mardi 22 mars 2016

Socci

Le Pape qui veut se mettre à la place de Dieu



par : Antonio Socci

Paru originalement en italien dans Libero
SOURCE : Rorate Caeli
Le 20 mars 2016

Est-ce que l’Exhortation Apostolique post-Synodale qui vient tout juste d’être signée par le Pape Bergoglio — mais pas encore rendue publique — représentera une révolution pour l'Église ? Est-ce qu’une « nouvelle église » sera fondée sur la parole de Catholiques progressistes comme le Pape Bergoglio et Walter Kasper au lieu d’être fondée sur la Bonne Nouvelle du Christ ?


En effet, le Cardinal Kasper, grand adversaire de Joseph Ratzinger, a annoncé une véritable « révolution ».

Bergoglio a employé Kasper en février 2014 lors du Consistoire pour lancer la nouvelle sensationnelle concernant la communion pour les divorcés remariés. Ce n'est pas que Bergoglio soit soucieux des divorcés qui veulent recevoir la communion, mais ils ont été utilisés comme un bélier fonceur pour ébranler la Doctrine Catholique sur les Sacrements.

Lundi dernier lors d'une réunion à Lucques (Italie) et à la veille de la signature de l'Exhortation du Pape, Kasper ne pouvait se contenir : « Ce sera la première étape d'une réforme qui fera tourner la page dans l'histoire de l'Église après 1700 ans ».

L'Exhortation sera rendue publique au milieu d'avril, mais Kasper — qui connaît le contenu —revendique déjà la victoire. « Le document fera sa marque », dit-il, « comme la plus grande révolution dans l'Église depuis 1500 ans ».

Le site Vatican Insider a également publié la manchette concernant le document citant Kasper comme disant : « Ce sera révolutionnaire ».

En effet, Bergoglio qui — avec des amis — aime provoquer, a révélé à Scalfari dans Repubblica le 24 décembre 2015. « Je suis un révolutionnaire » (Le Repubblica est un quotidien italien penchant à gauche et Scalfari en est son rédacteur en chef.)

LA GRENOUILLE BOUILLIE

Si le plan de Bergoglio pour renverser l'Église Catholique est évident, il est aussi vrai qu’il sait qu’il doit agir astucieusement et avec un sens du timing afin de ne pas se sortir de l'affaire en question comme étant un « pape hérétique ». Le droit canon pourrait cependant dicter exactement cela avec tout ce qui pourrait suivre.

Bergoglio, en fait, aime à se présenter ainsi : « Je peux dire que je suis plutôt malin, je sais comment obtenir ce que je veux ». Et ceci explique ce que nous lisions hier encore dans un autre aperçu par Alberto Melloni de Repubblica.

De son article, nous apprenons — ce qui était prévisible — que, dans l'Exhortation, il n'y aura pas un changement formel à la Doctrine parce que le Pape ne peut en aucun cas dire explicitement que l'Évangile et les deux mille ans du Magistère de l'Église sur l'indissolubilité du mariage et l'accès à l'Eucharistie doivent être mis aux poubelles. Il se délégitimerait.

Alors qu'est-ce l'Exhortation dit selon Melloni ? Tout sera légitimé sous la forme —apparemment anodine — de la pastorale et de l'appel à une « participation plus complète » des divorcés remariés dans la vie de l'Église.

Melloni commence avec la (fantastique) hypothèse que « presque tous les curés » donnent déjà la communion aux divorcés et remariés et donc que ce serait « seulement » une légitimation d'une pratique déjà en usage mais sans lui donner une base théologique. En vertu de la « miséricorde », bien sûr.

En réalité, avec cette pratique qui serait une théologie non Catholique de l'Eucharistie, le mariage et la confession seraient légitimés sans le dire explicitement et sans mettre les revendications hérétiques en noir et blanc.

Selon Melloni, Bergoglio agirait en « appelant les Évêques à prendre leurs responsabilités et en leur transmettant effectivement les pouvoirs ».

Il l’a fait avec le Motu Proprio portant sur la « nullité du mariage ». Peut-être donnera-t-il aussi le pouvoir aux Évêques de légitimer l'Eucharistie à certains couples divorcés et remariés sans l’exigence de vivre « comme frère et sœur », ce que l'Église a demandé jusqu'à maintenant.

De cette façon, le Pape Bergoglio déléguerait aux Évêques l'autorisation (sans en réalité avoir le pouvoir de le faire) d'une nouvelle pratique sacramentelle. Ce serait — tacitement — légitimer et même basculer dans le deuxième (ou troisième) mariage et ébranler les fondements mêmes de l'Eucharistie et de la confession.

Et surtout, ça dispenserait de la nécessité d'observer les Commandements, un pouvoir que personne n’a sur terre.

APOSTASIE

Il serait difficile d'imaginer que l'Église accepterait cela. Tout d'abord parce qu'il n’est pas du tout vrai qu’aujourd'hui c’est habituel pour les divorcés remariés de recevoir la communion : tout le monde sait que l'Écriture Sainte (conséquemment l'Église) ne le permet pas sauf si le couple vit ensemble comme des célibataires.

