercredi 25 juillet 2018

Humanæ Vitæ a 50 ans

Oui, c'était prophétique
« La vérité exprimée dans Humanæ Vitæ ne change pas »




Le 25 juillet 2015
SOURCE : Rorate Caeli

Il y a exactement 50 ans, le Pape Paul VI a signé sa dernière et plus importante lettre encyclique, Humanæ Vitæ. Enfin, même s'il lui restait encore dix ans de pontificat, certainement parce qu'il était choqué du rejet mondial par de nombreux Catholiques de ce qui n'était que la réaffirmation de la Doctrine permanente de l'Église depuis les temps apostoliques.

Paul VI n'avait que lui-même à blâmer pour l'ouragan : « Puisque vous semez le vent, vous récolterez la tempête » (Osée 8 : 7). Il avait présidé le Concile imprudent convoqué par son prédécesseur et avait permis qu'il soit conduit dans une direction résolument « Nord-Européenne », libérale. Il avait été obligé d'intervenir plusieurs fois au dernier moment pour limiter les dégâts ( le plus célèbre étant la Nota Praevia de Lumen Gentium ), notamment en conservant la Commission Pontificale sur le contrôle des naissances établie par son prédécesseur et en empêchant les Pères conciliaires de faire une déclaration conciliaire spécifique sur le sujet, autre que les déclarations génériques mentionnées dans Gaudium et Spes. L'imprudence générale de Paul VI sur de nombreuses questions ne serait jamais aussi évidente que dans la tentative de destruction totale de la Liturgie Traditionnelle de l'Église latine, dont le plus grand pas serait franchi l'année suivante avec l'introduction du Novus Ordo révolutionnaire et sans précédent. de la Messe.

Ce ne serait donc pas une surprise pour Paul VI qu’ayant lui-même semé des vents violents, le tourbillon l'engloutirait, comme le montrerait la réaction à Humanæ Vitæ.

Pourtant, un Catholique ne peut qu'être impressionné par la protection donnée par le Saint-Esprit à l'Office Pétrinien : au milieu d'un monde dominé par les premières et fortes vagues de la « révolution sexuelle », Pierre s’est tenu seul et Pierre est resté fort. Et non seulement Paul VI réaffirmait la Doctrine historique et Apostolique de l'Église, mais il était aussi immensément prophétique. Les passages suivants de l'encyclique ne prévoyaient-ils pas exactement ce qui s’est passé ?

« On peut craindre aussi que l'homme en s'habituant à l'usage des pratiques anticonceptionnelles, ne finisse par perdre le respect de la femme et, sans plus se soucier de l'équilibre physique et psychologique de celle-ci, n'en vienne à la considérer comme un simple instrument de jouissance égoïste, et non plus comme sa compagne respectée et aimée ».

« Il n'est pas besoin de beaucoup d'expérience pour connaître la faiblesse humaine et pour comprendre que les hommes — les jeunes, en particulier, si vulnérables sur ce point — ont besoin d'encouragement à être fidèles à la loi morale, et qu'il ne faut pas leur offrir quelque moyen facile pour en éluder l'observance ».


En ce jour, nous remercions le Père Tout-Puissant pour sa protection de la Doctrine de l'Église dans les jours révolutionnaires de 1968. Il est toujours fidèle même si une grande partie de la hiérarchie de Son Église ne l'est pas. Comme l'a dit le Pape Benoît XVI à l'occasion du 40ème anniversaire, il y a 10 ans : « Ce qui était vrai hier, reste également vrai aujourd'hui. La vérité exprimée dans Humanae vitae ne change pas ». Voici un large extrait de son allocution à cette époque :

