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Par : Edward Pentin
Le 19 juin 2017
SOURCE : National Catholic Register
LA VILLE DE VATICAN - Après sept mois sans réception d’une réponse du Pape François à leur demande de clarifier les parties très contestées dans son Exhortation apostolique Amoris Laetitia (La joie de l'amour), Quatre Cardinaux ont demandé au Saint-Père une audience en avril mais le Pape n'a pas encore répondu tel qu’il appert.
Dans une lettre du 25 avril adressée au Saint-Père le 6 mai [ cliquez ici pour voir en bas de page ], les Cardinaux Carlo Caffarra, Walter Brandmüller, Raymond Burke et Joachim Meisner ont écrit à François pour demander une audience, n'ayant reçu aucune réponse aux dubia qu'ils ont envoyés le 19 septembre de l'année dernière.
Les dubia des Cardinaux, qu'ils ont publiés le 14 novembre, comporte cinq questions ou « des doutes », qui cherchent des réponses simples « oui » ou « non » à propos d'Amoris Laetitia, ce document sommaire du Pape sur les Synodes de 2014 et 2015 sur la Famille .
Une procédure établie de longue date visant à clarifier la Doctrine, les Cardinaux l'ont utilisée pour déterminer si les passages controversés du document papal sont compatibles avec les enseignements papaux passés.
Le dubium le plus litigieux est de savoir si certains divorcés remariés sans nullité et qui vivent dans un état adultère objectif sont autorisés à recevoir la Sainte Communion.
Certaines Conférences Épiscopales telles que la Belgique, la Malte et l'Allemagne ont lu l'Exhortation comme donnant — sous certaines conditions, mais en mettant l'accent sur la primauté de la conscience — l'accès aux Sacrements dans ces cas.
D'autres, tels que les Évêques de la Pologne, les différents Évêques et le Cardinal Gerhard Müller, le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, ont insisté pour qu'Amoris Laetitia soit lu dans la continuité avec l'enseignement et la Tradition de l'Église qui interdit une telle pratique à moins que le couple ne vive comme « frère et sœur ».
Les interprétations disparates ont conduit à des avertissements d’« anarchie doctrinale » sur cette partie clé de l'enseignement de l'Église, ce que plusieurs ont prédit qui se produirait au cours des synodes quand il est devenu évident que des hiérarques de l’Église appuyaient un tel changement dans la pratique pastorale sur cette question.
Le Pape n'a qu’indirectement fait référence aux dubia, disant dans une interview l'année dernière que « certains, comme avec certaines réponses à Amoris Laetitia, persistent à ne voir qu’en blanc ou en noir alors que l'on doit discerner dans le flux de la vie ». Il a ajouté que ces « critiques — si elles ne proviennent pas d'un esprit maléfique — aident sûrement. Certains types de rigorisme découlent du désir de cacher son insatisfaction sous une armure ».
Mais il les a ignorés depuis ce temps et jusqu'à présent n'a pas réussi à reconnaître la demande des Cardinaux pour une audience malgré qu'ils disaient dans leur lettre du 25 avril qu'ils se sentaient poussés par leur conscience à « demander humblement et respectueusement » pour une rencontre en raison de la « situation grave » à laquelle fait face l'Église.
L'année dernière, le Cardinal Burke a déploré la « division formidable » que le manque de clarté a causée et a déclaré que les Cardinaux apporteraient une correction formelle si le Pape continuait à ne pas répondre.
Loyauté envers le Pape
Le Cardinal Caffarra, qui a signé la lettre au nom des Quatre, a commencé la missive en soulignant leur « dévouement absolu et notre amour inconditionnel pour la Chaire de Pierre et pour votre auguste personne, en qui nous reconnaissons le Successeur de Pierre et le Vicaire de Jésus : le « doux Christ sur terre » comme l'entendait Sainte Catherine de Sienne.
Il a en outre souligné qu'ils « ne partageaient pas le moindrement » la position de certains critiques qui croient que le Siège de Pierre pourrait être vacant, ni que quelqu'un d'autre pourrait être Pape. Au lieu de cela, il a dit qu'ils étaient émus devant leur « grave responsabilité » en tant que Cardinaux d'être « conseillers du Successeur de Pierre » et de leur rôle d'Évêques pour « paître l'Église qu'Il a acquise de Son Sang ».
Après avoir expliqué pourquoi ils souhaitaient si assidument une rencontre, le Cardinal Caffarra a noté qu'après un an après sa publication, on a donné des « interprétations de certains passages objectivement ambigus » d'Amoris Laetitia qui « ne sont pas divergents, mais contraires au Magistère permanent De l'Église ».
Notant que le Cardinal Müller a déclaré à maintes reprises que la Doctrine de l'Église n'a pas changé, le Cardinal Caffarra a déclaré que « de nombreuses déclarations ont été publiées par des Évêques, des Cardinaux et même des Conférences Épiscopales approuvant ce que le Magistère de l'Église n'a jamais approuvé ».
Il a ajouté que cela concernait non seulement l'accès à la Sainte Communion pour « ceux qui vivent objectivement et publiquement dans une situation de péché grave et qui ont l'intention d’y rester, mais aussi une conception de conscience morale contraire à la Tradition de l'Église ».
« Et ça se passe présentement, c'est douloureux de voir ça ! — que ce qui est péché en Pologne est bon en Allemagne, que ce qui est interdit dans l'Archidiocèse de Philadelphie est autorisé à Malte. Et ainsi de suite » a déclaré le Cardinal Caffarra. Citant le théologien français du 17ème siècle Blaise Pascal, il a ajouté : « La justice de ce côté-ci des Pyrénées, l'injustice de l'autre ; la justice sur la rive gauche de la rivière, l’injustice sur la rive droite ».
Il a également attiré l'attention sur les laïcs qui « sont profondément amoureux de l'Église et résolument fidèles au Saint-Siège » et qui se sont tournés vers le Pape pour être confirmés dans la Doctrine concernant les Sacrements du Mariage, de la Confession et de l'Eucharistie. Il a rappelé un séminaire au Vatican « très bien couru » par les spécialistes laïcs concernés qui ont discuté du thème d’« apporter de la clarté » au document le 22 avril dernier ».
« Face à cette grave situation dans laquelle de nombreuses Communautés Chrétiennes sont divisées, nous ressentons le poids de notre responsabilité et notre conscience nous pousse à demander humblement et respectueusement une audience » a déclaré le Cardinal Caffarra ».
« Que votre Sainteté se souvienne de nous dans vos prières alors que nous nous engageons à nous rappeler de vous dans la nôtre. Et nous vous demandons le don de Votre Bénédiction Apostolique ».
Raisons de rendre public
La décision des Cardinaux de rendre publique la lettre démontre une frustration croissante de leur part de ne recevoir aucune réponse à leur demande alors qu’ils ont une préoccupation primordiale que les âmes sont en jeu, que l'Église est profondément divisée, et que beaucoup de leaders de l’Église et leurs troupeaux sont très confus, préoccupés et désireux de clarté.
De même, il est évident dans leur demande que leur accent est mis sur le dialogue afin de maintenir les canaux de dialogue avec François ouverts pour lui donner la chance de répondre et leur respect incontestable pour le Bureau Pétrinien dont ils ont l'intention résolue de préserver.
Très Saint Père, |
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