lundi 13 novembre 2017

Le Cardinal Müller a-t-il rejoint la brigade casuistique ?
Partie II


Voir la Partie I ici



par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Le Centre de Fatima
Le 13 novembre 2017

Dans la tempête qui a suivi la publication de la préface de Müller, le Cardinal a depuis revu ses déclarations — mais pas de manière convaincante, à mon avis. Dans une interview téléphonique, traduite en anglais par Life Site News, le Cardinal affirme que « les dubia sont pleines d’autorité et clairement légitimes ... ». Pourtant, au début de cette année, le Cardinal a démoli les « Cardinaux des dubia » en déclarant que « ce qui m'a étonné, c’est que ça a été rendu public, en essayant de forcer le Pape à dire oui ou non. Je n'aime pas ça. Cela nuit à l'Église de parler de ces choses en public ». Ce n’est pas exactement une contradiction directe, mais certainement une interprétation différente de ce que le Cardinal chante maintenant.

L'auteur de cet éditorial est Monsieur Christopher A. Ferrara. Monsieur Ferrara est avocat de profession. Il agissait aussi comme collaborateur principal de Feu Père Nicholas Gruner, fondateur du Centre de Fatima, Fort Érié, Canada et ayant aussi des installations à Rome. Il est chroniqueur dans plusieurs autres sites catholiques dont The Remnant.

Le Cardinal a ajouté que, dans sa préface au livre de Buttiglione, il ne proposait aucune « exception » à l'interdiction de la Communion pour les Catholiques validement mariés qui prétendent divorcer de leurs conjoints et entrer dans des « seconds mariages » mais plutôt il se référait aux situations qui surviennent en Amérique Latine et ailleurs, où les gens se marient « de manière informelle » sans bénéficier d'un prêtre, ou « sous des régimes qui persécutent l'Église, où il n'est pas possible de se marier canoniquement » et seulement une union naturelle basée sur le consentement est possible.

Mais même les mariages naturels, non sacramentels, sont indissolubles en dehors des privilèges Paulinien et Pétrinien. Pourtant, dans sa tentative de revenir en arrière, Müller soutient qu'avec les mariages naturels fondés sur le consentement, lorsque les parties se séparent et prétendent se remarier « tout dépend du for interne, de leur honnêteté à reconnaître s'il y avait consentement ... ». Ce n’est simplement pas cela. Le for canonique, pas le soi-disant « forum interne », serait encore nécessaire pour juger de la nullité de tout prétendu mariage naturel avant que l'Église puisse approuver une union canonique avec un nouveau partenaire.

De plus, la préface de Müller parle de circonstances beaucoup plus larges que de simples anomalies du tiers monde. Il écrit : « Les Chrétiens individuels peuvent se retrouver sans leur propre faute dans la dure crise d'être abandonnés et de ne pouvoir trouver d'autre issue que de se confier à une personne de bon cœur, et le résultat est une relation semblable au mariage ». Il n'y a pas de limitation aux mariages naturels d'une validité possiblement douteuse.

Et, bien sûr, le livre de Buttiglione, auquel Müller a prêté son nom, plaide précisément pour des « exceptions » à la discipline Eucharistique de l'Église, même dans le cas des mariages selon la forme canonique. En fait, tout en essayant de revenir de sa préface, Müller ne fait que réaffirmer son soutien à l'ouverture de Buttiglione et d’Amoris Laetitia à la Sainte Communion pour les adultères publics lorsqu'il déclare que « Ce sont des cas de Chrétiens inconscients qui sont baptisés mais incrédules, qui se sont mariés dans l'Église pour faire plaisir à leur grand-mère, mais sans une réelle prise de conscience. Ici, cela devient un problème quand, après de nombreuses années, ils retournent à la Foi et remettent en question le mariage. Il y a beaucoup de tels cas. Benoît XVI a également examiné la question. Alors, que faire ? »

Que veut dire le Cardinal par « Que faire ? » Il sait très bien ce qu'il faut faire : la même chose qui a toujours été faite avant le Pape François. C'est-à-dire que celui qui prétend se remarier dans une telle affaire doit demander une nullité, et si on ne l’accorde pas à une personne pour défaut de consentement, elle doit accepter qu'elle est toujours mariée validement à son premier et unique conjoint et ne peut pas en épouser une autre. On ne peut pas simplement déclarer une « auto-nullité », une « nullité auto-décrétée » par « discernement » dans le « for interne » et ensuite recevoir les Sacrements tout en engageant des relations sexuelles avec quelqu'un à qui on n'est pas marié.

En outre, même si cette sorte de pseudo-nullité auto-octroyée était possible à des fins pastorales — et ce n'est pas le cas — qu'en est-il de la seconde « union », qui est également sans forme canonique ? L'Église est-elle maintenant censée reconnaître les unions civiles après le divorce comme des mariages valides, ou bien autoriser des mariages d'Église suite à une « nullité » auto-accordée dans le « for interne » sans déclaration de nullité en vertu du Droit canon ? Müller, se ralliant aux sophismes de Buttiglione, ouvre la porte au chaos alors même qu'il prétend nier qu'il préconise des exceptions à l'indissolubilité du mariage.

Et ainsi, le Cardinal continue de parler des deux côtés de sa bouche. Et pourtant, même ce prélat équivoque était trop conservateur pour le Pape François. Avec des défenseurs de l'indissolubilité du mariage comme ceux-ci, il n'est pas étonnant que l'Église soit maintenant impliquée dans une « bataille finale » sur le Mariage et la Famille.

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