Le Concile Vatican II, dans la Constitution Gaudium et spes, s'adressait déjà aux hommes de science en les invitant à unir leurs efforts pour atteindre une unité du savoir et une certitude consolidée autour des conditions qui peuvent favoriser une « saine régulation de la procréation humaine » (GS, n. 52). Mon prédécesseur de vénérée mémoire, le serviteur de Dieu Paul VI, le 25 juillet 1968, publiait la Lettre encyclique Humanae vitae. Ce document devint rapidement un signe de contradiction. Elaboré à la lumière d'une décision difficile, il constitue un geste significatif de courage en réaffirmant la continuité de la doctrine et de la tradition de l'Église. Ce texte, souvent mal compris et sujet à des équivoques, fit beaucoup discuter, également parce qu'il se situait à l'aube d'une profonde contestation qui marqua la vie de générations entières.

Quarante ans après sa publication, cet enseignement manifeste non seulement sa vérité de façon immuable, mais il révèle également la clairvoyance avec laquelle le problème fut affronté. De fait, l'amour conjugal fut décrit au sein d'une processus global qui ne s'arrête pas à la division entre l'âme et le corps et ne dépend pas du seul sentiment, souvent fugace et précaire, mais qui prend en charge l'unité de la personne et le partage total des époux qui, dans l'accueil réciproque, s'offrent eux-mêmes dans une promesse d'amour fidèle et exclusif qui naît d'un authentique choix de liberté. Comment un tel amour pourrait-il rester fermé au don de la vie ? La vie est toujours un don inestimable ; chaque fois que l'on assiste à son apparition nous percevons la puissance de l'action créatrice de Dieu qui a confiance en l'homme et, de cette manière, l'appelle à construire l'avenir avec la force de l'espérance.

Le Magistère de l'Église ne peut pas s'exempter de réfléchir de manière toujours nouvelle et approfondie sur les principes fondamentaux qui concernent le mariage et la procréation. Ce qui était vrai hier, reste également vrai aujourd'hui. La vérité exprimée dans Humanae vitae ne change pas ; au contraire, précisément à la lumière des nouvelles découvertes scientifiques, son enseignement se fait plus actuel et incite à réfléchir sur la valeur intrinsèque qu'il possède. La parole clef pour entrer avec cohérence dans ses contenus demeure celle de l'amour.

Comme je l'ai écrit dans ma première Encyclique Deus caritas est : « L'homme devient vraiment lui-même, quand le corps et l'âme se trouvent dans une profonde unité. (...) Mais ce ne sont ni seulement l'esprit ou le corps qui aiment : c'est l'homme, la personne, qui aime comme créature unifiée, dont font partie le corps et l'âme » (n. 5). En l'absence de cette unité, la valeur de la personne se perd et l'on tombe dans le grave danger de considérer le corps comme un objet que l'on peut acheter ou vendre (cf. ibid.). Dans une culture soumise à la domination de l'avoir sur l'être, la vie humaine risque de perdre sa valeur. Si l'exercice de la sexualité se transforme en une drogue qui veut assujettir le conjoint à ses propres désirs et intérêts, sans respecter les temps de la personne aimée, alors ce que l'on doit défendre n'est plus seulement le véritable concept d'amour, mais en premier lieu la dignité de la personne elle-même. En tant que croyants nous ne pourrions jamais permettre que la domination de la technique puisse nier la qualité de l'amour et le caractère sacré de la vie.

Ce n'est pas un hasard si Jésus, en parlant de l'amour humain, fait référence à ce qui est accompli par Dieu au début de la création (cf. Mt 19, 4-6). Son enseignement renvoie à l'acte gratuit avec lequel le Créateur a voulu non seulement exprimer la richesse de son amour, qui s'ouvre en se donnant à tous, mais également définir un paradigme en fonction duquel doit se décliner l'action de l'humanité. Dans la fécondité de l'amour conjugal, l'homme et la femme participent à l'acte créateur du Père et mettent en évidence qu'à l'origine de leur vie conjugale il y a un « oui » authentique qui est prononcé et réellement vécu dans la réciprocité, en restant toujours ouvert à la vie. Cette parole du Seigneur reste immuable avec sa profonde vérité et ne peut pas être effacée par les différentes théories qui, au cours des ans, se sont succédé et parfois même contredites entre elles.

