Par JOHN YOUNG
Le 17 mars 2016
SOURCE : The Wanderer
Il y a une tendance à voir la justice et la miséricorde en opposition comme si l'exercice de la miséricorde implique un affaiblissement de la justice et vice-versa. L'hypothèse est faite alors que la miséricorde devrait être privilégiée plutôt que la justice. Mais cette attitude conduit en pratique à un manque de miséricorde.
Prenons la question de l'euthanasie. C’est appelé en anglais « Mercy Killing » qui veut dire « tuer par miséricorde » ; et l’hypothèse sous-jacente à l’euthanasie est à l’effet qu’il est miséricordieux de mettre les gens à la mort dans certains cas de graves souffrances. Cela peut sembler raisonnable d'un point de vue étroit mais seulement si les considérations essentielles sont négligées. La vérité la plus essentielle est ignorée à savoir que personne n'a le droit moral de prendre une vie humaine innocente — pas même la personne à qui appartient cette vie.
Cela signifie que si la personne convient d’être mise à mort, elle est, objectivement parlant, consentante à une action extrêmement mauvaise, une action qui pourrait l’envoyer en enfer. Ce n’est pas miséricordieux de favoriser une décision qui pourrait conduire à ce résultat épouvantable.
Une autre conséquence de ce soi-disant meurtre par compassion ( ou mourir dans la dignité) lorsqu’il est sanctionné par la loi est que certaines personnes âgées ou malades sentent qu’ils se doivent de ne pas être un fardeau à leurs familles et accepteront à contrecoeur le suicide — ou se sentent coupables de ne pas le faire .
Une autre conséquence est à l’effet que des parents ou des gouvernements vont tuer les gens contre leur volonté. Il y aura également un avilissement général de la valeur de la vie avec la solution « miséricordieuse » à la souffrance promouvant l’insensibilité au lieu de la miséricorde.
Prenons un autre exemple : l'affirmation selon laquelle si un mariage échoue, le couple devrait être autorisé à se remarier. Plutôt que de s’en tenir de manière rigide à une loi sévère, il est soutenu que la compassion doit être manifestée dans ce cas, à la partie innocente particulièrement.
Mais cette attitude ignore les conséquences sociales du divorce avec le droit de se remarier. Ça conduit à des couples qui prennent leurs vœux de mariage à la légère sachant qu’ils peuvent obtenir un divorce et se marier à nouveau si les choses ne fonctionnent pas. Ça conduit à des couples non persévérants quand les choses deviennent difficiles. Les ruptures de mariage se traduisent par des enfants malheureux. Donc, ce qui ressemble à une approche de compassion se révèle être celle qui apportera une immense misère.
Henry Hazlitt a écrit un best-seller très perspicace appelé « L’Économie en une seule leçon », d'abord publié en 1946. La « une leçon » qu’il tient comme idée maîtresse tout au long de son livre, est que nous devons regarder au-delà des conséquences immédiates des solutions économiques proposées et de voir leurs conséquences plus lointaines. De cette façon, il devient souvent clair que ce qui semblait une bonne solution va conduire à une catastrophe à long terme.
La même chose s’applique à toutes les questions morales. Toute la question doit être considérée non seulement dans les conséquences immédiates d'agir d'une manière particulière. Mais la tentation est d'opter pour ce qui semble être la solution de compassion ou de charité tout en se fermant les yeux sur les autres ramifications.
Maintenant, si nous allons plus loin, nous voyons que les lois morales sont fondées sur la nature humaine et que leur violation conduit conséquemment au malheur. Comparez-les aux lois physiques : si je saute d’un bâtiment élevé, je vais mourir parce que je l'ai désobéi une loi physique en faisant quelque chose de préjudiciable à ma nature corporelle.
Maintenant, supposons qu'un médecin constate que j'ai un cancer, mais qu’il est un homme très compatissant et ne veut pas me troubler, il me dit alors être en bonne santé. Il est clair que sa compassion est déplacée parce que, pour le bien d’une brève période de contentement, il me condamne à souffrir dans le futur ou à la mort.
Bien sûr, pas un médecin ne ferait cela. Mais l'équivalent arrive tout le temps là où la loi morale est impliquée comme dans les cas que nous venons de citer. Nous sommes actuellement confrontés à cette erreur dans la controverse quant à savoir si l'Église Catholique devrait assouplir la loi interdisant un (e) marié(e) Catholique de recevoir la Sainte Communion si cette personne vit dans une relation adultère.
Un exemple est donné d'une femme Catholique dont le mariage fut rompu sans faute de sa part et qui a maintenant des enfants avec un nouveau partenaire. Elle est peut-être prête à renoncer à des relations sexuelles avec son conjoint, mais celui-ci lui a dit qu’il la quitterait si elle faisait ainsi. Cela se traduirait par une vie de pauvreté pour elle et ses enfants sans compter la souffrance ajoutée pour les enfants d'être privés de leur père.
