Par: Phil Lawler
Phil Lawler a été journaliste Catholique depuis plus de 30 ans. Il a édité plusieurs revues Catholiques et écrit huit livres. Fondateur de World Catholic News, il est le directeur des nouvelles et analyste en chef à CatholicCulture.org.
SOURCE : Catholic Culture
Le 13 juillet 2017
NOTE : Pour consulter l'article original et en français qui est critiqué ici, cliquez ici.
Une dure dénonciation du conservatisme Américain, publié dans le journal Jésuite semi-officiel Civiltà Cattolica, le Vatican a plongé de front dans un débat partisan dans une société qu'il ne comprend pas clairement, aliénant potentiellement (ou je devrais dire, aliénant davantage) les Américains les plus enclins à favoriser l'influence de l'Église.
Pourquoi ? Pourquoi cette attaque amère contre les alliés naturels des enseignements Catholiques traditionnels ? Est-ce parce que les personnages les plus influents au Vatican aujourd'hui veulent vraiment s'éloigner de ces enseignements traditionnels et former une nouvelle alliance avec la modernité ?
Les auteurs de l'essai affirment embrasser l'œcuménisme, mais ils n'ont que du dédain de la coalition formée par les Catholiques et les Protestants Évangéliques aux États-Unis. Ils fustigent les conservateurs Américains parce qu’ils voient les événements mondiaux comme une lutte du bien contre le mal, et pourtant ils véhiculent clairement eux-mêmes l'impression qu'ils voient le conservatisme Américain comme une influence néfaste qui doit être vaincue.
Alors qu'ils sont vites à prononcer des jugements sur les politiciens Américains, les deux auteurs trahissent une ignorance épouvantable de la scène Américaine. Les auteurs mêlent les Présidents Nixon (un Quaker), Reagan, Bush et Trump dans la même classification religieuse, ce qui leur fait suggérer qu'ils étaient tous motivés par des principes « fondamentalistes ». Un Américain ordinaire, en lisant cet article, serait surpris de voir la préoccupation des auteurs à l'égard du Révérend Rousas Rushdoony et du site Web de Church Militant : ce sont à peine des personnalités majeures dans la formation de l'opinion publique Américaine. L'essai est écrit sous l'angle de personnes qui tirent leurs informations sur l'Amérique par des revues de gauche plutôt que par l'expérience pratique.
La thèse centrale de l'essai de Civiltà Cattolica est que les conservateurs Américains ont développé une idéologie, basée sur des croyances Protestantes fondamentalistes qui considère les États-Unis comme moralement justes avec d'autres personnes qui sont des ennemies et qui justifient ainsi le conflit et l'exploitation. Encore et encore, les auteurs décrivent cette attitude comme « Manichéenne ».
NOTE : Le manichéisme est, dans son acception contemporaine, au sens figuré et littéraire, une attitude consistant à simplifier les rapports du monde, ramenés à une simple opposition du bien et du mal. |
Ils insistent sur la nécessité de « lutter contre cela ». Ils insistent sur la tolérance, mais ils n'ont aucune tolérance pour cette attitude. Nulle part dans l'essai, on ne trouve une suggestion de l'attitude, rendue populaire par le Pape François, selon laquelle l'Église devrait « accompagner » les pécheurs. Non ; les péchés du conservatisme Américain sont impardonnables.
« L'ethnicisme triomphaliste, arrogant et vindicatif est en fait le contraire du Christianisme » nous ont dit les auteurs. C'est donc une hérésie, alors — les références « manichéennes » ont été utiles — cette hérésie doit-elle être condamnée ? Le Vatican aujourd'hui loue Martin Luther pour son désir de réformer la foi, mais dénonce les Protestants Évangéliques pourquoi, exactement ? L'essai de Civiltà Cattolica parle — en termes typiquement incendiaires — d'un « œcuménisme de la haine ». Mais ce n'est pas évident, franchement, qui déteste qui.
Quand les auteurs en arrivent à leur conclusion, ils nous disent que le Pape François « veut briser le lien organique entre la culture, la politique, l'institution et l'Église ». Ainsi, le Pontife a l'intention de détacher l'Église entièrement des problèmes publics, même lorsque les principes moraux sont impliqués ? Oui, les auteurs répondent ; dans le domaine des affaires politiques : « le Pape ne veut pas dire qui a raison ou qui a tort car il sait que, à la racine des conflits, il y a toujours un combat pour le pouvoir ». Donc, de peur de devenir embourbé dans une lutte pouvoir, est-ce que l'Église devrait se mettre à l’écart, évitant son implication dans les débats moraux— et, plus que cela, ne condamnant pas ceux qui encadrent les problèmes publics en termes moraux ?
L'ignorance et la sévérité de l'essai de Civiltà Cattolica sont doublement gênantes car les auteurs sont si proches du Pape François. Les journalistes exagèrent souvent l'influence des responsables du Vatican, identifiant les membres du personnel de niveau intermédiaire comme « principaux conseillers » du Pontife Romain. Malheureusement, les deux auteurs de cet essai sont vraiment parmi les conseillers les plus proches du Pape François. Le Père Antonio Spadaro, rédacteur en chef de Civiltà Cattolica, est un visiteur régulier du bureau du Pape à la résidence Saint-Marthe, il est décrit par un observateur chevronné du Vatican comme le « porte-parole du Pape François ». Marcelo Figueroa, ministre presbytérien sympathique au Cardinal Bergoglio en Argentine, a été choisi par le Pontife pour lancer une nouvelle édition Argentine du journal officiel du Vatican L'Osservatore Romano. Et en parlant de publications officielles, l'essai Spadaro-Figueroa est apparu dans Civilta Cattolica, dont le contenu est vérifié et autorisé avant sa publication par le Secrétairerie d'État du Vatican. Il n'est donc pas déraisonnable de supposer que cet essai reflète la pensée du Pape. C'est effrayant.
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