Écrit par Hilary White
ex-correspondante à Rome
Le 25 août 2017
SOURCE : The Remnant
Note du traducteur : À l'occasion d'une première visite chez elle de son curé dans la nouvelle paroisse où elle réside depuis le tremblement de terre de Norcia en Italie, Hilary White a eu plusieurs idées qui ont meublé sa conversation avec celui-ci. Mais les idées lui viennent plus claires depuis qu'il est parti ! Elle profite donc de l'Internet pour communiquer ces idées. |
« La Confession des œuvres mauvaises est le premier commencement des bonnes œuvres ». Saint Augustin
Combien ont vu le troisième film du Parrain ? Beaucoup de Catholiques ont vraiment trouvé une grande partie des trucs du Vatican dans ce film plutôt ridicule et navet et je pense que les critiques de la représentation du Catholicisme sont assez justes. Mais il y avait une scène vers la fin qui m’a semblé intéressante : c'est là que Michael Corleone, peut-être motivé par sa mauvaise santé et une prise de conscience croissante de sa mortalité, raconte à sa soeur, Connie : « Je me suis confessé aujourd'hui ». Connie est plutôt choquée de cela et lui dit : « Ça ne te ressemble pas, Michael. »
Nous aurions peut-être manqué l'importance de la réponse de Connie ; en tant que femme Catholique, elle a compris que Michael, ayant fait sa Confession, signifiait qu'il avait décidé d'abandonner tout péché, ce qui devait inclure sa participation aux opérations criminelles de la famille Corleone. Il disait en effet « Je suis retourné sur le chemin de la vertu ; à partir de ce jour, je ne peux pas être un gangster et si cela signifie que je ne peux plus être le chef de la Famille Corleone alors qu’il en soit ainsi. Dans les scènes suivantes, Michael renvoie les règnes à son neveu Vincenzo. Le film a montré que, pour ses péchés, la rédemption de Michael ne viendrait pas à si peu cher.
La réponse de Connie à la Confession de Michael, sa surprise et sa consternation, est née de sa compréhension de ce que signifiait la Confession, le pouvoir du Sacrement sur les décisions futures d'une personne.
La Confession et l'absolution signifient un renversement définitif du péché, une vie entièrement nouvelle prise consciemment et délibérément, abandonnant le mal.
Contra les hérésies actuellement à la mode au Vatican, c'est la Confession, pas la Sainte Eucharistie, qui est le « généreux remède » pour l'âme malade.
Saint Thomas d'Aquin :
« Dans la vie du corps, un homme est parfois malade, et à moins qu'il ne prenne des médicaments, il mourra. Et de même dans la vie spirituelle, un homme est malade à cause du péché. Pour cette raison, il a besoin de médicaments pour qu'il puisse être rendu à la santé ; et cette grâce est accordée dans le Sacrement de la Pénitence ».
La nécessité de la Confession est la vraie raison qu'un monde sans prêtres signifierait une condamnation de mort éternelle pour nous tous.
Comme dans d'autres pays, en particulier à l'écart des centres-villes, les paroisses Italiennes ont largement abandonné d’offrir des horaires de Confession programmés. Après 50 ans de naturalisme, de la perte du sens du péché, de la perte de la notion de la nécessité de la grâce sacramentelle, de la perte même du concept de salut surnaturel des âmes, il est devenu difficile même à Rome de faire ce qui était parfaitement normal et attendu tout au long de l'histoire de la Chrétienté : entrer dans une église et se confesser.
« Trois conditions sont nécessaires pour la pénitence : la contrition, qui est la peine pour le péché, avec un ferme propos de changer et de ne pas recommencer ; la confession de péchés sans omission ; et la réparation au moyen de bonnes œuvres ». Saint Thomas d'Aquin
J'oserai suggérer que, avant que ces conditions ne puissent être réalisées, une condition préalable est requise : la conscience du péché et du besoin du salut pour s’en éloigner. Mais en Italie au moins, il est très rare de trouver un prêtre ou une paroisse où la pratique de la Confession est prise au sérieux, dans n'importe quelle langue. Malgré 30 ans de Papes « conservateurs » et un renouveau de la Confession dans certains endroits, ici, comme ailleurs, la boîte de la Confession a cédé la place à la pratique du face-à-face, des sessions de quasi-thérapie. La présentation par le pénitent de son « pense-bête de ses péchés » est dénigrée par un clergé à l'heure actuelle et les pénitences ont tendance à être du style : « Repose-toi dans l'église pendant cinq minutes et aie de bonnes pensées à propos de Dieu ». J'ai dit à plusieurs reprises que l'Italie est l'endroit où les bien portants des années 70 ans sont venus se retirer et c'est vrai pour la vie sacramentelle tout autant que l'esthétique.