On prétend donc maintenant que la solution miséricordieuse est de permettre à la femme de recevoir la Sainte Communion tout en continuant dans sa relation adultère. Elle doit d'abord discuter de sa situation avec un prêtre, elle devrait possiblement avoir une période de pénitence et ensuite être admise à la Sainte Communion.
Si l'Église devait permettre cela, certains Évêques et théologiens diraient que l’Église serait vraiment sur les pas du Christ Miséricordieux qui a accueilli les pécheurs et qui s’est opposé aux Pharisiens légalistes avec leurs réglementations inhumaines. Mais nous devrions soutenir, tout au contraire, que la solution suggérée n'est pas miséricordieuse.
La première chose à noter est que ces relations sont intrinsèquement mauvaises parce que les relations sexuelles sont seulement licites moralement à l'intérieur d'un mariage valide et que le mariage est pour la vie. Ce n’est pas une décision pharisaïque ; c’est l'enseignement du Christ. Quand les pharisiens Le questionnèrent sur ce sujet, Jésus fut catégorique : « Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni ». (Marc 10 : 9). Les disciples étaient tellement surpris de Son enseignement qu'ils suggérèrent que c’était mieux de ne pas se marier (Matt. 19 :10).
Il en résulte donc que, dans les cas dont nous parlons, ces individus (qui ont des relations sexuelles en dehors d’un mariage valide) font quelque chose qui est intrinsèquement immoral. Leur comportement est mortellement un péché, objectivement parlant. Alors, comment se pourrait-il que l'Église Catholique leur permettre de recevoir la Sainte Communion ?
La réponse donnée par ces Évêques et ces théologiens qui veulent changer la loi est que beaucoup de ces gens ne sont pas dans un état de péché mortel, soit à cause de l'ignorance ou à cause de la pression psychologique qui les excuse du péché ou du moins du péché mortel. Mais quant à la possibilité de l'ignorance, est-ce que l'ignorance ne serait pas éliminée par le processus de discernement proposé par les révisionnistes ?
Quant à la pression si grande qu'elle les excuse si bien qu'ils ne seraient pas en état de péché mortel : cela ne peut pas être supposé car nous avons le libre arbitre et Dieu nous offre Sa Grâce. En permettant la Sainte Communion en vertu de l'hypothèse qu'une telle personne n’est pas dans un état de péché, non seulement l'Église prendra un grave risque d’occasionner la profanation du Très Saint Sacrement mais renforcerait également l'illusion que ces personnes ne font rien de mal en ayant des rapports sexuels en dehors du mariage.
Ensuite, il y aurait cet effet dévastateur que ce changement officiel pourrait avoir sur les Catholiques dont le mariage est rompu et qui vivent dans une relation de péché, mais qui s’abstiennent de communier parce qu'ils savent que ce serait sacrilège de recevoir la Communion. À observer les autres dans leur situation allant à la Communion avec la sanction de l'Église, ils seraient fortement tentés de faire la même chose même s’ils savent qu'ils sont dans un état de péché.
Encore une fois, qu’en est-il des autres relations coupables ? Pour être cohérente, sûrement que l'Église devrait étendre cette « solution miséricordieuse » à certaines personnes dans d'autres relations pécheresses, y compris certains homosexuels.
En outre, la concession proposée enverrait un mauvais signal — un signal très puissant. Ce serait interprété comme signifiant que l'Église ne voit plus comme toujours gravement mauvais les relations sexuelles en dehors du mariage et ne voit plus un mariage Chrétien consommé comme absolument indissoluble.
Quelle que soit l'intention de ceux qui poussent sur l’admission à la Sainte Communion aux Catholiques vivant dans une relation illicite, le résultat serait une cruauté déguisée en miséricorde. Peut-être l'aspect le plus cruel serait un danger accru pour ces gens d’aller en enfer parce que la proposition du Cardinal Walter Kasper et ceux qui le soutiennent est que les Catholiques en question soient instruits dans l'enseignement de l'Église sur le mariage avant de décider si elles doivent recevoir l’Eucharistie.
Mais cela pourrait possiblement supprimer l'excuse de l'ignorance et placer ces personnes parmi celles dont parle Saint Paul : « C'est pourquoi, celui qui mange le pain du Seigneur ou boit de sa coupe de façon indigne, se rend coupable de péché envers le Corps et le Sang du Seigneur ». (1 Cor. 11 :27).
La plupart d'entre nous ne sommes pas à la hauteur dans notre pratique de la miséricorde ; mais, dans notre société séculaire confuse, il est facile de confondre une solution impitoyable pour une solution miséricordieuse.
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