par Christopher A. Ferrara
SOURCE : The Remnant
Le 30 mai 2017
Le Pélagianisme (Définition)
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Dans son point de vue sur les origines humaines, le Pélagianisme est remarquablement compatible avec la synthèse néo-Catholique actuelle du récit de Genèse et le mythe pseudo-scientifique de l'évolution des molécules chez les hommes. La synthèse néo-Catholique est un élément du néo-Modernisme, qui (pour citer le dictionnaire Catholique historique du Père John Hardon) « tente de concilier la science moderne et la philosophie au détriment de l'intégrité de la Foi Catholique ». Dans le cas du mythe néo-Darwinien de la création, le Paradis est éliminé et Adam et Ève sont présentés sans dons préternaturels, y compris l'immortalité, comme étant simplement le sommet d'un processus évolutif dans un monde rempli de catastrophes et de mort depuis des centaines de millions d'années avant leur apparition avec d'autres premiers humains, sur la scène évolutive.
Les erreurs de Gaudium et Spes
Le Pélagianisme est également remarquablement compatible avec la théologie des Jésuites libéraux des années soixante-dix dont l'occupant actuel de la Chaire de Pierre. Avant lui, cependant, ce néo-Pélagianisme ou semi-Pélagianisme était généreusement présent dans le document Gaudium et Spes (GS) de Vatican II. Principalement influencé par le Modernisme Français de Congar, Daniélou et de Chardin, et plein d'optimisme injustifié, frisant la fatuité, concernant la « société contemporaine » post-Chrétienne, du « monde moderne » et l'exercice de la liberté humaine, le document est facilement reconnu en rétrospective comme la base de l’explosion qui a effacé la Royauté Sociale du Christ comme fondement de l'enseignement social Catholique. La Doctrine de la Royauté Sociale devait être remplacée par une « civilisation de l'amour » pan-religieuse, un terme inventé par Paul VI qui a été répété sans cesse par Jean-Paul II et qui représente précisément l'utopie post-Chrétienne condamnée par le Pape Saint Pie X dans sa lettre Aux Évêques Français réprouvant le mouvement proto-Moderniste de Sillon.
Nul autre que le Cardinal Ratzinger a observé dans son commentaire sur Gaudium et Spes (GS), la tentative du document de présenter une vision de la liberté humaine qui n'est pas d'abord et avant tout Christologique et donc enracinée dans le fonctionnement de la grâce sanctifiante et qui a été un échec qui a conduit à ce qu'il a décrit comme une « avalanche » de conséquences néfastes pour l'Église :
« La section de Gaudium et Spes [GS] sur la liberté, de laquelle la Constitution Pastorale puise délibérément le thème de la pensée moderne, est l'une des moins satisfaisantes de l'ensemble du document .... Le point de vue adopté est, pour le Chrétien, irréel. L'omission de la Christologie à partir de la Doctrine de l'image à la ressemblance de Dieu ... impose de nouveau ses conséquences. La tentative d’introduire la Doctrine Chrétienne de l'homme à partir de l'extérieur et ainsi de rendre ce que la Foi affirme sur le Christ en général acceptable, a conduit à la décision erronée de laisser de côté pour le présent ce qui appartient essentiellement à la Foi Chrétienne, comme supposément étant moins susceptible de dialogue ». [Ratzinger, Joseph dans le commentaire sur les documents de Vatican II, éd. Herbert Volgrimer (Londres : Burns & Oates, 1969), p. 137]
En évitant la Révélation du Christ et de sa grâce libératrice comme source de la vraie liberté (« Tu connaîtras la vérité et la vérité te rend libre »), GS présente une vision pré-Nouveau-Testament de la liberté qui « transfère le texte du point de vue de la Foi à celle de la théologie naturelle ... ». La nature de l'alliance de la liberté de l'homme vis-à-vis de Dieu est passée sous silence comme le fait qu’« Israël — représentant l'humanité — n'était pas en mesure de mener à bien ce que l'Alliance offrait, mais a vécu inévitablement la loi comme un joug ... »
