Écrit par Susan Claire Potts
SOURCE : The Remnant
Personne ne pensait que c’était une attaque lorsque le Pape Paul VI a abrogé la loi de l'abstinence le vendredi. Mais c’en était une. Pourquoi ont-ils fait ça ?
C’est tôt le matin, encore sombre sur Palmer Woods. Les lampadaires sont allumés, brillant sur la glaçure de givre qui recouvre le sol. Il n'y a pas un bruit dans ma salle d'écriture mais le silence ne durera pas. Bientôt le ronronnement des moteurs et le bruit des roues sur le pavé viendront briser l'aube calme
Les voisins partent travailler. Les quelques enfants qui vivent dans les grandes maisons anciennes seront véhiculés à l'école. Une heure de plus et les maisons seront vides.
La vie sera complètement aspirée du quartier.
Les mères sont disparues. Pas seulement ici, mais dans toute l'Amérique. Il y en a quelques-unes qui tiennent le coup en élevant leurs enfants, en créant un foyer. Mais c’est une tâche solitaire. Le Pape Pie XI a écrit que la femme est le cœur de la maison. [1] Ce coeur a été brisé.
Les femmes ont changé. Elles ont dû, afin de s’ajuster à ce que le Pape Paul VI a appelé « l'évolution récente de la société » [2] dans laquelle « un changement est aussi vu à la fois dans la manière de considérer la personne de la femme comme de sa place dans la société. » [ 3]
Ça a changé, tout à fait.
Et le Pape ne l’a pas combattue. Les Évêques l’ont acceptée. Les professeurs l’ont vantée. Et les femmes Catholiques mariés se devaient de comprendre ce qui leur fallait faire de leur vie une fois leur féminité déformée et leur statut de reine enlevé. Le foyer et la place de la femme en celui-ci ont été réduits à une pensée d’après coup. Le foyer est devenu l’endroit où vous allez après avoir travaillé.
Les manières sont différentes maintenant que les femmes ont cette « nouvelle place dans la société ». Les hommes ne se lèvent pas dans un restaurant quand une femme se rapproche de la table. Ils n’enlèvent pas leurs chapeaux en leur compagnie ni ne surveillent leur langage. Ils ne hochent pas respectueusement de la tête quand elle passe dans la rue ou qu’elle marche sur la bordure du trottoir. Personne ne dit « madame ». [4] À quoi bon ?
Un nouvel impératif, une artificielle « égalité des sexes » a rendu ces courtoisies obsolètes. Les vieilles femmes se lamentent de leur disparition ; les jeunes femmes n'ont jamais connu une telle galanterie. Qui se souvient de la raison pour celles-ci ? Qui sait ce qu'elles voulaient dire ?
S'il vous plaît, puis-je vous le rappeler ?
Les hommes ont fait toutes ces choses parce que les femmes n’étaient pas comme eux. Il y avait quelque chose à propos de la féminité, une dignité qui commandait l’honneur. Cela n'a rien à voir avec le succès en entreprise ou des diplômes d'études supérieures ou des élections gagnantes. Sa dignité était ancrée dans la maternité — soit réelle ou potentielle. C’était la source de son pouvoir et de son mystère. Aucun homme ne pourrait faire ce qu'elle pouvait faire. Elle pouvait faire naître la vie. Aucune réalisation dans le monde ne pouvait jamais égaler cela.
Alors bien sûr, ça devait être détruit. Le focus de la femme devait changer. Sa fécondité devait être surveillée ; sa vie devait être stérilisée. Cela faisait partie de la transformation.
Et Rome a été complice. En utilisant leur pouvoir de lier et de délier, les Papes de la Décennie des Révoltes ont conçu et imposé un détricotage systématique du mode de vie Catholique. Comme je l'écrivais dans les parties I et II de cet essai, il y avait trois attaques majeures qui ont déstabilisé le foyer et qui ont poussé la femme en dehors du foyer : (1) La fin de l’abstinence obligatoire le vendredi ; (2) Les changements radicaux dans le calendrier romain ; et (3) le plus meurtrier de tous, les longues années « de prise en délibéré » de la moralité concernant la pilule, qui sera traité dans la partie IV.
