Par : Steve Skojec
Éditorialiste en chef de One Peter Five
Le 31 octobre 2017
SOURCE : One Peter Five
Alors que je lisais un tas d'articles et de nouvelles en préparation pour écrire cette réflexion, j'ai reçu un appel téléphonique de l'un de mes plus anciens amis. Après avoir fait référence à tout ce qui se passe dans l'Église, il demanda avec un rire nerveux comment je ne suis pas encore tombé dans le désespoir.
« Pour être honnête » dis-je, « je ne suis pas sûr. C'est tentant ».
Lors d'une visite récente au confessionnal, j'ai mentionné cette tentation, et comment cela peut affecter ma résistance aux autres péchés. « Je sais que ce n'est pas une excuse, Père » dis-je, « mais parfois quand je regarde l'état de l'Église et que je vois des hérétiques qui courent partout et que cela n'a aucune conséquence, je ne peux m'empêcher de penser : Pourquoi dois-je suivre toutes les règles et essayer si dur s’ils ne le font pas ? » Son conseil pour moi, entre autres, était de faire attention à combien de sites Web que je lisais relativement à ce qui se passe dans l'Église afin que je puisse éviter être submergé. Sous l'anonymat du confessionnal, il ne savait pas qui j'étais, et je n'étais pas enclin à lui dire que je suis en charge de l'un de ces sites. Et nous ne publions même pas la moitié de ce qui est digne d'intérêt à cet égard.
En continuant ma conversation avec mon ami, j'ai dit quelque chose que je disais beaucoup ces derniers temps — aux amis, à la famille, même à certains d'entre vous qui m'ont écrit récemment ». Je vois ce désespoir se répandre partout. Le Christ a fait des promesses au sujet de Son Église, et elles sont en train d'être rompues. Et même si je pense que la façon dont les gens se sentent est une conséquence naturelle de cette situation, je soupçonne aussi fortement qu'il y a une composante spirituelle profonde à l’oeuvre. L'ennemi répand le mensonge : « Vous voyez ? Regarde ce qui se passe dans l'Église ! Pourquoi y restez-vous ? Pourquoi êtes-vous si naïfs de continuer à croire que cela pourrait être vrai ? »
Et puis, comme je le disais, j'ai été frappé par un parallèle que je n'avais pas considéré. Il y a environ une semaine, alors que je priais une dizaine de chapelets avec mes enfants, j'ai décidé de lire une réflexion sur le mystère que nous étions sur le point de contempler — l'agonie dans le jardin. La réflexion a été prise de la Bienheureuse Anne Catherine Emmerich, La Douloureuse Passion de Notre Seigneur Jésus — Christ, et un aspect en particulier m’est revenu comme je discutais de la situation avec mon ami :
« [Jésus] tomba sur son visage, et tous les péchés du monde lui apparurent sous des formes infinies avec toute leur laideur intérieure : il les prit tous sur lui, et s'offrit, dans sa prière, à la justice de son Père céleste pour payer cette effroyable dette. Mais Satan, qui, sous une forme effrayante, s'agitait au milieu de toutes ces horreurs avec un rire infernal, mon-trait une fureur toujours croissante contre Jésus, et, faisant passer devant son âme des tableaux de plus en plus affreux, criait sans cesse à l'humanité de Jésus : « Comment ! Prends-tu aussi celui-ci sur toi, en souffriras-tu la peine? Veux-tu satisfaire pour tout cela? »
Satan sait mieux que quiconque comment nous faire douter. Comment pointer vers les défauts les plus profonds et les obstacles les plus flagrants dans le plan même le plus fidèle et les utiliser pour nous faire trébucher de notre détermination.
La révolution ne sera pas télévisée
Au milieu de cette faiblesse, dans ce moment de doute, nous assistons à une réaction croissante contre ces intrépides qui résistent à l'erreur dans les vents qui soufflent maintenant sur l'Église. Aujourd'hui, je lis un nouvel article de Robert Mickens, un papolâtre et Éditeur Anglais de La Croix internationale. Intitulé, L’opposition au Pape François : Il est temps de rappeler ses chiens, l’article cherche à briser l'esprit des critiques du Pape en enrôlant le Pape Émérite qui se démarquerait de ses critiques. Il se trompe bien sûr dans son impression que le Pape Benoît est un héros des Traditionalistes — après tout, c'est lui qui a quitté son poste et, ce faisant, nous a abandonnés aux loups — mais il apporte certains points dignes d’être notés.
Sa tactique principale est de minimiser la portée de l'opposition :
« La bonne nouvelle est que, comme on peut le constater, ceux qui rament contre le timonier actuel de la Barque de Pierre font partie d'une minuscule minorité, quoique bruyante.
La mauvaise nouvelle est qu'ils se trouvent principalement parmi la main-d'œuvre consacrée de l'Église — des hommes qui servent comme prêtres et Évêques.
