vendredi 26 février 2016

Le Pape et la tueuse de bébés



Écrit par Hilary Blanc

SOURCE : The Remnant

En 2010, après avoir vécu en Italie environ deux ans et avoir commencé à comprendre les complexités byzantines de la politique de ce pays, Emma Bonino a décidé de se présenter pour le poste de gouverneur de la région du Latium. Une fois que j'ai découvert quel genre de personne elle était, je fus saisie de l’urgent besoin d’acheter une caisse de peinture en aérosol et de faire le tour de Rome en écrivant : « 10 000 assassinati bambini non abbastanza par Emma 'la Bicicletta' Bonino » sur toutes les affiches. « 10 000 bébés assassinés n’est pas assez pour Emma 'la bicyclette' Bonino ». Je pensais à chaque fois que je descendais du train à la gare de Saint-Pierre à Rome où son visage a été affiché sur presque toutes les surfaces. D'une certaine manière, je me suis dissuadée de ce plan d'action et maintenant je souhaite l’avoir fait. Au lieu de cela, j'ai écrit quelques articles à son sujet, de ses prises de position en guise d’introduction pour les lecteurs pro-vie de langue anglaise.

Je n’ai pas fait beaucoup de vagues dans la presse de langue anglaise, mais ce mois-ci, la même femme a été encensée par le Pape François. Dans une interview avec le Corriere della Sera, le Pape, le Vicaire du Christ, a appelé Mme Bonino « parmi les grands de l'Italie d'aujourd'hui ». Le Pontife a mentionné son travail comme ministre des Affaires étrangères en Afrique. « Elle a offert le meilleur service à l’Italie pour connaître l'Afrique ».

« Ils disent : « C’est une personne qui pense très différemment de nous [Catholiques] ». Certes, mais c’est pas grave. Nous devons regarder les gens, à ce qu'ils font » a déclaré le Pape.

Eh bien, c’est bien raisonnable. Nous avons besoin de regarder ce qu'ils font ; tout à fait d’accord. C’est à leurs fruits que vous les connaîtrez, selon l'expression consacrée justement.

Un bref résumé : Emma Bonino est entrée en politique italienne comme une féministe extrémiste de gauche radicale dans les années 70 après avoir rendu son nom synonyme d'avortement illégal. Elle se vantait dans la presse d'avoir inventé un aspirateur à vide à main à partir d'un pot de confiture et d’une pompe à vélo et a depuis continué à prétendre avoir utilisé cet appareil et qu'elle a personnellement tué 10 000 enfants « non désirés ». Elle est, en bref, la Henry Morgentaler de l'Italie.

( « Mais c’est pas grave ». C’est juste « une personne qui pense très différemment de nous ».)

Mais elle avait beaucoup plus de succès même que ces deux ... hum... « qui ont radicalement » modifié à jamais la société italienne. Elle entra au Parlement en vue de tirer parti de la loi au moment où les députés bénéficiaient de l'immunité de poursuites puisque l'avortement était encore un crime à l'époque. Sa carrière politique flamboyante de succès été totalement dédiée à une longue campagne de 40 ans pour démanteler systématiquement au nom de l’« égalité » et des « droits de l'homme » la fondation morale Catholique de toute structure politique et sociale dans la société italienne.

« Mais c’est pas grave… »

À partir de 1979, en tant que protégée de l’éminence socialiste grise milliardaire, George Soros, elle a amené sa campagne dans le domaine international en tant que membre du Parlement Européen et, plus tard, dans le monde plus large en tant que Ministre des Affaires étrangères de l'Italie et Présidente et Fondatrice du Parti Radical Transnational.

« Mais c’est pas grave… »

Son parti, les Radicaux Italiens, sont en train de triompher aujourd'hui sur lois du pays portant sur le mariage afin de permettre les partenariats sodomites à considérer à égalité avec le mariage naturel. Au sommet de sa carrière dans les années 90, une étude italienne, très médiatisée et promue par la télévision italienne et le cinéma des célébrités, a révélé que la majorité du public aurait aimé la voir comme Présidente de la République — c’est-à-dire, Chef de l’État, à distinguer de la fonction de Premier Ministre qui est le chef du gouvernement. Cette idée a été reprise par le Parti Socialiste en 2013.

La page de langue anglaise de Wikipedia la décrit benoîtement comme « une législatrice vétéran dans la politique italienne et militante pour diverses politiques de réforme ».

« En 1975, elle a fondé le Centre d'Information sur la Stérilisation, l’Avortement et la Promotion qui a mené au référendum pour la légalisation de l'avortement en Italie » nous dit encore Wikipedia, sans mentionner qu’elle avait alors commencé à avorter des bébés en série.

Mais c’est juste « une personne qui pense très différemment de nous… »

« De concert avec Marco Pannella, un autre membre du Parti Radical, Bonino a combattu de nombreuses batailles pour les droits civils et la liberté personnelle touchant principalement le divorce, la légalisation de l'avortement, la légalisation des drogues et les libertés sexuelles et religieuses » poursuit Wikipedia . La seule chose qu’ils ont oubliée était sa campagne pour l'euthanasie.