Les attaques sont survenues en vagues, couvrant la décennie des années soixante. Parfois, elles étaient séparées ; parfois, elles se chevauchaient. Que le massacre fut délibéré ou simplement malavisé, Dieu seul le sait. Mais avant même que la liturgie n’ait été ravagée, les bases avaient été jetées. La tradition a été brisée. Les flèches de destruction ont atteint leur cible. La femme a été affaiblie ; sa gouvernance maternelle minée. Le foyer ne pouvait plus tenir.
Aucune société humaine ne peut survivre une fois que le foyer est en ruine. L'Église pourrait durer, la Foi pourrait vivre, mais la Chrétienté était vouée à l’échec.
Laissez l’histoire en prendre bonne note : nous sommes témoin de son effondrement.
La première cible : la table de cuisine
Personne ne pensait que c’était une attaque lorsque le Pape Paul VI a abrogé la loi de l'abstinence du vendredi. Mais c’en était une. La relaxation a renversé l'ordre universel et la discipline de l'Église Militante. L'abstention de viande le vendredi faisait partie de notre uniforme. Nous le portions fièrement. C’était une marque de distinction et d'honneur, démontrant à tout le monde que nous étions dans le monde, mais que nous n’en étions pas.
Nous étions des soldats du Christ.
La femme a gardé l'uniforme pressé. Le fer à repasser était dans sa main. Dans le cadre d'une sororité des femmes au foyer, unies dans la coutume ancienne et la fidélité, elle pouvait accomplir sa mission sans être dérangée. Sa maison était en ordre. Il n'y avait pas d’arguments ; l’abstinence du vendredi n’était pas ouvert à la négociation. Elle planifiait les repas et faisait en sorte que la discipline était observée à sa table. C’était sous son contrôle ; c’est elle qui faisait arriver tout cela.
La tradition était en sécurité. Mais Rome l’a dépouillée de cette tradition.
N’étant plus soutenue par la loi, la femme a perdu son autorité. Si son mari voulait un steak et que ses enfants voulaient des hot-dogs le vendredi, est-ce qu’elle était pour dire non ? Son talent d’unir et son rôle de mémoire lui ont été arrachés.
Elle pourrait essayer de continuer, mais ce ne serait pas la même chose une fois que tout devenait facultatif. Les disciplines qu'elle avait défendues et les coutumes qui en ont découlé avaient disparu. Maintenant, elle était soumise aux aléas des appétits de tout le monde.
Les rangs ont été dispersés. L’unité de cohésion était disparue. C’était chacun pour soi.
Les ramifications de cette dégradation ont été horribles et leurs effets se font encore sentir. L'Église ne devait pas changer, tout le monde croyait cela à l'époque. Les petites choses, peut-être, mais rien d'important. Dieu n'a pas changé et l'Église reflète son immuabilité. Il y avait une sécurité dans cette certitude et de l'espoir pour le Ciel.
Mais le Pape a coupé l'herbe sous le pied du peuple en détruisant une partie intégrante de la vie Chrétienne.
Qu'est-ce que cela signifie ? se demandaient les gens en essayant de raisonner tout ça. Toute cette affaire de l’abstinence du vendredi ne devait pas être la Volonté de Dieu pour commencer, c’est tout juste des trucs humains. Ils disent que c’est une discipline, pas la doctrine. Quelle est la différence ? Quelqu’un pèche un jour et pas le jour après ? D'abord, vous allez en enfer pour avoir mangé de la viande le vendredi et maintenant vous ne le faites pas ? Ça n'a pas de sens.
La confusion a saisi tout le monde. Et Apollyon marqua sa première victoire.
Les gens ont oublié en quoi cette règle avait pour but. Ils ne sont pas rappelés que la loi de l’abstinence du vendredi n’était pas une obligation arbitraire. Elle avait un sens et une substance profonde : la vertu d'obéissance était derrière cette règle.
C’est ce à quoi le diable en avait. Nous connaissons son caractère depuis le début, à la Tentation d'Ève, il voulait que l'obéissance disparaisse. Il désirait soumettre l'Épouse de Christ, soumettre l'Église à lui-même.
