par Christopher A. Ferrara
SOURCE : The Remnant
Le 12 février 2016
Le jour même où il a pris possession de la Chaire de Pierre, le Pape Benoît XVI a déclaré son intention d'intégrer ses idées personnelles et ses prédilections dans la fonction du Vicaire du Christ :
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Le Pape sait que, dans ses décisions importantes, il est lié à la grande communauté de la foi de tous les temps, aux interprétations contraignantes qui se sont développées tout au long du pèlerinage de l'Église. Ainsi, son pouvoir n’est pas d‘être au-dessus mais au service de la Parole de Dieu. Il lui incombe de veiller à ce que cette Parole continue à être présente dans sa grandeur et à retentir dans sa pureté de sorte qu'elle ne soit pas mise en pièces par des changements continus dans son usage.
Dès le moment où il s’est présenté sur le balcon de Saint Pierre — un événement auquel l'Éditeur du Remnant et moi avons assisté, avec des larmes aux yeux, c’était évident que Benoît comprenait que l'ancien Joseph Ratzinger devait disparaître devant l’auguste fonction qu’il lui avait été confiée. La mozette traditionnelle (pèlerine courte que revêtent certains ecclésiastiques dont le Pape ) et l’étole qu’il portait à ce moment, comme tous les insignes et les cérémoniaux du Pape, sont des symboles de l'autorité divinement donnée, visant à détourner l'attention de l'homme comme tel et pour la diriger vers le Christ dont il est le Vicaire :
Durant la fin brusque mise à son pontificat, Benoît a fait un effort sérieux pour honorer son engagement d’être transparent face aux exigences de la fonction papale en faisant ce qui devait être fait, peu importe les conséquences pour sa popularité personnelle. Avec quelques actes de gouvernance papale, Benoît a commencé à réparer les dommages incalculables que l'Église a souffert sous le régime de la nouveauté post-conciliaire : la correction de la flagrante (sinon hérétique) erreur de traduction de l'édition typique Latine de la Messe Novus Ordo, la libération de la Messe Latine Traditionnelle de sa fausse séquestration, la levée des « excommunications » des Évêques de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X et la réaffirmation de l'enseignement de l'Église « sur la pleine identité de l'Église du Christ avec l'Église Catholique ».
Benoît n’était pas Saint-Pie X, bien sûr. On ne peut pas aller si loin. Mais, au moins, son pontificat fut le début d'une reconnaissance officielle que l'aggiornamento (modernisation ; réforme) post-conciliaire avait été une catastrophe de laquelle l'Église devait récupérer et que seul le Pape pouvait commencer le processus de récupération. Benoît a agi en conséquence, et le monde a fourni un signe certain qu’il avait bien agi : il le détestait.
Puis, sous un nuage de mystère et de perplexité, le Cardinal Jorge Mario Bergoglio est arrivé sur ce même balcon. Et voici ce que nous avons vu :
C’était un homme habillé comme un simple Évêque dont les premières paroles furent d’une banalité sourde : « Frères et sœurs, bonne soirée » Un Évêque vêtu de blanc, saluant la foule et en leur disant, étrangement, qu'il avait été élu « Évêque de Rome » pour « l'évangélisation de cette belle ville » à laquelle il a ostensiblement demandé « la prière du peuple pour leur Évêque ». Il était dénudé des symboles traditionnels de l'autorité papale, enfilant plus tard l’étole papale juste assez longtemps pour donner la Bénédiction Apostolique, l’enlevant rapidement une fois que les paroles furent prononcées. Même sa croix pectorale métallique terne était la même que celle qu’il portait à Buenos Aires.
Les applaudissements du monde ont commencé immédiatement lorsque l'Évêque de Rome a affiché son humilité devant les caméras : dans le bus de retour à Casa Marta au lieu d’utiliser le véhicule officiel prévu pour sa sécurité, en payant sa propre note d'hôtel, en téléphonant personnellement à son service de livraison de journaux en Argentine pour annuler son abonnement. L'Évêque nouvellement élu de Rome avait commencé le programme qu’il s’était résumé dès qu’il a été élu :
« Dès le début, je me suis dit : « Jorge, ne change pas, il te suffit de continuer d’être toi-même parce que changer à ton âge serait de faire un fou de soi-même ». Voilà pourquoi j’ai toujours continué à faire ce que j’avais l'habitude de faire à Buenos Aires. Peut-être même faire mes anciennes erreurs. Mais je préfère cela comme ça, être moi-même. Ça a évidemment causé certains changements dans les protocoles mais pas dans les protocoles officiels parce que je suis très prudent à les respecter. La chose est que je suis qui je suis même en ce qui concerne les protocoles comme j'étais moi-même à Buenos Aires. Vous pouvez voir pourquoi « de ne pas changer » m’a si bien convenu ».
Peut-être la manière la plus facile de donner un sens aux trois dernières années de ce pontificat tumultueux est de représenter Jorge Mario Bergoglio déclarant à l'Église et au monde : « Je préfère comme ça être moi-même ... Je suis qui je suis » — les vieilles erreurs et tout. En cela, nous voyons l'auto-apothéose qui est considérée comme de l'héroïsme selon la sagesse démotique (populaire) de notre culture populaire : « Que je sois bon ou mauvais, je dois être moi ... je dois être moi, je dois être moi / que puis-je être d’autre de qui je suis ? »
Le programme Bergoglien, avec tous ses méandres, ses incohérences affolantes et ses contradictions avec soi-même, est le résultat d'un refus résolu de subordonner la personnalité aux fonctions suprêmes du Vicariat du Christ mais d’en utiliser néanmoins la puissance et l'autorité de la fonction pour faire la promotion de ses propres idées et désirs — exactement ce qu'un Pape ne doit pas faire comme son sombre prédécesseur avait averti. Et, dans ce cas, nous avons affaire à des idées et à des désirs d'un Jésuite libéral formé dans les années 1970 qui croit sérieusement que l'Église n'a même pas commencé à « mettre en œuvre le Concile ».
