Par: Phil Lawler
Phil Lawler a été journaliste Catholique depuis plus de 30 ans. Il a édité plusieurs revues Catholiques et écrit huit livres. Fondateur de World Catholic News, il est le directeur des nouvelles et analyste en chef à CatholicCulture.org.
SOURCE : Catholic Culture
Le 23 mai 2018
Bien que de nombreuses questions demeurent relativement à la démission en bloc des Évêques Catholiques du Chili, l'annonce de la bombe de la semaine dernière a apporté un développement très prometteur.
Nous ne savons toujours pas si le Pape François a demandé, exigé ou même encouragé la démission des Évêques. Il a été rapporté au Chili que les Évêques ont décidé de démissionner de leur propre chef avant de rencontrer le Saint-Père. Mais même ce rapport, s'il est exact, n'exclut pas la possibilité distincte que le Pape en ait initié l'idée. En tout cas, il semble hautement improbable que le corps entier des Évêques démissionnerait contre les voeux du Pape. Donc, dans ce qui suit, je suppose que le Pape François a au moins approuvé le geste.
Et si tel est le cas, alors le Pape François — après cinq années de doléances sur la question des abus sexuels — est soudainement allé plus loin que l'un ou l'autre de ses prédécesseurs dans le but d'extirper la corruption.
Par « corruption », j'entends ici la corruption des Évêques qui couvrent les crimes des prêtres prédateurs. Nous avons vu cette corruption aux États-Unis, où le « long carême » de 2002 a exposé le fait que la plupart des Évêques Américains avaient été complices, à un degré ou à un autre, des efforts pour cacher les preuves d'abus. Nous l'avons vu en Irlande en 2009, lorsque le « rapport Murphy » a montré le même schéma, maintenant tristement familier, de la négligence épiscopale. Nous le voyons maintenant au Chili, où de nombreux Évêques — combien, nous ne savons toujours pas — ont été évidemment impliqués dans le même genre de scandale.
Le scandale des abus sexuels, voyez-vous, n'est pas seulement une question de prêtres qui agressent des garçons, aussi horribles soient-ils. Cela implique également que les Évêques abandonnent leurs fonctions, ayant protégé des coupables au détriment des innocents. Bien que tous les Évêques ne fussent pas négligents, le schéma était assez clair pour montrer que, dans chacun des cas mentionnés ci-dessus, la hiérarchie de la nation entière a été corrompue.
Dans son article phare de 2000, « Le problème du prêtre homosexuel », le Père Paul Shaughnessy a expliqué ce que cela signifiait pour une institution entière d'être corrompue :
« Par exemple, lorsque nous disons qu'une certaine force policière est corrompue, nous ne voulons pas dire que tous les policiers sont impliqués — peut-être que seulement cinq sur cent acceptent des pots-de-vin— nous voulons plutôt dire que cette force policière ne peut plus diagnostiquer et remédier à ses propres problèmes et, par conséquent, si une réforme doit avoir lieu, une agence extérieure doit être amenée pour faire les changements ».
En 2002, lorsque le modèle de corruption épiscopale a été exposé aux États-Unis, le Pape Jean-Paul II a convoqué les dirigeants de la Conférence des Évêques des États-Unis au Vatican pour discuter de la crise. À la suite des discussions, les Évêques Américains se sont réunis à Dallas pour traiter d'un aspect du scandale, établissant de nouvelles normes rigoureuses pour les mesures disciplinaires contre les prêtres accusés d'abus. Ces normes fonctionnent bien lorsqu'elles sont correctement appliquées. Mais ces normes n'abordent pas le second aspect du scandale : la négligence ou la complicité des Évêques.
Le Pape Benoît XVI a appris de l'expérience Américaine et, lorsque le scandale a éclaté en Irlande plusieurs années plus tard, il a abordé les échecs des Évêques. Dans un message pastoral publié en mars 2010, il a dit aux Évêques Irlandais qu'ils avaient « échoué, parfois gravement » dans leurs fonctions. Il a initié une visite apostolique de l'Église en Irlande et a appelé à un programme de repentance et de réforme.
La nécessité d'une réforme en profondeur de l'Église en Irlande devrait être particulièrement évidente cette semaine alors que les militants pro-vie mènent une lutte acharnée pour arrêter un amendement constitutionnel qui permettrait l'avortement à la demande dans un pays qui demeure, sur papier, très Catholique. L'effondrement spectaculaire de la culture Catholique Irlandaise montre que le scandale des abus ne s'est pas produit ex nihilo. Lorsque le Pape Benoît XVI a appelé à une « renaissance de l'Église en Irlande dans la plénitude de la vérité de Dieu », il avait des changements dramatiques à l'esprit. Malheureusement, les changements dramatiques ne se sont pas produits.
Maintenant, au Chili, la scène est prête pour un changement radical. La démission en bloc indique une compréhension — apparemment partagée par le Pape et les Évêques Chiliens — que le scandale n'aurait pas pu atteindre des proportions aussi gigantesques à moins que le corps entier des Évêques n'ait échoué. Encore une fois, cela ne signifie pas que chaque Évêque est coupable. Ça suggère, cependant, que la Conférence Épiscopale a été incapable de se réformer. L'intervention du Vatican était donc nécessaire.
L'intervention du Vatican était également nécessaire dans le cas des États-Unis et de l'Irlande. Mais dans chacun de ces cas, le Pontife régnant a finalement décidé de laisser les Évêques du pays résoudre leurs propres problèmes — en dépit de la preuve que les Conférences de ces Évêques étaient dysfonctionnelles. Le Pape François, semble-t-il, ne commettra pas la même erreur.
Peut-être que j'interprète mal les intentions du Pape et / ou celles des Évêques Chiliens. Le temps nous le dira. Quelques personnes m'ont accusé d'être excessivement optimiste quant à la façon dont le Vatican traite les abus sexuels.
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