Ce qui est pire, cela signifie que l'ancienne formation à la théologie morale pour les séminaristes est rare et la connaissance de la façon de mener la « guérison des âmes » est presque perdue. Ici, comme ailleurs dans l'Église post-conciliaire, si vous voulez poursuivre sérieusement la vie de grâce, vous le ferez surtout sans l'aide d'un prêtre. Comme pour presque tout le reste depuis la Révolution, c’est encore dans les livres, c’est toujours fait officiellement et personne n'ose dire autrement, mais sur le terrain, les Confessions ne sont pas entendues, l'absolution n'est pas donnée. Mise à part la déformation de la Messe, c'est probablement l'une des modifications les plus importantes et préjudiciables à l'Église post-conciliaire. La Confession et la Sainte Messe ont été, pendant 1965 ans, les deux grands conduits de la grâce dans le monde, et la cessation immédiate du premier a signifié que les péchés ont été retenus et que le monde a été déformé en conséquence.
Lors de mon entretien l'autre jour avec le beau curé local, j'ai parlé de ma frustration concernant l'absence de Confession dans le cadre d'une vie sacramentelle normale. Dans cette paroisse ( de fait, plusieurs paroisses regroupées ensemble ), il n’y a aucun endroit avec des horaires de Confession régulièrement programmés. Vous devez le demander et, sans surprise, c'est rare. Le résultat, bien sûr, est que la pratique de la Confession a presque disparu. On m'a dit : « Juste vous présenter quelques minutes avant la Messe. » Mon jeune ami a insisté sur le fait qu'il n'avait jamais refusé toute demande de Confession.
Il était clair que cette situation est considérée comme normale et acceptable. Il m'a dit que, lorsqu'il est arrivé dans cette paroisse, il a passé deux ans dans la boîte du confessional : « Et personne n'est venu. » En réponse à mon affirmation selon laquelle la pratique de Confession était en train de disparaître, il m'a assuré que « tout juste cette semaine » quelqu'un lui avait demandé d’entendre sa Confession.
Il a insisté sur le fait qu'il ne refuserait jamais toute demande de Confession ; et, bien sûr, je l'ai cru. Mais c'est le minimalisme sacramentel — maintenant normal à travers le monde Catholique — que j'ai appelé la « lente famine » des fidèles. Ils peuvent être tellement anesthésiés par la richesse, le divertissement, l'Internet ou des distractions de toutes sortes qu'ils ne savent pas qu'ils ont faim à mort, mais il s'agit d'un apport calorique sacramentel à peine suffisant pour ne pas tomber mort. L'indifférence et l'insouciance du clergé et des laïcs dans l'Église Novusordoiste envers la nécessité urgente de la grâce sacramentelle est une caractéristique majeure du Nouveau Catholicisme.
Je peux comprendre qu'un prêtre Novusordoiste normal, assigné à une paroisse rurale dans une Italie démographiquement mourante, n'a jamais connu une vie sacramentelle paroissiale vraiment saine et florissante — la plupart d'entre eux ne savent tout simplement pas ce qui nous manque. De telles choses n’existent généralement que dans les petites poches Traditionalistes rares, où les enfants viennent en lot de six ou sept — ou dix ou onze — les mariages et les baptêmes forment un défilé d'été et il y a une ligne pour le confessionnal chaque semaine.
Dans l'Église Catholique « dominante », la dévotion à la Confession ne semble exister que dans des endroits où elle a été délibérément ravivée par des efforts conscients et prolongés. Et pour donner de l’effet à cet effort, la première chose à faire est la prise de conscience d'un besoin. Un lieu où le statu quo post-conciliaire est maintenu en toute tranquillité ne verra jamais un tel renouveau. Ce genre de Catholicisme « culturel » d'indifférence tiède est devenu tellement la norme que sans expérience de rien de mieux, il est presque impossible de reconnaître le problème — la grenouille a presque bouilli.
Je pense que c'est pour cette raison que mon jeune ami curé ne semblait pas très préoccupé par le fait que la pratique de la Confession avait tout simplement disparu. Je m'attends à ce que l'expérience nécessairement limitée — et l'approbation joyeuse de ses supérieurs — ne produise aucun autre résultat.
