vendredi 19 août 2016

Cardinal Reinhard Marx

Un conseiller papal dans l'eau bouillante
concernant sa négligence sur les abus sexuels






Par Maike Hickson et Steve Skojec
Le 18 août, 2016

Depuis le 16 août 2016, de nombreux rapports ont été publiés en Allemagne indiquant que le Cardinal Reinhard Marx — Archevêque de Munich, responsable de la Conférence Épiscopale Allemande et l'un des proches collaborateurs du Pape François — peut-être coupable de conduite négligente concernant des cas d’abus sexuels dans le Diocèse de Trèves (dont il était alors Évêque) il y a dix ans. Les rapports ont été si nombreux que Katholisch.de, le site officiel des Évêques Allemands, a dû publier un article sur la question pour clarifier les détails connus.

Comme le magazine allemand FOCUS le rapporte le 16 août, le Cardinal Marx a eu connaissance d’une affaire d'abus de l'un de ses prêtres à Trèves mais n'a pas pris de mesures ultérieures pour le retirer de ses fonctions.

En 2006, une enquête judiciaire de l’État contre ce prêtre abusif a été suspendue en raison de la prescription sur les durées limites de poursuite. Selon FOCUS, cependant, plus tard en 2013 et en 2015, d'autres poursuites judiciaires ont été déposées contre ce même prêtre. Seulement récemment, après que le nouvel Évêque de Trèves eut finalement demandé les dossiers de l'État sur la question plus tôt cette année, le prêtre en question a été interdit de célébrer la Sainte Messe et d'avoir des contacts avec les enfants et les jeunes. Comme FOCUS le rapporte : « Selon la loi de l'Église, ces actes [sexuels d'abus de mineurs] ne sont pas prescrits par des limites de durée ».

Ce que Katholisch.de dit, c’est que le Cardinal Marx n'a pas donné suite à cette affaire d'abus qui avait été déclarée prescrite (au-delà du délai de prescription) aux yeux de l'État. Ainsi, même si Marx connaissait l'affaire et qu'il avait un problème devant les yeux, il n’y a pas donné suite conformément à son devoir moral en tant qu'Évêque et gardien de son troupeau. Un porte-parole de presse pour Marx dit qu’à cette époque Marx a suivi les directives de l'Église en ce qui concerne les cas d’abus. Cependant, il n’a même pas demandé à voir les dossiers de la cour de l'État à ce moment afin d'obtenir une image complète des méfaits documentés par ce prêtre abusif. Après la décision de l'État de ne pas condamner le prêtre abusif, le Diocèse de Trèves — sous la direction de Marx — a laissé le prêtre dans ses fonctions en tant que pasteur d'une paroisse du diocèse. Marx est resté Évêque de Trèves jusqu'en 2008. Par la suite, il fut nommé Archevêque de Munich.

En 2011, le Cardinal Marx a causé un autre débat en ce qui concerne sa conduite apparemment négligente dans un autre cas d’abus sexuel. Cette fois, il a agi comme Archevêque de Munich. Il est dit qu’il ait omis d'informer une école Catholique en Bavière ( du monastère d’Ettal ) que l'un de leurs nouveaux enseignants avaient un dossier d'abus sexuel. Ce professeur avait soi-disant violé un garçon. Seulement après des mois après avoir entendu parlé de ces accusations d'abus — et après que le Cardinal Marx ait parlé avec la victime elle-même — que le Diocèse de Munich a informé l'école des méfaits de l'enseignant. Ceci après un délai de plusieurs mois. L'enseignant a été, cependant, suspendu à ce moment-là immédiatement.

Cette enquête sur le manquement à son devoir du Cardinal Marx dans au moins deux cas ne disparaîtra pas facilement. Jusqu'à présent, aucune enquête officielle ecclésiale concernant sa conduite comme berger de deux diocèses n’a été lancée. Mais la pression publique en Allemagne pourrait très bien conduire dans cette direction.

Comme cela a déjà été signalé sur ce site, le Pape François a condamné les complices d’abus sexuels cléricaux avec des paroles fortes lors de sa visite des États-Unis au cours de septembre dernier et il a promis une surveillance et une transparence :

« Je porte dans mon cœur les histoires, la souffrance et la douleur des mineurs qui ont été abusés sexuellement par des prêtres. Je suis submergé par la honte que les gens qui étaient en charge de prendre soin de ces jeunes les ont violés et leur ont causé de grands dommages. Je regrette profondément cela. Dieu pleure ! Les crimes et les péchés d'abus sexuels à des mineurs ne peuvent pas être plus gardés secrets. Je m’engage à une surveillance zélée de l'Église pour protéger les mineurs et je promets que chacun qui sera responsable sera redevable ».

