dimanche 26 novembre 2017

Conférence de Rome prononcée par John-Henry Westen

La subversion du Magistère
« Permettre » le mal intrinsèque au sein de l'Église



par : John-Henry Westen
Co-fondateur et rédacteur en chef de LifeSiteNews.com

Discours prononcé à la Conférence « Humanae Vitae à 50 ans : Définition du contexte », Université Pontificale Saint Thomas d’Aquin, Rome, 28 Octobre 2017

SOURCE : Voice of The Family
Le 11 novembre 2017


Du point de vue d'un journaliste, le monde constate une révolution dans l'Église Catholique. Les médias laïques ont parlé d'un changement monumental dans l'enseignement Catholique sur la moralité, en particulier la morale sexuelle depuis près de quatre ans. Déjà en 2013, d'innombrables manchettes parlaient de l'avertissement au Pape de ne pas parler tout le temps de « l'avortement, du mariage homosexuel et de l'utilisation de méthodes contraceptives ». La nouvelle attitude « Qui suis-je pour juger » concernant l'homosexualité a été renforcée par des images d’accolades données à des couples homosexuels et des transgenres.

Une nouvelle ouverture ou une sensibilisation miséricordieuse a été observée et saluée par les médias. Par exemple, des félicitations aux avorteurs comme Emma Bonino et des invitations aux ennemis historiques de la Foi — les défenseurs du contrôle de la population qui ont hautement proclamé que les enseignements de l'Église contre le contrôle des naissances s'apparentaient au terrorisme, louant l'Église pour son ouverture au dialogue.

Certains ont tenté de comprendre ces mesures dans un cadre traditionnel en supposant qu'en rencontrant les pécheurs publics comme le Christ, il s'agissait de les appeler à la vérité. Cependant, même dans cette poursuite, la preuve ne permet pas cette hypothèse réconfortante. Le témoignage public ne prouve aucun appel à la conversion.

C'est une question intéressante de se demander comment cette situation influence la perception de l'Église Catholique dans le monde aujourd'hui. Plus important cependant est l'effet que cet état de choses a sur les fidèles. Je peux vous dire personnellement que cela affecte la Foi des enfants et aussi celle des Catholiques fervents.

Le 16 juin dernier de l’année dernière, le Pape François s'adressait aux prêtres de Rome lorsqu'il parlait de la cohabitation comme d'un « vrai mariage ». Les rapports de ses paroles se sont répandus à travers le globe comme une traînée de poudre. Il a dit :

« Dans la campagne nord-est de l'Argentine, les couples ont un enfant et vivent ensemble. Ils ont un mariage civil quand l'enfant va à l'école, et quand ils deviennent grands-parents, ils se marient religieusement ».

« C'est une superstition parce que le mariage fait peur au mari. C'est une superstition que nous devons surmonter » a déclaré le Pape. « J'ai vu beaucoup de fidélité dans ces cohabitations et je suis sûr que c'est un vrai mariage, ils ont la grâce d'un vrai mariage à cause de leur fidélité ».

Ma fille qui avait 20 ans à l'époque et qui était au collège m'a appelé pour me demander s'il était vrai que le Pape avait dit que la cohabitation était un vrai mariage. Et j'ai demandé à plusieurs Cardinaux depuis si j'aurais dû mentir à ma fille.

Un ami Monseigneur m'a révélé une autre anecdote démontrant le changement monumental que nous vivons actuellement. Il m'a dit que les petites vieilles dames étaient confuses. Les petites vieilles dames sont connues dans tout l'Occident comme ces femmes âgées héroïques qui dirigent la plupart des paroisses. Elles font les ventes de pâtisseries, elles sont celles qui assument la plupart des heures d'adoration et des veilles du chapelet, elles décorent et nettoient, et s'occupent des paroisses dans la plupart des petites églises. C'étaient ces dames, dans cette culture Moderniste, les plus fidèles des Catholiques dont mon ami Monseigneur parlait.