GS évite systématiquement de discuter du passage de l'Ancienne Alliance en faveur du Sang de l'Alliance Nouvelle et Éternelle comme porte d'entrée de la liberté humaine par la transformation en Christ. Ratzinger poursuit : « Il est impossible de présumer du fait que la vie promise ne vient finalement pas de la liberté d'accomplir la loi, mais de la mort de celui qui s'est permis en conformité avec la Loi de se pendre à un arbre en tant que transgresseur de la Loi (Gal. 3 :12 ff) ... ». GS, conclut-il, abuse de l'Ancien Testament pour cacher le Nouveau :
« À détruire Ecclésiastique 15 :14 [Au commencement, Dieu a créé l'être humain et l'a laissé maître de ses décisions ] de ces contextes dans l'histoire de la Révélation et à l'utiliser à l'appui d'une Doctrine philosophique incolore de la liberté, représente non seulement une lecture non historique de l'Écriture, mais aussi une vision non historique et donc irréelle de l'homme. La Doctrine générale de la liberté développée dans le texte conciliaire ne peut donc pas résister ni à la critique théologique ou philosophique ... »
« Le texte entier donne à peine un soupçon de la discorde qui traverse l'homme et qui est décrit de façon si dramatique dans Rom. 7 : 13-25. Il tombe même dans la terminologie Pélagienne absolue quand il parle de l'homme « sese ab omni passionum captivitate liberans finem suum persequitur et apta susbidia ... » [La phrase complète traduite se lit comme suit : « L'homme atteint une telle dignité quand, en s’émancipant [ !] de toute captivité aux passions, il poursuit son but dans un choix spontané de ce qui est bon et se prodigue une action efficace et habile avec les aides appropriées à cette fin. »]
Le problème n'est pas résolu, rappelle Ratzinger, par la déclaration suivante :
« Puisque la liberté de l'homme a été endommagée par le péché, c’est seulement par la grâce de Dieu qu’il peut amener une telle relation avec Dieu en pleine fleur ». L'expression « pleine fleur » [Plene actuosam] implique l'épanouissement humain sans grâce et ignore « l'étendue du dilemme humain ... qui appelle l'homme en question à ses profondeurs et le rend non-libre ... »— en supprimant les conséquences de la chute et la servitude de l'homme au diable avant le Venue du Rédempteur. Suggérer que l'élévation de l'homme de l'état du péché originel par la grâce conduit simplement à une « pleine » floraison de la nature humaine « signifie que tout un modèle de représentation semi-Pélagien de tous les événements a été retenu », dont l'interprétation ultérieure a conduit à des formules anodines [inoffensives] qu’il n'a pas fallu nécessairement donné lieu à tout ». [Ibid., P. 138]
Enfin, Ratzinger observe, l'incapacité de GS à considérer sérieusement l'aliénation humaine et la décadence dans l'intérêt de l’attitude d'optimisme du Concile sur le monde moderne qui…
« ne veut pas penser hautement de l'homme, mais le tromper sur la gravité de sa situation ». (Ibid.) Qui peut raisonnablement nier que cette même déception est à l’oeuvre aujourd'hui dans l'Église ? L'évitement par le Concile des « problèmes de la liberté humaine » a aussi signifié que seule la liberté de choix était traitée ... » La vraie liberté des « enfants de Dieu » est ce qui aurait dû être présentée alors que le texte conciliaire est incapable de quelqu’ouverture sur sa signification ». [Ibid., 138-139]