Le vent soufflait des feux de l'enfer et un nouvel enseignement a pris place — à savoir que l'idée que la pénitence qu’une personne choisit par elle-même est mieux que celle qu'il fait par obligation. C’était plus qu’une erreur ; c’était un mensonge, mais c’est passé largement inaperçu. On n’a plus dit aux gens que quelque chose qui est fait dans l'obéissance à la discipline de l'Église est supérieure à ce qu’ils choisissent par eux-mêmes parce que ça implique une soumission volontaire à la Volonté de Dieu.
C’était le coup de maître du démon. En enlevant l'obligation — et une facile au surplus — les gens ont perdu le sens de l'obéissance à l'Église. Pire, ils ont perdu la connaissance que l'Église parle au nom du Christ — qu'Il manifeste Sa Volonté au moyen des disciplines et des règles de l'Église Catholique. Tout cela a été mis de côté. C’était chacun pour soi. Tout le monde est devenu son propre général, fabriquant ses règles propres, décidant ce qu'il ferait, et tant pis pour les règlements. Il n’y en avait plus.
Dans un premier temps, les gens pouvaient avoir essayé de faire quelque chose — renoncer à la viande, faire un acte de charité, donner l'aumône. Mais après un certain temps, l'aspect pénitentiel du vendredi s’est fané. Une chose succède à l’autre. Tout d'abord, la crainte d'enfreindre les règles s’éteignit, bientôt a suivi la perte de la crainte du Jugement. Et en dernier, et la plus dévastatrice, les gens ont perdu la crainte de Dieu. Qu’y a-t-il à craindre ? se disaient-ils. Ça n'a pas d'importance. Les règles peuvent être brisées. Et ils allèrent leur petit bonhomme de chemin.
Mais la crainte de Dieu, c’est le commencement de la sagesse nous disent les Saintes Écritures — et quel imbécile peut voir qu'il n'y a pas beaucoup de sagesse dans le monde.
Tout ça à cause de la relaxation d'une règle simple.
La deuxième cible : Le calendrier
L’attaque suivante fut la réorganisation et la révision radicale de l'année liturgique. Comme la relaxation de l’abstinence le vendredi, les changements dans le calendrier ont frappé la femme en tout premier et le plus fortement aussi parce qu'elle était la gardienne de la culture, la Maîtresse de Cérémonie de la vie quotidienne. Sans même avoir à y penser, les épouses et mères Catholiques vivaient d’après le calendrier. Ça marquait le rythme de leur vie. Il y avait toujours quelque chose à observer, quelque chose à pleurer ou à célébrer. Ce sont elles qui veillaient à cela.
C’était différent alors. Je me souviens des femmes à Sainte-Famille il y a longtemps —des femmes siciliennes âgées, décédées depuis longtemps maintenant, qui m'ont pris sous leur aile tandis que la révolution secouait l'Église. Elles tenaient bon, refusant de changer, gardant les coutumes de l'Ancien Monde au milieu de Détroit.
Comme des mères, elles m'ont apprise à garder l'année liturgique dans la cuisine. Le calendrier était notre guide. Il y avait des aliments différents pour différents jours : du blé pour la Sainte Lucie, de fèves pour la Fête de Saint-Joseph, on continuait tranquillement pendant le carême, des artichauts frits avec une sauce aux poivrons doux après les dévotions à la Sainte Face à chaque troisième jeudi de chaque mois. Le rythme roulait ainsi année après année.
Mais vint la secousse qui a tout perturbé. Avec un mépris froid envers la sensibilité Catholique, l'ancien calendrier a été enlevé et un nouveau a été imposé. Il y avait plus de deux cents changements. Les deux tiers de l'année étaient en pêle-mêle ! Personne ne savait plus quel jour c’était désormais .
C’est arrivé il y a longtemps avant même que le Pape actuel fut ordonné et les blessures ne sont pas encore guéries. Comment ont-ils pu faire cela ? Les choses sont devenues encore plus confuses avec le Pape Benoît XVI en ramenant le calendrier de 1962 pour l’utilisation de l'Ancienne Messe. [5] Alors maintenant, nous avons deux calendriers ! Que faut-il penser de l'herméneutique de la continuité ? Parlez de confusion plutôt. Le problème est que ni l'un ni l’autre ne semble réel maintenant. Le lien avec le passé a été brisé.