Il a révélé que lors d'une réunion avec elles, il a trouvé qu'elles étaient confuses au sujet de ce qui a toujours été considéré comme un enseignement immuable dans l'Église. Elles discutaient de l'homosexualité et suggéraient que, alors que certaines priaient avec tristesse pour leurs enfants et leurs petits-enfants dans des relations homosexuelles, elles étaient maintenant soulagées de leurs préoccupations. Qui sommes-nous pour juger ?

Mais le plus instructif a été le déplacement des prélats, pas n’importe lesquels prélats, comme ceux du Préfet de la Congrégation pour les Évêques. Le Cardinal Marc Ouellet était, avant la publication de Amoris Laetitia, opposé à donner la Sainte Communion aux Catholiques remariés. Il a écrit un livre décrivant sa position bien conforme avec Familiaris Consortio et l'enseignement constant de l'Église. Mais le mois dernier, dans une conversation avec des Évêques Canadiens, le Cardinal a renversé sa position. L'Exhortation, a-t-il dit, « pourrait ouvrir une porte » pour que les Catholiques divorcés et remariés puissent recevoir la Sainte Communion. Il a dit que certains ont vu dans l'enseignement du Pape « la bonne nouvelle d'une ouverture ».

Sur le sujet principal de Humanae Vitae, nous avons vu un changement sismique au cours des dernières années. Au lieu d'une affirmation de la vérité centrale de cette Encyclique — le mal intrinsèque de la contraception — c’est devenu, à l’occasion de son 50 e anniversaire, une tentative apparente de réinterpréter le document le long des lignes de Amoris Laetitia en ce que, dans les cas difficiles, le recours à la contraception artificielle ne devient pas une question de s'engager dans le mal intrinsèque, mais une question de conscience.

Certains d’entre vous ont entendu parler du groupe d'étude à qui a été donné un accès exclusif aux archives secrètes du Vatican afin d'effectuer une analyse historico-critique de Humanae Vitae pour son 50 e anniversaire que nous commémorerons en 2018.

Le groupe d'étude composé du Père Marengo, Professeur à l'Institut Jean-Paul II, de Pierangelo Sequeri, Président de l'Institut Pontifical Jean-Paul II, de Philippe Chenaux, Professeur d'histoire de l'Église à l'Université Pontificale du Latran, et d’Angelo Maffeis, Président de l'Institut Paul VI de Brescia.

Nous savons tous que des chercheurs biaisés peuvent susciter tous les types de doutes à partir des analyses historico-critiques comme cela a déjà été fait avec les Écritures elles-mêmes. Le Professeur Marengo a révélé son parti pris en faveur d'une lecture particulière de Humanae Vitae. Dans l’article de Vatican Insider appelé « Humanae Vitae et Amoris Laetitia, » il a comparé la condamnation du contrôle des naissances de l'Église au débat d'aujourd'hui sur la Communion pour les adultères.

Dans l'article, le Père Marengo utilise le raisonnement de Amoris Laetitia pour l’appliquer à l'utilisation du contrôle des naissances. « Chaque fois que la communauté Chrétienne tombe dans l'erreur et propose des modèles de vie dérivés d'idéaux théologiques trop abstraits et artificiellement construits, elle conçoit son action pastorale comme l'application schématique d'un paradigme doctrinal » a-t-il dit.

Le week-end dernier, une série de conférences à l'Université Grégorienne a été lancée, menaçant de miner l'enseignement de l'Église. L’un des organisateurs est le Père Argentin Jésuite Miguel Yanez qui enseigne la théologie à l'Université Pontificale Grégorienne et est un ami proche du Pape François ; il a déclaré que la contraception n’est pas la base de Humanae Vitae, et qu’il y a « beaucoup de problèmes » qui ont émergé au cours des 50 ans passés. En mai 2015, le Père Yanez a participé au « synode secret » à l'Université Pontificale Grégorienne, au cours duquel un certain nombre de théologiens a cherché à influencer le Synode sur la Famille pour qu’il accepte les unions de même sexe et qu’il renonce à l'expression « intrinsèquement mauvais ».