Tout un acte d'accusation, quoique silencieux, par le Père Ratzinger, à tendance Moderniste, un péritus [ expert ] au Concile et le futur Pape Benoît XVI. Comme l'a souligné John Allen dans la biographie du Cardinal Ratzinger, la critique de GS du Père Ratzinger (publiée en 1969) a été motivée en partie par une expérience à son époque à la Faculté de Théologie de l'Université de Tübingen qui l'a amené à voir « que le genre libéralisant qu’il avait soutenu au sein de l'Église au Vatican II conduisait au chaos parce que tout sens de ce qui est distinctement Chrétien concernant l'Église était perdu : quiconque qui semblait préoccupé du Concile s’enquérait de Gaudium et Spes et des « signes des temps ». » [Allen, John. Le Pape Benoît XVI : une biographie de Joseph Ratzinger (New York : Continuum, 2000), p. 83]
Aujourd'hui, l'Église est affligée par un Pape qui semble avoir été installé sur la Chaire de Pierre par le tourbillon de ce chaos ecclésial qui a déjà alarmé le Père Ratzinger dans les années 1960. Nous avons un Pape différent de tous ceux avant lui, qui se livre à des jérémiades sans fin contre les légalistes, les Pharisiens des derniers jours et les « Chrétiens rigides » qu'il prétend voir partout dans l'Église, tout en ignorant le laxisme et l'effondrement de la Foi et de la discipline qui ont conduit Jean-Paul II à déplorer une « apostasie silencieuse » que Bergoglio semble déterminé à accueillir comme nouvelle normale ecclésiale.
Et tandis que Bergoglio condamne la « casuistique » de la part de ceux qui défendent simplement l'indissolubilité du mariage sans exception, il recourt précisément à la casuistique afin d’imaginer des « exceptions » néo-Mosaïques au Sixième Commandement basé sur un obscur « discernement » des « situations concrètes » de sorte que les adultères publics qui prétendent avoir effectué des « deuxièmes mariages » peuvent dans certains cas être admis à la Sainte Communion sans cesser leurs relations sexuelles adultères avec des personnes auxquelles ils ne sont pas mariés.
Plus précisément ici, le même Pape qui a condamné l’infâme « néo-pélagianisme autoréférentiel et prométhéen de ceux qui ne font finalement confiance qu’en leurs propres pouvoirs et se sentent supérieurs aux autres parce qu'ils observent certaines règles ou restent de façon intransigeante fidèles à un style Catholique particulier du passé » a passé ces quatre dernières années à s'engager précisément dans un programme néo-Pélagien de poursuite de l'épanouissement humain sans le Christ, un programme dont l'origine, le Père Ratzinger, le retrace à juste titre dans le langage et la réception à Gaudium et spes.
Les erreurs de Evangelii Gaudium
Le Manifeste Bergoglien connu sous le nom de Evangelii Gaudium (EG), où les Catholiques « néo-pélagistes prométhéens » sont ridiculisés pour leur orthodoxie, est elle-même une prescription néo-Pélagienne qui appelle à la perfection du monde par le dialogue et la coopération mutuelle qui vont produire supposément :
- « un nouvel ordre des relations humaines »
- de « nouvelles orientations pour l'humanité »
- « une nouvelle mentalité qui pense en termes de communauté
- la priorité de la vie de tout ce qui concerne l'appropriation des biens par quelques-uns »
- « une nouvelle mentalité politique et économique »
- de « nouvelles formes de synthèse culturelle »
- de « nouveaux processus dans la société »
- de « nouveaux horizons pour la pensée »
- et « une nouvelle situation sociale ... »
L'utopie Bergoglienne, qui est assez dans l'esprit de GS et de la « civilisation de l'amour » promue par Paul VI et Jean-Paul II, doit être réalisée par les adeptes de toutes les religions :
« Une attitude d’ouverture en vérité et dans l’amour doit caractériser le dialogue avec les croyants des religions non chrétiennes, malgré les divers obstacles et les difficultés, en particulier les fondamentalismes des deux parties. Ce dialogue interreligieux est une condition nécessaire pour la paix dans le monde, et par conséquent est un devoir pour les chrétiens, comme pour les autres communautés religieuses ».