(Les disciples attentifs de la carrière de François remarqueront que ce même Marco Pannella est celui que le Pape a téléphoné en mai de l'année dernière selon certaines sources et qu’il aurait dit au vieux gauchiste « d’aller de l’avant ». Pannella dira plus tard : « Avec François, nous avons beaucoup en commun. Nous, les Radicaux, avons prévu un grand nombre de choses que François dit et fait ». Il est également intéressant de noter que l'intervieweur favori de François, Eugenio Scalfari, est également l'un des fondateurs et une sommité du Parti Radical. On commence à se demander quel genre de compagnie ses électeurs de 2013 avaient gardé parmi les politiciens italiens ).

Comme on pouvait s'y en attendre, la page italienne Wikipedia sur Emma Bonino a plus de détails mais laisse aussi entièrement sous silence sa fière carrière des débuts où elle était la numéro un des avorteurs illégaux « de fond de cave » de l'Italie (avec toute l'expertise médicale qu’un baccalauréat en langues modernes peut donner.) Mme Bonino elle-même n'a jamais répudié la prétention des 10 000 enfants ensanglantés et écrasés de son début de carrière. C’est l'un de ses grands points de vente auprès de la gauche, en fait, ce fut l'offrande sacrificielle pour son succès politique plus tard d’ampleur stellaire.

« Mais c’est pas grave… »

L’épuration de sa page Wikipedia italienne signifie qu’il nous faut plonger dans les archives de la presse italienne pour trouver les fameuses photos de sa machine faite maison pour faire des avortements. La photo a refait surface sur les sites italiens, ce qui indique au moins que le public italien n'a pas oublié ce qu’est Emma Bonino.

En 1973, l'avortement était un crime passible d'une peine de deux à cinq ans d'emprisonnement. Bonino a fondé la « CISA », le Centre d'Information sur la Stérilisation et l'Avortement afin de changer tout cela. Grâce à cette organisation illégale, Bonino compte elle-même avoir commis 10 141 avortements. Le groupe a affirmé qu’en 1974 il aurait effectué environ 4 000 avortements par année.

« Mais c’est pas grave.. ».

La brochure du CISA inclut la photo et cite Bonino elle-même qui décrit sa machine qui comprenait « une pompe à vélo, un dilatateur en plastique et un vase [pot] dans lequel vous créez un vide et on finit le contenu de l'utérus ».

« Les avortements sont effectués avec une pompe à vélo, un dilatateur en plastique et un pot dans lequel on fait le vide et où finit le contenu de l'utérus. J'utilise un bocal d'un kilo qui avait contenu de la confiture. Les femmes ne se soucient pas de ce que je n'utilise pas un récipient acheté dans un magasin de sanitaires, c'est l'occasion d'une bonne rigolade » : è un buon motivo per farsi quattro risate.

« Mais c’est pas grave… »

Ce mois-ci, Bonino est cité par Radio Radicale répondant au beau compliment du Pape François en disant : « Ces paroles sont celles qui m’ont plu le plus de toute ma vie entière ».

« Voilà ce que j'ai essayé de pratiquer toute ma vie avec mes coéquipiers radicaux, à savoir que vous pouvez parler même si vous avez des idées différentes. Je ne pense pas avoir besoin d'en dire plus, ce serait un manque de respect ».

Donc, ce sont tous des sourires, compliments chaleureux et étreintes à une femme qui a personnellement assassiné 10 000 enfants innocents à naître ; une femme qui est entrée dans la politique afin d’éviter des poursuites pour ce qui était alors un crime ; une femme qui a alors fait une carrière à vie pour démanteler systématiquement non seulement des protections juridiques pour les enfants à naître, mais pour l'ensemble du cadre moral de la culture et de la société civile italienne et qui n'a jamais montré la moindre lueur de repentir ou ni même de doute relativement à ses vues qui lui sont supérieures moralement à celles de la foi Catholique.

Comme d'habitude, les commentateurs italiens, agréablement affranchis de cette papolâtrie machinale et bizarre des Américains, ont eu des réactions plutôt directes. Camillo Langone a dit que, loin d'être parmi les « Grands » de l'Italie, Bonino a aidé à diminuer gravement l'Italie, étant personnellement responsable de la mort de millions d'Italiens et de la crise démographique actuelle en l'Italie.

« Non seulement pour le passé mais pour le présent, Bonino est une personne qui a construit sa carrière politique sur l'avortement de masse ; alors elle est là parce qu’elle est pro-avortement » a déclaré Langone dans une interview avec IntelligoNews.

« Ce n’est pas un fait accessoire ni un détail » a-t-il ajouté. « Le Pape est un Jésuite et aurait agi selon un raisonnement politique qui m’échappe ».

Quand il fut demandé à Langone si les commentaires de François étaient une erreur « en raison du manque d'informations sur « la Bonino » ou si c’était « un choix spécifique de François », Langone est tout aussi franc.

