Par : Jimmy Akin
Le 27 juin 2016
SOURCE : National Catholic Register
Quelle était sa mystérieuse « Prophétie des Papes »
Que devons-nous en penser ?
[Note de l'éditeur : Dans une récente interview avec Paul Badde, le secrétaire personnel et Préfet de la Maison Pontificale du Pape émérite Benoît XVI — Mgr Georg Gänswein —a brièvement discuté d’un ensemble de prédictions censées avoir été faites par Saint Malachie au 12ème siècle. En raison de l'intérêt renouvelé pour la « présumée prophétie de Saint Malachie » qui a résulté de cette entrevue, le National Catholic Register ré-édite cet article qui a paru à l'origine le 24 février 2013.] |
Avec l'annonce de la démission du Pape Benoît XVI, beaucoup de gens ont parlé de la « prophétie des Papes » attribuée à Saint Malachie.
Qui était-il, quelle est sa prophétie et que devrions-nous en penser ?
Voici 9 choses que vous devez savoir. . .
1. Qu'est-ce que « la prophétie des Papes » ?
C’est une présumée révélation privée donnée à la figure médiévale qu’est Saint Malachie.
La prophétie consiste en une liste de 112 phrases courtes - Ces devises énigmatiques en latin sont censées représenter les Papes à partir de l'époque de Saint Malachie et ensuite.
2. Qui était Saint Malachie ?
Saint Malachie était l'Archevêque d'Armagh, en Irlande dans les années 1100.
Selon les témoignages, il s’est rendu à Rome où il a eu une vision des futurs Papes et l’a écrite
3. Pourquoi les gens parlent de cette prophétie maintenant ?
L’avant-dernière devise dans la prophétie des Papes a été associée au Pape Benoît XVI. Comme il est maintenant à la fin de son pontificat, cela nous amène au dernier nom dans la Prophétie des Papes que plusieurs considèrent comme le dernier Pape de la fin du monde.
Ce passage se lit comme suit :
Pierre le Romain qui va nourrir les brebis dans de nombreuses tribulations ; quand elles auront fini, la ville des sept collines sera détruite et le juge terrible jugera son peuple. La fin.
4. Est-ce une révélation privée approuvée ?
Non, ce ne l'est pas. Bien qu'elle ait été influente dans certains milieux Catholiques durant plusieurs centaines d'années, elle n'a pas été approuvée par le Magistère.
5. Quelles sont les preuves concernant son authenticité ?
Une marque importante contre l'authenticité est le fait qu'elle n'a pas été publiée jusqu'à 1595 bien que Saint Malachie soit mort en 1148. Il n'y a aucune trace de la prophétie existant durant les 447 années écoulées entre sa mort et ce moment.
Prétendument, c’est parce que la prophétie gisait, oubliée, dans une archive romaine, et elle n'a pas été retrouvée avant 1590.
Cette explication est en principe possible mais le fait que nous ne pouvons pas établir son existence pendant des centaines d'années jusqu'à ce que la mort de son auteur supposé est aussi compatible avec l'affirmation selon laquelle elle était un faux qui a été conçue vers 1590 puis « salée » dans les archives. ( « La salaison» est le terme utilisé pour la plantation de faux dossiers dans des archives.) Elle n'a jamais peut-être été dans les archives mais on a seulement prétendu qu’elle y était.
Alors que le fait que nous n’ayons aucune mention de ce document en des centaines d'années entre le temps de sa rédaction déclarée et sa re-découverte ne prouve pas que c’est un faux, ça jette un doute important sur son authenticité.
6. De quelle autre façon peut-on évaluer la fiabilité de cette prophétie ?
S'il est impossible d'établir une trace historique externe pour la prophétie, alors l'approche logique suivante consiste à examiner son contenu pour voir quelle théorie à propos de ses origines est la plus compatible avec elle : est-ce que le contenu semble suggérer qu'elle a été écrite dans les 1100 ou suggère-t-elle qu'elle a été écrite vers 1590 ?
De nombreux observateurs ont penché pour les années 1590. L'une des raisons est que les « devises » pour la période antérieure à 1590 sont très faciles à accoler avec chaque Pape qu’elles représentent prétendument.
En revanche, les devises assignées aux Papes à venir après 1590 sont beaucoup plus difficiles à accoler avec ces Papes qu'elles représentent supposément et cela peut se faire parfois d'une manière seulement artificielle.