Le Pape François lui-même a déjà indiqué en 2014 qu'il avait l'intention de réinterpréter Humane Vitae. Dans une interview avec le journal Italien Corriere della Sera, le Pape François a été spécifiquement interrogé sur son désir « d’accepter à nouveau la question du contrôle des naissances » un demi-siècle après la publication de Humanae Vitae. « Votre confrère, le Cardinal [Carlo Maria] Martini [ l'ancien Archevêque de Milan ] a cru que c’était maintenant le temps » a déclaré l'interviewer.

« Tout dépend de la façon dont le texte de «Humanae Vitae » est interprété » a répondu le Pape François. « Paul VI lui-même, vers la fin, recommanda aux confesseurs beaucoup de pitié et d'attention aux situations concrètes ». Il ajouta : « L'objectif n'est pas de changer la Doctrine, mais il s'agit d'approfondir la question et de s'assurer que le ministère pastoral prend en compte les situations de chaque personne et ce que cette personne peut faire ».

Dans la déclaration à la presse, le Saint-Père lui-même a dit des choses qui semblent contredire Humanae Vitae presque mot pour mot, affirmant que la contraception peut être justifiée comme un moindre mal.

En février 2016, alors qu'il était sur l'avion papal, le Pape a été interrogé sur les dangers du virus Zika, qui a été blâmé pour une série de cas de difformités fœtales en Amérique latine. « En ce qui concerne la prévention de la grossesse, sur cette question, l'Église peut-elle prendre en considération le concept du « moindre de deux maux ? » a demandé un journaliste.

Le Pape François a répondu en insistant sur le fait que l'avortement ne peut jamais être justifié, mais a ajouté : « Concernant le « moindre mal », en évitant la grossesse, nous parlons du conflit entre le cinquième et le sixième commandement ... éviter la grossesse n'est pas un mal absolu. Dans certains cas, comme dans celui-ci ... c'était clair ».

Les déclarations du Pape François étaient d'un grand intérêt pour les journalistes car elles semblaient contredire l'enseignement de l'Église. Les journalistes, y compris Life Site News, ont demandé des éclaircissements au Bureau de Presse du Vatican qui a confirmé la déclaration. « Le contraceptif ou le préservatif, en particulier dans les cas d'urgence ou de gravité, pourraient faire l'objet d'un discernement dans un cas de conscience grave », a déclaré le Père Lombardi à Radio Vatican. « C'est ce que le Pape a dit ».

Le Père Lombardi a ajouté que le Pape parlait de « la possibilité de recourir à la contraception ou aux préservatifs en cas d'urgence ou de situations spéciales ». Il ne dit pas que cette possibilité est acceptée sans discernement, en effet, il a dit clairement qu'il peut être considéré dans les cas d'urgence spéciale ».

Nous rappelons le paragraphe 14 de Humanae Vitae où Paul VI condamne la contraception. Il a écrit : « Est exclue également toute action qui, soit en prévision de l'acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation ».

En fait, le Pape Paul VI, que nous avons déjà entendu était prophétique dans ses prédictions de ce qui se passerait si la contraception était permise et il semble avoir anticipé l'argument concernant le moindre mal.

Humanae Vitae se lit comme suit : « Et on ne peut invoquer comme raisons valables, pour justifier des actes conjugaux rendus intentionnellement inféconds, le moindre mal.... S'il est parfois licite de tolérer un moindre mal moral afin d'éviter un mal plus grand ou de promouvoir un bien plus grand, il n'est pas permis, même pour de très graves raisons, de faire le mal afin qu'il en résulte un bien, c'est-à-dire de prendre comme objet d'un acte positif de volonté ce qui est intrinsèquement un désordre et, par conséquent, une chose indigne de la personne humaine, même avec l'intention de sauvegarder ou de promouvoir des biens individuels, familiaux ou sociaux ».

