La semaine dernière, Rorate Caeli a interviewé Son Excellence Mgr Athanasius Schneider sur de nombreux sujets, l'un des Prélats les plus visibles oeuvrant à la restauration de la Messe Traditionnelle Latine et de la foi,. |
L'ÉGLISE POST-SYNODALE ET LES INCROYANTS DANS LA HIÉRARCHIE
Rorate Caeli : Nous ne saurons pas l'impact juridique qu’a eu le récent Synode sur l'Église pour un certain temps encore alors que c’est à François à bouger maintenant. Quel que soit le résultat final, à toutes fins utiles, existe-il déjà un schisme dans l'Église ? Et, si oui, qu'est-ce que cela signifie en pratique ? Comment ça se manifestera-t-il pour les Catholiques typiques dans les bancs d’église ?
S.E. Schneider : Un schisme signifie, selon la définition du Code de Droit Canonique, can. 751 : le refus de soumission au Pontife Suprême ou de communion avec les membres de l'Église qui lui sont soumis. Il faut distinguer la négation obstinée d’une vérité ou l'hérésie du schisme comme tel. La négation obstinée d’une vérité ou l'hérésie est en effet plus grave qu’un schisme, comme l'a dit saint Thomas d'Aquin : « Il est évident que l'infidélité (note : c’est-à-dire l’incrédulité ou l’incroyance envers une Vérité) est un péché contre Dieu lui-même, selon qu'Il est en Lui-même la Vérité Première, sur laquelle s'appuie la foi. Le schisme au contraire s'oppose à l'unité de l'Église, qui est un bien participé, donc moindre que ne l'est Dieu Lui-même. Il est donc évident que le péché d'infidélité (note : ou hérésie) est par son genre plus grave que le péché de schisme » (II-II, q. 39, a 2c.).
Les crises de l'Église de nos jours consistent dans le phénomène sans cesse croissant de ceux qui ne croient pas pleinement, qui professent l'intégrité de la foi Catholique et qui occupent des positions stratégiques dans la vie de l'Église : comme des professeurs de théologie, des éducateurs dans les séminaires, des supérieurs religieux, des curés et même des Évêques et des Cardinaux. Et ces gens avec leur foi défaillante professent eux-mêmes qu’ils sont soumis au Pape.
L’ampleur de la confusion et de l'absurdité se manifeste elle-même quand de tels religieux semi-hérétiques accusent ceux qui défendent la pureté et l'intégrité de la foi Catholique comme étant contre le Pape — comme s’ils étaient, selon eux, schismatiques d'une certaine façon. Pour les simples Catholiques dans les bancs, une telle situation de confusion est un défi réel à leur foi, en l'indestructibilité de l'Église. Ils doivent garder l'intégrité de leur foi solide selon les vérités immuables Catholiques, qui ont été transmises par nos Pères et que nous trouvons dans les catéchismes classiques et dans les œuvres des Pères et des Docteurs de l'Église .
Rorate Caeli : En parlant de Catholiques typiques, à quoi fera face le curé de paroisse typique maintenant par rapport à ce qu’il ne connaissait pas avant que le Synode n’ait commencé ? Quelles pressions, tel que le lavement des pieds des femmes le Jeudi Saint à l'exemple de François, portera-t-il davantage sur ses épaules par rapport à ce qu’il porte aujourd'hui ?
S.E. Schneider : Un prêtre de paroisse Catholique typique doit bien connaître le sens pérenne de la foi Catholique, le sens pérenne de même que les lois de la Liturgie Catholique et, sachant cela, il devrait avoir une confiance intérieure et une fermeté. Il devrait toujours se rappeler du principe Catholique de discernement : « Quod semper, quod ubique, quod ab omnibus », à savoir « Ce qui est admis par tous, partout et toujours » cru et pratiqué.
Les catégories « tous, partout et toujours » ne doivent pas être compris dans une arithmétique, mais dans un sens moral. Un critère concret de discernement est le suivant : « Est-ce que ce changement dans une affirmation doctrinale, dans une pastorale ou dans une pratique liturgique constitue une rupture avec le passé séculaire ou même avec le passé millénaire ? Et est-ce que cette innovation fait vraiment briller la foi d’une façon lumineuse et plus claire ? Est-ce que cette innovation liturgique nous rapproche davantage de la sainteté de Dieu ou manifeste plus profondément et plus magnifiquement les Mystères Divins ? Est-ce que cette innovation disciplinaire accroît vraiment un plus grand zèle pour la sainteté de la vie ? »
Pour en revenir concrètement à l'innovation du lavement des pieds des femmes pendant la Sainte Messe lors de la Cène du Jeudi Saint : cette messe célèbre la commémoration de l'Institution des Sacrements de l'Eucharistie et du Sacerdoce. En conséquence, le lavement des pieds des femmes avec les hommes non seulement détourne de l'accent principal sur l'Eucharistie et sur la Prêtrise, mais génère de la confusion concernant le symbolisme historique des « douze » et des Apôtres étant de sexe masculin. La Tradition universelle de l'Église n'a jamais permis le lavement des pieds pendant la Sainte Messe, mais au lieu de cela en dehors de la Messe, lors d'une cérémonie spéciale.