Les statistiques les plus récentes du Vatican affirment qu'il y a des 1 285 000 000 membres de la communauté Catholique dans le monde entier. Parmi eux, près de 416 000 sont des prêtres et un autre 5 300 sont Évêques — seulement .03% de tous les baptisés Catholiques.
Et même dans ce sous-ensemble, le nombre de ceux qui s'opposent activement au Pape est très probablement marginal. C'est une minorité au sein d'une minorité.
C’est impossible d'indiquer les nombres exacts. Cependant, nous pouvons identifier certains traits et tendances discernables. Par exemple, l'opposition à François émane le plus énergiquement du monde Anglophone, de certaines parties de l'Europe et des régions d'Afrique où les critiques du Pape tendent à être plus jeunes ( moins de 50 ans ), rigides doctrinalement et membres « rétrodoxes » du clergé.
Les gens du camp anti-François montrent aussi des tendances vers une compréhension très étroite de l'application du Droit Canonique, une dévotion servile aux rubriques liturgiques et une vision Euro-centrique dépassée du monde qui est enracinée dans les systèmes philosophiques gréco-romains classiques ».
Mickens continue à expliquer que ce n'est pas seulement le clergé qui s'oppose au Pape, mais…
« aussi des petits groupes de fidèles baptisés qui sont aussi très critiques et même désobligeants envers lui. Ils démontrent des caractéristiques similaires au clergé rebelle. Eux aussi ont tendance à être plus jeunes, fondamentalistes en ce qui concerne l'enseignement de l'Église et les promoteurs d'une liturgie et d'une ecclésiologie d'avant Vatican II.
Ces critiques papaux sont bruyants et perturbateurs. Ils sont aussi organisés et tenaces. Mais mettons les choses au clair — ce sont aussi des minorités au sein du clergé et des laïcs ». [ Nous soulignons ]
Ses observations appellent immédiatement à l’esprit les récentes paroles de Son Eminence le Cardinal Burke, qui, en racontant l'opposition de Saint Thomas More au Roi Henri VIII, a déclaré :
« Dans l'Église maintenant, comme alors, alors que les gens se disputent, beaucoup de gens veulent cela, et peu d'Évêques parlent pour corriger cette idée confuse de l'indissolubilité du mariage et que l'Église doit changer et ainsi de suite » et Saint Thomas More est un signe pour nous que la vérité ne change jamais, et que peu importe combien de personnes sont en faveur d'un mensonge, ça ne le fait pas une vérité ». [ notre soulignement]
Mais Mickens tente apparemment de plaider auprès de l'appareil du Vatican — qui, selon des sources internes, n'a absolument aucune idée de la façon de mesurer l'influence de l'opposition sur Internet — de minimiser l'influence des blogs et des médias sociaux :
« Mais ils [les critiques papaux] se sont montrés plus représentatifs de l'ensemble de la population Catholique en capitalisant sur les médias sociaux et en utilisant le grand mégaphone que fournit le cyberespace. De cette façon, ils ont réussi à séduire beaucoup trop de gens ( surtout dans les médias traditionnels ) en leur faisant croire que l'Église est également divisée en deux groupes — l'un qui aime le Pape François et l'autre qui ne peut pas le supporter ».
Je ne vais pas nier la vérité de cette déclaration. Nous sommes en minorité. Il n'y a pas de question sur ce sujet. Mais nous sommes une minorité vocale et énergique, et je peux vous dire qu'au cours du dernier mois, nous avons enregistré 325 visites du Saint-Siège — une Cité État avec une population de seulement 1 000 personnes.
Ils savent que nous regardons. Et ils observent les observateurs.
L'esprit de la Vendée
Dans une revue de deux livres de 2004 sur la Vendée, Anne Barbeau Gardiner a présenté un résumé succinct de cette incroyable histoire du 18ème siècle :
« Compte tenu de la croissance de l'anti-Catholicisme militant en Occident, ces deux livres sont fortement recommandés. Les auteurs nous préparent à ce qui nous attend si ce mastodonte continue sans contrôle. Dans l'Ouest de la France, dans les années 1790, une situation similaire mena à la persécution de l'Église sous la loi et, lorsque les paysans Catholiques de Vendée osèrent résister à cette persécution, les athées au pouvoir ordonnèrent l'extermination de toute la population de cette région. hommes, femmes et enfants. Ils ont envoyé l'armée dans des « colonnes infernales » pour « dépeupler la Vendée ». [Reynald] Secher dit que le nombre minimum de victimes fut d'environ 118 000, alors que [Michael] Davies pense que le nombre fut plus proche de 250 000. Le génocide des Vendéens n'est pas bien connu en dehors de la France, mais il mérite vraiment de l’être. Il enseigne une leçon précieuse que la haine viscérale du Catholicisme, laissée sans contrôle, peut se tourner vers le génocide.