Au début de nos travaux, le Cardinal Brandmüller nous a rappelé que, si Humanae Vitae a mis une fin, en termes de Doctrine, aux litiges portant sur la légalité de la contraception artificielle, elle a néanmoins « déclenché une violente tempête de protestation au sein de l'Église ». « Un certain nombre de théologiens Catholiques » a-t-il dit, endossant la position contraire à l'Église.

Le Cardinal Brandmüller exposait le processus de la parodose ou de la transmission de la Doctrine de l'Église. La Doctrine se développe pour être sûre, mais ne change jamais. Tout comme une personne adulte continue d'être identique à l'enfant qu’il était dans le passé.

Ce thème de la Doctrine immuable de l'Église a été mentionné à maintes reprises par les chercheurs de cette conférence. Le Professeur de Mattei a établi le contexte historique de Humanae Vitaequi est survenu au cours de la révolution sexuelle, du féminisme et du néo-Malthusianisme. Mais sur la question de la Doctrine pérenne, le Professeur de Mattei a fait valoir que l'erreur des Catholiques de la dissidence 1968 n’était pas de résister au Pape Paul VI, mais de refuser l'enseignement perpétuel de l'Église dont le Pape était le porte-parole du temps. Ceux qui aujourd'hui critiquent Amoris Laetitia, a-t-il dit, n'ont pas l’intention de s'opposer au Pape, mais au document qui contredit la Tradition constante de l'Église.

Le Professeur Seifert a démontré que la Tradition constante reflétée dans Humanae Vitae est connaissable non seulement par la Foi de l'Église, mais aussi par la raison aussi. « Même d'un point de vue purement naturel, la fin la plus notable de la sexualité humaine est la procréation d'une nouvelle vie humaine » a-t-il dit.

« La question du bien moral et du mal vise le cœur même de la réalité et le drame de l'existence humaine » a-t-il dit. « Ça ne profite pas à un homme même s’il gagnait le monde entier, mais souffrirait de dommages dans son âme. En raison de l'absolu spécifique de la sphère morale, il ne peut y avoir aucune raison d'autoriser un acte qui est moralement mauvais en soi. En effet, si nous pouvions sauver le monde entier par un seul acte immoral, nous n'aurions toujours pas le droit d'accomplir un tel acte ».

L'existence d'absolus moraux, disait-il, était un principe essentiel de toute éthique authentique. Le Dr Seifert a averti que, logiquement, à supposer le contraire, il s'ensuivrait que l'adultère, le sacrilège, la pornographie, le mensonge, oui, toute infraction et tout crime pourraient être tolérés en raison des conséquences possibles d'éviter la souffrance ou d'autres maux.

Le Père Lanzetta nous a dit que la vision doctrinale de Humanae Vitae repose sur deux principes dont on abuse afin de promouvoir des méthodes artificielles de contrôle des naissances, mais il nous a guidés à travers le Pape Paul VI en les plaçant plutôt à la lumière de l'ensemble de la Révélation. Ces deux principes sont a) l'amour humain et b) la parentalité responsable. L'amour véritablement humain unit les parents, les rendant ainsi capables de transmettre le don de la vie ; le don de la vie, à son tour, est l'expression de l'amour humain. Réunissant Humanae Vitae avec les enseignements du Concile Vatican II, il a montré comment ils affirment Casti connubii, à savoir que « chaque acte conjugal doit nécessairement conserver sa relation intrinsèque à la procréation de la vie humaine ». Ici, la vérité de l’amour, et par conséquent de l'union, est unie avec la fin toujours primaire de la procréation. L'union conjugale est donc pour la procréation et la procréation perfectionne l'union dans une relation circulaire de vérité et d'amour : la vérité de l'union trouve son accomplissement dans l'amour génératif de vies nouvelles et la fécondité de l'amour est à son tour partie de l'unité indissoluble du couple ; sinon l'amour serait faux, une tromperie. Tout comme il n'y a pas de procréation sans union, donc il n'y a pas d’union sans procréation. De même, l'amour et la fécondité vont toujours ensemble et sont le reflet de l'amour et de l'unité. Aujourd'hui, au contraire, « ce qui est à risque avec ce changement aventureux de paradigme ( Amoris Laetitia ) est non seulement la morale du mariage, mais la morale en tant que telle, qui serait réduite à de bonnes intentions. Agissons de telle sorte que notre « oui » signifie « oui » et que notre « non » signifie « non ». Le reste appartient au Malin ».