Soit dit en passant : le lavement public et habituellement aussi le baiser des pieds des femmes de la part d'un homme, dans notre cas, d'un prêtre ou d'un Évêque, est considéré par toute personne de bon sens dans toutes les cultures, comme déplacé et même indécent. Dieu merci que tout prêtre ou Évêque ne soit pas tenu publiquement à laver les pieds des femmes le Jeudi Saint car il n'y a pas de norme contraignante à cet égard et le lavement des pieds lui-même est seulement facultatif.
FRATERNITÉ SACERDOTALE ST-PIE X (FSSPX)
Rorate Caeli : Une situation atypique dans l'Église est la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX). Pourquoi Votre Excellence ne pense-t-il que tant de Catholiques ont peur de la FSSPX ou sont anxieux à propos de toute association avec elle ? D'après ce que Votre Excellence a vu, quels dons pensez-vous que la FSSPX peut apporter à l’Église en général ?
S.E. Schneider : Quand quelqu'un ou quelque chose est sans importance et faible, personne n'en a peur. Ceux qui ont peur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X ont finalement peur des vérités Catholiques pérennes et de ses exigences dans le domaine moral et liturgique.
Lorsque la FSSPX essaie de croire, d'adorer et de vivre moralement à la façon dont nos Pères et les Saints les plus connus ont fait pendant une période millénaire, alors on doit considérer la vie et le travail de ces prêtres Catholiques et des fidèles de la FSSPX comme un don pour l'Église de nos jours — même comme l'un des nombreux instruments que la Divine Providence utilise pour remédier à l'énormité de la crise générale actuelle de la foi, de la morale et de la Liturgie dans l'Église.
Dans certains secteurs de la FSSPX, il y a, cependant, comme c’est le cas dans toutes les sociétés humaines, certaines personnalités excentriques. Elles ont une méthode et un état d'esprit qui manquent à la justice et à la charité et par conséquent le vrai « sentire cum Ecclesia », (note : « sentir avec l’Église » ) et il y a le danger d'une autocéphalie ecclésiale (note : une Église qui ne dépend que de soi-même, qui a sa propre hiérarchie ) et d'être la dernière instance juridique dans l'Église. Cependant, à ma connaissance, la partie saine correspond à la majeure partie de la FSSPX et je considère leur Supérieur Général, Son Excellence Monseigneur Bernard Fellay, comme un Évêque Catholique exemplaire et fidèle. Il y a un peu d'espoir pour une reconnaissance canonique de l'SPPX.
LE SYNODE ET LA PAPOLÂTRIE
Rorate Caeli : De retour sur le Synode, tout en se concentrant sur la Tradition, est-ce que Votre Excellence croit que les changements dans la Liturgie romaine de post-Vatican II ont contribué à la crise actuelle de l'Église, à la crise du mariage, de la famille et de la morale de la société en général ? ?
S.E. Schneider : Je n'affirmerais pas cela d’une telle manière. En effet, la source même de la crise actuelle de l'Église, la crise du mariage, de la famille et de la morale en général n’est pas la réforme liturgique mais les défaillances dans la foi, le relativisme doctrinal qui découle du relativisme moral et liturgique. Car, si je crois d'une manière défaillante, je vais vivre une vie morale défaillante et je pratiquerai un culte défaillant et indifférent. Il faut d'abord rétablir la clarté et la fermeté de la Doctrine de la foi et de la morale à tous les niveaux et, à partir de là, commencer à améliorer la Liturgie. L'intégrité et la beauté de la foi exige l'intégrité et la beauté de la vie morale et elle exige l'intégrité et la beauté du culte public.
Rorate Caeli : Toujours sur le Synode, il est clair à ceux qui ont des yeux pour voir que François a provoqué la confusion au lieu de la clarté dans le processus Synodal et a encouragé un tournant envers la rupture en élevant le rôle de Kaspar, des Cardinaux Danneels et de l’Archevêque Cupich, etc. Quelle est l'attitude appropriée que les Catholiques devraient avoir envers le Pape en ces temps troublés ? Est-ce que les Catholiques sont obligés de faire connaître leurs vues et de « résister » comme le Cardinal Burke a déclaré dans une interview l'année dernière même si leurs vues sont critiques du Pape ?
