Quand la Presse Catholique dominante commence à s'interroger
Ce n'est plus un débat entre « Libéraux » et « Traditionnalistes »
Écrit par Dan Hitchens
Le 15 février 2017
SOURCE : Catholic Herald
Il y a quelques semaines, la revue Jésuite La Civiltà Cattolica publiait un article surprenant sur les femmes-prêtres. Ses arguments étaient familiers : l'auteur, le rédacteur en chef, le Père Giancarlo Pani, a demandé aux lecteurs de se demander si un sacerdoce entièrement masculin pouvait être périmé. « Il y a un malaise, écrit le Père Pani, parmi ceux qui ne comprennent pas comment l'exclusion de la femme du ministère de l'Église peut coexister avec l'affirmation et l'appréciation de son égale dignité ».
Ce qui est surprenant, c'est que cela paraît dans un journal édité par l'un des plus proches conseillers du Pape, le Père Antonio Spadaro ; un journal très proche du Saint-Siège — chaque page est examinée par le Vatican — que le Pape a récemment félicité. Ça suggère que l'Église, même à ses plus hauts niveaux, entre maintenant dans une véritable guerre civile sur la Doctrine. Il y a eu un autre exemple hier lorsque Radio Vatican a publié un nouveau livre par le Cardinal Francesco Coccopalmerio, le Président du Conseil Pontifical pour les Textes Législatifs.
Le Cardinal Coccopalmerio affirme que les divorcés et remariés peuvent recevoir la Communion s'ils ont quelque souhait de changer leur situation — même s'ils ne cherchent pas à vivre « comme frère et sœur ». Dans certains cas, dit le Cardinal, éviter les relations sexuelles peut être « une impossibilité ». Il donne l'exemple d'un homme abandonné par sa femme. L'homme commence à vivre avec une autre femme. Elle aide à élever ses enfants. Si la relation échoue, l'homme pourrait être plongé dans un « profond désespoir » et les enfants seraient laissés sans une figure maternelle. Le Cardinal écrit : « Quitter l’union signifierait donc ne pas remplir un devoir moral envers des personnes innocentes ». Si le fait d’éviter des relations sexuelles « peut causer des difficultés », ils devraient continuer à avoir des relations sexuelles pour maintenir la relation.
Les implications de l'argument du Cardinal Coccopalmerio semblent en contradiction avec la Doctrine de l'Église. Prenons d'abord le point le plus évident : le point de vue du Cardinal selon lequel une relation sexuelle adultère est compatible avec la Communion est simplement un affrontement direct avec l'enseignement Catholique. Le fait que les deux soient incompatibles a été enseigné par le Pape Jean-Paul II en 1981, Benoît XVI en 2007 et la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 1994, sans parler des Papes St Innocent I, St Zachary, St Nicolas I ... On pourrait continuer.
Mais ce n'est pas le seul problème avec le livret du Cardinal Coccopalmerio. Supposons que le fait d'éviter des relations sexuelles puisse être une « impossibilité ». Il est très difficile d'en tenir compte avec la déclaration du Concile de Trente : « Si quelqu'un dit que les Commandements de Dieu sont, même pour celui qui est justifié et en état de grâce, impossibles à observer, qu'il soit anathème ». Cela signifie que Dieu, Notre Père aimant, ne cessera jamais de nous aider. Mais le Cardinal Coccopalmerio pense que d’éviter le péché peut parfois nous dépasser.
Encore une fois, les conclusions du Cardinal sur la continence « causant des difficultés » semblent douteuses. Saint Paul, inspiré par le Saint-Esprit, a condamné l'idée que l'on pouvait « faire le mal pour que le bien en sorte ». L'Église l'a interprété très strictement. Saint Thomas d'Aquin, à la suite de cet enseignement perpétuel, a déclaré que l'on ne devrait pas avoir de relations sexuelles adultères même si elles pouvaient sauver un pays entier d'un désastre. Mais le Cardinal Coccopalmerio pense qu'on peut avoir des rapports sexuels adultères si cela « cause des difficultés » à ne pas le faire.
Quant à la question de la Communion elle-même : il est évident que quelqu'un dans une relation adultère continue court un risque élevé d'être en état de péché mortel. Seul Dieu sait, mais si quelqu'un commet un péché grave, tout en « discernant » son chemin par rapport à l'enseignement Catholique, c'est une possibilité assez substantielle. Et la Communion en état de péché mortel est, selon Saint Jean Vianney (Curé d’Ars), patron des prêtres de paroisse, le pire péché de tous — pire que de crucifier le Christ. Beaucoup de divorcés et remariés restent loin de la Communion précisément pour éviter de commettre un péché mortel. L'approche de Cardinal Coccopalmerio suggère que ce risque est, dans certains cas, trop insignifiant pour être un obstacle.
Maintenant, bien sûr, le Cardinal ne dit rien de tout cela. Il ne dit pas : « Je pense que Jean-Paul II, Benoît XVI et la Tradition de l'Église sont dans l’erreur. Je soupçonne que la loi morale peut parfois être impossible à garder. Je n'ai aucun problème, en principe, à faire le mal pour que le bien puisse en sortir. Et je ne pense pas que recevoir la Communion dans un état de péché mortel soit un péché si terrible que nous devons prendre de grandes précautions contre lui ». Mais le simple fait qu'il ne dit pas ces choses n'est guère un réconfort.
L'interprétation moins généreuse serait à l’effet que l'erreur religieuse tente toujours d'éviter la clarté. Le Bienheureux John Henry Newman a noté que les Ariens utilisaient « un langage vague et ambigu, qui ... semblait véhiculer un sens Catholique, mais qui, si on le définit à la longue, se révélait hétérodoxe ». Le point de vue plus généreux est que le Cardinal n'a pas tout à fait réfléchi à ses paroles et qu’il les rétracterait s'il réalisait ce qu'elles impliquent.
Le Cardinal Coccopalmerio est un personnage important au Vatican : son livre est apparu avec le soutien évident du Vatican, et sans contradiction officielle. Et son opinion est proche de celle de beaucoup d'autres prélats (tels que les Évêques de Malte et la plupart de ceux en Allemagne). Ainsi, le débat sur la Communion ne peut plus être vu — si jamais ça se pouvait — comme une querelle marginale entre « libéraux » et « conservateurs ». Ça ne peut pas non plus être formulé comme une question de savoir si vous préférez un peu plus de miséricorde ou un peu plus de justice. C'est maintenant, tout simplement, un débat sur la validité de l'enseignement de l'Église. Et cela signifie que le débat sera discuté et discuté.
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