Le Professeur Le Méné a également précisé que la raison dicte la vérité de la dignité de la personne humaine et donc l'amour humain. Les violations des normes sexuelles sont en dessous de la dignité de l'homme, a-t-il expliqué, et dans ces abus, nous voyons l'incompatibilité avec la dignité humaine :

— la contraception, c'est faire l’amour sans être ouvert à faire un enfant,

— la fécondation in vitro, c’est faire l'enfant sans faire l'amour,

— l'avortement, c’est le démantèlement de l'enfant,

— et la pornographie, c’est défaire l'amour.

Les deux médecins qui nous ont parlé ont tous deux subi les conséquences en tant que médecins Catholiques de la révolution sexuelle. Le Dr Schepens a observé : « La contraception qui rend les couples et les autres adultes irresponsables, non seulement de leurs corps, empoisonnés par les hormones stéroïdes, mais aussi par la séparation totale de l'acte sexuel de la procréation en le transformant en acte de plaisir sans responsabilité, le prive de son futur. Il a également attiré l'attention sur l'effondrement démographique qui est imminent dans le sillage de la contraception.

Dr Ward a attiré l'attention sur un autre résultat de la révolution sexuelle — la suppression des droits des parents en tant qu'éducateurs primaires » a-t-il dit « qui a commencé avec la contraception et son endoctrinement dans l'éducation sexuelle ». C’est devenu maintenant une métastase qui inclut l’avortement des très jeunes, l'homosexualité scolaire et l'endoctrinement de la théorie du genre et, en Allemagne même, l'emprisonnement de parents qui ont exercé leur droit primaire en tant qu'éducateurs ».

Il nous a rappelé l'enseignement de l'Église par le Pape Jean-Paul :

« L'éducation sexuelle — droit et devoir fondamentaux des parents — doit toujours se réaliser sous leur conduite attentive, tant à la maison que dans les centres d'éducation choisis et contrôlés par eux. L'Eglise rappelle ainsi la loi de subsidiarité, que l'école est tenue d'observer lorsqu'elle coopère à l'éducation sexuelle, en se plaçant dans l'esprit qui anime les parents ». (Saint Jean Paul, Familiaris Consortio, n ° 37) « Et les parents ont le droit de veiller à ce que leurs enfants ne soient pas obligés de suivre des cours qui ne sont pas en accord avec leurs propres convictions morales et religieuses. L'éducation sexuelle en particulier est un droit fondamental des parents ».

Et en montrant l'état actuel des choses à Rome, le Dr Ward a déclaré : « Qui protégera les millions d'enfants Catholiques de l’endoctrinement par les loups dans la population et des lobbies homosexuels et leurs puissants alliés au Vatican ? Où se cacheront nos enfants ? »

Du point de vue d'un journaliste Catholique, il est fascinant de considérer la motivation du Pape à prendre cette direction. De son accent mis sur la miséricorde, une majorité de penseurs qui ont réfléchi à la question ont postulé que, de son grand désir de montrer la miséricorde de Dieu, d'atteindre les périphéries, vient cette approche qui, comme le souligne le Professeur Seifert, menace l'édifice moral de l'église.

