samedi 19 mars 2016

Les « Missionnaires de la Miséricorde »

Anatomie d'un stratagème de relations publiques






par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Fatima Network Perspectives
Le 18 mars 2016

Maintenant que 1 000 « Missionnaires de la Miséricorde » ont été lancés à leur mission par le Pape François, la question se pose : qu'est-ce qu’ils sont censés exactement faire que les curés ordinaires ne peuvent pas faire ? La réponse est déjà claire : absolument rien comme le montre une histoire révélée par inadvertance par Catholic News Agency (CNA)

Comme cet article le rapporte, d’après le Vatican, on a donné aux « Missionnaires de la Miséricorde » (MDM) la faculté « d'absoudre les péchés dans les cas autrement réservés au Saint-Siège ». Pour la énième fois, nous voyons la confusion entre l'absolution des « péchés réservés au Saint-Siège » au sujet desquels il n'y en a pas en vertu du Code de Droit Canonique de 1983 et l'absolution des peines attachées aux péchés tels que l'excommunication qui, dans certains cas, sont encore réservés au Vatican même si les péchés ont absous localement par un curé.


L'auteur de cet éditorial est Monsieur Christopher A. Ferrara. Monsieur Ferrara est avocat de profession. Il agissait aussi comme collaborateur principal de Feu Père Nicholas Gruner, fondateur du Centre de Fatima, Fort Érié, Canada et ayant aussi des installations à Rome. Il est chroniqueur dans plusieurs autres sites catholiques dont Le Remnant Newspaper.

À cet égard, la presse Catholique, a passé sous silence la signification d'une « clarification » du Vatican comme le rapporte Catholic News Agency (CNA) :

« Bien qu'il existe plusieurs de ces péchés, le Saint-Siège a précisé que les facultés des Missionnaires de la Miséricorde sont limitées à seulement quatre, à savoir :

  • Profaner les Espèces Eucharistiques en les apportant ou en les gardant dans une fin de sacrilège ;

  • L'utilisation de la force physique contre le Pontife Romain ;

  • L'absolution d’un complice du péché contre le Sixième commandement ( « Tu ne commettras point d'adultère »)

  • Et une violation directe contre le sceau sacramentel par un confesseur.

  • Notez que deux des quatre péchés sont commis par des clercs seulement et que l'un d’eux— voler l'Eucharistie pour la souiller — constitue une infraction que très peu de membres des laïcs ont jamais commis, étant commis presque tous par des satanistes.

    Notez également ce qui manque dans la liste : l'avortement, ou plutôt l'excommunication « latae sententiae » (automatique) attachée à l'avortement selon le Canon 1398. Pourquoi l'avortement n’est pas sur la liste ? Réponse : ce n'est pas « un péché réservé au Saint-Siège », ni aucune peine réservée au Saint-Siège en ce qui concerne l'avortement. Tout curé peut absoudre ce péché et le même prêtre peut lever la peine attachée à ce péché s’il a la faculté de son Évêque.

    Le lecteur se souviendra des comptes-rendus des médias à travers le monde à savoir que François, que tous les médias louangent constamment comme « le Pape de la miséricorde » en dérogation de ses prédécesseurs prétendument sans miséricorde, avait autorisé les Missionnaires de la Miséricorde de « pardonner le péché de l'avortement ». Où ont-ils pris cette idée ? De François ! Comme il l’a déclaré dans sa lettre largement publiée à Mgr Fisichella, Président du Conseil Pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Évangélisation :

    « Pour cette raison aussi, j'ai décidé, nonobstant toute disposition contraire, de concéder à tous les prêtres pour l'Année jubilaire la discrétion d'absoudre le péché de l'avortement ainsi qu’à ceux qui l’ont procuré et qui, avec le cœur contrit, recherchent le pardon pour cela ».

    Vous avez bien lu : François a « concédé » aux prêtres pour son « Année de la Miséricorde » la discrétion qu’ils avaient déjà, rétrécissant implicitement ainsi l’étendue de la miséricorde déjà disponible au confessionnal. Oups ! D’où la « clarification » tardive du Vatican que François n'a pas accordé, en fait, aucune faculté pour « pardonner le péché de l'avortement ».

    Quant aux quatre peines énumérées ci-dessus, qu’est-ce qui empêchait François d’accorder tout simplement à chaque curé dans le monde la faculté de remettre les peines en accord le thème de la Miséricorde « sans limites » de Dieu ? Absolument rien.

    Alors, quel service les Missionnaires de la Miséricorde rendent au juste à l'Église qui n’aurait pas pu être prodigué autrement sans compter le temps et les dépenses nécessaires pour faire venir des centaines de prêtres à Rome afin de recevoir leur « mandat » spécial de Missionnaires de la Miséricorde ? Absolument rien du tout. Le rapport de Catholic News Agency (CNA) montre jusqu’à quel point les Missionnaires de la Miséricorde sont superflus :

    « Les Évêques seront capables de contacter les Missionnaires de la Miséricorde à proximité et de les inviter à venir dans leurs diocèses ».

    Le Père Landry [un des Missionnaires de la Miséricorde] a dit que, lorsque les missionnaires sont invités par un Évêque à venir dans son diocèse, les choses concrètes qu'ils vont faire dépendra de ce que cet Évêque particulier voudra ».

    « Chaque Pasteur, chaque Évêque qui inscrit un Missionnaire de la Miséricorde aura une idée générale de la meilleure façon de le mettre au travail » a-t-il dit, en expliquant que, dans la plupart des endroits, ils seront probablement invités à prêcher et entendre les confessions dans les forums tels que des Congrès, des conventions de la jeunesse, des événements pour les familles et des pèlerinages.

    En d'autres termes, au-delà de la remise de quatre peines que François aurait pu autoriser n’importe quel prêtre de paroisse à remettre, les Évêques devront penser aux choses à faire faire au Missionnaire de la Miséricorde, si encore ils choisissent d’inscrire un Missionnaire de la Miséricorde dans la cédule de leur diocèse. Mais toutes les fonctions que Landry mentionne peuvent être et sont déjà réalisées par des prêtres réguliers.

    Est-ce une blague ? Non, c’est un stratagème de relations publiques au service d’un slogan : « La Révolution de Tendresse et d'Amour de François » comme le Cardinal Kasper l’a décrite sans vergogne. Au cours des 50 dernières années — mais aujourd'hui plus que jamais —l'Église a été régie par des slogans révolutionnaires et des « happenings » plutôt que par la substance de la Foi Catholique. Et c’est ce nuage éphémère inutile qui marque peut-être la plus grande crise de l'histoire de l’Église.

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