Rédigé par : Dr Maike Hickson
SOURCE : One Peter Five
Le 10 novembre 2017
Hier, le 9 novembre, le Cardinal Gerhard Müller, ancien Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a encore donné une autre interview dans laquelle il continue d'essayer d'expliquer sa propre position sur le débat actuel sur l’Exhortation post-synodale du Pape François, Amoris Laetitia. Avec sa nouvelle déclaration, il contredit les affirmations de la Correction filiale qui, comme résumé sur le site officiel de cette initiative, « déclare que le Pape a, par son Exhortation Apostolique Amoris laetitia, et par d'autres actes, paroles et omissions qui y sont liés, ont effectivement confirmé 7 positions hérétiques sur le mariage, la vie morale et la réception des Sacrements, et ont provoqué la propagation de ces opinions hérétiques dans l'Église Catholique ». S'adressant au journal régional Allemand Passauer Neue Presse, le Cardinal Müller répond à la question de comment il pourrait arriver que le Pape soit tombé sous le soupçon de l’hérésie avec les paroles suivantes :
« On ne peut parler d'hérésie que lorsqu'un Catholique nie avec insistance une Doctrine révélée qui a été présentée par l'Église d'une manière contraignante. Les Papes et les Évêques seraient alors hérétiques s'ils présentaient aux fidèles qui leur ont été confiés un enseignement avec pleine autorité qui contredit directement et de toute évidence la Parole de Dieu, l'Écriture Sainte, la Tradition Apostolique et les décisions dogmatiques présentées jusqu'ici par les Conciles œcuméniques ou les Papes en tant que maîtres suprêmes du Christianisme. Ce n’est, sans aucun doute, pas le cas des quelques passages de l'Exhortation post-synodale Amoris Laetitia qui ont été interprétés de manière controversée. C'est ce que j'ai essayé de montrer en détail en utilisant les principes contraignants de l'interprétation des textes magistériels. On peut trouver cela dans une introduction englobante à un livre écrit par Rocco Buttiglione : Riposte amichevoli ai critiques d'Amoris Laetitia. [ notre soulignement ] »
Quand on lui posera plus tard une fois de plus une question sur la propre position du Pape François à l'égard des couples divorcés et « remariés », le Cardinal Allemand répond :
« Il [le Pape François] n’a pas voulu ébranler les fondements de la Foi Catholique ni moderniser l'enseignement du Christ, comme si cet enseignement était démodé. Il s'agit de la façon pastorale d'aider les personnes qui se trouvent dans des situations conjugales très difficiles et qui ont souvent des conditions tragiques dans leur famille, et comment on peut les conduire sur un chemin d’intériorité, de discernement et de conversion [ Umkehr ], à la fin de duquel il peut également y avoir la pleine réconciliation avec Dieu et l'Église dans le Sacrement de Pénitence, et ensuite la pleine participation au Sacrifice Eucharistique avec la Communion sacramentelle ».[ notre soulignement ]
Le Cardinal Müller a également expliqué qu'on ne peut pas considérer le Pape comme un « homme d'un parti politique » qui négocie avec d'autres groupes politiques, mais plutôt comme « le principe d'unité de toute l'Église et le garant de la vérité de l’Évangile. Pour le Cardinal Müller, le débat actuel porte sur « des interprétations contradictoires du même document magistériel [ AL ] ». Il ajoute plus tard que « l'unité de l'Église ne sera pas obtenue par l'un des camps qui éliminerait l'autre camp, mais plutôt, en dissolvant complètement ces camps et partis ».
En ce qui concerne un autre sujet controversé — la récente décision du Pape de donner plus d'indépendance aux Conférences Épiscopales locales en ce qui concerne la traduction des textes liturgiques — le Cardinal Müller précise que « la dernière autorité, en cas de doute, ne peut être les Conférences des Évêques. Cela détruirait l'unité de l'Église Catholique dans la foi, dans sa profession et dans la prière ». Le Cardinal Müller a souligné le passé en disant que dans certains cas « les traducteurs consultés par les Évêques ont édulcoré les textes bibliques et liturgiques ». Selon Müller, les catégories politiques de « centralisation » et de « décentralisation » ne doivent pas être utilisées.
Comme nous l'avons dit au début de ce rapport, le Cardinal Müller, dans cette nouvelle interview du 9 novembre, a indirectement contredit l’affirmation de la Correction Filiale, selon laquelle le Pape François, avec Amoris Laetitia ainsi qu’avec quelques omissions et déclarations, a propagé sept propositions hérétiques. Le Professeur Paolo Pasqualucci, Professeur de Philosophie de Droit à la retraite de l'Université de Pérouse ( Italie ), signataire de la Correction Filiale, nous a aimablement fourni un commentaire personnel concernant cette nouvelle interview du Cardinal Müller. Le professeur Pasqualucci déclare ainsi :
« La controverse sur les parties ambiguës d'Amoris Laetitia ne concerne pas ce que le Pape François avait l'intention de faire ; il s'agit de la signification exacte et objective de ce qu'il a écrit dans ces parties ambiguës. Étant donné que plusieurs Évêques et Cardinaux ( et le Pape lui-même mais dans une lettre privée à l'Épiscopat Argentin ) l'ont interprété d'une manière absolument contraire à l'enseignement perpétuel de l'Église sur le mariage, l'adultère, etc., alors que d'autres Cardinaux et Évêques soutiennent que ces mêmes parties doivent être interprétées selon cet enseignement pérenne — il était parfaitement légitime que certains Cardinaux demandent respectueusement une clarification officielle de la part du Pape lui-même. Ici, l’expression « clarification officielle » signifie : publier un document magistériel contenant l'« interpretatio authentica » des dites parties ambiguës de AL. L'Église est divisée, la situation est très grave : le Pape a le devoir de répondre aux dubia d'une manière formellement pertinente ; c'est un devoir inhérent à sa charge, c'est-à-dire l’Office du Vicaire du Christ sur terre. »
- « Le Cardinal Müller a raison de déplorer les dangers qu'il y a à donner « plus d'indépendance » aux Évêques locaux en ce qui concerne la traduction des textes liturgiques. En promouvant une plus grande autonomie locale dans ce domaine, le Pape François agit ouvertement selon l'esprit des réformes liturgiques promues par le Concile Vatican II. C’est là que, où le bât blesse ! pourrait-on dire. À mon humble avis, il y a le noyau de la crise liturgique actuelle, son origine réelle : dans l'introduction du nouveau principe d'expérimentation et de créativité dans la liturgie ( Constitution Sacrosanctum Concilium, article 22, paragraphe 2 ; 37-40 ). Ce nouveau principe est-il conforme à la Tradition et à l'enseignement de l'Église pérenne ? En d'autres termes : jusqu'à ce que nous atteignions les racines des maux actuels, c'est-à-dire, jusqu'à ce que nous entamions une discussion ouverte et franche sur les parties ambiguës de la pastorale de Vatican II, rien ne va changer.
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