Cardinal Willem Jacobus Eijk, Archevêque d'Utrecht, Pays-Bas.
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Par : Cardinal Eijk, Archevêque d'Utrecht, Pays-Bas
Le 7 mai 2018
SOURCE : National Catholic Register
La Conférence des Évêques Allemands a voté à une large majorité en faveur des directives qui prévoient qu'un Protestant marié à un Catholique peut recevoir l'Eucharistie après avoir rempli un certain nombre de conditions : il doit avoir fait un examen de conscience avec un prêtre ou avec une autre personne ayant des responsabilités pastorales ; il doit avoir affirmé la Foi de l'Église Catholique, avoir voulu mettre fin à une « détresse spirituelle sérieuse » et avoir « la soif de satisfaire le désir de l'Eucharistie ».
Sept membres de la Conférence des Évêques Allemands votèrent contre ces directives et demandèrent l'avis de quelques dicastères de la Curie Romaine. La conséquence en fut qu'une délégation de la Conférence des Évêques Allemands s'est entretenue à Rome avec une délégation de la Curie Romaine, y compris le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
La réponse du Saint-Père, transmise par le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi à la délégation de la Conférence Allemande, est à l’effet que la Conférence devrait réexaminer le projet et essayer de parvenir à un résultat unanime, si possible ; c’est complètement incompréhensible. La Doctrine et la pratique de l'Église concernant l'administration du Sacrement de l'Eucharistie aux Protestants sont parfaitement clairs. Le Code de Droit Canonique dit à ce sujet :
« En cas de danger de mort ou si, au jugement de l'Évêque diocésain ou de la Conférence des Évêques, une autre grave nécessité se fait pressante, les Ministres Catholiques peuvent administrer licitement ces mêmes Sacrements aussi aux autres Chrétiens qui n'ont pas la pleine communion avec l'Église Catholique, lorsqu'ils ne peuvent pas avoir recours à un ministre de leur communauté et qu'ils le demandent de leur plein gré, pourvu qu'ils manifestent la Foi Catholique sur ces Sacrements et qu'ils soient dûment disposés.» CIC / 1983, can. 844 § 4 (cf. Catéchisme de l'Église Catholique (CCC) n ° 1400).
Cela ne s'applique donc qu'aux situations d'urgence, en particulier lorsqu'il existe un risque de décès.
L'intercommunion n'est, en principe, possible qu'avec les Chrétiens Orthodoxes, car les Églises Orientales, bien que n'étant pas en pleine communion avec l'Église Catholique, ont de vrais Sacrements et surtout, en vertu de leur Succession Apostolique, un Sacerdoce valide et une Eucharistie valide (CCC n ° 1400, CIC / 1983 canon 844, § 3). Leur Foi dans le Sacerdoce, dans l'Eucharistie et aussi dans le Sacrement de Pénitence est égale à celle de l'Église Catholique.
Cependant, les Protestants ne partagent pas la Foi dans le Sacerdoce et l'Eucharistie. La plupart des Protestants Allemands sont Luthériens. Les Luthériens croient en la consubstantiation, qui implique la conviction que, en plus du Corps ou du Sang du Christ, le pain et le vin sont également présents quand quelqu'un les reçoit. Si quelqu'un reçoit le pain et le vin sans y croire, le Corps et le Sang du Christ ne sont pas vraiment présents. En dehors de ce moment de les recevoir, il ne reste que le pain et le vin et le corps et le sang du Christ ne sont pas présents.
Évidemment, la Doctrine Luthérienne de consubstantiation diffère essentiellement de la Doctrine Catholique de la transsubstantiation, qui implique la croyance que ce qui est reçu sous les figures du pain et du vin, même s'il est administré à quelqu'un qui ne croit pas à la transsubstantiation et même en dehors du moment de son administration, reste le Corps ou le Sang du Christ et que ce n'est plus les substances du pain et du vin.
