par : Marco Tosatti, Stilum Curiae
Vaticaniste
Traduction de l'Italien vers l'Anglais : Giuseppe Pellegrino
SOURCE : One Peter Five
Le 16 février 2018
Dimanche dernier [ 11 février 2018 ], une interview intéressante est parue sur Vita Diocesana Pinerolese [ le site du Diocèse de Pinerolo, Italie, près de Turin dans le Piémont ] ( Anno 9, N.3 ) dans lequel le nouvel Évêque, Derio Olivero, commente les documents de la Conférence Épiscopale Piémontaise qui fournissent des directives pour l'application de l'Exhortation Apostolique Amoris Laetitia. La Bussola Quotidiana a déjà fait un rapport sur l'Évêque de Pinerolo auparavant quand, avant d'être installé comme Évêque, il a été béni par le peuple.
Certaines citations de cette interview nous ont impressionnés, celles qui semblent être indicatives. Une de celles-ci que nous trouvons vraiment géniale : « Le mariage continue donc à être indissoluble [ indissolubile ] mais pas incassable [ infrangibile ] ». Nous sommes désolés — nous n'avons pas tout à fait compris. Il semble que nous n'ayons pas reçu le mémo nous informant qu'il existe une nouvelle catégorie de cassabilité ou d'incassabilité. Cela signifie-t-il que si deux personnes se marient, elles sont en quelque sorte indissolubles, mais nous pouvons les casser ( dans tous les sens du terme ) ? Et puis qu'est-ce qui se passe ensuite ? La phrase suivante est éclairante : « Pour ceux qui sont unis dans une nouvelle union, il peut y avoir un chemin qui mène aussi à leur intégration complète ».
Cette phrase a une conséquence logique, facilement comprise par l'interviewer, qui a en fait demandé : « Est-ce que cela pourrait conduire à envisager de donner une bénédiction à cette nouvelle union ? » Mgr Olivero a répondu : « Dans le document de la Conférence Épiscopale Piémontaise, ce n’est pas envisagé, mais je crois que cela pourrait être une bonne solution. Après un court parcours [ cammino ], nous pourrions prévoir donner une bénédiction qui signifierait reconnaître la validité de la relation ».
Cela signifie-t-il, en pratique, qu'en plus du premier mariage sacramentel valide d'un ou des deux partenaires, l'Église ajouterait un rite pour apposer un sceau ou un tampon sur la seconde union ? Parlant d'Amoris Laetitia, l'Évêque expose ce qui lui semble être ses deux grandes nouveautés. « La première : il n'est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans des situations dites irrégulières vivent dans un péché mortel car il y a beaucoup de questions à considérer. Il n'y a plus d'automatisme. Il n'y a qu'une analyse au cas par cas. La seconde : la grâce de Dieu est également à l'œuvre dans la vie des divorcés remariés ».
« Ces deux grands principes ouvrent la porte à la possibilité d’effectuer un parcours d'accueil et d'accompagnement capable de les aider à discerner ( c'est la conscience de l'individu qui décide, non la conscience du prêtre ) afin d'évaluer la possibilité d’une intégration qui conduit au retour aux Sacrements ». Ainsi, dans la compréhension de cet Évêque, le prêtre, qui est présumé être le confesseur, n'a pas un mot à dire sur l'état de la personne qui est venue à lui pour être orientée.
On se demande ce qu'il est advenu du Sacrement de la Réconciliation et pourquoi il devrait même être conservé. Et si la conscience de l'individu décide, quel est le but des tribunaux diocésains sur les mariages ? Si je suis convaincu que mon premier mariage n'était pas valide, pourquoi devrais-je dépenser de l'argent et du temps à travers un processus avec mon diocèse ? Et regardez cette dernière citation : « Amoris Laetitia sort de la logique juridique. Un couple qui, en conscience, vit pleinement sa nouvelle union dans tous ses aspects peut venir aux Sacrements, après un court parcours. Cela nous aide à comprendre que les Sacrements ne sont pas une récompense pour ceux qui sont bons ».
À la lumière de ces interprétations, il semble qu'il soit évident et urgent d'avoir une réponse du Pape concernant les cinq dubia, qui jusqu'ici a été niée. Peut-être est-il opportun de les rappeler, car chacun des cinq dubia touche aux points développés par Mgr Olivero.
Publié à l'origine à La Nuova Bussola Quotidiana. Traduit ici de l'Italien par Giuseppe Pellegrino.Premièrement : Il est demandé si, en conséquence de ce qui est affirmé dans « Amoris lætitia » aux nn. 300-305, il est maintenant devenu possible d’absoudre dans le sacrement de Pénitence et donc d’admettre à la Sainte Eucharistie une personne qui, étant liée par un lien matrimonial valide, vit "more uxorio" avec une autre personne, sans que soient remplies les conditions prévues par « Familiaris consortio » au n. 84 et réaffirmées ensuite par « Reconciliatio et pænitentia » au n. 34 et par « Sacramentum caritatis » au n. 29. L’expression « dans certains cas » de la note 351 (n. 305) de l’exhortation « Amoris lætitia » peut-elle être appliquée aux divorcés remariés qui continuent à vivre « more uxorio » ?
Deuxièmement : Après l’Exhortation post-synodale « Amoris lætitia » (cf. n. 304), l’enseignement de l’encyclique de Saint Jean-Paul II « Veritatis splendor » n. 79, fondé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition de l’Église, à propos de l’existence de normes morales absolues, obligatoires sans exception, qui interdisent des actes intrinsèquement mauvais, continue-t-il à être valide ?
Troisièmement : Après « Amoris lætitia » n. 301, est-il encore possible d’affirmer qu’une personne qui vit habituellement en contradiction avec un commandement de la loi de Dieu, comme par exemple celui qui interdit l’adultère ( cf. Mt 19, 3-9 ), se trouve dans une situation objective de péché grave habituel ( cf. Conseil pontifical pour les textes législatifs, Déclaration du 24 juin 2000 ) ?
Quatrièmement : Après les affirmations contenues dans « Amoris lætitia » n. 302 à propos des "circonstances qui atténuent la responsabilité morale", faut-il encore considérer comme valide l’enseignement de l’encyclique de Saint Jean-Paul II « Veritatis splendor » n. 81, fondé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition de l’Église, selon lequel « les circonstances ou les intentions ne pourront jamais transformer un acte intrinsèquement malhonnête de par son objet en un acte subjectivement honnête ou défendable comme choix » ?
Cinquièmement : Après « Amoris lætitia » n. 303, faut-il considérer comme encore valide l’enseignement de l’encyclique de Saint Jean-Paul II « Veritatis splendor » n. 56, fondé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition de l’Église, qui exclut une interprétation créatrice du rôle de la conscience et affirme que la conscience n’est jamais autorisée à légitimer des exceptions aux normes morales absolues qui interdisent des actes intrinsèquement mauvais de par leur objet ?
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