Sans aucun doute, beaucoup de ceux qui conseillent le Pape l'ont exhorté à se taire sur les enseignements de l'Église qui confrontent la culture.

Cette stratégie a été tentée à la fin des années 1960 et 1970 et les statistiques suggèrent un exode massif de l'Église auquel nous assistons encore aujourd'hui. Un regain d'intérêt, surtout chez les jeunes, ne se manifeste que dans les lieux où la Tradition a été relancée.

L'Église a d'ailleurs déjà envisagé de telles propositions. Le Pape Léon XIII en 1899 dans la lettre encyclique Testem Benevolentiae Nostrae dit que certains prétendent qu’il « serait opportun, afin de gagner ceux qui sont différents de nous, d'omettre certains points d'enseignement qui sont de moindre importance et d’édulcorer le sens que l'Église a toujours attaché à ces points ».

Cependant, a déclaré le Pape Léon XIII, l'Église a déjà eu vent de telles suggestions et a déterminé : « Qu’une telle politique tendrait plutôt à séparer les Catholiques de l'Église que d'amener ceux qui diffèrents ». En conclusion, le Pape Leo a dit qu'il y avait rien de plus proche de son cœur « que d'y faire revenir ceux qui sont séparés du Bercail du Christ ». Il ajouta cependant « mais d’aucune autre manière que celle indiquée par le Christ ».

Et enfin, considérons la fausse accusation de certains dans les médias à savoir que ceux qui remettent en question les actions du Pape, qui pourtant lui font appel avec amour, respect et révérence à dissiper la confusion qui sévit dans l'Église, sont en quelque sorte les ennemis du Pape. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité.

Dernièrement, nous avons souvent entendu dire par Saint Thomas d'Aquin que « ... si la Foi était mise en danger, un sujet devrait réprimander son prélat même publiquement. C'est pourquoi Paul, qui était le sujet de Pierre, l’a réprimandé en public, à cause du danger imminent du scandale concernant la Foi ».

Mais une citation beaucoup moins connue vient du Saint Évêque Melchior Cano, un théologien du Concile de Trente qui écrivit dans les années 1500 : « Maintenant, on peut dire brièvement que ceux qui défendent aveuglément et sans distinction n'importe quel jugement du Souverain Pontife concernant chaque sujet affaiblit l'autorité du Siège apostolique ; ils ne le supportent pas ; ils le subvertissent ; ils ne le fortifient pas ... Pierre n'a pas besoin de nos mensonges ; il n'a pas besoin de notre adulation ».

Voici la vérité. Ceux, tels que le Cardinal Brandmüller, qui ont mis en danger leur réputation et leurs bons noms, avec leur Supplique aimante au Saint-Père, pour clarifier la Foi, pour confirmer ses frères dans la Vérité, sont les seuls vrais amis du Pape. Il n'y a aucun intérêt personnel dans cette action, aucune intention de mauvaise volonté. C'est une action née de la prière et du souci du vrai amour et de l'amitié qui cherche le meilleur pour le bien-aimé et pour l'Église qu'il est appelé à paître.

Saint Paul a parlé à l'Évêque Timothée d'un temps qui viendra où les gens ne voudront plus écouter le véritable enseignement, mais ils suivront leurs propres désirs et s'entoureront d'une foule de maîtres qui leur diront ce qu'ils aiment entendre et les paroles de Saint Paul à Timothée sont cruciales pour nous aujourd'hui : « Je te le demande solennellement devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui jugera les vivants et les morts, je te le demande au nom de la venue du Christ et de son Royaume : prêche la Parole de Dieu avec insistance, que l'occasion soit favorable ou non ; sois persuasif, adresse des reproches ou des encouragements, en enseignant avec une patience parfaite ».(2 Tim 4 : 1-2)



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