S.E. Schneider : depuis plusieurs générations passées jusqu'à nos jours, il règne dans la vie de l'Église une sorte de « Papo-centrisme » ou une sorte de « papolâtrie » qui est sans doute excessif par rapport à la vision modérée et surnaturelle de la personne du Pape et de sa vénération due dans les temps passés. Une telle attitude excessive envers la personne du Pape dans la pratique génère une signification théologique excessive et mauvaise ce qui concerne le dogme de l'infaillibilité papale.
Si le Pape disait à toute l'Église de faire quelque chose qui nuirait directement à une Vérité Divine immuable ou un Commandement Divin, tout Catholique aurait le droit de le corriger dans une bonne et due forme respectueuse, mû par la crainte et l'amour pour la fonction sacrée et la personne du Pape. L'Église n’est pas la propriété privée du Pape. Le Pape ne peut pas dire : « Je suis l'Église » comme l'avait fait le Roi Français Louis XIV, qui a dit : « L'État, c’est moi ». Le Pape est le Vicaire seulement, pas le successeur du Christ.
Les préoccupations suscitées par la pureté de la foi est une question en fin de compte pour tous les membres de l'Église, qui est Une et qui est un Corps de vie unique. Dans les temps anciens, avant de confier à quelqu'un les fonctions de prêtre et d'Évêque, il était demandé aux fidèles s’ils pouvaient garantir que le candidat possédait une foi droite et un comportement moral élevé. Le vieux Pontificale Romanum dit : « Le capitaine d'un navire et aussi ses passagers ont bien des raisons de se sentir en sécurité ou encore d’être en danger lors d’un voyage, ils devraient donc être d'un seul esprit dans leurs intérêts communs ». C’est le Concile Vatican II, qui a très encouragé les fidèles laïcs à contribuer au bien de l'Église dans le renforcement de la foi.
Je pense que, dans un moment où une grande partie des titulaires du bureau du Magistère sont négligents dans leur devoir sacré, le Saint-Esprit appelle aujourd'hui, à savoir les fidèles, à monter au créneau et à défendre courageusement avec un authentique « sentire cum ecclesia » la foi Catholique.
LA TRADITION ET SES ENNEMIS INTÉRIEURS
Rorate Caeli : Est ce que le Pape est la mesure de la Tradition ou est-il mesuré par la Tradition ? Et est-ce que les fidèles Catholiques devraient prier pour l’arrivée d’un Pape Traditionnel bientôt ?
S.E. Schneider : Le Pape n’est certainement pas la mesure de la Tradition, mais au contraire. Nous devons toujours garder à l'esprit les éléments suivants de l’enseignement dogmatique du Premier Concile Vatican : la fonction des successeurs de Pierre ne consiste pas à faire connaître une nouvelle Doctrine, mais à garder et à expliquer fidèlement le Dépôt de la Foi transmis par les Apôtres (cf. dogmatique Pastor aeternus Constitutio, chap. 4).
Dans l'accomplissement de l'une de ses tâches les plus importantes, le Pape doit travailler à ce que « tout le troupeau du Christ puisse être tenu à l'écart de la nourriture empoisonnée de l’erreur » (Concile Vatican I, MII.). L'expression suivante qui était en usage depuis les premiers siècles de l'Église, est l'une des définitions les plus frappantes de la fonction papale et doit être en quelque sorte une seconde nature pour chaque Pape : « Adhérer fidèlement à la Tradition reçue au début de la foi Chrétienne » (Concile Vatican I, MII.).
Nous devons toujours prier pour que Dieu dote son Église de Papes avec un esprit Traditionnel. Cependant, nous devons croire en ces termes : « Il ne vous appartient pas de savoir quand viendront les temps et les moments, car le Père les a fixés de Sa Seule Autorité » (Actes 1 : 7).
Rorate Caeli : Nous savons qu'il existe de nombreux Évêques et Cardinaux — peut-être la majorité — qui veulent changer la langue doctrinale de l'Église et la discipline de longue date sous les prétextes des « développements dans la Doctrine » et de « la compassion pastorale. » Quel est le problème avec leur argument ?