Mais revenons à 1969 et à Mysterii Pachalis, ce motu proprio radical du Pape Paul VI qui a réorganisé l'année liturgique et a « révisé les célébrations liturgiques de Jésus Christ et des Saints. » Ça a été fait, les experts l’ont dit, à cause « des progrès réalisés dans la compréhension historique et dans les études hagiographiques ».
Le calendrier romain a été changé plusieurs fois au cours des siècles — un saint déplacé ici ou là, de nouveaux ajoutés, de nouvelles Fêtes promulguées. C’était du développement et de la croissance d'une chose vivante, le jeune arbre devenant de plus en plus un arbre imposant, riche et lourd avec des fruits.
Mais ce changement était différent. Le Nouveau Calendrier a secoué la vie des Catholiques ordinaires. Ça a été catastrophique. Les Fêtes ont été déplacées ; les noms ont été changés. Des saints bien-aimés ont été enlevés, rejetés comme des poissons morts. Il a été dit que la vie de certains des amis au Ciel ne pouvaient pas être vérifiés ; leurs actes étaient « fabuleux », et non pas dans le sens merveilleux du terme, mais se rapportant à des fables. Un voile puant de fausseté et de révisionnisme historique se trouve sur le saint calendrier.
Ce fut le déshonneur au plus haut niveau. Sainte-Barbara avait disparu, Saint-Christophe aussi. Ils étaient les plus connus mais il y en avait tant d'autres —Telephorus, Domitilla et Marcellus. Symphorose et ses sept fils. La liste était longue. D'autres saints ont été déterminés à ne pas être « d'importance universelle » et ont été relégués à quelques fêtes locales : Saint-Valentin, Anastase, et Canut. La Passion glorieuse de Saint-Boniface et les actes de Prisca, Dorothy, Eustace, et Giles a été déclarée non historique. Deux autres, un certain Cyprien et Justin, ont été déclarés « fictifs »
Alors, où est la certitude à propos des canonisations, à propos de la connaissance de l'Église des choses célestes ? Évaporée. Mise de côté.
L'impact psychologique était profond. Autrefois, les mères de familles, les enseignants, les religieuses marquaient le Saint du Jour, relataient les merveilles des vierges et des martyrs, des Papes et des rois, des religieuses et des reines. Les soldats, les marins et les confesseurs de la Foi étaient souvenus.
Mais ils ne pouvaient plus être sûrs, pouvaient-ils ? Le passé a été raillé comme si les Papes et des Conciles précédents, les gardiens de la foi, étaient un tas d'ignorants médiévaux.
Personne ne pouvait vraiment savoir avec certitude qui était dans le Ciel et comment ils sont arrivés là. Une conclusion générale a été atteinte : tout peut changer. C’est impossible de tenir bon, alors pourquoi essayer ? Mieux vaut ne pas être trop rigide sur rien. Les choses peuvent changer d'une minute à l’autre.
Et ils avaient raison. Ils l'ont fait.
La troisième cible : la pilule
La troisième flèche était la pire de tous. Pire que la discipline de l’abstinence du vendredi et des jours de calendrier, la vie humaine elle-même était l'objet d'attaques.
La femme a été frappée au cœur même de sa nature de maternité. Il y en a tant qui ont été sidérées. Tant qui sont tombées. Et le foyer Catholique a été rasé.
Ça prendra la Main du Charpentier pour le reconstruire.
NOTES
[1] Pie XI, Casti Cannubi 31 Décembre, 1930
[2] Paul VI, Humanae Vitae, le 25 Juillet, 1968
[3] Ibid.
[4] Le nom « madame est décrié comme si c’était en quelque sorte insultant, indiquant à une femme est — à Dieu ne plaise ! — qu’elle est vieille. Ah ! fous arbitres de la façon dont nous parlons. Ne savez-vous pas que le nom « madame » est l'abréviation qui signifie Ma Dame ?
[5] Je ne vais pas l'appeler la « Forme Extraordinaire ». C’est le « Novus Ordo » qui est la chose qui est « hors de l'ordinaire ». Et le mot « Tridentine » est inexact. L'Ancienne Messe (ancienne forme, si vous le voulez !) est antérieure par des centaines d'années à Trente. Je préfère de beaucoup des mots simples : anciennes et nouvelles. Les qualificatifs sont compris.
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