dimanche 12 février 2017

Le Cardinal Gerhard Müller reçoit une vive critique
pour sa récente interview avec Il Timone




Rédigé par : Maike Hickson

SOURCE : One Peter Five
Le 11 février 2017


Aujourd'hui, la fête de Notre-Dame de Lourdes, c'est le 39ème anniversaire de l'Ordination sacerdotale du Cardinal Gerhard Müller. Et exactement à ce même jour, une nouvelle nous parvient selon laquelle le Cardinal Müller subit de plus en plus de pressions pour avoir récemment accordé une interview au journal Italien Il Timone ; dans cette interview, le Cardinal Allemand avait précisé que « quant à la Doctrine Catholique, il est impossible que le péché mortel coexiste avec la grâce sanctifiante ». Il a également répété l'enseignement de l'Église Catholique selon lequel les divorcés « remariés » ne peuvent pas avoir accès aux Sacrements à moins qu'ils ne vivent « comme frères et sœurs », selon le document papal Familaris Consortio de 1984. Avec cette interview, le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a donné une réponse indirecte aux dubia des Quatre Cardinaux qui ont été présentés au Pape François en novembre de 2016.

Cette interview a suscité de vives critiques en Italie. Ça semble presque comme si son renvoi est préparé en le réprimandant pour sa déloyauté envers le Pape François. À la suite, nous publions une traduction d'un article de Nuova Bussola Quotidiana publié aujourd'hui par le même homme qui a mené l'entrevue d‘Il Timone, Riccardo Cascioli. M. Andrew Guernsey a été très gentil et généreux encore une fois de nous fournir une traduction de ce nouvel article. En outre, Guernesey a ajouté quelques extraits d'un article du 10 février écrit par l'expert du Vatican et proche confident du Pape, Andrea Tornielli. Les articles de Tornielli sont souvent considérés comme exprimant la voix du Pape. Ainsi, sa critique indirecte du Cardinal Müller pourrait aussi avoir une signification plus importante que la normale. (C'est à Tornielli que Cascioli se réfère quand il parle « The Vatican Sniper » [ de « tireur d’élite du Vatican » ], pour les raisons expliquées ici.)

Avant d'aller aux traductions, j'ajouterais une pensée. Si le Pape François décidait de remercier le Cardinal Müller — dont le mandat actuel de cinq ans se termine et qui devrait être nommé de nouveau en juillet —, il pourrait bien offenser le Pape émérite Benoît XVI qui avait appelé Müller à cette même fonction. Deuxièmement, il ne se rend peut-être pas compte que Müller — après un tel renvoi et avec tout son respect habituel envers le Pape François — pourrait désormais devenir un critique plus puissant et plus influent de sa papauté que les contraintes de ses fonctions actuelles semblent le lui permettre. J'ai observé plusieurs journalistes conservateurs Catholiques qui ont souhaité depuis quelque temps que le Cardinal Müller soit libéré de ses fonctions afin qu'il soit plus fort dans sa défense publique de l'enseignement Catholique traditionnel sur le mariage.

Comme nous le disons, que la Volonté de Dieu soit faite. Et tout fonctionnera à Sa Gloire pour ceux qui L'aiment et Lui obéissent.




Et ils ont continué à l'appeler
le tireur d'élite de Vatican

Par : Riccardo Cascioli
La Nuova Bussola Quotidiana
Le 11 février 2017
Traduit par Andrew Guernsey

Il a fallu quelques jours pour démêler les choses après l'interview publiée dans la revue mensuelle « Il Timone ». Mais maintenant la décision a été prise, l’ordre a été donné : éliminer le Cardinal Müller. Ses paroles en défense de la Doctrine — lui qui est le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi — ont manifestement causé beaucoup de désagrément et n'ont pas été jugées conformes aux intentions du Pape. Dans l'interview, Müller souligne qu'Amoris Laetitia ne peut être interprété en discontinuité avec le Magistère antérieur selon lequel il ne peut pas y avoir de Communion pour les divorcés et remariés et qu'il faut se rappeler dans le processus œcuménique que Luther a corrodé le contenu de Révélation.

Deux défis furent émis à la fois aux Évêques et au Pape François, ce qui les enragèrent certainement : et le super-sniper (note : le vaticaniste Bergoglien, Tornielli ), le tireur d'élite du Vatican, entra en action. Hier, il a publié un long article retraçant, au cours des 50 dernières années, l'histoire des désaccords entre les Papes et leurs collaborateurs les plus proches, le Secrétaire d'État ou le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Nous y constatons donc que des divergences sur certaines décisions ont toujours existé mais ont été résolues en privé, avec la volonté des collaborateurs de démissionner si le Pape n'écoutait pas la raison. Aujourd'hui, cependant, le « Vatican Sniper » se plaint, ces Cardinaux parlent par le biais des journaux. L'invitation est claire : le Cardinal Müller devrait démissionner. Certains objecteront : nulle part dans l'article est nommé le Cardinal Müller. C'est vrai, mais c'est un style clérical classique : quand quelqu'un doit être éliminé, il n'est pas contesté directement, on lui fait sentir une atmosphère hostile qui s’appesantit autour de lui, des allusions sont faites, sont insinuées, des messages obliques sont envoyés. De plus, en faisant cela, on est amené à comprendre que ce n'est pas un problème personnel, le même sort peut tomber sur quelqu'un d'autre qui s’affiche de la même manière. Aujourd'hui c'est le tour de Müller, mais le message doit aussi se rendre à d'autres noms bien connus.