Malgré l'apathie décontractée — le haussement rieur des épaules — avec lequel la sécularisation du pays a été reçue par de nombreux clercs Italiens, cette condition constitue un état d'urgence. À chaque Messe que j'ai assistée ici, toute l’assemblée reçoit la Communion ( presque tous dans la main ). Je suis convaincue que la pratique du péché n'a pas disparu. Si ce curé reçoit, par exemple, un appel téléphonique par mois pour une Confession, est-ce que nous risquons de penser à savoir combien de ces réceptions de la Sainte Communion sont sacrilèges ? Peut-être pourrions-nous aussi considérer combien si peu d’enfants sont nés et ajouter une estimation de la quantité de contraception qui peut entrer dans l'équation. Il est difficile d'aller à la Messe ici, voir peut-être au plus dix enfants le dimanche et oublier le taux de fécondité Italien en spirale mortelle.
Mais laissez-moi vous raconter une autre histoire. En 1997, je suis allée vivre à Halifax, en Nouvelle-Écosse, dans la côte extrême-est du Canada. Dans cette ville, l'ancien Évêque avait permis à ses prêtres de cesser d'offrir une Confession normale, dans la boîte, des Confessions anonymes aux horaires prévus. « Sur rendez-vous » est devenu le standard universellement respecté, et bien sûr, la nature humaine et l'Église moderne étant ce qu'elles sont, aucun rendez-vous n'a été pris. Tout le monde était heureux parce que les laïcs ne voulaient jamais vraiment entendre ou penser à leurs péchés et les prêtres de la génération des Boomers n'avaient jamais beaucoup aimé s'asseoir dans la boîte de toute façon. Dans certains endroits, c'était encore pire et l'« absolution générale » était devenue la norme, avec une petite agitation de la main à la fin de la Messe qui était jugée suffisante.
Peu de temps après mon arrivée, nous avons eu un nouvel Évêque qui avait reçu le mandat de Rome de faire revivre la pratique de la Confession individuelle à Halifax. Réalisant qu'il était inutile d'avoir ses prêtres assis dans la boîte si personne ne devait venir, il a ordonné que, pendant plusieurs mois, ils doivaient prêcher sur le péché, la repentance et la Confession comme une partie normale de la vie sacramentelle Catholique à toutes les Messes du dimanche.
Ensuite, il a organisé une mission à prêcher par des prêtres visiteurs sur le sujet dans la Cathédrale, la Basilique Sainte-Marie et un nombre surprenant de personnes se sont présentées. À la suite de ces Messes et de la puissante prédication, il y avait environ une douzaine de prêtres installés dans des stations autour de l'église dont une que l’Évêque lui-même utilisait. Cela a duré tout un week-end et je pense que des centaines sont revenus à la pratique de Confession. Depuis lors, l'autorisation de la Confession sur rendez-vous a été annulée et toutes les paroisses ont été tenues d'offrir des horaires prévus à cet effet. Dans ma paroisse, au moins, ces heures prévues ont toujours attiré suffisamment de pénitents pour former de longues lignes.
Évidemment, nous savons que raviver la Confession n'est pas la seule chose à faire ; mais on pourrait dire que c'est la première chose à faire. Mais d'abord, il faut que les clercs eux-mêmes prennent cela au sérieux. Les Confessions sur rendez-vous, les Confessions quasi-psychothérapeutiques en face à face, « l'absolution générale » sont des signes que la Confession n'est pas prise au sérieux. Compte tenu de ce que veut dire la Confession, ce sont des signes que la Foi — la réalité de la grâce sacramentelle — n'est pas prise au sérieux.
C'est une règle de vie dans l'Église Catholique que le clergé mène. Une communauté de Catholiques, une paroisse ou un diocèse, prendra la foi aussi sérieusement que le clergé le fait. Une personne qui n'a aucune conscience de la gravité du péché n'aura aucun motif d’aller à la Confession et il n'aura jamais cette conscience de toute autre source que ses prêtres. (Ayez confiance en moi, il ne l'apprendra jamais à partir de la télévision Italienne.)
« La Confession guérit, la Confession justifie, la Confession accorde le pardon du péché, tout espoir réside dans la Confession ; dans la Confession, il y a une chance pour la miséricorde. » Saint-Isidore de Séville
Un prêtre qui veut vraiment démontrer la miséricorde de Dieu doit offrir cette miséricorde dans la Confession sacramentelle. Cela implique logiquement qu'il doit rendre aussi facile que possible d'obtenir ce sacrement. Je soutiens que forcer un pénitent à prendre rendez-vous est l'opposé de le rendre facile pour lui.
Notre ami, le chroniqueur régulier et ami Catholique, Pat Archbold, a écrit il y a quelques années de son « désir » d'une Église dans laquelle la Confession sera considérée comme une nécessité urgente :
« Je voulais aller à la confesse avant Noël, mais d'une façon ou d'une autre la semaine dernière, je n’ai pas pu. Je voulais y aller aujourd'hui, mais j'ai travaillé et il me fallait appeler pour un rendez-vous. Je ne suis pas allé. Je souhaitais qu'aujourd'hui, il y ait eu une place dans mon diocèse où je savais que je pourrais y aller. N’importe quelle Église, même si je devais m’écarter de mon chemin, que je savais que si j'y allais, un prêtre m'attendrait. Pas de rendez-vous. Juste là, en attente ...
« J'aime penser qu'un prêtre est toujours assis dans ce confessionnal, à attendre. Je ne pense pas pouvoir le prendre si je me rendais au centre-ville seulement pour trouver les portes verrouillées.
« Ce Noël, je voulais ce dont j'ai vraiment besoin, mais malheureusement, l'établissement était fermé avec un écriteau qui disait : « Sur rendez-vous seulement ».
Une paroisse qui a des Confessions disponibles sur rendez-vous seulement — « Appelez-moi, tout simplement », — est une paroisse qui ne rend tout simplement pas la Confession disponible. En fait, le Code de Droit Canonique reconnaît cet aspect de la nature humaine — à savoir qu'une Confession difficile à faire est une Confession qui ne sera pas faite — quand elle commande des horaires réguliers.
Droit canon # 986 §1 Tous ceux auxquels est confiée, en vertu de leur fonction, une charge d'âmes sont tenus par l'obligation de pourvoir à ce que les confessions des fidèles qui leur sont confiés soient entendues, lorsqu'ils le demandent raisonnablement, et de leur offrir la possibilité de se confesser individuellement à des jours et heures fixés qui leur soient commodes ».
En fait, en 2002, le Pape Jean-Paul II a publié un motu proprio abordant la nouvelle tendance étrange des paroisses refusant d'offrir des temps de Confession régulièrement programmés. Il semble surtout s'attaquer à la croissance de la pratique bizarre de « l'absolution générale » en remplacement des Confessions individuelles (qui heureusement ont surtout disparu). Mais le document « Misericordia Dei » indique clairement que :
[...] parce que « la confession individuelle et intégrale avec l'absolution constitue l'unique mode ordinaire par lequel un fidèle conscient d'un péché grave est réconcilié avec Dieu et avec l'Église... on recommande la présence visible des confesseurs dans les lieux de culte durant les heures prévues, l'adaptation des horaires à la situation réelle des pénitents ».
Et cela signifie dans l'église, pas dans la cuisine de la personne ou la sacristie ou ailleurs, parce que « l'endroit approprié pour entendre les Confessions sacramentelles est une église ou un oratoire ». L'utilisation de la boîte « avec une grille fixe » est également obligatoire selon le droit canonique ; l'Eglise comprenant le besoin d'un pénitent pour l'anonymat, un anonymat rendu sans signification lorsque vous l'obligez à appeler pour prendre rendez-vous.
J'ai lu que les prêtres modernes n'aimaient pas « perdre du temps » dans la boîte aux Confessions ; je ne doute pas que l'audition des aveux peut être émotionnellement pénible et je suis contente que je n'aurai jamais à le faire. Mais c'est l'une des choses à laquelle vous êtes censés vous être inscrits pour faire et personne n'est jamais forcé de devenir prêtre.
Si j'avais un message à donner aux prêtres Novusordoistes, ce serait : « Arrêtez de dire à votre troupeau que « Dieu vous aime tels comme vous êtes ». Commencez à parler de ce qu'est le péché et à la façon dont vous n'arrivez pas au Ciel avec un péché grave sur votre âme. Dites-leur, en particulier, ce que signifie « péché grave », et donnez des exemples, y compris même les embarrassants. Commencez à parler de la nécessité absolue de la Confession sacramentelle et commencez à l'offrir au moins chaque semaine, anonymement dans la boîte aux Confessions ».
Je pourrais ajouter : « Si vous gardez le troupeau dans l'ignorance parfaite et invincible, il pourrait être possible qu'ils éviteront le terrible jugement, mais ça ne sera certainement pas possible pour vous de le faire.
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