Le Pape François et le paradoxe du relativisme absolu

Dialogue du Pape avec les Jésuites du Chili le 15 février 2018.
par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Centre de Fatima
Le 19 février 2018

Lors d'une rencontre avec un groupe de ses collègues Jésuites subversifs d'Amérique Latine au Chili, transcrit par son « porte-parole » Jésuite, le Père Antonio Spadaro, rédacteur en chef de La Civilta Cattolicà, et publié en partie en français chez Zenit, le Pape nous offre un autre aperçu effrayant de ce que Philip Lawler a appelé à juste titre « cette papauté désastreuse ». Interrogé sur la « résistance » Catholique à ses « réformes » par l'un des participants, le Pape François a répondu :

L'auteur de cet éditorial est Monsieur Christopher A. Ferrara. Monsieur Ferrara est avocat de profession. Il agissait aussi comme collaborateur principal de Feu Père Nicholas Gruner, fondateur du Centre de Fatima, Fort Érié, Canada et ayant aussi des installations à Rome. Il est chroniqueur dans plusieurs autres sites catholiques dont Le Remnant Newspaper.

« Face aux difficultés autour de la réforme de la Curie, difficultés qu’il refuse d’appeler « résistance », car « cela reviendrait à renoncer à discerner ». Il est facile de dire qu'il y a de la résistance et que l'on ne se rend pas compte que, dans cette opposition, il peut y avoir aussi un brin de vérité. Et je me fais aider par les divergences. Souvent, je vais demander à quelqu'un : « Que pensez-vous de cela ?

« Cela m’aide aussi à relativiser de nombreuses choses qui, à première vue, semblent être des résistances, mais qui, en réalité, sont des réactions qui naissent d’un malentendu, du fait qu’il y a besoin de répéter certaines choses, de mieux les expliquer…... C'est peut-être un de mes défauts que parfois je considère certaines choses évidentes ou que je fasse un saut logique sans bien expliquer le processus parce que je suis convaincu que l'autre personne a immédiatement compris mon raisonnement. Je me rends compte que, si je reviens et que je l'explique mieux, l'autre personne dira alors : « Oh, oui, je suis d'accord ... » En bref, il est très utile d'examiner en profondeur le sens des divergences.

En d'autres termes, ses critiques travaillent tous dans l'incompréhension de ce qu'il considère comme complètement évident ; il a besoin d'expliquer son « raisonnement » mieux à ceux qui ont été incapables de le « saisir ». Peut-être, s'il parle très lentement, à tous ces cancres de la « résistance » qu’ils le comprendront — comme s'il ne s'était pas rendu parfaitement clair dans la langue la plus simple (et souvent la plus grossière) des cinq dernières années.

Nous voyons ici la pensée d'un Pape qui considère le Magistère comme le produit de ses processus personnels de pensée plutôt qu'un héritage Doctrinal sacré qu'il est de son devoir de protéger, ainsi que des disciplines immémoriales intégralement liées à la Doctrine, telles que l'interdiction de l'administration de la Sainte Communion aux adultères publics dans les prétendus « seconds mariages ».

En effet, comme il l'a toujours fait, ici François exprime le mépris précisément pour la constance de la Doctrine et de la discipline dans l'Église :

« Lorsque, à l’inverse, je me rends compte qu’il existe une véritable résistance, certes, cela me déplaît. Certaines personnes me disent que la résistance est normale quand quelqu'un veut faire des changements. Le fameux « on a toujours fait comme ça » règne partout. C’est là une grande tentation que nous avons tous vécue ».

Dans l'esprit de François, la défense de l'enseignement et de la discipline constants de l'Église contre les innovations imprudentes n'est rien de plus qu'une habitude bornée de conformité à la simple routine. Ce dénigrement des fidèles et de la Tradition elle-même est à couper le souffle, peu importe combien de fois François le répète sous diverses formes.

Et puis cette déclaration stupéfiante :

« Par exemple, nous l’avons tous vécue dans la période post-conciliaire. Les résistances apparues après le concile Vatican II, qui sont toujours présentes, ont cette signification : relativiser le Concile, diluer le Concile. Cela me déplaît encore plus quand quelqu’un s’enrôle dans une campagne de résistance. Et malheureusement je vois ça aussi. Vous m'avez posé des questions sur la résistance, et je ne peux donc pas nier qu'il y a de la résistance. Je la vois et j'en suis conscient ».