« Ce dialogue est, en premier lieu, une conversation sur la vie humaine, ou simplement, comme le proposent les évêques de l’Inde, une « attitude d’ouverture envers eux, partageant leurs joies et leurs peines ». Ainsi, nous apprenons à accepter les autres dans leur manière différente d’être, de penser et de s’exprimer. De cette manière, nous pourrons assumer ensemble le devoir de servir la justice et la paix, qui devra devenir un critère de base de tous les échanges. Un dialogue dans lequel on cherche la paix sociale et la justice est, en lui-même, au-delà de l’aspect purement pragmatique, un engagement éthique qui crée de nouvelles conditions sociales ». (EG 250)
Cet appel à une fraternité pan-religieuse post-Chrétienne est suivi de la décharge Moderniste habituelle selon laquelle ce qui est avancé n'est pas avancé : « Dans ce dialogue, toujours aimable et cordial, on ne doit jamais négliger le lien essentiel entre dialogue et annonce, qui porte l’Église à maintenir et à intensifier les relations avec les non chrétiens. Un syncrétisme conciliateur serait au fond un totalitarisme de ceux qui prétendent pouvoir concilier en faisant abstraction des valeurs qui les transcendent et dont ils ne sont pas les propriétaires ». (EG 251)
Mais, bien sûr, un syncrétisme facile impliquant « tous les croyants » dans le projet utopique est exactement ce qui est proposé car même une image fixe de l'infâme « Vidéo du Pape » sur le « dialogue interreligieux » le rend clair :
Durée : 1 min 31 sec
Sous-titres français
Bien sûr, Evangelii Gaudium réclame un rôle à l'Évangile dans la construction de cette utopie néo-Pélagienne, et même à l'aide de la grâce dans l'entreprise (que Pélage lui-même a autorisé), mais nulle part est-il suggéré que l'homme soit tout simplement incapable de fraternité universelle en dehors du Corps Mystique du Christ, où seule la grâce sanctifiante rend possible la métanoïa [ pénitence---repentance ] sociale qui renouvellerait la face de la terre. Plutôt, EG, basé sur rien de plus que l'avis de la Commission Théologique Internationale, affirme que « les non-Chrétiens, par l'initiative de la grâce de Dieu, lorsqu'ils sont fidèles à leurs propres consciences, peuvent vivre « justifiés par la grâce de Dieu » et être ainsi « associés au Mystère Pascal de Jésus-Christ ».
Le flou d’en appeler au simple suivi de la conscience comme motif de justification par une « association » vague avec le Mystère Pascal, même lorsque la conscience est erronée, est un autre problème auquel GS a ouvert la porte. Comme le remarque le Père Ratzinger dans son commentaire : « En ce qui concerne la force contraignante de la conscience erronée, le texte emploie une formule plutôt évasive. Il dit simplement qu'une telle conscience ne perd pas sa dignité ». (Op. Cit., P. 136) Mais alors que Saint Thomas d’Aquin enseigne que la conscience, étant la voix de la raison, doit être suivie même si elle erre, il enseigne aussi, comme Ratzinger le souligne, que cette raison « doit connaître la loi de Dieu [son accent] ». « Ainsi, comme l'enseigne l'Église, la culpabilité s’attache à celui dont la conscience, déformée par le péché habituel, ensevelit sa propre connaissance des préceptes divins alors que « la Doctrine de la force contraignante d'une conscience erronée dans la forme dans laquelle elle est proposée de nos jours, appartient entièrement à la pensée des temps modernes. » (Ibid.)
