mardi 23 janvier 2018

L'affaire Ploumen
Le Vatican a-t-il un lobby pro-avortement ?



Par : Riccardo Cascioli
Le 23 janvier 2018

SOURCE : One Peter Five


L'histoire de la remise de la décoration de l'Ordre Pontifical de Saint Grégoire le Grand à l'activiste Néerlandaise pro-avortement Lilian Ploumen a atteint un tel niveau d'absurdité qu'il est difficile d'éviter de parler d'un véritable lobby pro-avortement au sein du Saint-Siège. Aussi, comme cela a déjà été dit ces derniers jours, ce n'est que le dernier d'une série d '« incidents » de plus en plus embarrassants à propos desquels il aurait été plus que opportun que le Saint-Siège apporte une clarification définitive.

Nous avons maintenant l'affaire Ploumen, découverte ces derniers jours par Michael Hichborn de l'Institut Lepanto. Comme nous l'avons déjà expliqué, Ploumen, Ministre du développement de la Hollande et super-activiste pour l'avortement et les droits « LGBT », et qui a reçu à cet effet une série de récompenses à en rendre jalouse Emma Bonino. Il est difficile de comprendre comment le Vatican pourrait possiblement lui décerner une décoration qui est donnée à ceux qui se sont distingués pour leur service à l'Église.

Le Vaticaniste Marco Tosatti a demandé au porte-parole du Saint-Siège une explication. Le lundi 15 janvier au soir, il a reçu une brève déclaration de Paloma Garcia Ovejero, assistant de Greg Burke. Selon cette déclaration, une décoration a été remise à Mme Ploumen en juin dernier à l'occasion de la « visite de la Royauté Hollandaise au Saint-Père » et « conformément à la coutume diplomatique de l'échange d’honneurs entre les délégations à l'occasion d'une visite officielle d'un chef d'État au Vatican ». Cet honneur », conclut la déclaration, « n'est donc en aucune façon un placet à la politique en faveur de l'avortement et du contrôle des naissances que Mme Ploumen a promus ».

Cette déclaration était évidemment une tentative de minimiser l'affaire, mais la réponse — si cela est possible — en fait aggrave la situation. Si l'on lit la déclaration, on pourrait penser qu'à l'occasion de la visite d'une délégation diplomatique, le Saint-Siège garnit une table avec quelques médailles correspondant aux différents ordres de chevalerie, que les invités sont libres de prendre au hasard. Mais ce n'est pas le cas. Ces honneurs sont donnés à la personne et seulement après une évaluation des mérites du candidat. La raison pour laquelle la décoration est accordée accompagne l'attribution de la Croix, symbole de l'honneur.

Ce fait est confirmé par Ploumen elle-même dans la vidéo qui a fait l'actualité de cette histoire. Elle dit, en fait, que son activisme pro-avortement « n'a pas été mentionné », mais « il est intéressant que ce qui a été mentionné était que c'était pour avoir [ fourni ] des ressources pour la société ». En tout cas, elle voit cet honneur « comme une confirmation de ce qui est fait pour les jeunes femmes et pour l'avortement » avouant que ces dernières années, elle a mis beaucoup de temps à faire du lobbying au Vatican, cherchant à coopérer de diverses manières dans les pays en voie de développement.

Ainsi, ce n'était pas une décoration ordinaire. Ce qu’est Ploumen et ce qu'elle fait doit être bien connu au Vatican, d'autant plus qu'il y a quelques années, il y avait une décision de filtrer soigneusement ceux qui recevraient ces honneurs après un autre scandale qui impliquait la même attribution de l'Ordre de St. Grégoire le Grand. À l'automne 2012 en Angleterre, on a appris que le présentateur de la BBC, Jimmy Savile, décédé en 2011, était un prédateur sexuel en série de femmes et de jeunes filles mineures. Il avait également été enrôlé dans l'Ordre de Saint Grégoire le Grand. Dans ce cas, cependant, la décoration a été décernée avant que la vérité sur lui ne soit révélée et la décoration était liée aux généreux dons de bienfaisance qu'il avait donnés au cours des années. « Désormais, qu’il n’y ait plus de récompenses faciles » fut ensuite l'ordre du Secrétaire d'État, et à partir de ce moment-là, il y avait des contrôles plus stricts placés sur de tels honneurs pontificaux.

L'affaire Ploumen est beaucoup plus sérieuse. Dans ce cas, il est bien connu quelles causes « civiles » dont la Ministre Néerlandaise faisait la promotion, mais ce que l'on ne sait pas, c'est le mérite que le Saint-Siège reconnaît dans son travail. De plus, le Cardinal Hollandais, Willem Eijk, n'a pas été sollicité pour donner son avis sur l'attribution du prix, comme il a tenu à le souligner dans sa déclaration publiée le 15 janvier. La déclaration du Vatican — qui couvre le sujet et n'explique rien — est donc tout aussi scandaleuse tout comme l'octroi de la récompense.

Il commence à devenir clair qu'il y a des hauts placés au Vatican qui profitent de ce pontificat pour faire avancer des programmes qui n'ont rien à voir avec les enseignements de l'Église Catholique. Sur la question de l'avortement, il faut reconnaître que les paroles du Pape François ont toujours été très claires, même s'il n'est pas intervenu pour influencer le débat politique sur ce sujet, comme il l'a fait pour d'autres questions. Par exemple, il a dit : « L'avortement est un crime. C'est un mal absolu » lors de sa conférence de presse en revenant du Mexique le 18 février 2016. Mais il est entouré de gens qui, évidemment, veulent orienter l'Église dans une autre direction, dans laquelle la promotion de l'agenda LGBT, avec beaucoup d’unions homosexuelles » et l'ouverture à la contraception tout en fermant les yeux sur l'avortement et marchant tous ensemble main dans la main.

Il est donc plus urgent que jamais que le Pape intervienne clairement pour mettre un terme à cette dérive car, dans ce cas — voulu ou non —, le silence devient une complicité.

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