Les Évêques qui ont contrevenu dans le passé à cela ont commis une grave non-conformité (et nous savons que le Cardinal Bergoglio à Buenos Aires a été l'un de ceux-là).

Deuxièmement, il est impossible de séparer la Doctrine et la Pratique parce que si une Pratique est légitimée et qui est contraire à la Doctrine Catholique — telle que dans l'administration des Sacrements — alors la personne affirme automatiquement une doctrine hétérodoxe.

Il est vrai que des théories étranges concernant les Sacrements ont déjà été explicitement formulées par Bergoglio sans être formalisées dans le Magisterium.

En novembre, en parlant avec les Luthériens à Rome, il a soutenu que l'Eucharistie Protestante et l'Eucharistie Catholique sont seulement divisées par différentes « interprétations » et il ajoutait toutefois que « la vie est plus grande que les explications et les interprétations » (De cette manière, il dégradait le Dogme Catholique à une simple « opinion » et l’assimilait aux Protestants.)

Le 11 février 2016, parlant au Clergé Romain, Bergoglio est sorti avec une notion singulièrement étrange en ce qui concerne le Sacrement de la confession selon laquelle, même si l'on ne confesse pas certains péchés, le pénitent doit être absous de toute façon parce qu’il vous a parlé tout simplement avec le geste de venir » à la confession.

De toute évidence, la Doctrine de l'Église prétend exactement le contraire

Mais Bergoglio est allé encore plus loin et a affirmé que le confesseur ne devrait pas demander du pénitent l'intention de ne plus pécher (comme l’Église le demande) parce que, encore une fois — selon lui — le geste d'aller à la confession suffit.

Bergoglio, à la fin, a ajouté un exemple qui peut nous faire penser aux divorcés et remariés. « Et si une personne dit : « Je ne peux pas promettre cela » parce que c’est une situation irréversible, c’est un principe moral : « nemo ad impossibilia tenetur », i.e. « personne n’est tenu à l'impossible ».

Peut-être cela est la « nouvelle » marque Bergoglio de confession et d'absolution pour les divorcés remariés, mais comment peut-on penser que ce sont des sacrements valides ?

La théorie de la morale de Bergoglio afférente à « ad nemo impossibilia tenetur » n'a rien de Catholique et a été explicitement condamnée par le Concile de Trente : « Si quelqu'un dit que les Commandements de Dieu sont impossibles à observer même pour celui qui est justifié et en état de grâce, qu'il soit anathème ».

LA VICTOIRE DE KASPER SUR L'ÉGLISE

Si ce qui a été postulé par Melloni est en fait ce que Bergoglio a signé, ce serait exactement ce que le Cardinal Kasper avait proposé dans son rapport au Consistoire de février 2014.

Cependant, lors de ce Consistoire, l’orientation de Kapser, qui avait été prise en charge complètement et supportée de façon enthousiaste par Bergoglio, a été rejeté par 75 pour cent des Cardinaux. Sa ligne de pensée ensuite été à nouveau rejetée dans les deux Synodes de 2014 et 2015.

Le Pape, au mépris de la synodalité (ainsi dite) très louée au Synode, a apposé sa signature aux postulations de Kasper même si elles avaient été rejetées à trois reprises par les Cardinaux et les Évêques. (En dehors du fait aussi qu'elles sont rejetées par l'ensemble du Magistère et de la Sainte Écriture surtout.)

Si un document comme cela sort, des scénarios dramatiques s’ouvriront pour l'Église.

Dans le même temps, une interview sous forme de livre vient d'être publiée en Espagne dans laquelle le Cardinal Gérard Muller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, affirme qu'il est impossible de donner la communion aux divorcés remariés « à cause du Droit Divin qui caractérise l'indissolubilité du mariage ».

À tort, on croit que le Pape peut changer la Vérité Révélée de l'Église, mais ça ne lui appartient pas ; il reste seulement un serviteur.

Le Vénérable Pio Brunone Lanteri, bien qu'il soit un grand défenseur de la papauté, a dit ouvertement : « On peut dire que le Saint-Père peut tout faire » « quodcumque solveris, quodcumque ligaveris etc » ( Matthieu 16, 19 : ce que tu excluras sur terre sera exclu dans les cieux ; ce que tu accueilleras sur terre sera accueilli dans les cieux ), c’est vrai, mais il ne peut rien faire contre la Constitution Divine de l'Église ; il est le Vicaire du Christ, mais il n'est pas Dieu, et ne peut pas non plus détruire l’Oeuvre de Dieu ».

Un autre grand homme de l'Église, le Cardinal Journet, regardant le vieil âge de l’enseignement de l'Église affirmait: « En ce qui concerne l'axiome « là où le Pape est, là est l'Église », ce qui sied bien en effet ; cela est vrai quand le Pape se comporte comme un Pape et comme le Chef de l'Église ; si cela n’est pas le cas, l'Église n’est pas en lui tout comme lui n’est pas dans l’Église ».

Aucun commentaire:

Publier un commentaire