S.E. Schneider : Des expressions telles que « les développements de la Doctrine » et « la compassion pastorale » sont en fait habituellement un prétexte pour changer l'enseignement du Christ, et sont contre le sens pérenne et l'intégrité comme les Apôtres l'avaient transmis à toute l'Église et qui fut fidèlement conservé par les Pères de l'Église, les enseignements dogmatiques des Conciles Oecuméniques et des Papes.
En fin de compte, ces clercs veulent une autre Église et même une autre religion : une religion naturaliste qui est adaptée à l'esprit du temps. Ces clercs sont vraiment des loups déguisés en brebis, flirtant souvent avec le monde. Ce ne sont pas des bergers courageux — mais des lapins plutôt lâches.
RÔLE DES FEMMES DANS L'ÉGLISE
Rorate Caeli : Nous avons entendu beaucoup de choses sur le rôle des femmes dans l'Église d'aujourd'hui que l'on appelle le « Génie féminin ». Les femmes ont évidemment joué un rôle crucial dans l'Église depuis le début en commençant par la Bienheureuse Vierge Marie. Mais liturgiquement, le Christ a déterminé sa position de façon limpide tout comme les Papes pré-Conciliaires. Est-ce que Votre Excellence croit que la participation des femmes dans la Liturgie, que ce soit les femmes qui prennent part à la Nouvelle Messe (Novus Ordo), que ce soit en tant que filles enfants de chœur, a joué un rôle positif ou négatif dans l'Église des quatre dernières décennies ?
S.E. Schneider : Il n'y a aucun doute sur le fait que la participation des femmes dans les services liturgiques à l'autel (la lecture de l’Écriture, le service à l'autel pour distribuer la sainte communion) représente une rupture radicale avec la Tradition entière et universelle de l'Église. Par conséquent, une telle pratique est contraire à la Tradition Apostolique.
Une telle pratique a donné à la Liturgie de la Messe une forme clairement protestante et la caractéristique d'une réunion informelle de prière ou d'un événement catéchétique. Cette pratique est certainement contrairement aux intentions des Pères du Concile Vatican II et il n'y a pas la moindre indication en faveur de cette pratique dans la Constitution sur la Sainte Liturgie.
LA MESSE LATINE TRADITIONNELLE
Rorate Caeli : Votre Excellence est bien connu pour célébrer la Messe Traditionnelle Latine dans de nombreux endroits à travers le monde. Qu'est-ce que Votre Excellence considère être les plus profondes leçons tirées du fait de dire la Messe en Latin, comme prêtre et comme Évêque, et qu’est-ce que les autres prêtres et Évêques peuvent espérer gagner en disant la Messe Traditionnelle eux-mêmes ?
S.E. Schneider : Les plus profondes leçons que j’ai apprises à célébrer la forme Traditionnelle de la Messe est la suivante : je ne suis qu'un pauvre instrument d'une action surnaturelle des plus sacrées dont le célébrant principal est le Christ, Prêtre Suprême et Éternel. Je pense qu’au cours de la célébration de la Messe, je perds dans un certain sens ma liberté personnelle car les paroles et les gestes sont prescrits même dans leurs plus petits détails et je ne suis pas certain d'en disposer. Je sens profondément dans mon cœur que je ne suis qu'un serviteur et un ministre qui, pourtant avec le libre arbitre, avec foi et amour, n’accomplit pas ma volonté, mais la volonté d'un Autre.
La Messe Traditionnelle d’un ancien rite datant plus d’un millénaire — que même le Concile de Trente n’a pas changée, parce que l’Ordo Missae, avant et après le Concile, est presque identique, elle proclame et évangélise puissamment l'Incarnation et de l'Epiphanie du Dieu Saint et immensément Ineffable qui, dans la Liturgie, en étant « Dieu avec nous » ou en tant que l’« Emmanuel », devient si petit et si proche de nous. Le rite Traditionnel de la Messe est une très habile et, dans le même temps, une puissante proclamation de l'Évangile, réalisant l'œuvre de notre salut.
Rorate Caeli : Si le Pape Benoît a raison de dire que le rite actuellement romain (même si c’est étrange) existe sous deux formes au lieu d'une, pourquoi arrive t-il encore que tous les séminaristes n’étudient pas encore nécessairement et n’apprennent pas la Messe Traditionnelle Latine dans le cadre de leur formation au séminaire ? Comment fait-il qu’un prêtre de paroisse de l'Église Romaine ne sache pas les deux formes de l'unique rite de son Église ? Et comment tant de Catholiques se voient toujours refuser la Messe et les Sacrements Traditionnels si ce sont deux formes égales ?