Mais, dans le même article, il a été observé que François n'a pas appliqué ces normes à ces prélats qui sont ses amis comme le Cardinal Godfried Danneels, dont les paroles ont été enregistrées alors qu’il décourageait personnellement une victime d'abus sexuels cléricaux de présenter des accusations portées contre son propre oncle, Mgr Roger Vangheluwe de Bruges. Et ceci, après que Daneels ait reçu plusieurs rapports d'abusà propos de Vangheluwe au fil des ans. En outre, voici ce qu’on apprend en plus sur Daneels :

« Il a été rapporté qu’il a « informé le Roi de Belgique d’endosser et de signer une loi sur l'avortement en 1990 » ( note : de mémoire… le Roi avait abdiqué du trône pendant quelques heures pour éviter d’être associé à cette loi inique. Le Roi plus Catholique que Daneels en somme ! ) et « il a déclaré que le « mariage de même sexe » était un« développement positif » et « il a refusé « d'interdire le matériel pornographique dit « éducatif » utilisé dans les écoles Catholiques Belges ». ( note : et pourtant Daneels a été invité personnellement par le Pape François à participer aux deux Synodes même s’il avait dépassé l’âge prescrit ! )

Puis il y a eu aussi le cas de l'Évêque Juan Barros, qui fut nommé Evêque d’Osorno au Chili par François :

« Les conseillers au Vatican payés pour cogiter à de telles choses s’assoient et essaient de déterminer parfois les points de basculement possibles dans la romance du public avec le Pape François, ce qui signifie, en termes clairs, évaluer la calamité qui pourrait réduire sérieusement ses taux de popularité ».

« L’item qui ne se pose vraiment pas sur la liste serait une perception que le Pape fasse marche arrière sur la « tolérance zéro » en ce qui concerne les abus sexuels dans l'Église et deux histoires récentes invite à penser que ce n'est pas un souci abstrait ».

« Tout d'abord, Nicole Winfield de l'Associated Press (AP) a rapporté jeudi que cinq membres de sa propre commission anti-abus du Pape ont exprimé des « inquiétudes et une incrédulité » à l’effet que Mgr Juan Barros ait reçu la responsabilité de diriger le Diocèse de Osorno au Chili, en dépit de son dossier public où il est démontré qu’il défend le prêtre agresseur le plus notoire du pays ».

« Ces objections se sont ajoutées aux protestations dans la Cathédrale même d’Osorno et qui ont forcé à couper court à la propre Messe d'installation comme Évêque de Barros et ce, de concert avec le clergé et les efforts de laïcs qui demandent présentement à François de repenser la nomination ».

[...]
« En outre, la situation soulève des questions sur l'engagement maintes fois proclamé du Pape François et de son équipe au Vatican sur la transparence non seulement pour le personnel qui commettent des abus, mais aussi sur les Évêques et les autres superviseurs qui couvrent les faits ou qui défendent les coupables.

La réponse personnelle de François concernant la controverse sur Barros a été de dire : « La communauté d’Osorno souffre parce qu'elle est stupide » et qu'elle « s’est laissée dirigée par ce que les politiciens disent, à savoir juger une Évêque sans aucune preuve ».

Le Pape François a ensuite publié une nouvelle lettre motu proprio en juin 2016 — « Come una madre amorevole » (Comme une mère aimante) —qui a l’intention prétendument de traiter des facilitateurs d’abus sexuels cléricaux. Au moment de sa sortie, nous avons demandé, encore une fois, si ce motu proprio serait appliqué à des hommes comme Daneels et Barros :

« Il n'y a pas de texte anglais du motu proprio, mais des sources à Rome me disent qu'il est principalement dirigé vers les Ordinaires actuellement en service dans les sièges épiscopaux. Cela semble étrange quand des « retraités » comme les Cardinaux Law et Danneels sont toujours là, libres de toute conséquence. Barros est un nouvel Évêque et il devrait donc être le premier à mériter l'examen en vertu de ce nouveau document, mais si François donne toute sa vraie signification à cette question, Danneels ne peut pas demeurer non affecté non plus ».

« Le fait est simplement ceci : si les amis du Pape sont hors limites, les nouvelles procédures sont toutes sans valeur.

Avec les nouvelles révélations au sujet du Cardinal Marx — encore un autre ami et proche conseiller personnel du Pape — la valeur des procédures semble prête à être testée à nouveau.

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