Assez curieusement, ceux qui ont perpétré le génocide en Vendée ont donné un aperçu de cette mentalité perverse retrouvée plus tard chez les Nazis. Ils jetaient des femmes et des enfants dans des fours, utilisaient de la peau humaine pour se vêtir et brûlaient des femmes pour recueillir leur graisse. Les détails horribles de ces atrocités sont des faits attestés. En effet, les atrocités ont souvent été enregistrées par des agents du gouvernement.
La souffrance et la mort des Catholiques en Vendée n'ont pas été vaines. Ils ont réalisé une victoire glorieuse. En fin de compte, à cause de leur exemple héroïque, la persécution anti-Catholique des années 1790 fut un échec. L'Église en France était censée avoir été éradiquée. Au lieu de cela, elle s'est levée à une nouvelle vie. Comme le disait Tertullien : « Le sang des martyrs est la semence de l'Église ». En 1801, lorsque Napoléon accorda la liberté de culte à tous les Catholiques de France, elle fut considérée comme la victoire de la Vendée ».
Dans une conférence donnée en août dernier dans la région de Vendée en France, le Cardinal Robert Sarah a dit que les Français de l’Assocation du Puy du Fou — qui gardent en vie la mémoire des Vendéens — doivent continuer leur travail, car…
« Face à la dictature du relativisme, face au terrorisme de la pensée qui — une fois de plus — veut arracher Dieu au cœur des enfants, nous devons retrouver la fraîcheur de l'esprit, la simplicité joyeuse et ardente de ces saints et de ces martyrs ».
Sarah a continué :
« Mes frères, nous, Chrétiens, avons besoin de cet esprit des Vendéens ! Nous avons besoin de cet exemple ! Comme eux, nous devons abandonner nos semailles et nos sillons pour nous battre, non pour de simples intérêts humains, mais pour Dieu ! Qui aujourd'hui encore se lèvera pour Dieu ? Qui osera affronter les persécuteurs modernes de l'Église ? Qui aura le courage de se lever sans armes sauf le chapelet et le Sacré-Cœur pour affronter les colonnes de la mort de notre temps qui sont le relativisme, l'indifférentisme et le mépris pour Dieu ? »
Aujourd'hui, alors que nous voyons notre Église Catholique bien-aimée se joindre aux célébrations conjointes avec les Protestants Luthériens du 500e anniversaire de la Réforme — l'un des événements les plus dommageables pour l'humanité — nous pouvons voir que l'esprit de La Vendée est bel et bien vivant jusqu'à ce jour dans l'Église. Hier, à Bruxelles, un groupe de jeunes hommes ( et une jeune femme ) se sont agenouillés dans la Cathédrale Catholique de Saint Michel et St. Gudule pour prier le rosaire en signe de protestation d'un service « avec l'Église Protestante Unie en Belgique, la plus grande dénomination protestante du pays ». Ils ont continué à prier alors que le pasteur tentait de prêcher son sermon jusqu'à ce qu'ils soient physiquement enlevés par la police.
Vous avez bien entendu : des jeunes Catholiques ont été retirés d'une Cathédrale Catholique pour avoir prié le rosaire en signe de protestation contre un service œcuménique qui a amené des Protestants dans l'église pour célébrer l'anniversaire de la Réforme — et plus particulièrement l'anniversaire de la la publication des 95 thèses de Martin Luther ». Rappelons ce que le Pape Léon X a dit de la théologie de Luther dans sa condamnation, Exsurge Domine, écrit en 1520 :
« Parce que les erreurs précédentes et beaucoup d'autres sont contenues dans les livres ou les écrits de Martin Luther, nous condamnons, réprouvons et rejetons de même complètement les livres ainsi que tous les écrits et sermons du dit Martin, que ce soit en latin ou en toute autre langue, contenant les dites erreurs ou l'une quelconque d'entre elles ; et nous souhaitons qu'ils soient considérés comme tout à fait condamnés, réprouvés et rejetés. Nous interdisons tous et chacun des fidèles des deux sexes, en vertu de la sainte obéissance et sous les peines ci-dessus qui seraient encourues automatiquement, de les lire, de les faire valoir, de les prêcher, de les louanger, de les imprimer, de les publier ou de les défendre ».
Et c'est dans cet esprit que ces jeunes manifestants sont venus. C'est dans cet esprit qu'ils ont distribué un dépliant expliquant la raison de leur protestation :
« Notre Cathédrale de Saint-Michel et Gudule est un édifice Catholique, construit par nos pères pour être une Maison de Dieu, pour la célébration de la Sainte Messe, pour la louange de Dieu et des Saints ».
« L'occupation de notre Cathédrale par les Protestants pour commémorer le 500ème anniversaire de la Réforme est donc une profanation ».