La loi naturelle, qui est à la base de la reconnaissance de la véritable égalité entre les personnes et les peuples, mérite d'être reconnue comme la source à laquelle doit s'inspirer également la relation entre les époux dans leur responsabilité d'engendrer de nouveaux enfants. La transmission de la vie est inscrite dans la nature et ses lois demeurent comme une norme non écrite à laquelle tous doivent se référer. Toute tentative de détourner le regard de ce principe reste elle-même stérile et ne produit pas de fruit.

Il est urgent que nous redécouvrions à nouveau une alliance qui a toujours été féconde, lorsqu'elle a été respectée ; celle-ci voit au premier-plan la raison et l'amour. Un maître perspicace comme Guillaume de Saint-Thierry pouvait écrire des paroles que nous ressentons également profondément valable pour notre époque : « Si la raison instruit l'amour et l'amour illumine la raison, si la raison se convertit en amour et l'amour consent à se laisser retenir entre les limites de la raison, alors ceux-ci peuvent accomplir quelque chose de grand » (Nature et grandeur de l'amour, n. 21, 8). Quel est ce « quelque chose de grand » auquel nous pouvons assister ? C'est l'apparition de la responsabilité à l'égard de la vie, qui rend fécond le don que chacun fait de soi à l'autre. C'est le fruit d'un amour qui sait penser et choisir en pleine liberté, sans se laisser conditionner outre mesure par l'éventuel sacrifice demandé. C'est de là que naît le miracle de la vie dont les parents font eux-mêmes l'expérience, en ressentant comme quelque chose d'extraordinaire ce qui s'accomplit en eux et à travers eux. Aucune technique mécanique ne peut remplacer l'acte d'amour que deux époux s'échangent comme signe d'un mystère plus grand qui les voit acteurs et co-participants de la création.

On assiste toujours plus souvent, hélas, à de tristes événements qui concernent des adolescents, dont les réactions manifestent une connaissance incorrecte du mystère de la vie et des implications risquées de leurs gestes. L'urgence de la formation, à laquelle je fais souvent référence, voit dans le thème de la vie l'un de ses thèmes privilégiés. Je souhaite vraiment que l'on réserve, notamment aux jeunes, une attention toute particulière, afin qu'ils puissent apprendre le véritable sens de l'amour et se préparent pour cela à travers une éducation adaptée à la sexualité, sans se laisser distraire par des messages éphémères qui empêchent d'atteindre l'essence de la vérité qui est en jeu. Donner de fausses illusions dans le domaine de l'amour ou tromper sur les responsabilités authentiques que l'on est appelé à assumer avec l'exercice de sa propre sexualité ne fait pas honneur à une société qui se réclame des principes de la liberté et de la démocratie. La liberté doit se conjuguer avec la vérité et la responsabilité avec la force du dévouement à l'autre et également avec le sacrifice ; sans ces composantes, la communauté des hommes ne grandit pas et le risque de se refermer dans un cercle d'égoïsme asphyxiant reste toujours aux aguets.

L'enseignement exprimé par l'Encyclique Humanae vitae n'est pas facile. Toutefois, il est conforme à la structure fondamentale avec laquelle la vie a toujours été transmise dès la création du monde, dans le respect de la nature et conformément à ses exigences. Le respect pour la vie humaine et la sauvegarde de la dignité de la personne nous imposent de tout tenter pour que tous puissent puissent partager l'authentique vérité de l'amour conjugal responsable, dans une pleine adhésion à la loi inscrite dans le cœur de chaque personne.

Discours du Pape Benoît XVI
aux participants du Congrès International
organisé à l'occasion du 40 ème anniversaire
de l’Encyclique « Humanae Vitae »


Salle Clémentine
Samedi, le 10 mai 2008

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