« C’est certainement un calcul, il n'y a pas d'erreurs. De jouer le truc : « Oh, je ne savais pas », c’est un calcul qui m’échappe et, de toute façon, je ne m’en soucie pas non plus. Je suis Catholique et je n’argumente pas. Pour moi, Emma Bonino n’est pas une grande italienne, mais une petite italienne qui a rétréci l'Italie pas seulement démographiquement parlant ».

Bien sûr, on peut déjà entendre le chœur des apologistes papaux Américains hurlant à propos de la façon dont je suis si peu miséricordieuse. Le Pape François tendait juste la main vers une pécheresse et l'appelait à se repentir ... Et, de toute façon, les traductions !

Maintenant, je vais admettre que le Christ a ses façons de convertir même Ses ennemis les plus mortels, mais elles ne comportent pas de manière générale de chaudes étreintes et des compliments farfelus au sujet de leurs réalisations meurtrières. Habituellement, c’est plus en les faisant tomber de leurs chevaux et en les rendant aveugles. Et dans le cas de Mme Bonino, nous rencontrons non seulement quelqu'un qui a passé toute sa vie consacrée à s’opposer au Christ dans tous les endroits possibles, mais quelqu'un qui a fait du massacre de millions d'innocents la pierre angulaire de sa carrière.

C’est difficile aujourd'hui de convaincre même les fidèles Catholiques de l'horreur suprême de l'avortement. Les Pro-Vie sont régulièrement accusés d’« alarmisme » ou d'être sévères dans leur langage. C’est la raison pour laquelle, au cours des dernières années, ils ont dû recourir à des photographies graphiques pour démontrer leur point. Mais pensez-y pendant quelques minutes. Si les enfants qu'elle a personnellement assassinés étaient morts en dehors de l'utérus au lieu d’être à l'intérieur au moment où elle les déchirait en lambeaux, Emma Bonino aurait été tenue pour être l'un des plus révoltantes meurtrières de masse de l'histoire. Son nom serait entré dans l'histoire avec le plus célèbre des nazis (dont la plupart n’ont pas fait de meurtres de masse de leurs propres mains ).

Nous appliquons facilement et avec une conscience propre le terme de « monstre » à Hitler et Goebbels et l'ensemble de l'équipe pour leur idéologie meurtrière et leur régime, pour la guerre et pour les camps, les fours et les chambres à gaz et tous leurs objets d'horreur et de mort industrialisée. Quant à Emma Bonino, son idéologie est essentiellement identique mais c’est elle qui a fait le sale travail elle-même et elle a limité sa tuerie exclusivement à des enfants ... Je ne suis pas sûre qu'il y ait une parole dans quelle que langue que ce soit pour ce qu'elle est.

Mais au lieu de la mettre dans une classe avec Hannibal Lecter et de la garder enfermée dans une boîte de verre pour le reste de sa vie, nous lui donnons la Grande Croix de l'Ordre de Mai (Argentine, 1995) et faisons d'elle un Commandant de la Légion d'honneur (France, 2009) et de l'Ordre de la Croix de la Grande Dame du Mérite de la République Italienne (Italie, 2015) et l'envoyons à l'Union Européenne et en Afrique pour avoir des séances de photos avec le Pape « Pro-Vie ».

Nous sommes toujours réprimandés de retenir le portrait d’ensemble, de prendre en compte les contextes politiques et sociaux de l'époque. Et nous devons toujours nous rappeler que le grand éloge de Bonino par le Pape François ne doit pas être considéré comme un incident isolé. C’est ce que les Ecclésiastiques Modernes font, après tout. Ils essaient de convaincre le monde de se convertir sans jamais parler de religion s'ils le peuvent.

Nous nous rappelons que le Pape Jean-Paul II, qui continue d'être un héros du mouvement Pro-Vie, connu pour sa profonde implication dans la politique internationale, a lui aussi accordé une rencontre amicale avec les Radicaux Italiens, à l'avorteuse Bonino et Pannella en 1986 [voir photo], ils ont discutés de leurs intérêts communs dans leurs efforts pour faire face « faim dans le monde ». Lors de cette réunion, c’était des sourires polis partout et aucun signe du doigt pontifical qui remuait.

Mais la miséricorde de François semble faire quelque peu défaut. Bonino a passé l'année dernière sous chimiothérapie pour le cancer du poumon et n'a jamais montré aucun signe de repentir. On pourrait penser que l’enthousiasme du Pape pour « graduellement » l’« accompagner » à sa mort pourrait impliquer une mention, au moins en référence oblique, au sang de ces dix mille enfants qui crient vengeance au Ciel. Son cancer est en rémission actuellement. On se demande si c’était une dernière chance donnée par un Dieu miséricordieux pour qu’un Pape dise à un pécheresse, laissez vos péchés.

Au lieu de cela, elle a obtenu le titre de la « Plus Grand Italienne » et « mais c’est pas grave... Elle pense juste différemment de nous ».

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