Par: Phil Lawler
Phil Lawler a été journaliste Catholique depuis plus de 30 ans. Il a édité plusieurs revues Catholiques et écrit huit livres. Fondateur de World Catholic News, il est le directeur des nouvelles et analyste en chef à CatholicCulture.org.
SOURCE : Catholic Culture
Le 20 juin 2017
Vous n’avez pas à être Sherlock Holmes pour suivre la séquence des événements menant à la démission du vérificateur général du Vatican Libero Milone.
En mai, Milone et le Cardinal George Pell ont co-signé une lettre aux responsables du Vatican en leur disant qu'ils ne devaient pas se conformer à une directive de l'Administration du Patrimoine du Siège Apostolique (APSA). Cette lettre était un signe indéniable d'une bataille de chasses gardées entre l’APSA et le Secrétariat pour l'Économie, le bureau avec lequel Milone était associé. Quand il y a une lutte bureaucratique suivie d'une démission abrupte, il est facile de dire qui a gagné la bataille.
Curieusement, l'objet de la bataille était l'audit [ i.e. le processus de vérification de l’ensemble des organismes du Vatican ]. Vous pourriez penser que lorsque Milone a été nommé vérificateur général et qu’on lui ait promis une pleine autonomie, il aurait développé un contrôle incontesté sur les procédures d'audit du Vatican. Pas tellement. Cette année, l’APSA a chargé les responsables du Vatican de fournir des informations financières à Price Waterhouse Coopers ; l’APSA a expliqué que le cabinet effectuait une vérification externe de toutes les affaires financières du Vatican. C'était l'initiative à laquelle le Cardinal Pell et Milone ne faisaient pas partie.
La directive de l’APSA était étrange pour deux raisons. D'abord parce que le vérificateur est, après tout, le vérificateur ; une telle demande d'information financière aurait du provenir de Milone. Deuxièmement, parce que, juste un an plus tôt, les bureaucrates du Vatican avaient réussi à faire détaler une vérification externe approfondie qui devait être menée par la même entreprise, Price Waterhouse Coopers, sous les auspices du Secrétariat à l'Économie.
Pourquoi les bureaucrates bien établis ont-ils été à l'aise avec une vérification faite par Price Waterhouse Coopers pour le compte de l’APSA, mais pas une vérification faite par la même firme pour le compte du Secrétariat à l'Économie ? Peut-être parce que l’APSA a traité les affaires financières du Vatican pendant des années et que les plus anciens employés cadres sont à l'aise avec l'approche d'APSA. Trop confortables, en fait. Souvenez-vous lorsque Cardinal Pell a découvert « des centaines de millions d'euros » dans des transactions hors budget ?
Le bilan de transparence financière de l'APSA n'est pas impressionnant. Rappelez-vous Mgr Nuncio Scarano, l'infâme « Monseigneur € 500 » ? Avant son arrestation pour des accusations de blanchiment d'argent, il avait été l’administrateur de la comptabilité de l’APSA. Vous souvenez-vous des exposés de « Vatileaks » concernant les traitements de faveur dans les propriétés immobilières du Vatican ? Vous le devinez : l’APSA est le bureau qui administre l'immobilier du Vatican.
Ces faux pas ne démontrent pas que l'APSA est corrompue. Cependant, ils suggèrent fortement que si vous voulez une bonne responsabilité et une transparence dans les affaires financières du Vatican, si vous voulez démanteler le réseau des vieux routiers qui rendent la corruption possible, vous ne voulez pas que l’APSA soit en charge. Vous voulez un auditeur dur et indépendant.
Malheureusement, l'homme que vous désirez vient de prendre la porte.
Plus d'un an s'est écoulé depuis que j'ai écrit que l'impulsion pour la réforme du Vatican s'est bloquée. En septembre dernier, le Wall Street Journal a convenu que l'influence décroissante du Cardinal Pell était « un revers pour la révision financière » et « un signe que les intérêts établis du Vatican ont gagné le soutien du Pape ». Alors maintenant, quatre ans après l'administration d'un pontife qui a été élu avec un mandat pour la réforme du Vatican, l'espoir d'une véritable réforme semble plus éloigné que jamais.
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