par Christopher A. Ferrara
SOURCE : The Remnant
Le 9 juillet 2016
L’Archevêque Mgr Chaput vient juste de sortir des orientations pastorales pour la mise en œuvre de Amoris Laetitia (AL) dans l'Archidiocèse de Philadelphie. Les lignes directrices maintiennent fermement la discipline de l'Église bimillénaire empêchant l'admission à la Confession et à la Sainte Communion des adultères publics qui divorcent et qui se « remarient » civilement et qui refusent de cesser leurs relations sexuelles adultères : |
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Bravo pour l'Archevêque Chaput ! Mais comment peut-il ancrer cette réaffirmation de la discipline ecclésiastique dans un document comme Amoris Laetitia qui mine cette discipline clairement page après page avec de l'ambiguïté séditieuse, à peine limitée à la note 351 ? Il le fait de cette façon : « Comme avec tous les documents du Magistère, Amoris Laetitia est mieux compris quand il est lu selon la tradition de l'enseignement et de la vie de l'Église ».
Mieux compris ? Pourquoi non seulement compris ? En fait, pourquoi l'expression « mieux compris » dans cette phrase après tout ? Pourquoi la phrase ne se lit pas simplement : « Comme avec tous les documents du Magistère, Amoris Laetitia est dans la tradition de l'enseignement et de la vie de l'Église ».
Bien sûr, nous connaissons la réponse : Amoris Laetitia a été écrit pour permettre précisément la « meilleure compréhension » contraire de ses clauses. Ainsi le Pape François a désigné comme interprète officiel de son document, le Cardinal Schonborn (qui ne vaut pas l'effort d'insérer de façon répétée un tréma dans un texte ), qui déclare, à l’encontre de l'Archevêque Chaput, que la « meilleure compréhension » d’Amoris Laetitia est que, dans « certains cas », les divorcés « remariés » peuvent être admis aux Sacrements. Lorsqu'on lui a demandé ce qu’il entendait par « certains cas », Schonborn a répondu en substance : « Voilà pour moi de savoir et pour vous de connaître ». Ou, comme il l’a avancé avec une ambiguïté d'un homme politique: « Je crois que le Pape nous oblige ici, pour l'amour de la vérité, à discerner les cas individuels tant dans le for interne que dans le for externe ».
Correct. Schonborn opine encore plus — de nouveau ici d'une manière exactement opposée à ce que l'Archevêque Chaput affirme — que « nous devons maintenant lire les déclarations précédentes du magistère à propos de la famille à la lumière de la contribution apportée par Amoris Laetitia ». Voilà, Chaput affirme que nous devrions lire Amoris Laetitia à la lumière du Magistère tandis que Schonborn, l'interprète officiel, dit que nous devons lire le Magistère à la lumière de Amoris Laetitia.
Chaput et Schonborn, les deux, sont d'accord, cependant, que le document est Magistériel. D'autre part, le Cardinal Burke dit que le document n’est pas magistériel, mais seulement une collection de « réflexions personnelles » du Pape. Ici aussi nous avons exactement le résultat visé par les éditeurs d’Amoris Laetitia : des confusions mais tendant toutes dans la même direction, c’est-à-dire la dissolution fragmentaire de la discipline sacramentelle de l'Église.
Il n'y a pas besoin de prendre ma parole pour cela. Mgr Thomas J. Tobin, un des Évêques Américains les plus résolument conservateurs, connaît clairement ce score :
Après réflexion, il devient assez clair que le document du Pape François sur le mariage et la famille, « Amoris Laetitia, est marqué par l'ambiguïté et que c’est intentionnel de la part du Saint-Père, je pense.
Cela explique pourquoi, au cours seulement des deux derniers jours, nous avons eu des interprétations très différentes du document de deux éminents dirigeants de l'Église — l'Archevêque Charles Chaput de Philadelphie et le Cardinal Christoph Schonborn de Vienne. Et de nombreux autres commentateurs aussi bien.
La bonne nouvelle, c’est qu’en raison de cette ambiguïté, les gens peuvent faire à peu près tout ce qu'ils veulent. La mauvaise nouvelle, c’est qu’en raison de cette ambiguïté, les gens peuvent faire à peu près tout ce qu'ils veulent. Allez comprendre !
Et c’est ainsi que tout commence : les lecteurs conservateurs de Amoris Laetitia maintiendront la discipline sacramentelle de l'Église tandis que les lecteurs libéraux, à l'instar de l'interprète officiel, que François a à plusieurs reprises confondu avec l'ancien Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, renverseront la discipline.