Mais c'est juste cette notion moderne de la force contraignante d'une conscience erronée que le Pape Bergoglio propose dans Amoris Laetitia, 303 :
« Évidemment, il faut encourager la maturation d’une conscience éclairée, formée et accompagnée par le discernement responsable et sérieux du Pasteur, et proposer une confiance toujours plus grande dans la grâce. Mais cette conscience peut reconnaître non seulement qu’une situation ne répond pas objectivement aux exigences générales de l’Évangile. De même, elle peut reconnaître sincèrement et honnêtement que c’est, pour le moment, la réponse généreuse qu’on peut donner à Dieu, et découvrir avec une certaine assurance morale que cette réponse est le don de soi que Dieu lui-même demande au milieu de la complexité concrète des limitations, même si elle n’atteint pas encore pleinement l’idéal objectif ». (Pas d'italique dans l'original)
En d'autres termes, quelqu'un qui sait que sa conduite viole le Sixième Commandement peut continuer dans son adultère si sa conscience l'informe pour dire que Dieu ne s'attend pas à plus de lui « pour l'instant » et qu'il est justifié à la vue de Dieu sans modification de son comportement objectivement pécheur. Sur la base de cette nouveauté absolue dans la théologie morale, la conscience erronée du pécheur habituel se transforme en une conscience informée droite avec Dieu. Aucun Pape dans toute l'histoire de l'Église n'a prêté son nom à une telle atrocité.
Dans une adresse importante en 1991, prononcée à un atelier épiscopal à Dallas, le Cardinal Ratzinger a développé sa critique de la notion moderne de la conscience et de ses effets néfastes sur la mission de l'Église :
« Au cours d'une dispute, un collègue supérieur, qui était conscient de la situation difficile d’ être Chrétien à notre époque, a exprimé l'opinion qu'il serait vraiment reconnaissant à Dieu s'il permet d'y avoir tant d’incroyants de bonne conscience. Car si leurs yeux étaient ouverts et qu'ils devenaient croyants, ils ne seraient pas capables, dans ce monde à nous, de supporter le fardeau de la Foi avec toutes ses obligations morales. Mais comme il en est, puisqu'ils peuvent s’orienter autrement en bonne conscience, ils peuvent atteindre le salut ».
« Ce qui m'a choqué à propos de cette affirmation n'était pas en premier lieu l'idée d'une conscience erronée donnée par Dieu lui-même afin de sauver les hommes au moyen d'une telle ingéniosité — l'idée, pour ainsi dire, d'un aveuglement envoyé par Dieu pour le salut de ceux en question. Ce qui m'a dérangé, c'est la notion que ça contenait, à savoir que la Foi est un fardeau qui ne peut être supporté et qui, sans aucun doute, était destinée uniquement à des natures plus fortes — la Foi étant presque comme une sorte de punition, en tout cas, une imposition à laquelle, en tout cas, on ne s’adapte pas facilement ».
« Selon ce point de vue, la Foi ne rendrait pas le salut plus facile mais plus difficile. Être heureux signifie ne pas avoir le fardeau d'avoir à croire ou à se soumettre au joug moral de la Foi de l'Église Catholique. La conscience erronée, qui rend la vie plus facile et définit un parcours plus humain, serait alors une véritable grâce, la voie normale pour le salut. La vérité, en la gardant à distance, serait mieux pour l'homme que la vérité. Ce ne serait pas la vérité qui le libérerait, mais il faudrait qu'il soit libéré de la vérité. L'homme serait plus chez lui dans les ténèbres que dans la lumière. La Foi ne serait pas le beau Don du Bon Dieu, mais plutôt une affliction ».
« Si c'était l'état de choses, comment la Foi pourrait-elle susciter de la joie ? Qui aurait le courage de transmettre la Foi aux autres ? Ne serait-il pas préférable de leur épargner la vérité ou même de la garder hors d’eux ? Au cours des dernières décennies, des idées de ce genre ont paralysé perceptiblement la disposition à évangéliser. Celui qui voit la Foi comme un fardeau lourd ou comme une imposition morale est incapable d'inviter les autres à croire. Il les laisse plutôt à eux-mêmes, dans la liberté putative de leur bonne conscience ».