Les devises contiennent généralement des références à une de plusieurs choses, y compris le nom du Pape (son nom de Pape, son nom de naissance ou son nom de famille), son lieu de naissance, ou un blason qui lui est relié (ses armes papales, le blason de sa famille, ou le blason de son Ordre ou lieu d'origine).
Les devises ou motto jouent souvent sur les mots en ce qui concerne ces choses bien que cela soit plus évident en latin qu'en français.
7. Quels sont quelques exemples de devises qui sont faciles à connecter avec les Papes d’avant 1590 ?
Voici quelques exemples :
Ex castro Tiberis ( « D'un château sur le Tibre »). Ceci est lié à Celestine II (1143-1144), qui est né à Citta di Castello (« Cité du Château), qui se trouve sur les rives du fleuve Tibre.
Frigidus abbas ( « Abbé froid »). Ceci est lié à Benoît XII (1334-1342), qui avait été l'abbé d'un monastère à Fontfroide.
De Parvo homine ( « D'un petit homme »). Ceci est lié à Pie III (1503), dont le nom de famille était Piccolomini, qui est dérivé de piccolo (petit) et de uomo (homme).
8. Quels sont quelques exemples de devises qui sont difficiles à connecter avec les Papes après 1590 ?
Voici quelques exemples :
Pia Civitas in bello ( « Ville pieuse dans la guerre »). Ceci est lié à Innocent IV (1591), mais il n'y a pas de bonne façon de le relier avec cette devise. Certains ont souligné le fait qu’il était le Patriarche de Jérusalem avant son élection à la papauté et que Jérusalem pouvait être considérée comme une «ville pieuse » mais Rome et beaucoup d'autres villes pouvaient l’être. Presque toutes les villes Chrétiennes pouvait être considérées et Jérusalem n’était pas une ville Chrétienne à cette époque. En outre, Jérusalem n'a pas été en guerre quand il a été patriarche.
Aquila rapax ( « Aigle Rapace »). Ceci est lié à Pie VII (1800-1823), mais il n'y a pas de bonne façon de le relier avec cette devise. Certains ont proposé que son règne a chevauché avec celui de Napoléon et que Napoléon pourrait être décrit comme un Aigle Rapace ( c’est-à-dire un commandant des armées assoiffé ) mais ceci est très tenu et rend la devise non pas comme étant une description du Pape, mais de quelqu'un d'autre qui était sur la scène du monde pendant son règne.
Religio Depopulata ( « Religion détruite »). Ceci se relie à Benoît XV (1914-1922), mais il n'y a pas de bonne façon de le lier en particulier avec cette devise. Il n'y a pas de lien évident à son nom, à sa famille, à son lieu d'origine ou à ses armoiries. Il n’a pas détruit la religion ni la vie religieuse. Ni l’un ni l’autre n’a été détruit pendant son règne. Il a effectivement régné pendant la Première Guerre mondiale, mais ça n'a pas rien détruit non plus en matière de religion. Il a aussi régné lorsque le communisme est arrivé au pouvoir en Russie. Cela n'a pas détruit la religion en son jour ni en Italie. Et encore une fois, nous connecterions la devise avec quelque chose d'autre que le Pape. Si cela était permis, alors il serait possible de connecter chaque devise avec quelque chose qui est arrivé à quelque part dans le monde à l'époque des Papes et les prophéties n’auraient pas de valeur particulière car elles seraient toutes applicables à tout Pape.
9. Est-ce que les Catholiques devraient s’inquiéter à propos de la prophétie des Papes ?
Non, ce n'est pas une vision approuvée et la preuve est cohérente que c’est un faux composé vers 1590.
Plus fondamentalement, Jésus a dit que nous ne connaîtrions pas le temps de la fin.
Conformément à l'avertissement de Notre-Seigneur, les prédictions de la fin du monde basées sur la Bible ont un triste bilan, et en essayant de prédire le temps de la fin sur la base d'une révélation privée non approuvée qui montre des signes d'être forgée est encore plus stupide.
Nous devrions faire confiance à Dieu, vivre selon Sa Parole et laisser l'avenir dans Ses Mains.
Comme Jésus a dit :
« Ne vous inquiétez donc pas du lendemain : le lendemain se souciera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine ». (Matt. 06 :34).
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