Puis il y aura les interprètes « conservateurs » qui vont nous assurer que Amoris Laetitia peut s’appliquer de façon conservatrice même si la discipline bimillénaire est supprimée de façon révolutionnaire dans « certains cas ». Comment cette astuce fonctionnerait est utilement expliquée pour nous par le Cardinal Ennio Antonelli. Le Cardinal exprimé son inquiétude à propos de l'absence de lignes directrices de mise en œuvre d’Amoris Laetitia sans considérer que ceci est précisément le point d’Amoris Laetitia : aucune ligne directrice signifie des pratiques et directives divergentes et ainsi une abolition progressive de la discipline. Le Cardinal, cependant, citant les paragraphes pertinents d’Amoris Laetitia, propose les « lignes directrices » suivantes pour l'admission aux Sacrements des adultères publics qui souhaitent poursuivre leurs relations sexuelles adultères :
Pour les couples en situation irrégulière, le changement adéquat est le dépassement de leur situation, du moins avec l’engagement sérieux à la continence, même si en raison de la fragilité humaine, il devrait y avoir des rechutes (note de bas de page #364). Si cet engagement fait défaut, il est assez difficile d'identifier d'autres signes de bonnes dispositions subjectives et de la vie de la grâce en Dieu qui sont suffisamment certaines. Néanmoins on peut atteindre une probabilité raisonnable, dans certains cas au moins (#298 ; #303).
Dans l'attente des directives souhaitées de la part des autorités supérieures, je vais essayer d’élaborer avec beaucoup d'hésitation une façon de procéder dans le for interne dans les cas difficiles dans lesquels il n'y aurait pas de résolution claire concernant la continence sexuelle.
Le prêtre confesseur pourrait rencontrer une personne divorcée et remariée qui croit sincèrement et intensément en Jésus-Christ, qui mène une vie sérieuse, généreuse, capable de sacrifice, qui reconnaît que sa relation ne correspond pas à la norme Évangélique, qui maintient néanmoins qu’elle ne commet pas de péché en raison des difficultés qui l'empêchent d'observer la continence sexuelle.
Pour sa part, le confesseur l’accueille avec cordialité et respect ; il l’écoute avec une attention bienveillante, cherchant à prendre en considération les multiples aspects de sa personnalité. De plus, il l’aide à améliorer ses dispositions d'une manière qu’il puisse recevoir le pardon : il respecte sa conscience mais lui rappelle sa responsabilité devant Dieu, le seul qui voit les cœurs des personnes : il l’admoneste à l’effet que sa relation sexuelle est en contraste avec l'Évangile et la Doctrine de l'Église : il l'exhorte à prier et à s'efforcer d'arriver progressivement [ !], avec la grâce de l'Esprit Saint, à la continence sexuelle.
Enfin, si le pénitent, en dépit de prévoir de nouvelles défaillances, montre une certaine volonté de prendre des mesures dans la bonne direction, je lui donne l'absolution et l'autorise à recevoir la Communion Eucharistique d’une telle manière à ne pas donner le scandale (habituellement dans un lieu là où il n'est pas connu comme cela se fait déjà par les divorcés remariés qui se sont engagés à pratiquer la continence). Dans tous les cas, le prêtre doit respecter les lignes directrices données par son Évêque.
Ainsi, en vertu de cette directive « conservatrice », une « certaine volonté » de s'abstenir de relations adultères sexuelles suffirait à admettre aux Sacrements la personne qui prétend qu'elle « croit sincèrement et intensément en Jésus-Christ » et qui « conduit sa vie de façon sérieuse, généreuse et capable de sacrifice » — ce qui est censé être déterminé sur place par un curé — mais ne sont pas prêts à s’engager à cesser l'adultère bien qu’elle pourrait accepter de le faire « peu à peu ». En substance, cela revient à dire : « OK Père, je vais y réfléchir, mais je ne peux pas promettre l'abstinence » prendrait la place d'un ferme propos.
Qui ne serait pas admissible à cette « exception » nébuleuse de la « norme évangélique » ? « Quelques cas » deviendraient rapidement tous les cas. Quelqu'un croit-il sérieusement qu'un curé nierait les Sacrements à un fornicateur public particulier parce que, selon le prêtre, l'adultère ne « croit pas intensément » dans le Christ et ne conduit pas à « une vie qui est sérieuse, généreuse et capable de sacrifice ». Désolé, Joe, mais votre foi est faible et votre vie pue de sorte que vous ne pouvez pas recevoir l'absolution et aller à la Communion comme Larry là-bas !
Ironie des ironies, cette « mise en œuvre » d’Amoris Laetitia, ferait de chaque curé un pharisien, rendant un jugement néo-Mosaïque subjectif par lequel les divorcés et « remariés » peuvent être dispensés en vertu de l’« exception » et qui doit rester régie par la « vieille règle ». Mais cela est à peine la première fois que François promeut la même chose qu’il condamne chez d'autres.
Quelle blague. Et cela est une mise en œuvre conservatrice proposée pour Amoris Laetitia. Bienvenue dans le monde ecclésial confus et divisé de François le Miséricordieux, le stade terminal de la crise post-conciliaire. Si le mot apocalyptique ne s'applique pas ici, alors les mots ont perdu leur signification. Mais même ici, il y a des raisons d'espérer : la fin de cette folie ne peut pas être longue à venir.
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