Une « grâce sanctifiante » présumée être plus ou moins universelle chez les hommes qui sont généralement supposés être de bonne conscience, dissociés de tout acte de Foi en Christ ou même de comportement moral de base, ne serait pas une grâce sanctifiante du tout — un Don Divin superposé à la nature déchue. Ce serait plutôt un attribut intrinsèque de l'homme Pélagien, qui n'est jamais tombé en premier lieu. L'homme Pélagien, capable de se sauver sans Foi, sans Baptême ou sans l'Église Catholique, est précisément l'homme de la vision Bergoglienne, engendré par les nouveautés conciliaires d’« œcuménisme », du « dialogue » et du « dialogue interreligieux » qui ont effectivement paralysé —non, ont fait cesser — « la disposition à évangéliser » de la part des ecclésiastiques post-conciliaires.
Selon ce point de vue, la Foi et le Baptême sont réduits aux formes Pélagiennes d'assistance à une entreprise humaine qui, néanmoins, est capable de réussir sans eux. Loin des pages d'EG ou des sorties verbales sans fin et décousues du Pape Bergoglio, il y a l'enseignement constant de l'Église qui, lui seul, possède les moyens par lesquels il peut y avoir la paix parmi les hommes de bonne volonté. Comme Pie XI l'a déclaré entre les deux guerres mondiales :
« L’Église, ayant été seule constituée par Dieu interprète et gardienne de ces vérités et de ces préceptes, l'Eglise seule aussi jouit à jamais du pouvoir efficace d'extirper de la vie publique, de la famille et de la société civile, la plaie du matérialisme, qui y a déjà opéré tant de ravages ; d'y faire pénétrer les principes chrétiens, bien supérieurs aux systèmes des philosophes, sur la nature spirituelle ou l'immortalité de l'âme ; d'opérer le rapprochement de toutes les classes de citoyens, et d'unir le peuple tout entier par les sentiments d'une profonde bienveillance et par une certaine fraternité (S. Aug., de Moribus Ecclesiæ Catholicæ, I, 30) : de défendre la dignité humaine et de l'élever jusqu'à Dieu ».
« Mais il est une institution divine capable de garantir l'inviolabilité du droit des gens ; une institution qui, embrassant toutes les nations, les dépasse toutes, qui jouit d'une autorité souveraine et du glorieux privilège de la plénitude du magistère, c'est l'Eglise du Christ : seule elle se montre à la hauteur d'une si grande tâche grâce à sa mission divine, à sa nature, à sa constitution même, et au prestige que lui confèrent les siècles ; et les vicissitudes mêmes des guerres, loin de l'amoindrir, lui apportent de merveilleux développements ». (Ubi Arcano Dei, n. 42, 46))
Et, comme le Pape Saint-Pie X a déclaré contre les erreurs des rêves utopiques du mouvement Sillon, dont le rêve est maintenant de façon évidente le programme Bergoglien :
« Ceci, néanmoins, c'est ce qu'ils veulent faire avec la société humaine ; c’est leur rêve de changer ses bases naturelles et traditionnelles, et de promettre une cité future édifiée sur d’autres principes, qu’ils osent déclarer plus féconds, plus bienfaisants que les principes sur lesquels repose la cité chrétienne actuelle ».
« Non, Vénérables Frères, – il faut le rappeler énergiquement dans ces temps d’anarchie sociale et intellectuelle où chacun se pose en docteur et en législateur, – on ne bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l’a bâtie; on n’édifiera pas la société, si l’Église n’en jette les bases et ne dirige les travaux; non, la civilisation n’est plus à inventer, ni la cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est; c’est la civilisation chrétienne, c’est la cité catholique. Il ne s’agit que de l’instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie malsaine, de la révolte et de l’impiété : OMNIA INSTAURARE À CHRISTO ». (Notre Charge Apostolique)
Les erreurs de Luther
Enfin, la souche antinomienne [Contradiction entre deux propositions de significations opposées ]
du Pélagianisme est également évidente dans le programme de Bergoglien : la notion, datant des temps apostoliques et atteignant son sommet destructeur avec Luther, que « les Chrétiens sont exemptés des obligations de la loi morale » en ce sens que « comme les bonnes œuvres ne favorisent pas le salut, de même les mauvaises œuvres ne l'empêchent pas » tant que l'on a la Foi basée sur la confiance en Christ. Les Chrétiens peuvent être sous la Loi et devraient en effet la suivre pour mener une bonne vie et donner le bon exemple, mais ils ne sont pas condamnés par elle, peu importe leurs transgressions, car leur Foi seule les sauve.