Mais pendant ce temps, depuis que le signal a été donné, le feu croisé a déjà commencé : Alberto Melloni de La Repubblica ( note : seul journal de centre gauche lu par le Pape ) avait déjà dit, à l'avance il y a quelques jours, que pour seulement la moitié de ce que le Cardinal Müller a fait et dit, Pie XII lui aurait enlevé sa barrette de Cardinal. Sur le site Panorama.it, dans un article d'Orazio La Rocca consacré à la brochure publiée par le Cardinal Coccopalmerio, qui justifie la Communion pour les divorcés et remariés, une petite pensée pour Müller ne manque pas : de rendre publics les dubia est « un geste de manque flagrant de respect envers Pape », et c’est tout aussi irrespectueux de se servir d'entretiens : « Comme l'a fait, par exemple, le Cardinal Gerhard Ludwig Müller, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, ces derniers jours, qui a ouvertement critiqué dans un journal l'admission aux Sacrements pour les personnes en cohabitation et les divorcés et remariés car, a-t-il averti, « vous ne touchez pas » à la Doctrine ». Curieux : défendre la Doctrine aujourd'hui est devenu un point d'accusation.

Et qui sait ce qui nous attendra dans les prochains jours. Certainement, les tons deviennent toujours plus véhéments, le Cardinal Raymond L. Burke peut sûrement en témoigner : après avoir été privé de l'autorité en tant que chef spirituel des Chevaliers de Malte, après avoir subi les attaques répétées des Gardiens habituels de la Révolution, hier, le 10 février, il a été la cible d'un article très violent dans le Washington Post, qui exige — avec une certaine vanité et une arrogance, il faut le dire — que le Pape le jette hors de Rome, là où il pourrait obstruer le chemin de la réforme que François réalise avec succès. L'auteur de l'article, Emma-Kate Symons, est notoirement éloignée des vues Catholiques — c’est bien curieux que ceux qui se soucient tant du chemin de la réforme de l'Église soient ceux qui la détestent — mais elle semble terrifiée par une éventuelle alliance entre Burke et l'administration Trump qui (ce n’est pas clair) pourrait faciliter l'essor du fascisme en Europe.

C'est une folie typique des années 1970, mais la violence des mots (même en Italie) nous pousse à ne pas sous-estimer le phénomène.






Le Dossier actuel et le Discrédit du Pape
dans la Presse : tout a été vu avant

Par : Andrea Tornielli
La Stampa
Le 10 février 2017
Traduit par Andrew Guernsey

[Les caractères gras sont utilisés par Tornielli]

Continuité et discontinuité : articles corrosifs et les manœuvres des Prélats, le précédent de 1962. Mais aujourd'hui le style curial a changé.

Le drame et l'aggravation du ton qui accompagnent certaines polémiques médiatiques sur le Pontificat actuel peuvent faire penser que nous nous trouvons dans une situation sans précédent. Ce n'est pas le cas : les affiches dans les rues de Rome dans le faux style populaire Romain (accueillies par le Pape avec un rire) ainsi que des articles de journaux qui, bien au-delà de la critique légitime, tentent de tout saper ce que le Successeur de Pierre dit ou fait, font partie d'une « tradition » qui voit dans les médias un pion des luttes de pouvoir internes de la Curie et de l'Église. L'histoire récente du Saint-Siège avec la répétition constante de quelques-unes, souligne cependant les discontinuités : l'une de ces préoccupations concerne certainement le style et l'attitude de ceux qui travaillent le plus étroitement avec le Pape, de la part des Cardinaux de la Curie. Les « ministres du Pape » les plus influents et ayant le plus d’autorité, jusqu'à l'autre jour, étaient habitués à parler face à face avec leur supérieur, à ne pas se distancer de lui publiquement.

[...]

Une des nouveautés majeures de la présente saison est cependant représentée par les déclarations répétées de Cardinaux « ministres » du Pape et de ses collaborateurs à la Curie Romaine. Des déclarations critiques, même dans la presse, de la part d’Évêques et de Cardinaux à l'égard de certaines décisions papales ne sont pas inconnues : il suffira ici de rappeler certaines déclarations à la suite de la publication de l'Humanae Vitae de Paul VI. Mais dans ce cas, il s'agissait de Cardinaux ou d'Évêques résidents (ou, comme cela est arrivé quelques années plus tôt dans le cas d'un livret fortement opposé à la réforme liturgique par des Cardinaux Émérites Curiaux qui n’étaient plus en fonction). Un exemple du style du passé est représenté par Joseph Ratzinger. Ce n'est pas un secret, par exemple, que les idées du Cardinal Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ne coïncidaient pas toujours avec celles du Pape Jean-Paul II. [...] Il y avait une certaine différence d'opinion, par exemple, à l'occasion de la première réunion interreligieuse à Assise. Ces divergences d'opinions ont cependant été présentées et discutées dans le cadre des relations personnelles entre le Cardinal et le Pape, dans le cadre d'audiences à des tables ou à des réunions demandées ad hoc. Contrairement à ce qui se passe aujourd'hui avec la pratique devenue banale, on chercherait en vain, quand Ratzinger était Préfet de la Doctrine de la Foi, pour trouver une déclaration publique de lui qui aurait semblé s'éloigner du Pape Jean-Paul II.

[...] Exemples de l'ancien style curial. Les collaborateurs les plus proches et les plus autorisés du Pape, à la tête des plus importants dicastères, ont exprimé leurs positions face à face avec leurs supérieurs — disposés, dans certains rares cas, à abandonner leurs postes pour les défendre — sans qu'aucun de ces éléments ne figure dans les déclarations publiques, comme c'est le cas aujourd'hui.


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