Le seul absolu dans l'esprit du Pape François est « le Concile ». Cela seul ne doit pas être relativisé par la « résistance » du mal à la relativisation des réformes, dont le but est de bannir la mentalité banale de « nous l'avons toujours fait ainsi ».

La morale n'est pas même absolue dans l'esprit de François, c'est pourquoi il a promulgué Amoris Laetitia (AL) :

« Je crois que l'une des choses dont l'Église a le plus besoin aujourd'hui, et cela est très clair dans les perspectives et les objectifs pastoraux d'Amoris Laetitia, c'est du discernement. Nous sommes habitués à « on peut, on ne peut pas ». « La morale utilisée dans l’Exhortation apostolique Amoris laetitia est « la morale thomiste la plus classique, celle de Saint Thomas, et non celle du thomisme décadent, comme celui que certains ont étudié. J’ai moi-même également connu, au cours de ma formation, la manière de penser « on peut ou on ne peut pas », « jusque-là on peut, jusque-là on ne peut pas … ».

La tentative d'enrôler Saint Thomas, le Docteur Angélique, dans l'admission des adultères publics à la Sainte Communion n'est pas digne de commentaires, sauf pour dire que la vue la plus charitable de l'opinion de François est qu'il n'a aucune idée de ce que Thomas enseigne concernant le Sixième Commandement sans exception et universellement contraignant ainsi que les autres préceptes négatifs de la Loi Divine et naturelle.

Contrairement à Saint Thomas, le Pape François réduit toute l'enseignement antérieur de l'Église sur le Sixième Commandement à une plaisanterie bon marché :

« Je ne sais pas si vous vous rappelez [ ici le Pape regarde l'une des personnes présentes ] le Jésuite Colombien qui est venu nous enseigner la théologie au Collegio Massimo. Quand il s'est agi de parler du Sixième Commandement, quelqu'un a osé poser la question : « Les couples fiancés peuvent-ils s'embrasser ? » S'ils pouvaient s'embrasser ! Est-ce que vous comprenez tous ? Et il a dit : « Oui, ils peuvent ! Il n'y a aucun problème ! Ils ont juste besoin de mettre un mouchoir entre eux ». C'est une forma mentis [ forme de pensée ] pour faire de la théologie en général. Une forma mentis basée sur des limites. Et nous en supportons les conséquences ».

Citant cette anecdote banale comme s'il s'agissait d'une profonde perspicacité théologique au lieu de la démagogie bien basse qu'elle est, François pense que l'idée qu'il existe des limites strictes à la conduite humaine sous le Sixième Commandement doit être supprimée.

Si seulement c'était un cauchemar au lieu d'une réalité vivante.

Passant à son autorisation de la Sainte Communion pour les adultères publics qui ont l'intention de continuer à commettre l'adultère sous la forme d'un « remariage » à la suite d'un divorce civil, François s'engage dans le jeu des coquilles du Modernisme classique :

« Si vous regardez le panorama des réactions suscitées par Amoris Laetitia, vous verrez que les critiques les plus fortes contre l'Exhortation sont au huitième chapitre : quelqu'un qui est divorcé ( et remarié ) peut-il recevoir la Communion ou non ? Et pourtant, Amoris Laetitia va dans une direction complètement différente. Il n'entre pas dans ces distinctions et pose le problème du discernement ».

Interrogé sur sa permission pour la Sainte Communion pour les adultères publics, le Pape François dit, en substance, ne regardez pas là, regardez sous cette coquille ici — le discernement ! Pendant ce temps, il a autorisé la Sainte Communion pour les adultères publics.

François admet qu'il est conscient de la « résistance doctrinale » à sa pensée — ce qui signifie la défense de la Doctrine Catholique contre elle — mais affirme que « pour ma santé mentale, je ne lis pas les sites internet liés à cette soi-disant « résistance » ». Ces gens désolés, dit François, « viennent de personnes qui croient posséder la véritable doctrine et t’accusent d’être hérétique... » Peut-être que la santé mentale de François s'améliorerait réellement s'il lisait certaines des critiques de ses nouveautés surgissant maintenant dans le monde Catholique.

Avec cette interview, M. Lawler pourrait envisager de réviser le titre de son livre sur le point d'être publié : « Berger Perdu : Comment le Pape François égare son troupeau ». Quelque chose de plus fort peut être indiqué.