Session finale du 24e Symposium d’été du Forum annuel Romain
Fête des Saints Cyrille et Méthode
Le 7 juillet 2016
SOURCE : Rorate Caeli
NOTE : pour le lecteur intéressé, la Déclaration du Lac Garda de l'année dernière est disponible ici
Notre civilisation est si malade que même les meilleurs efforts pour soutenir ses quelques vestiges chancelants manifestent la maladie pathétique qui a amené étape par étape la structure entière à s'écrouler. La maladie en question est une obsession volontaire, orgueilleuse, irrationnelle et ignorante portant sur la « liberté ». Mais c’est une maladie qui a gagné son entrée initiale effective dans la Chrétienté en union avec le concept du monde naturel comme étant le royaume de la « Dépravation Totale ».
Il est extrêmement important que nous reconnaissions à la fois la responsabilité ultime de cette liberté obstinée pour la destruction de notre culture Chrétienne et Classique ainsi que le rôle joué par la notion qui l’a « incarnée » historiquement en notre milieu. Il en est ainsi pour deux raisons. La première est pour que nous puissions essayer sérieusement de nous débarrasser de leur influence monstrueuse sur nos propres esprits, nos âmes et nos corps. La seconde raison est parce qu'une tentative massive de masquer la vérité au sujet de leur vrai caractère et de leur alliance pratique est échafaudée en conjonction avec le cinq centième anniversaire de l'apparition dévastatrice de Martin Luther sur la scène publique en 1517 — et ce, pour des raisons de maintenir leur impact néfaste sur les croyants et donner le coup de grâce à la Foi comme une force sociale significative.
1517 n’est pas la source de notre malheur — pas plus, d'ailleurs, pour cela que fut 1962 avec l'ouverture du Concile Vatican II. Dans les deux cas, les maux spirituels, intellectuels, politiques et sociaux qui avaient déjà longtemps plané au-dessus du Camp des Saints se sont finalement coalisés à ces dates et étaient prêts pour leur injection dans le système lymphatique de la Chrétienté Catholique comme si c’était une « méga maladie ».
Tous ces troubles reflètent en fin de compte une révulsion envers la nécessité pour l'individu et son environnement entier de se corriger, de se perfectionner et de se transformer sous la Royauté du Christ : à l'aide de la Foi, de la Grâce, et de la raison d'une part, et de l'autorité sociale, à la fois surnaturelle et naturelle d'autre part. Toute personne en 1516 recherchant une explication simple pourquoi il devrait rejeter de telles aides, avait donc de disponible à lui un embarras d'erreurs d'une myriade de sources indiquant qu’il pouvait le faire ; et le fait de se fier sur ses propres sentiments et sur volonté non guidée était le chemin pour être agréable à Dieu.
Cependant, l'esprit conflictuel de la fin du Moyen Âge avait clairement besoin d’une figure dotée du talent et du venin rhétorique d’un Luther effectivement pour injecter cette méga maladie dans la Chrétienté. Le Chrétien d’alors était trop conscient de la réalité du péché pour sauter directement dans une adulation d’une obstination individuelle. Le concept de Luther de la dépravation totale de l'individu et du monde dans lequel il vivait a donné à chaque personne la pieuse excuse pour succomber apparemment à l'obsession de la liberté qui était nécessaire. Après tout, une reconnaissance de la dépravation totale de l'homme semblait favoriser une telle humble reconnaissance du besoin personnel de chaque croyant de compter uniquement sur la Grâce de Dieu pour se sauver ; de son besoin d'affirmer que la « liberté » de « l'esclavage » jusqu’au « despotisme » d'une Loi bâtie à la fois sur la Foi et la raison qui a permis d'échapper à un « espoir » et, finalement à une tentative « arrogante » spirituellement de plier ses pensées et ses actions tous les jours de sa vie en conformité avec les Commandements du Christ.
Il s’est avéré être assez facile au cours d’une couple de générations pour que cette définition négative de la « liberté » — une « liberté » du surnaturel et de la Loi naturelle — soit transformée, au siècle des Lumières, en des moyens pour un ordre des choses positivement nouveau et rédempteur. En bref, il n'a pas fallu longtemps pour la liberté d’un homme dépravé dans une nature dépravée affranchi des contraintes d'une Loi prétendument impossible — au nom d'une ouverture à la grâce imméritée — à être considéré comme l'outil providentiel pour le façonnage des pensées et des actions humaines effrénées dans les pierres de construction d'un nouvel Âge d'Or. En d'autres termes, plus qu’une liberté affranchie de toute contrainte assurait que les passions peccamineuses de l'humanité soient toutes libérées afin de permettre aux personnes imparfaites de devenir vraiment totalement dépravées, plus cette même dépravation était désormais considérée comme quelque chose d'intrinsèquement bonne, et même agréable aux yeux de Dieu. Malheureusement, ce développement logique mais malade de la « liberté » n'a pas assuré la « dignité de l'homme ». Au contraire, il l’a conduit à rien d'autre qu’au triomphe des plus fortes volontés irrationnelles et matérialistes.
Triste à dire, il semble absolument certain que plusieurs de nos dirigeants ecclésiastiques sont en train de transformer l’année 2016-2017 dans un long hymne annuel aux erreurs de Martin Luther et à ce que le grand historien anglais de l'Église, Philip Hughes, nous dit qu’il y a derrière ces erreurs depuis des siècles : « Tous ceux qui sont anti-intellectualistes, toutes les forces anti-institutionnelles » ; « Toutes ces théories obscurantistes, arriérées et crues, engendrées par l’orgueil dégradant qui vient avec l'ignorance choisie ; l'orgueil des hommes ignorants parce qu’incapables d’être sages sauf par la sagesse des autres ». (A History of the Church, Sheed & Ward, 1949, III, 529).
En face de ce chœur de louanges imméritées, il est de notre devoir en tant que Catholiques fidèles de faire trois choses :
Tout d'abord, se revêtir d’acier contre les mensonges contradictoires et tragiquement autodestructeurs que cette adulation des principes irrationnels et délibérés de Luther et Compagnie — ce que Hughes appelle leur « passade de cinq cents ans » (Ibid.) — encourage en pratique.
Deuxièmement, marteler à d'autres la misère anti-catholique et contre nature, à la fois spirituelle et purement humaine que ces erreurs ont causée inévitablement.
Et, enfin, supplier notre Saint-Père — le successeur de Saint-Pierre ainsi que les grands Papes énergiques et sérieux de la Réforme Catholique qui luttaient contre les horreurs émergentes de 1517 — d’abandonner cette tentative malavisée de masquer ce que Luther et sa « liberté » ont forgé. Parce que ce qu'ils ont vraiment forgé n’était rien d'autre que ce que finalement Richard Gawthrop identifie comme une « luxure Prométhéenne (voir définition plus bas) pour le pouvoir matériel qui dessert la plus profonde poussée commune derrière toutes les cultures occidentales modernes ». (Pietism and the Making of Eighteenth Century Prussia, Cambridge, 1993, p. 284).
Saints Cyrille et Méthode, priez pour nous !
John C. Rao, D.Phil. (Oxon)
Directeur, Le Forum Romain
Rév. Richard A. Munkelt, Ph.D.
Membre du Conseil, Le Forum Romain
Prof. Dr. Thomas Heinrich Stark
Membre de la faculté, le Forum Romain
Christopher A. Ferrara, Esq.
Président, Association des Avocats Catholiques (USA)
Michael J. Matt
Editeur, The Remnant
* Prométhéen : qui se caractérise par un esprit d'idéal et de foi dans la condition humaine.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire