jeudi 19 novembre 2015

La compassion n'a rien à voir

avec les nullités de mariage


La « compassion sans compétence est un canular cruel ».


Edward N. Peters
Le 10 novembre 2015
SOURCE : The Catholic World Report


Un lot de récents articles écrits pas des écrivains catholiques solides rassurent les lecteurs inquiets que François n'a pas changé la Doctrine de l'Église sur la permanence du mariage — qu'il n'a pas changé, bien sûr, mais je suppose que certains catholiques ébranlés sont réconfortés de l’apprendre ; au contraire, ces écrivains prétendent que les changements de François dans le processus des nullités reflètent son désir d'injecter de la « compassion » dans le processus. Maintenant, ce dernier argument — que Mitis Iudex apporte de la « compassion » au processus des nullités — est discutable, mais ici, je pose une question préliminaire : qu’est-ce que la « compassion » a exactement à voir avec le processus des nullités en premier lieu ?

Si vous aviez à choisir, voudriez-vous un médecin compatissant ou un médecin compétent, un comptable compatissant ou un comptable fiable, un pilote de ligne compatissant ou un pilote de ligne expérimenté ? Ne vous méprenez pas : je suis tout en faveur de médecins polis, des comptables qui se soucient de la façon dont ma journée va, et des pilotes qui sourient et me remercient de voler avec eux. Mais ce que j’ai vraiment besoin, c’est d’un médecin qui surveille mon cholestérol de façon compétente, d’un comptable qui sait que les broches dentaires de mes enfants sont déductibles et d’un pilote qui nous atterrit en toute sécurité à notre destination. La compassion, paraît-il, n’est pas toujours tout ; souventes fois, c’est finalement presque rien.

Du temps que j’étais à l’école de droit canon, feu le Dr James Provost († 2000), un avocat et un professeur extraordinaire, nous avait dit une fois à nous, les canonistes en voie de le devenir, que « la compassion sans compétence est un canular cruel ». Il tombait pile. Les gens ne se tournent pas vers les médecins, ni vers les comptables, ni vers les pilotes ou les avocats (civils ou canoniques) pour leur « compassion »; ils se tournent vers ces professionnels qualifiés pour un service de qualité et des informations claires et nettes.

Plus précisément, les gens ne viennent pas aux tribunaux de nullité pour de la « compassion », ils viennent — comme papes après papes l’ont enseigné — pour connaître la vérité de leur statut (matrimonial) dans l'Église. Si certains fidèles ne comprennent pas ce point ( et franchement certains ne le comprennent pas ), alors il appartient aux dirigeants de l'Église et des leaders d'opinion de leur rappeler que les tribunaux de l'Église sont, d'abord et avant tout, dans le domaine de la vérité (sur le mariage spécifique qui est devant eux) et ce n’est que seulement dans la vérité que chacun de nous est libre de vivre dans le Seigneur. Lorsque divers prélats et chroniqueurs parlent cependant comme s’ils n’avaient jamais rencontré un avocat qu'ils n’ont pas détesté, c’est laissé aux canonistes eux-mêmes de tenter de l’expliquer au public, bien que le public soit de plus en plus biaisé, comment le droit canon sert notre société religieuse — et en attendant sert à supporter les sarcasmes incessants des Pharisiens.

Alors permettez-moi de dire encore une fois : le Christ enseigne que le mariage de par sa nature est permanent, que le remariage après le divorce est de l'adultère, que la plupart des choses qui ressemblent au mariage sont un mariage, mais que certaines choses qui y ressemblent mariage ne le sont pas. Le droit canon accepte toutes ces vérités et, sous le pouvoir de gouverner que le Christ a laissé à son Église, il les défend en saison comme hors saison. Or, dans un cas de nullité, le Tribunal demande une seule question fondamentale : les deux personnes dont il est saisi et qui semblent être mariées, sont-elles vraiment mariées ? La réponse à cette question a, bien sûr, d'énormes implications pastorales (et à aider les gens à traiter la réponse à cette question peut bien exiger une considérable charité, de la compassion et de la sympathie), mais, à sa base même, cette seule question devant le Tribunal admet seulement une réponse qui est oui ou non : les deux personnes devant le tribunal sont soit ( en autant que la connaissance humaine peut le déterminer ) mariées ou non mariées. Ceci ne peut être connu que par l'examen des faits pertinents d'un cas particulier à la lumière de la loi applicable dans ce cas. La loi est rarement simple et les vies humaines ne le sont jamais non plus, mais le Christ savait tout ça lorsqu’il a établi à son Église ce qu‘était le mariage vraiment et parfois ce qu'il n’est pas, et nous a chargés de vivre en accord avec cette Vérité.

En ce qui concerne le mariage, il n'y a pas de substitut pour la vérité et en ce qui concerne les nullités, il n'y a pas d'autre chemin vers la vérité sauf celui qui est pavé par le droit et par les faits. La compassion n'a tout simplement rien à voir avec les nullités.

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