mercredi 16 mai 2018

Le Cardinal Kasper considère les conjoints Protestants
« Des cellules fraîches dans le Corps de l'Église du Christ »





Rédigé par : Dr Maike Hickson

SOURCE : One Peter Five
Le 16 mai 2018

Hier, j'ai reçu une lettre d'un témoin oculaire qui a récemment entendu le Cardinal Walter Kasper parler du Pape François et du débat sur l'intercommunion. Dans ce discours du 7 mai, Kasper a appelé les époux Protestants de Catholiques des « cellules fraîches dans le Corps de l'Église du Christ » sans qu'elles aient besoin d'une conversion préalable. Kasper, qui réside à Rome, semble s'efforcer maintenant d'influencer le débat Allemand en faveur de l'intercommunion.

Par exemple, hier, le 15 mai, le site Vatican Insider de La Stampa a publié une longue interview du Cardinal Kasper dans laquelle le Cardinal Allemand prétend qu'il existe plusieurs documents de l'Église qui préparent la voie à l'intercommunion ou la Communion pour les époux Protestants. Dans cette interview, Kasper invoque le Canon crucial # 844 § 3 qui parle des cas d'urgence et de la Communion pour les Protestants, « ne relevant plus théologiquement de la discussion théologico-œcuménique ».

Comme dans le débat sur les divorcés « remariés », c'est encore une fois le Cardinal Kasper qui est le principal théologien derrière les réformes fondamentales et hétérodoxes dans l'Église. En rétrospective, le fait que le Pape François, tout de suite après son élection, lors de son premier Angélus le 17 mars 2013, a publiquement fait l'éloge de Kasper devient maintenant plus significatif.

Dans le présent article, nous publions le récit du témoin oculaire, que nous remercions de tout cœur pour ce témoignage.

Lettre du lecteur

15 mai 2018

Chère Mme Hickson,

J'ai lu hier votre nouvel article : « Le Cardinal Marx : Dans le débat intercommunautaire, certains diocèses pourraient avoir des règles différentes ». Dans ce contexte, je me sens pressé de vous écrire.

Après la déclaration de Ravensburg d'octobre dernier — dont parlait votre site One Peter Five — il se passe encore des choses qui visent l'intercommunion ou « l'hospitalité Eucharistique ». Le 7 mai, à Weingarten, une ville voisine de Ravensburg [ dans le Bade-Wurtemberg, près du Lac de Constance ] eut lieu une liturgie commune de la Dernière Cène dans une église Catholique.

Ma lettre d'aujourd'hui se réfère toutefois au discours de célébration prononcé par le Cardinal Kasper le jour de l'Ascension à Weingarten, discours qui pourrait présenter un intérêt particulier dans le contexte du débat actuel sur l'intercommunion et surtout à cause du moment choisi pour le discours ; car, en même temps, le Katholikentag [ rassemblement annuel de quelques 50 000 Allemands ] avait lieu.

Quand j'ai entendu ce que Walter Kasper a dit à propos de la réception de la Sainte Communion pour les époux Protestants, au sujet du Pape François et des médias Catholiques, j'ai été choqué. J'ai néanmoins hésité à vous écrire — jusqu'à ce que je lise votre propre article !

Chaque année, à Weingarten, à Oberschwaben [ près de Ravensburg, dans le Bade-Wurtemberg ], le vendredi après l'Ascension, une grande procession avec des cavaliers, en l'honneur d'une relique du Très Précieux Sang qui est gardée ici.

À la veille de cette procession, un invité clérical livre habituellement après la Messe du soir une homélie de célébration à l'occasion du « Blutfreitag » ( Vendredi du Sang ). Cette année, cet invité était le Cardinal curial à la retraite Walter Kasper.

D'abord, il a parlé de l'importance du Blutritt ( Randonnée du Sang — un cavalier à cheval qui porte la relique ) à Weingarten et de l'importance de la Croix. Mais quand il a commencé — de la chaire de l'église baroque — à admirer le Pape François lui-même comme le modèle par excellence, puis à promouvoir l'idée de donner la Sainte Communion aux époux Protestants, je savais à quoi servait ce discours. .

Le fait même que j'apprécie le travail d'One Peter Five me discréditerait déjà aux yeux du Cardinal. Car, il a dit que — contrairement à l'image que les médias aiment à faire de l'Église — il n'y a pas de « révolte » contre le Pape. C’est incroyable, ajoute-t-il, quelles sortes d '« insultes » le Pape François reçoit, surtout de la part de ces médias qui prétendent être particulièrement Catholiques. Mais, affirme le Cardinal, cela ne correspond pas à l'attitude de la majorité des fidèles. Ces fidèles sont en effet reconnaissants pour le « vent nouveau » que le Pape apporte maintenant, parce qu'il « élimine les coutumes désuètes » [alte Zöpfe abschneiden] et parce qu'il revient « à la simplicité des Évangiles ». François ne menace pas le Foi, explique Kasper, mais il souhaite une nouvelle compréhension des Évangiles [Neubesinnung auf das Evangelium]. Le Pape mérite donc toute notre reconnaissance et nos prières. C'est, selon Kasper, un « signe de la Foi Catholique » que de se placer derrière le Pape. Ce Pape, ajoute-t-il, est un « radical » dans le sens originel du mot qui va au « radix », à la racine. Cependant, à ce moment-là, il m'est venu à l'esprit une interprétation complètement différente de cette image radicale, à savoir : est-ce que, à un moment donné, il n'a pas coupé l'Église Catholique de ses racines ?