« En effet, la soi-disant Réforme était vraiment une révolte : sous prétexte de combattre les abus, Luther s'est rebellé contre l'autorité divine de l'Église Catholique, a nié de nombreuses Vérités de la Foi, a aboli le Sacrifice de la Messe et des Sacrements, il a rejeté la nécessité des bonnes œuvres et la pratique des vertus Chrétiennes. Enfin, il s'attaqua à la vénération de la Vierge Marie et des Saints, à la vie religieuse et aux vœux monastiques ».
« Cette terrible révolution a été une grande tragédie pour la société Chrétienne et pour le salut des âmes. Et les erreurs Luthériennes sont encore des hérésies aujourd'hui parce que la Vérité est éternelle ».
Vous pouvez voir la vidéo de leur protestation ici :
Durée : 3 min 42 sec
Le groupe se composait de 11 jeunes dans une Cathédrale où des centaines, sinon des milliers, étaient réunis pour honorer la mémoire de l'un des événements les plus tragiques de toute la Chrétienté. Ils étaient, comme dirait Robert Mickens, « une minorité dans une minorité ». Et pourtant, ils ont mis ce service à l'arrêt. Ils ont continué à prier alors que l’organiste et l’assemblée a tenté de les étouffer. Et en vertu de leur protestation se terminant par le retrait forcé de l'église par la police, c'était leur histoire — leur message — et non celle des célébrants de la Réforme qui a attiré l'attention internationale.
Dieu, le Roi !
Mickens laisse entendre, dans son attaque contre des manifestants fidèles, qu'un problème central est leur attachement à l'ancienne liturgie de l'Église :
« La plupart de l'opposition au Pape François vient de Catholiques qui se consacrent à la célébration de la Messe Tridentine. Et beaucoup d'entre eux viennent de groupes marginaux que Benoît XVI, d'abord en tant que Cardinal puis en tant que Pape, a tenté de façon persistante de les ramener dans le courant dominant.
Son acte le plus monumental fut de publier un « Motu proprio » du Pape en 2007 pour normaliser la liturgie d’avant Vatican II. Il a dit qu'une partie de la raison pour laquelle il l'a fait était de susciter « une réconciliation intérieure au cœur de l'Église ». François n'a montré aucun attachement à l'Ancienne Messe, mais il n'a rien fait pour la restreindre.
Cependant, les membres de ces groupes réconciliés d'adeptes de la Messe Tridentine ont trahi l'intention de Benoît de « retrouver la réconciliation et l'unité » dans une Église divisée. Et, au contraire, par leurs attaques contre le Pape actuel, ils ont intensifié les divisions ».
Mickens n'est pas le premier à faire de tels commentaires au sujet de la liturgie ces derniers jours, et je les considère comme une menace. Mais, comme le Pape Benoît XVI nous a dit , l'Ancienne Messe n'a jamais été abrogée, et « ce que les générations précédentes ont tenues comme sacré reste grand et sacré pour nous aussi, et ça ne peut pas être tout d'un coup totalement interdit, voire considéré comme néfaste ».
Mickens poursuit en disant que Benoît devrait « rompre son silence une fois de plus » et rappeler aux critiques de François — comme il l'a dit aux Cardinaux lors de sa démission en 2013 — d’« être complètement dociles à l'action du Saint-Esprit dans l'élection du nouveau Pape ».
Mais comme nous le savons tous, le Saint-Esprit ne choisit pas le Pape. Ratzinger lui-même l’a une fois admis avant son élection à la papauté, quand il a dit :
« Je ne le dirais pas dans le sens où le Saint-Esprit choisit le Pape ... Je dirais que l'Esprit ne prend pas exactement le contrôle de l'affaire, mais plutôt comme un bon éducateur, pour ainsi dire, nous laisse beaucoup d'espace, beaucoup de liberté, sans nous abandonner complètement. Ainsi, le rôle de l'Esprit doit être compris dans un sens beaucoup plus élastique, non pas qu'Il dicte le candidat pour lequel il faut voter. Probablement la seule assurance qu'Il offre est que la chose ne peut pas être totalement une ruine ».
Il a continué :
« Il y a trop d'exemples contraires de Papes que le Saint-Esprit n'aurait évidemment pas choisis ! »
Et nous en sommes là, devant un exemple évident de Pape que le Saint-Esprit n'aurait pas choisi — sauf peut-être pour aider à mettre fin à cette crise Moderniste en l'exposant comme un Christianisme frauduleux qu'il est. Donc non, nous ne serons pas silencieux. Nous ne céderons pas au désespoir. Nous allons, comme les Vendéens avant nous, rester fermes contre des obstacles écrasants, criant notre cri de guerre : Dieu, le Roi ! Dieu, le Roi !
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