Rorate Exclusif : Un mémo rédigé par l‘Éditeur Neil McCaffrey sur les « Majorettes Papales » à partir de février 1976 - Comme l’histoire se répète aujourd'hui ! |
Le 25 février 1976
Mémo à :
Père Berbusse
Père Bradley
Père Miceli
M. et Mme von Hildebrand
M. et Mme Marra
De :
Neil McCaffrey
Bill nous a demandé de contribuer avec un mémo à propos de notre discussion. Je tiens à présenter mon mémo sur le sujet duquel nous avons semblé montrer le moins de consensus, à savoir la critique de la papauté.
1. Les Écritures ne cachent pas les faiblesses des Apôtres et surtout de Pierre ; faiblesses qui, en tout cas, étaient bien connues des Premiers Chrétiens dont la foi a survécu à la connaissance. L'histoire catholique, à partir de l'âge des Pères et ensuite, nous fournit le modèle. Ce fut seulement au 19ème siècle que certains Catholiques ont jugé nécessaire d'affiner les politiques de l'Esprit Saint.
2. Il fut donné à la papauté la primauté dès les premières années, mais il y a peu de preuves de papolâtrie jusqu'à ce que nous arrivions au siècle dernier. Les papolâtres de nos jours auraient été considérés avec étonnement par les Pères, par Dante, par Sainte-Catherine, par Bellarmin, Suarez et par à peu près tous ceux que vous pouvez nommer.
3. Nous pouvons voir la papolâtrie en perspective lorsque nous mettons de côté son parent ; et nous pouvons le faire par une visite éclair à Moscou ou Pékin. Là aussi, nous sommes autorisés à critiquer les sous-fifres. La Pravda le fait tous les jours. Mais le chef, jamais.
4. Ces catholiques orthodoxes qui se sentent plus à l'aise avec l'esprit de Vatican II sont moins à l'aise avec l’encouragement de la liberté d'expression. Jean XXIII et Paul VI nous ont dit de se détendre et de parler à cœur ouvert. Peut-être ils ont voulu nous dire de faire une exception à parler d'eux, mais en fait ils ne l’ont pas dit. Leurs admirateurs se hâtent donc de protéger les Papes d’eux-mêmes. (Il semble que les Papes peuvent faire des erreurs, mais seulement quelques privilégiés sont autorisés à les remarquer.)
5. A cet égard, les rares privilégiés, et même parfois un catholique occasionnel de basse classe, se permettent une indulgence. Nous sommes autorisés à être en désaccord avec l'Ostpolitik de Paul VI. Je n’ai pas encore pu deviner pourquoi le Pape peut être critiqué sur ce sujet mais pas sur la discipline de l'Église, ni sur la liturgie ou sur l’oecuménisme. Les paradoxes s’empilent donc les uns sur les autres. Il est possible de faire un cas plausible (bien que loin d'être convaincant) sur la politique papale envers le communisme. On pourrait argumenter que l'Église attend de mettre en évidence les tyrans d'aujourd'hui ; ou bien qu'elle cherche à rendre la vie un peu plus facile pour les catholiques derrière le rideau de fer ; ou qu'elle n'a plus aucune confiance que l'Occident se défendra ; que même la vie en Europe de l'Est est moins mortelle pour la vie des âmes qu’en Occident. Alors que je n’ai jamais entendu un bon argument pour la nouvelle liturgie, ni sur le nouveau laxisme dans la discipline. Même les majorettes papales ne peuvent pas trouver un argument pour l'excellente raison qu'il n'en existe aucun. Ce serait se féliciter de l'orthodoxie. Tous les arguments, tels qu'ils sont, proviennent des infidèles. Les majorettes papales ne peuvent que répéter leur incantation : l'obéissance, l'obéissance, l'obéissance. Cette obéissance qui, ironiquement, ne signifie vraiment pas l'obéissance. Elle veut signifier quelque chose d'autre. Elle signifie : se taire. Est-il nécessaire, dans ce cercle, de faire la distinction entre l'obéissance et le fait d’appeler le noir comme étant du blanc ? (Aux fins de mettre en évidence la faillite de la politique papale, avez-vous remarqué que personne ne parle jamais ces jours-ci de la dévotion envers la Messe ? Il n'y a plus de cours sur la Messe, plus de livres, plus d’études privées qui pourraient nous aider à être plus éclairés et dévots. En fait, si vous l'appelez le moindrement « Messe », vous êtes un réactionnaire. Il y a un message pour les apologistes de la nouvelle liturgie. Mais ils ne veulent pas en entendre parler. Ce serait « déloyal ». Tant et aussi longtemps que nous polissons la réputation du Pape actuel, il semblerait que nous pouvons oublier ce qui est arrivé à la Messe.)