En raison de ces différences essentielles, la Communion ne devrait pas être administrée à un Protestant même s'il est marié à un Catholique parce que le Protestant ne vit pas en pleine communion avec l'Église Catholique et ne partage donc pas explicitement la Foi en son Eucharistie. Les différences entre la Foi dans la consubstantiation et celle de la transsubstantiation sont si grandes qu'il faut vraiment exiger que quelqu'un qui désire recevoir la Communion entre explicitement et formellement en pleine communion avec l'Église Catholique ( sauf en cas de danger de mort ) et que de cette manière il confirme explicitement son acceptation de la Foi de l'Église Catholique, y compris l'Eucharistie. Un examen de conscience privé avec un prêtre ou avec une autre personne ayant des responsabilités pastorales ne donne pas suffisamment de garanties que la personne concernée accepte réellement la Foi de l'Église. En l'acceptant [ l'Eucharistie ], la personne ne peut cependant faire qu'une seule chose : entrer en pleine communion avec l'Église Catholique.
Le projet de directives de la Conférence des Évêques Allemands suggère qu'il n'y a que quelques cas de Protestants, mariés à des Catholiques, qui voudraient recevoir la Communion en se servant de ces directives. Cependant, l'expérience montre que dans la pratique, ces chiffres vont généralement augmenter. Les Protestants qui sont mariés aux Catholiques et voient d'autres Protestants mariés aux Catholiques recevant la Communion penseront qu'ils peuvent faire la même chose. Et, à la fin, même les Protestants non mariés aux Catholiques voudront la recevoir. L'expérience générale avec ce type d'ajustement est que les critères sont rapidement étendus.
Maintenant, le Saint-Père a informé la délégation de la Conférence Épiscopale Allemande qu'elle doit revoir le projet de propositions pour un guide pastoral sur, entre autres, l'administration de la Communion, et essayer de trouver l'unanimité. Unanimité à propos de quoi ? En supposant que tous les membres de la Conférence des Évêques Allemands, après en avoir discuté à nouveau, décident unanimement que la Communion peut être administrée aux Protestants mariés à un Catholique ( quelque chose qui n'arrivera pas ), cela va-t-il être contraire à ce que le Code de Droit Canon et le Catéchisme de l'Église Catholique disent à cet égard — et devenir la nouvelle pratique dans l'Église Catholique en Allemagne ? La pratique de l'Église Catholique, basée sur sa Foi, n'est pas déterminée ni ne change pas statistiquement même quand la majorité d'une Conférence Épiscopale vote en faveur d’une nouvelle pratique, même si c’est unanime.
Ce que dit le Code de Droit Canonique et le Catéchisme de l'Église Catholique aurait dû être la réaction du Saint-Père, qui est, en tant que Successeur de Saint Pierre, le principe perpétuel et visible ainsi que le fondement de l'unité des Évêques et des fidèles. fidèle » ( Lumen Gentium n ° 23 ). Le Saint-Père aurait dû donner à la délégation de la Conférence Épiscopale Allemande des directives claires, fondées sur la Doctrine et la pratique claire de l'Église. Il aurait également dû répondre sur cette même base à la femme Luthérienne qui lui avait demandé le 15 novembre 2015 si elle pouvait recevoir la Communion avec son époux Catholique, en lui disant que ce n'était pas acceptable au lieu de lui suggérer qu'elle pouvait recevoir la Communion sur la base de son baptême et si c’était en accord avec sa conscience. En omettant de créer de la clarté, une grande confusion est créée parmi les fidèles et l'unité de l'Église est en danger. C'est également le cas des Cardinaux qui proposent publiquement de bénir les relations homosexuelles, ce qui est diamétralement opposé à la Doctrine de l'Église, fondée sur la Sainte Écriture, selon laquelle le mariage, selon l'ordre de la création, n'existe qu'entre un homme et une femme .
Observant que les Évêques et, surtout, le Successeur de Pierre qui ne parviennent pas à maintenir et à transmettre fidèlement et dans l'unité le Dépôt de la Foi contenu dans la Tradition Sacrée et la Sainte Écriture, je ne peux m'empêcher de penser à l'Article 675 du Catéchisme de l'Église Catholique :
« Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la Foi de nombreux croyants. La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre dévoilera le « mystère d’iniquité » sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la Vérité ».
+ Willem Jacobus Cardinal Eijk
Archevêque d'Utrecht, Pays-Bas
Utrecht, 5 mai 2018
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