En outre, Kasper a également appelé à plus de religiosité Chrétienne [ sic ] et il a invoqué l'unité de tous les chrétiens afin d'être un modèle « d'unité et de paix » dans un monde qui « a déraillé ». Il a plaidé de façon décisive pour un chemin œcuménique où, dans les mariages mixtes, le conjoint Protestant puisse recevoir la Sainte Communion sous certaines conditions. Dans cette question, Kasper a admis qu'une communauté Eucharistique générale n'est pas encore possible puisque « pas encore tous les problèmes théologiques » ont été résolus et qu'il existe une communion d'Église et de Foi. Mais « la participation des Chrétiens individuels dans les mariages mixtes, qui partagent la croyance Eucharistique Catholique, peut être un pas dans cette direction » a-t-il ajouté.

Cette démarche est supposée possible sur la base du Concile Vatican II parce que les conjoints « sont unis par le Baptême et par le Sacrement mutuel du Mariage ». Ces époux ne sont « pas un germe dangereux dont on doit se protéger ; ils sont plutôt des cellules fraîches dans le Corps de l'Église du Christ ».

À ces paroles, j'ai eu du mal à étouffer une indignation. Il est facile de dire que l'on aurait dû résister à haute voix à un tel discours et qu'on aurait dû quitter la présentation. Mais c'est difficile quand on est entouré d'un public dont on sait qu'il applaudira bientôt aux paroles du Cardinal lui-même.

Pour les Catholiques qui affirment encore un lien avec la seule véritable Église Catholique du Christ, ce discours sur une « cellule fraîche » qui y est ajoutée, mais sans conversion, semble être vraiment terrifiant. L'approche intentionnelle et subtile de Walter Kasper devient claire quand on considère son utilisation du mot controversé « germe ». Celui qui n'est pas d'accord avec son opinion est disqualifié en se présentant comme quelqu'un qui considère les autres comme un germe pathogène ». ! C'est une construction délibérée de camps hostiles, son image d'ennemi ( Feindbild ) est claire. Il est évidemment troublant qu'il y ait des Catholiques pour qui la Foi et la Raison ne sont pas des antonymes et pour qui la compréhension Catholique des Sacrements et de l'Église ne peut être discutée. Cependant, ces personnes sont systématiquement marginalisées.

C'est selon ce même schéma que le Cardinal Kasper a abordé la question de la tolérance et du dialogue interreligieux. Le dialogue avec l'Islam était au centre de cette partie de sa présentation et, ici aussi, le Concile Vatican II a été pour lui décisif. Il est vrai que Kasper exige également le respect des Musulmans et ne tolère pas la violence et la terreur au nom de l'Islam. Mais, dit-il, une orientation Chrétienne ne peut — ne doit pas — permettre la xénophobie. Là nous l'avons à nouveau cette construction tacite de camps adverses. Ou bien on n'a pas peur de l'Islam et on est donc ouvert en matière d’inter-religion — tout comme Kasper lui-même — ou, autrement, on est xénophobe.

Comme il est nécessaire pour nous de ne pas tomber dans une mentalité d'indifférentisme interreligieux, il le montre lui-même involontairement avec l'aide de son propre exemple concret. En effet, Kasper a décrit comment c'est beau quand les enfants reçoivent des cadeaux, non seulement aux jours de fête de sa propre religion, mais aussi aux fêtes des autres religions.

Le discours de Walter Kasper de la chaire était un discours avec lequel il voulait également influencer le débat [ doctrinal et pastoral ] en cours à la Conférence Épiscopale Allemande. Il a effectivement poignardé le dos des sept Évêques qui ont écrit leurs objections au Pape et qui lui ont demandé une clarification supplémentaire. Kasper, cependant, a dit que cela l'a rendu « triste » qu’« il n'y a pas finalement eu un accord à la Conférence Épiscopale Allemande » au sujet de la charte pastorale de la Conférence des Évêques concernant la Communion pour les époux Protestants.

Après l'homélie, beaucoup de gens ont applaudi — comme prévu. À ce moment-là, j'étais rendu loin. Je pensais, les larmes aux yeux, à la Grande Messe selon le Rite Extraordinaire à laquelle j'avais assisté quelques heures auparavant, à l'église du Cloître de Birnau au Lac de Constance. C'était avec les séminaristes de la Fraternité de Saint-Pierre de Wigratzbad en Allemagne et avec Mgr Vitus Huonder, Évêque de Coire en Suisse. Sa propre homélie sur le Très Saint Sacrement, sur l'État de Grâce, la Croix et l'indéfectibilité de la Communion pour les époux Protestants était, en effet, une homélie de Foi Catholique et consacrée à la Vérité du Seigneur.

Je voudrais terminer ainsi : Oremus pro invicem.

Je vous salue cordialement et demeure uni à vous en prière.

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