La Chaire de Pierre est ainsi devenue une sorte d'accessoire personnel ultime pour son occupant actuel. Le Pape Bergoglio n’aurait pas pu déclarer cette intention plus clairement :
« Les Pères du Concile savaient que l'ouverture à la culture moderne signifiait l'œcuménisme et le dialogue religieux avec les non-croyants. Mais par la suite, très peu a été fait dans cette direction. J’ai l'humilité et l'ambition de vouloir faire quelque chose ».
« Je rêve d'une « option missionnaire », autrement dit, d’un élan missionnaire capable de tout transformer. De sorte que les coutumes de l'Église, ses façons de faire, ses heures et ses horaires, sa langue et ses structures puissent être canalisées d’une manière appropriée pour l'évangélisation du monde d'aujourd'hui plutôt que pour son auto-préservation .... »
« Je préfère Église qui est meurtrie, blessée et sale parce qu'elle a été dans les rues plutôt que d'une Église qui est malade de s’être limitée et de s’être accrochée à sa propre sécurité. Je ne veux pas d’une Église qui soit concernée par être au centre et puis qui finit par être prise dans une toile d'obsessions et de procédures .... »
« Voilà pourquoi je veux une Église qui est pauvre et pour les pauvres ».
Pour le Pape Bergoglio, la papauté est un moyen de parvenir à ce qu’il rêve, à ce qu’il veut, à ce qu’il préfère par opposition à ce qui lui a été transmis sous sa garde. Il a l'intention de laisser son empreinte personnelle sur l'Église d'une manière qu’il espère « irréversible », au moins dans la mesure où le Saint-Esprit le lui permettra — une limite externe qu’il est évidemment déterminé à tester avec des « réformes » qu’aucun Pape avant n’avait jamais osé s’aventurer, réformes qui sont passées comme des interventions par le « Dieu des surprises ». Ce n’est pas pour lui cette restriction intolérable d'un Pape qui « ne doit pas proclamer ses propres idées, mais qu’il doit plutôt constamment lier l'Église à l'obéissance à la Parole de Dieu, face à toute tentative de l'adapter ou de la diluer... » Les adaptations et les dilutions sont précisément ce que ce pontificat a sans cesse promues sous la rubrique de la « miséricorde ».
Parce qu'il a passé les trois dernières années à faire exactement ce qu’il veut, ce qui lui a valu des applaudissements sans fin du monde plutôt que de faire ce qui était bien pour l'Église, ce qui avait valu à son prédécesseur une éternelle inimitié de la part du monde, la papauté n’est pas un fardeau pour le Pape Bergoglio, comme ce l’était pour Benoît, qui ne pouvait pas la supporter. Au contraire, c’est une occupation extrêmement agréable.
Un profil ultime dans le National Geographic salue la « Révolution François » et la « Joie continuelle avec laquelle elle est menée ». L'Archevêque austère de Buenos Aires est maintenant tous rires et sourires ainsi que les pouces levés vers le haut, un développement qui a surpris son ami, le nouvel Archevêque de Buenos Aires, le Cardinal Mario Poli. Lorsque Poli interrogea François pour qu’il explique sa transformation, il a reçu cette réponse : « C’est très amusant d'être Pape » et qui ne trouverait pas amusant d'être une célébrité de classe mondiale, saluée par toutes les puissances parce qu’il n’est pas comme ses prédécesseurs « rigoristes », attendu aux petits soins par un personnel attentif tout en vivant dans un hôtel cinq étoiles situé dans une enclave parfaitement entretenue duquel il insiste pour que les incontrôlables immigrés Musulmans soient autorisés à envahir l'Europe alors qu’ils leur sont absolument interdits d’accéder par les hauts murs, les gardes armées et des lois restrictives.
Maintenant, nous lisons que, suite à un album de musique rock sur la base de ses réflexions personnelles, « François est en passe de devenir le premier Pape de l'histoire à jouer dans un film » et que « le concept du film est venu de François lui-même qui a proposé l'histoire à des cinéastes de la grande compagnie de production AMBI basée à Hollywood ... » Le film « dépeindra des passages de l'Évangile et des fables aux jeunes ». Compte tenu des nombreuses libertés que François a prises avec l'Évangile dans ses sermons et ses méditations improvisées, le film devrait être au moins classé PG (cote « Avertissement
aux parents » ).
Donc, la papauté a changé d'une manière Jorge Mario Bergoglio. Elle l’a rendu heureux. Le Vicaire du Christ actuel n'a pas l'intention de suivre la voie sans joie de son prédécesseur, sorti de ses fonctions par les loups qu’il a craints et, encore moins, de la façon de l'Homme des Douleurs Lui-même. Nous sommes témoins de la joie de l’épanouissement personnel qui vient au détriment de tout le Corps Mystique du Christ. Et le monde se joint à un Évêque de Rome content qui aime chaque minute de son contentement.
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