Pour Bergoglio, les péchés — indépendamment de ceux qu'il est politiquement acceptable de condamner et qu'il condamne sans cesse — ne respectent jamais le Salut, car Jésus a déjà fait la satisfaction de tous, comme l'a cru Luther — en particulier les péchés de la chair que Bergoglio s’efforce d’accommoder. Comme il l'a déclaré lors d'un de ses sermons improvisés remplis d'erreurs chez Casa Santa Marta : « Quand on se confesse, par exemple, ce n'est pas parce que nous disons notre péché que Dieu nous pardonne. Non pas ça ! Nous recherchons Jésus-Christ et disons : « C'est ton péché, et je vais pécher à nouveau ». Et Jésus aime cela parce que c'était sa mission : devenir le pécheur pour nous, pour nous libérer ».
Nous avons un Pape qui prétend ouvertement que Martin Luther avait raison concernant la justification par la Foi seule. Comme le monde a été ravi d'entendre lors d'une des sessions de son « Magistère aérien » : « Aujourd'hui, les Luthériens, les Catholiques et les Protestants, nous sommes tous d'accord sur la Doctrine de la justification. Sur ce point, qui est très important, Luther ne s'est pas trompé ».
Et ainsi, avec l'homme Pélagien, qui n'est jamais tombé dans le Paradis, nous avons un homme Luthérien, l'héritier de Pélage, qui ne tombera jamais tant qu'il professera la Foi dans le Christ dont il désobéit la Loi. Le péché originel, les péchés personnels et les conséquences fatales des deux sans la grâce sanctifiante se fondent dans la théologie Bergoglienne, comme ils l'ont fait dans la théologie des ecclésiastiques post-conciliaires en général. En parlant du problème comme le montrent les documents du Synode que Bergoglio a manipulé en vue d'Amoris laetitia, Mgr Athanasius Schneider observe le résultat final Pélagien :
« Cette omission est grave parce que, sans l'acceptation de la vérité sur le péché originel et les péchés en général, on ne peut pas comprendre correctement la rédemption de la race humaine par le Sacrifice du Christ sur la Croix. Si l'on élimine le langage du péché, on élimine enfin la véritable rédemption ; et on convertit alors le Christianisme en Humanisme ou en Pélagianisme. Ensuite, il ne reste que l'auto-rédemption ou la religion d'une éthique et d’une pédagogie morale naturaliste ou d'une nouvelle religion d'écologie et de changement climatique ».
Mais c'est la religion même que le Pape Bergoglio a favorisé, quoique mélangée avec des expressions occasionnelles de piété Catholique populaire dans le mélange confus qui a été son style théologique depuis le début de sa carrière épiscopale — un style qui se déplace toujours, cependant, dans la même direction libérale.
En somme, le même Pape qui condamne le « néo-pélagianisme autoréférentiel et prométhéen » des Catholiques orthodoxes — une calomnie ridicule qui hantera le souvenir de ce pontificat bizarre jusqu'à la fin des temps — se révèle être un néo-Pélagien lui-même. Mais, pour être juste avec lui, il faut dire qu'il se trouve à la fin d'un processus de désintégration qui a débuté avec le Concile en 1962 et qui atteint sa phase finale avec ce pontificat, l'incarnation complète de toutes les nouveautés malheureuses du Concile.
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