S.E. Schneider : Selon l'intention du Pape Benoît XVI et les normes claires de l'Instruction « Universae Ecclesiae », tous les séminaristes Catholiques doivent connaître la forme Traditionnelle de la Messe et être capables de la célébrer. Le même document indique que cette forme de la Messe est un trésor pour l'Église entière — c’est donc pour tous les fidèles.
Le Pape Jean-Paul II a lancé un appel urgent à tous les Évêques afin qu’ils accommodent généreusement le souhait des fidèles concernant la célébration de la forme Traditionnelle de la Messe. Quand les clercs et les Évêques entravent ou restreignent la célébration de la Messe Traditionnelle, ils ne respectent pas ce que le Saint-Esprit dit à l'Église et ils agissent d'une manière très anti-pastorale. Ils se comportent comme les possesseurs du trésor de la Liturgie, ce qui ne leur appartient pas car ils n’en sont que les administrateurs.
En niant la célébration de la Messe Traditionnelle, en l’entravant et en étant discriminatoire à son égard, ils se comportent comme des administrateurs infidèles et capricieux qui — contrairement aux instructions de la Maison Paternelle — maintiennent le garde-manger sous les verrous ou comme une belle-mère marâtre qui donne aux enfants un maigre tarif. Peut-être que ces clercs ont peur de la grande puissance de la vérité irradiant de la célébration de la Messe Traditionnelle. On peut comparer la Messe Traditionnelle à un lion : laissez-le libre il va se défendre.
LA RUSSIE PAS ENCORE EXPLICITEMENT CONSACRÉE
Rorate Caeli : Il y a beaucoup d’Orthodoxes Russes où Votre Excellence vit. Est-ce qu’Alexandre de Astana ou quelqu'un d'autre dans le Patriarcat de Moscou a interrogé Votre Excellence concernant le récent Synode ou à propos de ce qui se passe dans l'Église sous François ? S’en soucient-ils même actuellement?
S.E. Schneider : Ces Prélats Orthodoxes, avec qui j’ai des contacts, ne sont généralement pas bien informés sur les litiges internes en cours dans l'Église Catholique ou, tout au moins, ils ne m’en ont jamais parlé avec moi de ces questions. Même s’ils ne reconnaissent pas la primauté de juridiction du Pape, ils considèrent néanmoins le Pape comme le première fonction hiérarchique dans l'Église à partir d'un point de vue de l'ordre protocolaire.
Rorate Caeli : Nous sommes juste à un an du 100e anniversaire de Fatima. La Russie n'a sans doute pas été consacrée au Cœur Immaculé de Marie et la Russie ne s’est certainement pas convertie. L'Église, bien qu'elle impeccable, est en plein désarroi — peut-être pire que durant l’Hérésie Arienne. Les choses vont encore empirer avant d'aller mieux et comment les vrais fidèles Catholiques devraient être préparés à ce qui est à venir ?
S.E. Schneider : Nous devons croire fermement : L'Église ne nous appartient pas, ni au Pape. L'Église est au Christ, Lui seul la tient et la conduit indéfectiblement même à travers les périodes les plus sombres de la crise comme d'ailleurs est notre situation actuelle.
Ceci est une démonstration du caractère divin de l'Église. L'Église est essentiellement un mystère, un mystère surnaturel, et nous ne pouvons pas l'approcher comme nous approchons un parti politique ou une société purement humaine. Dans le même temps, l'Église est humaine et, sur son plan humain, elle endure de nos jours une passion douloureuse, participant à la Passion du Christ.
On peut penser que l'Église de nos jours est flagellée comme notre Seigneur le fut, dénudé comme ce fut pour Notre Seigneur à la dixième station du Chemin de Croix. L'Église, notre Mère, est liée dans des cordes non seulement par les ennemis de Christ mais par certains de leurs collaborateurs dans les rangs du clergé, parfois même du haut clergé.
Tous les enfants sages de la Mère Église, comme des soldats courageux, doivent essayer de libérer cette Mère — avec les armes spirituelles de la défense et de la proclamation de la Vérité, en faisant la promotion de la Liturgie Traditionnelle, l'adoration eucharistique, la croisade du Rosaire, la bataille contre le péché dans sa vie privée et la recherche de la sainteté.
Nous avons à prier pour que le Pape puisse consacrer bientôt explicitement la Russie au Cœur Immaculé de Marie, alors Marie va gagner, comme l'Église le priait depuis les temps anciens : « Réjouissez-Vous, O Vierge Marie, car Vous seule avez détruit toutes les hérésies dans le monde entier ». (Gaude, Maria Virgo, cunctas haereses seuls dans l'univers interemisti monde).
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