dimanche 20 septembre 2015

Le congédiement de Marcel

Marcel était un animateur en établissement d’hébergement pour les personnes âgées. Il faisait partie d’une petite équipe de 4 animateurs qui visitaient en rotation les quelques 32 établissements de leur région afin de donner un peu « d’âme » justement à ces clientèles.

Certains de ses collègues animaient leurs rencontres par des tours de magie, d’autres faisaient le clown et racontaient des blagues. Marcel, lui, on aurait pu le qualifier de philosophe/conteur : il faisait réfléchir les personnes âgées en leur contant des histoires.

Marcel avait déjà dit à un directeur d’un tel centre qui le blâmait de ne pas assez distraire la clientèle : « Vous savez, monsieur le directeur, ces personnes âgées sont rendues à la gare pour leur dernier départ. Et elles ne savent pas à quelle heure leur train va passer mais on sait, vous et moi, que c’est pour bientôt. Et personne ne leur parle de leur prochaine destination et de comment s’y préparer… »

Le directeur n’avait pas trop été convaincu des propos de Marcel. Il désirait du « divertissement » pour sa clientèle.

Était-ce ce directeur qui avait porté plainte ? Marcel ne le savait pas. On lui avait tout simplement dit que c’était à cause des restrictions budgétaires, qu’il devait partir. Pourtant il n’était pas le plus jeune de l’équipe d’animation.

Mais Marcel avait l’âme en paix et ne se souciait pas de son avenir : « Le Ciel y pourvoira comme il a toujours fait pour moi… » se disait-il.

Marcel se souvient de la dernière histoire justement qu’il a contée dans cet établissement. C’était tout récent et peut-être que ce fut à l’origine de son remerciement. Voici cette histoire qu’il a contée :

Le téléphone


Il disait au groupe de personnes âgées qui étaient là à l’écouter : « Vous aimez ça quand vos enfants vous appellent, n’est-ce pas ? Vous pouvez avoir des nouvelles d’eux, de vos petits enfants… »

« Pour certains d’entre vous, ces appels sont rares et vous en souffrez beaucoup. Vous tentez même de les rejoindre mais c’est toujours une boîte vocale qui vous répond et il y a peu de retour d’appel si vous laissez un message ».

« Et il ne faudrait pas penser que le Ciel ne souffre pas autant que vous quand vous ne l’appelez pas. C’est pareil. Comment le Ciel peut-il vous consoler de vos souffrances si vous ne l’appelez pas ?»

«Et le pire dans tout ça, c’est que vos interlocuteurs célestes habitent déjà là où vous irez un de ces jours. Ils pourraient tellement vous conseiller sur ce que vous avez à emporter pour pleinement profiter de votre place là-bas… »

Et Marcel de continuer ainsi :

« Pour entrer en communication avec le Ciel, ça ressemble beaucoup au téléphone : d’abord, on voit à ce qu’il n’y ait pas de bruit autour de nous pour bénéficier pleinement de la communication ».

« Ensuite, il faut signaler le bon numéro afin de ne pas tomber sur des importuns. Comme signale-t-on ? En faisant son Signe de la Croix. Les importuns en sont troublés et nous laissent entrer en communication ».

« Dites ensuite à qui vous voulez parler : à Marie, à Jésus, au Père, au Saint-Esprit ou à un Saint en particulier. Je vous conseille Marie, c’est la plus maternelle de tous. Et Elle a promis que sa Présence avec nous serait plus forte que jamais à cause des temps difficiles que nous vivons ».

« C’est ensuite à votre convenance : vous pouvez déballer complètement votre pensée, votre cœur, vos souffrances dans vos propres mots ou bien dire une prière toute faite. Il paraît qu’un chapelet bien récité à une portée nucléaire en bien… oui…oui… « nucléaire ». Mais il faut peut-être commencer par trois Je vous salue Marie quand on n’a pas l’habitude ».

— Alors une bonne vieille interrompit Marcel en lui disant : « Oui, mais ils ne répondent jamais, ils ne parlent jamais à l’autre bout de la ligne ! »

Marcel : « Pensez-vous que le Ciel possède les mêmes moyens de communication rudimentaires que nous avons sur terre ? » répondit-il. « Ils sont à des milliers d’années d’avance sur nos moyens actuels. Par rapport au Ciel, on ressemble en quelque sorte à des personnes du Moyen-Âge qui se verraient présenter un radio, un téléviseur, un téléphone et aussi Internet… Ces personnes du Moyen-Âge seraient convaincues que tous ces appareils ne servent à rien.

— « Mais, parfois, on peut constater les effets de la communication céleste sur nous sans qu’on nous parle car tout se passe dans le silence. Quels sont ces effets ? Si des larmes coulent ou si des baîllements vous prennent, c’est que le Ciel est en train d’enlever la suie sur les parois de votre âme. Il faut bien qu’il dispose de cette suie et c’est leur façon de faire. On appelle cela avoir des « libérations ».

— « Mais vous pouvez demander de l’aide aussi du Ciel pour les vôtres qui vivent des problèmes. Ne vous attendez pas à des résultats instantanés ni aux résultats que vous avez imaginés. En effet le Ciel ne brusque pas personne pas plus que vous aimeriez vous-mêmes être brusqués. Le Ciel connaît beaucoup plus le rythme de changement que chaque personne est capable de prendre. Soyez donc patients et attendez-vous à des résultats qui vous surprendront.

— « Tout cela semble bien beau mais ça demande un petit investissement de votre part : il vous faudra renoncer à quelques minutes de divertissement pour pouvoir faire vos « téléphones célestes quotidiens » en toute quiétude dans votre chambre. Diminuez surtout votre temps de télévision car vous vous en rendez bien compte par vous-mêmes : avec les nouvelles si tristes du monde actuel qui y paraissent, on en ressort avec un cœur troublé. Rien de bon pour se préparer à téléphoner au Ciel.



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