6. Ce qui nous amène inéluctablement à la question de la charité. Je pense que les majorettes papales poursuivent une politique qui a pour effet de détruire les âmes, mais elles la fontt passer comme étant de la charité. Elles veulent nier à ce Pape ou à tout Pape vivant la bénédiction de la critique constructive ; et tant pis pour ce que son absence peut faire à son âme. Peu importe ce que les auteurs spirituels nous disent sur le devoir de la correction fraternelle. Surtout tant pis en quoi son absence va faire à l'Église et aux âmes des fidèles. Les caricatures qui passent pour de la charité dans l'Église aujourd'hui peuvent être la victoire récente la plus spectaculaire de Satan.
7. Nous avons entendu beaucoup de discours dimanche sur l'importance de la Foi quand l'autorité se conduit mal, tout cela sonne bien. Je pense que la Foi implique une dévotion correspondante à la Vérité, et même la vérité désagréable. Qu’a à craindre un catholique au sujet de la Vérité ? Le rétrécissement de la Vérité est une posture indécente pour un catholique. Certes, les âmes tendres n’ont pas besoin de se préoccuper de la haute politique et des maladresses des personnes en situation d'autorité. Cela n’en dispense pas le catholique mature. En outre, si personne ne se préoccupe de ces bévues, personne ne va les critiquer et le mal va prospérer, sans opposition.
Non seulement cela, mais les majorettes papales sont naïves si elles supposent qu'elles peuvent faire taire les critiques. Tout ce qu’elles ont réussi à faire, c’est de les supprimer parmi les orthodoxes. Donc, la seule critique que le Pape entend (sauf pour abus grossier de la droite asymétrique) est en provenance des ennemis de la papauté. Quand nous réfléchissons au fait que le Pape est obsédé par l'opinion publique ( « le respect humain » comme les auteurs spirituels avaient habitude de l’appeler), ça devient une double folie d’étouffer la critique constructive de l'orthodoxie fidèle.
Qu’est-ce qui rend les majorettes papales ainsi ? En partie, comme nous l'avons vu, en contrefaisant la charité. En partie aussi, je pense, à cause d’un élitisme peu appétissant qui les amène à penser que même les catholiques matures peuvent être affectés dans leur foi s’ils admettent que les Papes peuvent souffrir des pires faiblesses humaines. Et en partie finalement, et c’est juste de le soupçonner, leur propre foi peut n’est pas assez expérimentée pour faire face à cela.
Les névrosés font des parents moches. Parfois, ils essaient de rendre leur enfant en bonne santé en lui donnant un environnement exempt de germes. Ce qui fait de lui seulement une proie à la première maladie qu’il rencontre. Est-ce que les majorettes papales supposent vraiment qu’en piétinant sur chaque murmure de la critique que ça va fortifier la foi des gens au nom desquels elles sont supposées parler ? Ça les laisse seulement vulnérables. Ils n’ont pas développé d’anticorps. La politique intelligente et charitable est de montrer aux âmes innocentes que la vraie dévotion à l'Église et à la papauté n’est pas incompatible avec la critique constructive ; en effet, elle l’exige.
La réponse à l'immaturité n’est pas la perpétuelle enfance. Un meilleur remède est de grandir.
Post-scriptum Qu'est-ce que les majorettes sont vraiment en train de nous dire que le Pape est (n’importe lequel Pape ?) trop vaniteux, trop irascible pour accepter la critique même constructive ; qu’il est incapable de croissance ; qu’il est un être humain estropié; et qu’il doit être traité non pas comme un père, mais comme un despote oriental ? CQFD.
SOURCE : RORATE CAELI
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